Moscou : Le monastère Danilovsky (ou Danilov)

Un des célèbres monastères de Moscou, qui date du XVIIe siècle.

Le premier monastère fut fondé par le fils d'Alexandre Nevsky (le vaillant héros qui repoussa l'invasion suédoise), le prince Daniel, d'où le nom du monastère. C'est d'ailleurs là qu'il fut enterré. Pour des raisons que je n'ai pas découvertes, malgré la présence d'une tombe aussi fameuse, le monastère déclina et fut complètement abandonné. Ivan le Terrible, en visitant le village de Danilovskoye, fut scandalisé par l'état des lieux. Il décida de s'en occuper et de le reconstruire vers 1560. Les fortifications furent bien utiles pour défendre les lieux contre l'invasion du khan Kaza Giray, en 1591.

Un autre événement historique se localise ici ; l'histoire russe est emplie d'imposteurs se prétendant le tsarévitch véritable (ce que raconte Boris Godounov). L'un d'eux, Ileyka Muromets, assurait qu'il était Piotr, le fils du tsar Fiodor Ier. Il fut démasqué et exécuté sur place.

Les fortifications jouaient donc un véritable rôle défensif et il parut urgent de les refaire après l'époque des grands troubles, au début du XVIIe siècle.

En 1652, on retrouva les restes du prince Daniel (je me demande bien comment on put les authentifier) et on en profita pour  le canoniser. Au XIXe siècle, il subit les assauts des armées napoléoniennes mais son cimetière conservait sa renommée. C'est là que fut enterré Gogol, avant que ses restes ne soient transférés à Novodievitchi.

L'histoire agitée du monastère ne s'arrête pas là. Pendant la période soviétique, comme dans les autres monastères de la ville, les moines furent chassés et les lieux dévolus à de nouvelles fonctions. Le monastère Danilovsky devint alors une prison dans laquelle on rassemblait les enfants des "ennemis du peuple".

Aujourd'hui, la piété est florissante en Russie et aujourd'hui tout particulièrement. Bien qu'excentré, ce monastère jouit d'un prestige particulier parce qu'il est la résidence officielle du patriarche de Moscou.

On peut acheter les produits du monastère. La lavka, la boutique, est indispensable dans chacun d'eux. Ici, en prime, on trouve des food trucks !

L'église la plus ancienne dans l'enceinte est le katholikon, dédié aux Sept Hiérarques des Sept Conciles Œcuméniques. J'ignore de quoi il s'agit !

L'intérieur est rempli de gens qui prient ; je me fais discret et photographie en catimini, d'où le doigt sur l'objectif.

Je grimpe à l'église haute, peine perdue. Encore davantage de gens en prière.

Bon, c'est raté pour la discrétion. Une dame courroucée vient me déverser un flot de paroles à voix basse et m'indique fermement la sortie. Je m'exécute, tête basse.

Cette grande église néo-classique fut construite par Joseph Bové en 1831. Non, pas le leader altermondialiste, mais l'architecte du Bolchoï et de la place des théâtres. A part la couleur jaune, rien de commun ici.

Grande bâtisse blanche sévère. C'est peut-être elle, la résidence officielle du patriarche.

A moins que ce soit ce bâtiment vert d'eau ?

L'église-porche, avec sa pointe, est dédiée (logique !) à Siméon le Stylite, celui qui aurait passé des années sur une plate-forme au sommet d'une colonne à méditer. Je croyais pendant des années que c'était une figure légendaire mais il paraît que son existence est avérée. Il a droit à nombre d'églises dans la religion orthodoxe. Celle-ci fut élevée en 1731, et ses éléments décoratifs comme sa structure montrent des survivances du baroque Narychkine.