Je commence la journée ambitieusement, en allant à pied au Grand Palais. Depuis Ledru-Rollin, il me faut bien une heure et demie.
Grand Palais : Hergé
Le célèbre mastodonte parisien propose une exposition sur Hergé. Tintinophile depuis l'enfance, j'ai aussi lu plusieurs ouvrages critiques (dont l'excellent Affaire Tintin) et la passionnante biographie d'Assouline, je ne pouvais donc manquer l'occasion. L'expo s'avère très complète et donne beaucoup à voir, même si sa structure est parfois surprenante.Elle débute avec des peintures de Georges Rémi bien éloignées des bandes dessinées.
deux peintures de Georges Rémi |
Plusieurs œuvres de sa collection montrent un bel éclectisme : Steilen, Alechinsky, Andy Warhol, une des fameuses toiles fendues de Fontana, et des Cathédrales de Rouen par Lichtenstein.
Roy Lichtenstein, Cathédrale de Rouen |
Et même une statuette Chimu reconnaissable pour les lecteurs de l'Oreille Cassée.
Son souci d'exactitude est révélé dans ses recherches pour la série lunaire ; on voit la maquette qu'il fit réaliser pour obtenir des dessins extrêmement précis. Au passage, je découvre une première couverture que je n'ai jamais vue.
Dans la même optique, on montrera plus tard que toutes les inscriptions du Lotus Bleu correspondent à des textes précis.
Ses travaux ne se sont pas limités à Tintin ; comme Magritte, il œuvra pour la publicité, publia diverses bandes dessinées (certaines me sont complètement inconnues, je l'avoue humblement) et s'illustra même dans le dessin satirique pendant la guerre.
L'Etoile mystérieuse en feuilleton N&B, tout en bas |
Déjeuner à Satoshi
Depuis le temps, j'ai abandonné l'idée de déjeuner dans le quartier. Je repars donc à pied, direction Opéra, pour m'offrir une pause japonaise. Gyozas et ramens pour 10€, un délice !Après-midi de courses, dans une épicerie japonaise, chez Marks&Spencer où la lemon curd est incomparable, puis café chez Lanni, sympathique torréfacteur à côté du passage Brady. Pain chez Eric Kayser, jambon au torchon dans une superbe charcuterie, de quoi confectionner de délectables sandwiches. Je rentre à l'hôtel poser mes courses et repars illico vers la Porte Saint-Martin.
Les Femmes Savantes, Théâtre de la Porte Saint-Martin
Il y a quinze jours, j'ai vu (revu même) à Marseille la réjouissante production des Femmes Savantes par Makeieff, avec l'extraordinaire Bélise de Thomas Morris (à lui seul une bonne raison de ne pas manquer le spectacle) et je suis ravi de voir maintenant celle de Catherine Hiegel, dont j'ai souvent apprécié l'intelligence des mises en scène.La pièce fait le plein et c'est justice. Hiegel est pleine de bonnes idées, comme montrer une Bélise primesautière ou un Trissotin veule, où encore suggérer une relation plus... approfondie entre Chrysale et Martine. On voit bien qu'elle a de la tendresse pour Philaminte et consoeurs, et qu'elle ne confond pas femmes savantes et précieuses ridicules.
La distribution est excellente. Un Clitandre très juste (Benjamin Junghers), une Bélise haute en couleurs (Evelyne Buyle), étonnant Trissotin de Philippe Duquesne. La grande Catherine Ferran, qui a joué tous les rôles féminins des Femmes Savantes à la Comédie Française, donne un relief inattendu à Martine. Agnès Jaoui est une Philaminte à l'autorité effrayante, mais on sent une réelle tendresse pour cette femme qui trace un chemin dans l'expression de ses consoeurs. Bacri joue Chrysale avec évidence et naturel, sans cabotinage, et le rôle lui va à merveille. C'est une réussite.
Philippe Duquesne |
Catherine Ferran |
Benjamin Junghers |
Pour terminer cette journée tout en jambes, je rentre bien sûr à pied !
Je suis moi aussi tintinphile et votre article donne envie de voir cette exposition. J'ai cherché un peu partout sur internet et c'est votre post qui est le plus complet. Je vais continuer à lire votre blog qui me plaît bien. Mais je ne connais rien à l'opéra.
RépondreSupprimerEthan
Merci, Ethan le tintinophile, pour ce chaleureux commentaire. Ça fait toujours plaisir ! Bonne lecture.
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