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vendredi 14 avril 2017

Saint Pétersbourg : Notre-Dame de Kazan, Gostiny Dvor, et Khovantchina au Mariinsky


Péripéties 

Suite à mes mésaventures d'hier, me voici à Saint Petersbourg sans bagages ; donc sans rechange (j'ai juste un slip et une paire de chaussettes de secours dans mon sac de cabine), sans trousse de toilette ni chargeur de téléphone.

Hier soir,  j'ai tenté la batterie de secours, mais elle s'était déchargée. Pour économiser l'énergie restante,  j'ai donc complètement arrêté le téléphone, y compris le réveil. Résultat, je me suis réveillé à 10.30.

J'essaie d'expliquer à Tatiana, ma logeuse uniquement russophone, que je dois être enregistré auprès des services d'immigration, sans quoi je risque une forte amende en repartant, ou même de ne pas pouvoir repartir du tout. C'est bien compliqué. J'essaie d'appeler Marina, la propriétaire qui parle anglais, mais sans succès.
Je cherche sur internet et trouve l'indication de pouvoir s'enregistrer à la poste. Youpi, c'est à côté, je suis sauvé !
Je patiente un long moment avant qu'une employée ne me réponde. Malgré l'usage de Google Traduction, elle ne comprend rien à mon affaire.
Je repars dépité. Je n'ai pas encore pris le petit déjeuner, et, vu l'heure (11.30), je vais déjeuner tout court.

Déjeuner sur Nevskyi Prospekt 

Arrêt donc dans une stolovaya sur Nevskyi Prospekt : carottes râpées à l'aneth, croquettes de poisson aux pommes sautées, gâteau aux pommes, thé vert, 260 roubles.


Je continue sur la célèbre avenue et mets malencontreusement le pied dans un trou de bouillasse, me voilà inondé, avec le pied glacé.
 Le chasse-neige est de sortie !
Déneigement des toitures par des alpinistes encordés.
 De la France. Vraiment ?
Le style temple grec, référence universelle.

Notre-Dame de Kazan 

Tant pis, je suis devant Notre-Dame de Kazan, autant en profiter pour la visiter. L'an dernier je n'avais fait que passer devant !


L'intérieur est à la fois vaste et plutôt sombre, grandiloquent et assez austère. Un plan curieux, puisqu'il semble que l'entrée principale et la majestueuse façade se trouvent sur un côté du transept.

Beaucoup de monde à l'intérieur : des ouvriers déroulent des tapis, des fidèles émus attendent patiemment de pouvoir embrasser la fameuse icône, une messe est servie à grands renforts de chants. Le pope chante beaucoup mieux que nos prêtres, remarquai-je au passage.




La grande iconostase argentée fait de l'effet, même si les différentes représentations s'avèrent de qualité artistique inégale.








Gostiny Dvor

Je file ensuite au Gostiny Dvor, où j'avais fait quelques courses l'an dernier, voir si je peux reconstituer au minimum mon bagage. Ce bel édifice historique abrite une enfilade de nombreuses boutiques. Pour y acheter de l'ambre, des fourrures ou du caviar, c'est la bonne adresse. Pour un chargeur de téléphone et des vêtements basiques, l'endroit est moins approprié.




C’est horriblement cher ! Plus de 300 € le pendentif en bas à droite.
Mise en scène des vêtements inconnue chez nous.
Il faut compter 2000 € pour les fourrures du premier plan, 6000 pour du vison.

Je m'informe auprès d'un jeune homme, espérant qu'il baragouine un peu d'anglais. C'est raté mais il semble comprendre mon russe de cuisine et m'envoie vers l'église Saint Vladimir.
Programme du théâtre de la Fontanka. Don Quichotte, le 6,  Les trois Sœurs, le 8, Otello, le 16,  mais aussi Metro (??), le 2.
Le Théâtre Alexandrovsky, le plus ancien des très nombreux de la ville.

Heureusement l'itinéraire est simple. Car, dans cette ville où les rues sont indiquées une fois sur cinq, l'orientation reste un challenge. Et je ne veux pas trop gaspiller la batterie de mon téléphone pour me repérer sur Google Maps.





L'église susnommée est en partie protégée par des panneaux de bois, mais elle n'en a pas moins de l'allure. Je cherche le magasin indiqué par le serviable jeune homme, finis par le trouver, y pénètre... Je cherche le nécessaire. Je commence à avoir les mains pleines et m'apprête à régler mes achats. Mon téléphone vibre, message de KLM. Mon bagage va arriver à l'hôtel.
Banzai !
Je replace donc toutes les marchandises et prends le chemin de retour. Il recommence à neiger.



