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dimanche 17 décembre 2017

Barcelona : Tristan und Isolde au Liceu



Retour à Barcelona


Comme l'an dernier, c'est peu avant les fêtes que j'ai programmé le premier week-end à Barcelona de l'année. J'ai réussi à obtenir mon hôtel favori, dont le petit nombre de chambres, la position parfaite pour moi et le prix raisonnable rendent la réservation toujours problématique.




La vue de la chambre, sur le jardin du Dr Fleming (curieux hommage !) est bien agréable.

Déjeuner au Òsties Pedrin



Le très populaire restaurant El Rincon étant archi-complet, il faut aller voir ailleurs. Les bonnes adresses ne manquent pas dans le quartier et je n'ai encore jamais essayé Òsties Pedrin.


C'est un restaurant de petite taille, dont les matériaux naturels ont été joliment restaurés.


Il sert une cuisine sans chichi, franche, qui met en valeur les produits locaux. Je choisis dans le menu à quatorze et quelques euros un délicieux bouillon de poulet, le suquet (spécialité catalane à base de poisson et de fruits de mer) et le gâteau à la carotte, jumeau de la version américaine.





Même les toilettes ont du style !


L'église Sant'Agusti, toute proche, présente une demi-façade. La partie supérieure n'a conservé que le relief pour supporter le parement.


Ces rues médiévales, étroites et obscures, c'est tout le charme de la vieille ville.


Carrer de Petritxol, quelques céramiques égaient les murs.


Envie de couleur dans la garde-robe ?

Tristan und Isolde, Gran Teatre del Liceu



Je retourne toujours avec un immense plaisir dans une de mes salles d'opéra favorites, rendez-vous pluri-annuel depuis trente-cinq ans, et à la qualité jamais démentie. J'y ai vu quasiment tous les opéras de Wagner qui y ont été programmés dans cette période. Le Götterdämmerung comme le dernier Holländer de cette année étaient très réussis. Et mon dernier Tristan ici, avec un superbe Peter Seiffert, m'a laissé de grands souvenirs.


Tristan devient, je crois, l'opéra de Wagner que j'ai le plus vu. Dans la saison précédente, j'ai pu assister à de belles représentations à New York et à Lyon, pour la recréation de la production de Heiner Müller.


Je retrouve cette fois une production précédente de Lyon, due à Alex Ollé, de la Fura dels Baus. C'est une mise en scène très sobre, extrêmement respectueuse de l’œuvre, qui épure les mouvements. Le décor est basé sur une lune immense qui descend au premier acte sur la scène, se retourne au second de sorte que le duo d'amour se déroule dans la demi-sphère, et s'évide au troisième acte pour créer un puits de lumière. Au premier acte, le bateau est un simple plancher mobile et le ciel dévoile des constellations diverses selon les sentiments exprimés.

L'excellent orchestre du Liceu a toujours brillé dans les Wagner, défendant une longue tradition. D'ailleurs les chefs permanents ont souvent été de bons wagnériens, comme le précédent Sebastian Weigle, et l'actuel Josep Pons dirige avec finesse et un grand souci de la dynamique. Nous ne sommes pas volés en couleurs, point si essentiel dans cet opéra. La Liebestod est enivrante de chatoiements moirés.


La distribution est vraiment exceptionnelle.  Jorge Rodríguez Norton et Germán Olvera assurent timonier, marin et berger avec beaucoup de musicalité et Francisco Vas est un Melot engagé.
Sarah Connolly chante Brangäne avec sobriété et son Einsam wachend in der Nacht est une vraie leçon de musique.


Greer Grimsley, un excellent Wotan ici même (je l'ai entendu pour la première fois à Berlin en 2003 en Jochanaan aux côtés de René Kollo !) s'avère un magnifique Kurwenal, très mesuré, au timbre riche et multicolore, parfait dans sa composition de fidèle compagnon.


Fidèle baryton wagnérien du Liceu (ses Sachs, Wotan, Holländer m'ont autant ébloui ici que son Mathis der Maler, son Kaspar ou son Orest) , Albert Dohmen est devenu une basse tout aussi mémorable. Il trouve, chose incroyable, une profondeur insondable dans sa voix et sa noblesse charismatique rend encore plus bouleversant son désarroi face à la trahison de Tristan. C'est une immense composition que nous livre ce grand chanteur. Comme il me le dit à la sortie, "il est bien dommage que nous soyons aujourd'hui si peu nombreux à partager la beauté de l'opéra".




 Le couple vedette est également occasion de se réjouir. Si Stefan Vinke met du temps à se chauffer (médium terne et sons nasaux au début), il nous offre un mémorable second acte, engagé, intense, et semble inépuisable dans l'inchantable acte III où il délivre une véritable émotion. Un des grands Tristan que j'ai entendus.


 La dernière fois que j'ai assisté à une interprétation d'Irene Theorin, c'était ici, dans Götterdämmerung. J'ai eu la chance de l'entendre plusieurs fois en Isolde, notamment à Bayreuth, toujours aussi juste dans l'expression que précise dans la musicalité. Mais son incroyable performance de ce soir me semble les dépasser toutes. A mille lieux de certaines hurleuses, elle ose tout ; des piani impalpables, des nuances d'une incroyable subtilité, une diction altière qui donne son sens au mot, un souffle inépuisable. Et des forti jamais forcés, jamais criés.
Un des plus beaux Liebestod que j'ai entendus clôt en grandeur une vraie soirée de rêve, que je ne risque pas d'oublier de sitôt.

Tusen gånger tack, Fru Irene !










Albert Dohmen

Irene Theorin

Sarah Connolly et sa nouvelle coiffure

Stefan Vinke

Greer Grimsley



6 commentaires:

  1. Belle critique d'un spectacle visiblement exceptionnel. C'est bien d'avoir les photos du spectacle, des saluts, et de la sortie des artistes !
    Merci
    Michel

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  2. Wonderful post ! A superb opera hall again !
    Congrats
    Annie

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