Saint Petersbourg : Smolny et Katia Kabanova au Mikhailovsky

Promenade matinale

La façade du bâtiment où se trouve mon hôtel. 

Ce matin, grand froid mais pas de neige. Je pars à l'aventure, bien harnaché car j'ai prévu une grande marche. Je compte sillonner le quartier à l'est du centre, jusqu'à la boucle de la Neva et le couvent de Smolny. Je commence par me promener dans la zone de l'amirauté.

 Sur la place du palais d'hiver, occupée par les deux musées de l'Ermitage, s'élève la plus haute colonne du monde. Et, compte tenu de son poids, elle est seulement posée, sans aucune fondation.

 Je poursuis le long du canal, site de vues célèbres.

Il y a même une version locale du pont des soupirs ! 

 Petit coup d'œil vers l'église Saint Sauveur sur le Sang versé, toujours aussi photogénique.

 Mon arrêt stolovaya du déjeuner : salade russe (macédoine de légumes sans mayonnaise), kotleta avec "ratatouille"  méditerranéenne (vraiment la Méditerranée vue depuis la Baltique), gâteau aux prunes, bière Nevskoye. 415 roubles.

Passage à l'est

Je continue toujours à l'est, vers le Champ de Mars, le lieu préféré des parades et défilés.

 Je vais jusqu'au monument aux héros de la Révolution, dont la flamme brûle continument depuis 1957.

 Je croise un itinéraire suivi l'an dernier, avec le Palais Mikhailovsky et le canal de la Fontanka.

A partir de là, le quartier change. L'inspiration architecturale renvoie bien plus au XIXe qu'au XVIIIe siècle. Certaines rues me rappellent des quartiers de Vienne (Josefstadt en particulier).

Parcmètre : un modèle jamais vu ! 

Pâques à la Cathédrale de la Transfiguration du Saint Sauveur

Spasso Preobrazhensky Sobor, plus exactement, est emmaillotée dans sa protection hivernale mais elle jouit d'une belle réputation, à voir la foule qui s'y presse. Le nom vient d'une troupe d'amis de Pierre le Grand, devenue le régiment de confiance du tsar. C'est en son honneur que l'impératrice Elisabeth fit édifier la première cathédrale. L'actuelle la remplaça après un incendie.

Pas de messe à cette heure mais beaucoup de ferveur pour allumer des cierges, embrasser les icônes. Le pope converse avec ses ouailles. La particularité du jour semble cette table de victuailles.

Autour du Palais de Tauride

Béotien que j'étais, je croyais que la Tauride d'Iphigénie était une contrée imaginaire. C'est en fait le nom antique de la Crimée, dont Potemkine fut gouverneur. Avant d'être un cuirassé, ce fut un favori de Catherine. Le palais qu'il construisit est doté d'un vaste parc, avec de nombreux édifices. Il faut un sacré moment pour le contourner ! 

En bleu, c'est un skieur de fond ! 

Un grand nombre de serres animent le parc, dont une tropicale. 

Le complexe du Musée Universe Water comprend une tour de briques rouges, serait-ce un phare ? Cela n'y ressemble guère, pourtant.

 Le Palais de Tauride proprement dit fut rétrogradé en caserne par le tsar Paul, en guise de rétorsion. Il devint ensuite le siège des différentes douma, le parlement russe.

A partir de là, le quartier se métamorphose. L'architecture soviétique règne en maîtresse, vive les immeubles staliniens ! 

 On comprend l'importance des balcons vitrés !

Retour à un style plus coloré avec le palais Kikine, édifié sous Pierre le Grand, actuel lieu de formation musicale de haut niveau. Ce fut la première Kunstkamera de la ville.

Le couvent de Smolny

Enfin j'aperçois, au fond de l'interminable Chpalernaya ulitsa, la silhouette du couvent de Smolny. Comme par fait exprès, la neige s'abat soudain. 

Ce beau couvent bleu rappelle beaucoup la Laure Alexandre Nevsky. C'est Elisabeth, la fille de Pierre le Grand (pour ceux qui n'ont pas suivi), qui passa sa vie à redouter les complots et souhaita prendre le voile pour s'enfouir (ou se protéger) dans un couvent. Elle en fit bâtir un, au niveau d'une fille de tsar. Manque de bol, elle décéda avant la fin des travaux. Je ne sais ce qu'elle aurait pensé du résultat, moi j'en suis enchanté. Ce bleu et ce blanc, quelle harmonie ! 

