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mercredi 30 septembre 2020

Tivoli : La Villa Adriana ou villa d'Hadrien (3)


Après la première partie, consacrée au Canope et au Pecile, la seconde avec notamment le "Prétoire" et les thermes, voici la dernière : "Piazza d'oro", "Palazzo", "Salle des Philosophes", "Théâtre Maritime", Temple de Vénus.

La Piazza d'oro (Place d'or)


Autre partie mystérieuse, la Piazza d'oro (place d'or), nommée ainsi selon les objets qui y furent découverts.



On accédait à cette partie par un couloir couvert qui reliait les deux bâtiments. C'est un bon exemple de ces raccords entre des structures autonomes ; quel que soit le temps, on pouvait se déplacer dans le palais à l'abri.





Le vestibule a sa place dans l'histoire de l'architecture. Jusque là, un bâtiment de forme solide contenait une salle de forme variable, octogonale par exemple. Celui-ci serait le premier exemple de construction dont la forme extérieure correspond à celle de la salle intérieure.


La réalisation comprenait à nouveau fontaines, vasques, jets d'eau, et tous les bâtiments étaient couverts de marbre.


Le Palazzo (le palais)



La partie du prétendu palais correspond aux premiers éléments de la résidence d'Hadrien, immédiatement au-dessus de la villa républicaine antérieure ; son architecture fut reprise pour transformer une villa agréable en palais impérial.


On en conserva certaines parties comme l'atrium et le péristyle, mais la plupart furent transformées. Une simple exèdre (salle demi-circulaire) devint une bibliothèque, une grande salle à colonnes fut aménagée, sans doute pour des réunions officielles. 


Ces pièces constituaient un complexe d'apparat pour la villa, marquées encore davantage par le raffinement des décors. Quelques indices nous permettent de l'imaginer, comme ce précieux pavement en marqueterie de marbre polychrome.


La cour des bibliothèques



Les trous de boulon signalent toujours la poutraison des planchers ; on voit donc ici non pas une vaste salle mais bien un immeuble aux multiples étages. La riche littérature antique se rassemblait comme aujourd'hui en bibliothèques, mais le livre d'alors différait évidemment du nôtre. C'était alors surtout un rouleau de lin, écrit en colonnes pour plus de commodité : on n'était pas obligé de dérouler tout le volumen (à l'origine de notre mot volume, comme dans une encyclopédie) pour terminer la ligne, mais il fallait cependant rouler une grande partie pour revenir à la partie précédente ! Le papyrus égyptien servait aussi à constituer des livres plus proches des nôtres. Une villa d'Herculanum en a livré une précieuse collection.

Quel que soit son matériau, avant la gravure et encore plus l'imprimerie, il n'est de livre que manuscrit.

Il est difficile d'assurer si les livres constituaient une bibliothèque privée ou publique. Cependant Hadrien, homme de culture, était un lettré, fin connaisseur des littératures latine ou grecque, langue qu'il parlait couramment. Il se livrait volontiers à des exercices de rhétorique en public ; si on n'a pas conservé son autobiographie, son existence n'est plus mise en doute. Il rédigeait également des poèmes dont on a conservé quelques pièces grâce à la biographie de Spartianus dans L'Histoire auguste.

Voici le plus fameux ; même si on n'est pas familier avec le latin, on ne peut manquer ses jeux de sonorités.

Animula vagula blandula,
Hospes comesque corporis,
Quae nunc abibis in loca,
Pallidula, rigida, nudula,
Nec, ut soles, dabis iocos.

J'espère ne pas avoir commis de contresens dans ma traduction !

Petite âme, vague de caresses,
Hôtesse et compagne du corps,
Qui maintenant t'effaces en d'autres lieux
Pâles, raides et nus,
Tu ne te livreras plus à tes jeux familiers.

Le "Théâtre maritime"



Le théâtre maritime reçut cette poétique appellation à cause de sa décoration inspirée par le décor marin avec tritons (sirènes mâles, comme plus tard la statue du Bernin) et néréides, était avant tout un nœud dans la construction, l'endroit où convergeaient les passages vers les parties ancienne (la villa républicaine) et nouvelle (les thermes). 



Le bâtiment d'origine ressemblait à un petit temple rond : une construction circulaire éclairée par l'ouverture au sommet (comme l'oculus du Panthéon, autre réalisation où s'impliqua Hadrien).


L'édifice s'élevait sur une île artificielle miniature, rejointe par deux ponts mobiles.


L'endroit pouvait donc se couper totalement du monde. Rien de tel pour un misogyne comme Hadrien, mais sans doute un endroit rêvé pour fuir l'agitation de la cour. Peut-être un bureau pour y rédiger ses œuvres, un atelier pour y sculpter, ou simplement un cabinet pour éviter de partager ses crises de colère. Ses contemporains s'entendent pour souligner que cela lui arrivait fréquemment...




La Salle des Philosophes



Encore une salle à la fonction énigmatique ; les sept niches au fond de l'exèdre ont fait penser à sept sages ou philosophes grecs, et sur ce mince indice on a construit une vision un peu idéale d'un espace où des intellectuels auraient patiemment attendu que l'empereur vînt discuter avec eux. 


L'édifice d'origine avait un toit plat à caissons et le sol était pavé de marbre ; l'extérieur était orné de colonnes. Tout cela apporte peu d'indices pour une identification certaine !


Parmi les diverses hypothèses plus probantes que l'improbable salle des Philosophes, on peut retenir un temple des stoïciens, une bibliothèque où les livres auraient été conservés dans les niches, ou une schola et un lieu de réception. Et, dans le cas où les niches auraient effectivement abrité des statues, ces dernières auraient plutôt représenté des grands personnages de l'histoire romaine.


Le temple de Vénus



Pendant plusieurs décennies la forme de la construction avait fait croire à un nymphée. Cependant, la découverte, dans les années 1950, d'une copie parfaite de l'Aphrodite de Cnide permet de conclure à un temple. La forme circulaire était celle du sanctuaire consacré à la déesse de l'amour sur l'île de Cnide, représentée par une magnifique statue du fameux artiste Praxitèle, une jeune fille qui vient de quitter ses vêtements et se prépare à pénétrer dans l'eau.


Après l’Égypte évoquée par le Canope et le Sérapéum, la Grèce se manifeste ici avec un temple soigneusement reproduit. 

La villa à gauche, la maison de campagne du Comte Fede, fut construite sur une partie de ses vestiges. C'est là qu'on protégea les premières découvertes de fouilles.


2 commentaires:

  1. Merveilleuse visite. J'aime beaucoup cette île pour fuir l'agitation du monde, ça me plairait bien d'avoir la même.
    Bravo pour ta traduction, peut-être pas absolument fidèle, mais très poétique.
    Françoise

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