Arrêt au Klassichny Café, pas loin du Pont Lomonosov, où j'aimerais bien obtenir un chocolat chaud. Il n'y en a pas,  tant pis, je commande un mocha. Il m'arrive une boisson tiède au goût de grenadine ! Plus chère que mon repas.

En gros sur la page de gauche,  c'est Kofe,  le café. Facile à lire !

Je rentre réceptionner mon bagage (Life is wonderful !), en profite pour me raser, récupérer gants, bottes et bonnet qui vont bien me servir, et repars pour la représentation du soir.
Saint Sauveur sur le Sang versé déploie ses volutes colorées, au fond. 

J'ai le temps de dîner en vitesse dans une stolovaya proche de l'Opéra, que j'avais,  l'an dernier, repérée mais point testée.

Menu surprise : la kotleta contient du chou, les patates sautées s'avèrent un légume inconnu, la boisson (je m'attendais à du jus de fruits ou à du thé froid) est une tisane amère. Le strudel aux cerises, lui, est authentique !
Repu, je peux gagner le Mariinsky historique, ce beau bâtiment vert.

Khovantchina au Mariinsky


J'ai programmé mon début de voyage pour pouvoir assister à cette Khovantchina, vraiment un opéra que j'aime infiniment, et qu'il m'a été rarement donné de voir. J'ai été inconsolable quand les représentations prévues à Bastille ont été annulées, je n'ai jamais pu voir Nicolai Ghiaurov, un chanteur que j'adorais, dans cet opéra. J'en ai quand même une quinzaine au compteur, entre New York, Barcelone, Vienne et Paris, toujours des soirées inoubliables même avec parfois des productions décevantes.





La « Khovantchina », terme dû à Pierre le Grand, c'est les émeutes lancées en 1682 par le Prince Khovanski et les streltsy, une armée vaillante, afin de conquérir le pouvoir après la mort du tsar Théodore. Les Boyards, également princes,  convoitent aussi le pouvoir: Vasily Golitzine et Shaklovity, qui va révéler le complot d’Ivan Khovanski et provoquer sa mort.
Parallèlement s'agite un conflit religieux. Les nouvelles réformes sont refusées par une partie du clergé et une troupe de fanatiques, rassemblés sous le nom de Vieux Croyants. Cela existe encore, j'en ai vu en Roumanie il y a dix ans ! Parmi eux se trouve deux des personnages les plus importants de cet opéra, Dosifei et Marfa, qui se consument dans l'idéal religieux et vont conduire les Vieux Croyants au bûcher.
Ces faits historiques proposent donc un livret riche, avec de nombreuses tensions (et encore, j'ai simplifié !), sur lequel Moussorgsky a écrit une fabuleuse partition, avec de magnifiques rôles et de grandes scènes chorales. C'est vraiment une très très belle œuvre, qui justifiait bien cette arrivée précipitée à Saint Peter.
Après une première découverte l'an dernier, me voici donc de retour au Mariinsky ancien,  dans ce bel opéra à l'italienne.

Une mise en scène vieillotte


Khovantchina au Mariinsky
Le palais du Prince Golitzine


La mise en scène, que j'ai vue dans les années 1990 lors des tournées à Paris et à Montpellier (avec une Olga Borodina presque inconnue), due à Leonid Baratov, date de 1960, et cela se voit terriblement. Le style est le même que pour l'Eugène Onéguine de l'an dernier : toiles peintes, dramaturgie à l'ancienne. Certains apprécient beaucoup ce style, qu'ils appellent "classique". Je pense que cela donne un aspect très figé aux œuvres et que ce décorum noie souvent le propos, et je crains que ça constitue un obstacle à la découverte des opéras pour les générations qui arrivent. Une mise en scène qui s'efforce de montrer un aspect de l’œuvre qu'on n'avait pas vu, qui propose aux artistes plutôt de l'intelligence scénique que de la beauté, voila qui me convient davantage.
Bon, il n'empêche que d temps en temps, ça a un côté rafraîchissant de voir ces dioramas qui tentent le réalisme.

Khovantchina au Mariinsky
Costumes et scénographie d'antan
La distribution a mis bien longtemps à apparaître sur le site du Mariinsky. Et pas de Marfa jusqu'à dix jours avant... Le Mariinsky repose en toute confiance sur le large vivier de la troupe et de l'académie, loin de ces plannings internationaux où un chanteur est engagé trois ou quatre ans à l'avance. Ici même les opéras sont une surprise ! Il y a encore deux mois, I Vespri Siciliani (les Vêpres Siciliennes) et Die Zauberflöte (la Flûte Enchantée) que je vois les jours prochains n'étaient pas programmés ! Cela oblige les spectateurs à une vigilance obstinée. Dès qu'une vedette apparaît, les places disparaissent à toute vitesse. Les prochains Turandot et Pikovaya Dama (La Dame de Pique) se sont remplis subitement dès que le nom de Vladimir Galouzine est apparu.