Une pensée émue pour les nettoyeurs de vitres !

 L'intérieur, spacieux et lumineux, est tout aussi séduisant. 

Ici, la spécialité pascale, c'est des enfants déguisés qui vendent des objets réalisés en classe ! 

Je sors, longe le couvent jusqu'à l'institut Smolny, l'ancienne institution chic pour jeunes filles de la haute société. 

 A y être, je continue jusqu'à la Neva. Le pont permet le passage des bateaux de haute stature.

Je reviens doucement vers le centre, par Souvorovsky et Nekrasova. 

Il faudrait compter le nombre de frontons à la grecque disséminés dans cette ville.

Encore un palais avec large entrée et statue.

Rude sévérité d'un énorme immeuble grisâtre.

Encore une fois, je pense à Vienne...

Stolovaya du soir 

Petit creux (et coup de pompe !) J'aurais bien mangé des blinis mais une stolovaya apparaît devant moi. 

Salade aux harengs, "makaron y goulash", en fait des pâtes avec poulet et champignons, un roulé au fromage blanc, du thé noir. 255 roubles, 4 euros environ. Moins cher qu'un sandwich chez nous ! 

Je continue à me rapprocher du Nevsky Prospekt, franchissant donc à nouveau la Fontanka, et m'approchant du Cirque. 

 Je ne peux résister ; cet élégant café propose du chocolat chaud à l'orange et au Grand Marnier!

Katia Kabanova au Mikhailovsky

Cette année, j'ai de la chance. J'aime vraiment beaucoup les opéras de Janacek et, après une Jenufa inoubliable à New York, et une belle représentation de Katia Kabanova à Avignon, je retrouve cet ouvrage. Un détail amusant, le site du Mikhailovsky indiquait Гроза, Groza en russe (La Tempête) et j'ai foncé en voyant le nom de Janacek, en pensant qu'il s'agissait d'un opéra de jeunesse dont je n'avais jamais entendu parler !
Me voici donc au Mikhailovsky, découvert l'an dernier. Cette année, toutes les façades sont en travaux. Il ne me semble pas indispensable d'insérer des photos de barrières protectrices. L'élégante salle suffira.

La Tempête

La production de Niels-Peter Rudolph est toute simple mais efficace, avec un décor unique, un tas de chaises plus ou moins cassées, des néons étrangement dressés, une projection au fond, et beaucoup de neige à l'image des tourments de Katia.

Distribution maison

Peter Feranec dirige avec beaucoup d'énergie et de puissance un excellent orchestre, dont les solistes font honneur à la réputation musicale russe.

Sofia Fainberg remplace Ekaterina Kanevskaya dans le rôle de Varvara. Jolie voix, le personnage y est. Yury Monchak chante Dikoj avec efficacité et gouaille. Evgeny Nagovitsyn interprète Boris Grigorjevich en forçant un peu sa voix, mais là aussi le personnage existe.
Vánia Kudrjásh, c'est Boris Stepanov, sans doute la voix masculine la plus intéressante de la soirée, tout en lyrisme. Tichon est dévolu à Dmitry Karpov, veule comme il se doit.
Tatiana Ryaguzova incarne Katia, avec une voix trop riche pour le rôle, mais son engagement et son intensité lui attribuent la palme de la soirée. Une chanteuse à réentendre.
Kabanicha est un immense rôle pour une chanteuse en deuxième partie de carrière. J'ai eu la chance d'y entendre plusieurs fois la grande Leonie Rysanek, et Anja Silja qui y faisait une composition bouleversante, Eva Randova, Yvonne Minton. Dernièrement Marie-Ange Todorovitch en a donné une interprétation très réussie, à Toulon et à Avignon. La plus jeune  Natalia Biryukova n'est pas du même niveau mais c'est une bonne Kabanicha, véhémente, dure, et l'actrice est habile à suggérer l'autorité d'un geste.

Et, pour changer, je rentre sous la neige !
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