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lundi 2 mars 2020

Moscou : concert Lars Vogt / Valentin Uryupin (Salle Tchaikovsky)


Exceptionnel concert à la Salle Tchaïkovsky : grand pianiste, grand chef, grand orchestre, et des interprétations captivantes.



Je reviens ce soir à la Salle Tchaïkovsky, où j'avais entendu l'an dernier un concert Sanderling / Milyukov et un second Dutoit / Repin.



Cette fois, programme  Tarnopolsky / Beethoven / Tchaïkovski avec l'Orchestre des Jeunes de Russie dirigé par Valentin Uryupin, et Lars Vogt au piano. C'est d'ailleurs dans un autre concerto de Beethoven, le troisième, que j'avais entendu ce pianiste en 2018 à la Philharmonie.



Ce qui est frappant dès le début du concert, c'est l'extraordinaire maturité de cet orchestre, la maîtrise technique de ses membres, la qualité des textures et des sonorités. Je suis toujours très sensible au pupitre de bois (remarquable hautbois !) mais tous les musiciens sont à saluer pour leur précision, leur réponse immédiate aux moindres indications du chef, et globalement l'exceptionnel son de l'ensemble. Il faut vraiment le regard et pas seulement l'oreille pour se persuader que c'est bien un orchestre de jeunes.

Vladimir Tarnopolsky : Be@thoven-Invocation


Vladimir Tarnopolsky
 Je trouve que c'est toujours une bonne idée de mêler des compositeurs contemporains à un programme plus classique. Ici, soit à cause de l'année Beethoven, soit pour anticiper le concerto qui suit, voici une œuvre d'un compositeur contemporain, évidemment présent dans la salle, qui se nomme Be@thoven-Invocation.

L'allure est résolument contemporaine, sans musique électronique mais avec beaucoup de percussions et une exploitation de quantité de sonorités permises par les instruments. A l'intérieur de ce tissu orchestral se glissent des échos de pièces de Beethoven ; j'identifie des fragments de sonates et de symphonie, parfois réduits à une seule cellule rythmique, parfois noyés dans le contrepoint.

Hormis ce jeu de piste ludique, l’œuvre me paraît assez répétitive et ne suscite chez moi ni émotion ni intérêt particulier. Je ne peux qu'apprécier la minutie de la direction et la qualité sonore de l'orchestre dans cette pièce que je découvre.

Beethoven : Concerto pour piano n°4



La seconde œuvre au programme, en revanche, je la connais extrêmement bien et je l'apprécie beaucoup. Je trouve même que c'est le concerto de Beethoven le plus inventif, avec son extraordinaire Andante con moto qui fait dialoguer piano et orchestre de manière toute nouvelle.


Larx Vogt s'y montre remarquable : lyrique dans l'Andante moderato, avec une cadence fulgurante et réjouissante menée avec brio. Le fameux Andante con moto me fait penser à une lutte entre un loup terrifiant (l'orchestre) et un petit agneau, faible mais courageux, dont la ténacité finira par payer (le piano). Sans doute une des meilleures versions que j'en ai entendues, depuis un phénoménal concert Lang Lang / Daniel Harding avec l'Orchestre de Paris.


Les artistes interprètent le troisième mouvement, Rondo et Vivace,  avec des contrastes accentués qui débouchent sur un final dynamique, irrésistible par le bouillonnement communicatif qu'il dégage.


 Lars Vogt offre en bis un Brahms pudique et lyrique tout à la fois, plein d'émotion.

Tchaïkovsky : Symphonie n°6 "Pathétique"


C'est toujours avec un peu de retenue que j'attends cette œuvre en concert, un des tubes du répertoire, mais dont je trouve souvent l'interprétation un peu excessive dans le pathos, voire dans le larmoyant.

Valentin Uryupin, que je ne connaissais pas, s'y révèle un chef passionnant. Sans partition, il dirige d'une main de fer (et sait faire taire d'un geste les spectateurs qui applaudissent trop tôt) un orchestre d'une grande souplesse. Lecture acérée, aux coups tranchants comme une lame de sabre. Un jeu de couleurs froides, comme une gravure en noir et blanc, avec pourtant le feu qui couve sans cesse, comme un volcan noir. Le pathos est tenu à distance si bien que j'ai davantage le sentiment d'une tragédie que d'un drame.

L'orchestre répond avec enthousiasme, en gratifiant le chef de cordes brûlantes comme du fer rougi par le forgeron, de bois éperdus, de cuivres rugissants. Moi, je suis captivé dans mon fauteuil, en croyant entendre cette symphonie archi-connue pour la première fois, totalement pris par le suspense que le chef distille dans sa narration.

Superbe, bouleversant. Vraiment un très grand chef et un très grand orchestre !

avec Lars Vogt

2 commentaires:

  1. I love Tchaikovsky! Sleeping Beauty, Swan Lake, and of course this symphony. You are very lucky, it seemed to have been a fantastic concert. Thank you for your great post.
    Annie

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