Moscou : l'église de la Résurrection de Kadachi

Une des magnifiques églises de la ville, chef-d'œuvre du baroque Narychkine.



Mon deuxième essai est le bon ! Il y a deux ans, j'avais tenté la visite mais les travaux du parc autour de l'église empêchaient d'y pénétrer.

L'extérieur

La silhouette se repère de loin. Ici, ce n'est pas le rouge, le jaune ou le rose qui sont les couleurs les plus courantes, mais un corail resplendissant qui colore les façades. Un peu de vert en couleur presque complémentaire sur la coupole à l'arrière, de l'or rutilant aux coupoles : c'est une église qui en jette !

Le nom de Kadachi m'a donné du fil à retordre ; l'église porte également le nom de Résurrection des Tonneliers, ce qui ne simplifiait rien.

En fait, les deux noms sont liés. Dans le quartier se trouvait une manufacture de barrique, les kady. Les kadashi (l'orthographe courante sur les guides français, que j'ai conservée dans le titre, est kadachi, ce qui devrait se prononcer kadatchi, à la différence du mot russe), ce sont donc les tonneliers eux-mêmes. Un mystère éclairci.

A la fin du XVIIe siècle naît un nouveau style ; la famille Narychkine possède un terrain près de Saint Pierre d'en haut et s'implique dans la construction du monastère. L'église Saint Serge de Radonezh inaugure des tendances novatrices, dont la première est l'abandon des kokochniki, ces arcs empilés traditionnellement au sommet des églises. A la place, on opte pour des corniches et des frises régulières.

Les façades jouent sur le contraste entre le rouge (ou ici, une variante, mais très proche de la couleur de Saint Serge) et le blanc pour mettre en valeur les éléments décoratifs. Le rouge était, à la base, la couleur de la brique brute, traditionnellement passée à la chaux jusque là.

La notion de répétition laisse place à la diversité.

La flèche du clocher s'élève à 43 mètres. J'ai lu quelque part que la cloche d'origine pesait six tonnes et aurait été déplacée... au Bolchoï où elle serait toujours utilisée pour les représentations. Je ne peux remettre la main sur l'information, je la communique donc avec les réserves d'usage !

Une fois à l'intérieur de l'église, j'ai pu accéder au balcon et prendre quelques photos de près.

C'est surtout intéressant pour détailler le travail de sculpture.

Les pampres se déploient sur les colonnes. Elément logique si les tonneliers fabriquaient des tonneaux pour le vin. Ce n'est pas une spécialité russe, mais on en importait peut-être pour les familles fortunées. Ou les tonneaux auraient-ils été exportés ? 

Sans compter que la vigne n'est pas un symbole inconnu dans le christianisme ! Je pâtis toujours de ma faible connaissance de l'iconographie orthodoxe. 

En prime, du balcon, on a droit à une chouette vue ! On repère la petite église toute blanche de Saint Job de Plochayev, du XVIIe siècle. La seule de Moscou consacrée à ce saint.

A l'intérieur

Pour dire vrai, ce n'est pas l'intérieur qui vaut la visite. Si on arrive devant l'église et qu'elle est fermée, ce n'est pas bien grave...

On peut admirer ces deux fresques délicates aux couleurs tendres, détachées, présentées dans l'escalier.

La grande salle présente une iconostase pour le moins décevante. On la croirait en contre-plaqué, elle est toute riquiqui, et deux des icônes ne sont pas adaptées au cadre. Dommage, car elles sont de qualité.

Je présume que l'iconostase d'origine a connu des malheurs et que celle-ci est la remplaçante...

Les parois sont plus intéressantes, avec l'alternance de portraits de saints et de scènes des évangiles.

Cependant, la facture me paraît un peu tardive et je ne suis pas du tout certain que ces fresques datent de la création de l'église !

L'église souffrit gravement lors de l'invasion napoléonienne, et sans doute l'intérieur fut particulièrement abîmé. L'idée de fresques refaites au XIXe siècle serait donc cohérente. Il paraît que la restauration récente fut une foire d'empoigne entre l'église et les ateliers de restauration ! Sans doute résolue, vu la réussite des travaux.