La distribution

Qu'en est-il de la distribution de ce soir ? Excellente,  même dans les petits rôles où sont programmés de valeureux solistes Fyodor Kuznetsov en Streltsy, Nikolai Kamensky en renfort du chœur, c'est du super-luxe.
Susanna, c'est la grande Larisa Gogolevskaya, jadis une bouleversante Renata de l'Ange de Feu. Pour une fois, Emma n'est pas une soprano stridente et criarde, merci Violetta Lukyanenko,  qui a les moyens d'aller loin. Anton Perminov chante très bien Varsonofiev, ainsi qu'Oleg Balashov, sous-distribué en Kouzka. Le Scribe, c'est un spécialiste du rôle, Andrey Popov, qui lui donne beaucoup de relief.
Khovantchina au Mariinsky
La scène du scribe

Le Prince Vasily Golitzine est chanté par Yevgeny Akimov, un membre de la troupe depuis nombre d'années. Je l'avais beaucoup apprécié à Nice dans Boris et il campe aujourd'hui un intéressant personnage, concerné par les problèmes qu'il évoque ; dommage que la dynamique ne soit pas plus variée.
Shaklovity, c'est Vladislav Sulimsky, absolument formidable pour sa prise de rôle. Voix riche et nuancée, beaucoup de conviction. Parfait.

Khovantchina au Mariinsky
Sergei Aleksashkin : Ivan Khovansky

Sergei Aleksashkin, une autre valeur sûre depuis plus de vingt ans, interprète Ivan Khovansky. Voilà une vingtaine d'années que je ne l'ai entendu, et il a perdu en puissance, mais la voix reste solide, sans vibrato excessif, et il prend plaisir en incarner ce personnage haut en couleurs.
J'ai découvert à New York Sergei Semishkur qui chantait Vladimir dans Kniasz Igor (Le Prince Igor). Le voici dans Andrei Khovansky. Lui aussi fait sa prise de rôle, et je pense qu'il approfondira le personnage, mais il en montre bien les deux principaux aspects.

Khovantchina au Mariinsky
Vladimir Vaneyev, en Dosifei
Je l'ai découvert dans Boris Godunov, lors d'une tournée au Théâtre des Champs-Elysées, et plus jamais réentendu. Je peux donc avouer que je redécouvre Vladimir Vaneyev, en Dosifei cette fois.
Lui non plus  n'a plus la voix de stentor de jadis, mais le moelleux, le legato, la musicalité de la ligne de chant sont toujours là. Interprète exceptionnel.
La jeune Yulia Matochkina m'avait emballé l'an dernier dans un petit rôle de Kitege. Cette fois, elle a été retenue (tout récemment, semble-t-il) pour un emploi de premier plan, Marfa. 
Elle n'a pas exactement le format voulu, mais sa voix de mezzo-soprano enchante les oreilles et elle propose avec modération de splendides graves de poitrine. Là encore une grande musicienne.
Yevgeny Akimov, Anton Perminov, Yevgeny Ulyanov, Larisa Gogolevskaya
Vladimir Vaneyev, Violetta Lukanenko, Vladislav Sulimsky, Sergei Aleksashkin
Yevgeny Akimov
Sergei Aleksashkin
Andrey Popov
Andrey Popov, Vladislav Sulimsky
Sergei Aleksashkin
Andrey Popov, Vladislav Sulimsky

Yulia Matochkina
Yulia Matochkina, Sergei Semishkur, Vladimir Vaneyev
Sergei Semishkur
Mikhail Sinkevich
Vladimir Vaneyev
Mikhail Sinkevich, Yulia Matochkina
Yulia Matochkina
Vladislav Sulimsky
Yulia Matochkina
Vladimir Vaneyev
Je rentre par un froid glacial dans la cité illuminée.

Toutes les gouttières déversent des stalactites, bien accordées avec les plaques de verglas sur lesquelles je marche avec précaution. -11°C, affirme mon thermomètre !

8 commentaires:

  1. A day full of adventures! Very nice and interesting pictures.
    Annie

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  2. Your blog is so different from others. I love it! Welcome in Russia.
    Irina

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  3. Thank you for your kind feedback. I appreciate! Follow me on Facebook.
    Vladislav

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    1. Congratulations again for this astonishing performance!

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  4. Je cherchais des photos de Notre Dame de Kazan et n je suis tombé sur votre blog. C'est très bien fait,, bravo.

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