Deux opéras qui figurent parmi les perles rares du répertoire sont réunis dans cette coproduction avec Varsovie, un spectacle étrenné pour Anna Netrebko.
C'est un assemblage peu fréquent. J'ai vu un peu de tout, y compris des montages avec des pièces orchestrales (c'était le cas de ma dernière Iolanta comme de mon dernier Château de Barbe-Bleue), et des attelages bizarres comme Barbe-Bleue avec Schicchi, ce qui est une vraie aberration.
Ici, la mise en scène met en avant le rôle d'un père/mari tyran, et le décor de forêt unifie le tout.
Un spectacle de Mariusz Trelinski
C'est un spectacle inquiétant. Iolanta est cloîtrée dans sa chambre, un cube qui virevolte sur scène, décoré de trophées de chasse. Justement, un film d'animation a projeté des biches affolées au début de la représentation.
Les chevaliers sont des randonneurs à skis, arrivés par erreur en ces terres dangereuses.
Pas de happy end : quand Iolanta recouvre la vue, personne ne semble s'en réjouir, et surtout pas le roi.
Le Château de Barbe-Bleue est plus attendu dans cette œuvre vénéneuse, d'une sensualité toxique et d'un mystère épais : un lei étrange où pénètre la forêt, à la géographie mutante et illogique. Les pièces s'ouvrent et se ferment, et un jeu dangereux se noue entre les deux protagonistes. Le choix de deux interprètes dans la même catégorie d'âge, la cinquantaine environ, en fait deux protagonistes mûrs et l'innocence de Judith est loin d'être assurée.
Iolanta
Le plateau est une vraie réussite. Les deux jeunes filles, Ashley Emerson et Megan Marino sont bien sonores et mettent en avant la fraîcheur de leurs voix.
Mark Schowalter |
Mark Schowalter, un pilier du Met, s'affirme en solide Almeric.
Larissa Diadkova |
Pour la nourrice Martha, le Met a retenu la grande Larissa Diadkova, une fabuleuse interprète russe qui m'a enchanté depuis la première fois que je l'ai entendue, dans les années 1980, et que j'ai toujours entendue formidable (une fabuleuse Marfa entre autres !). Elle a conservé son timbre inimitable et son expérience lui permet d'imposer sa présence d'un seul regard hautain.
Alexander Roslavets, Lucas Meachem |
Alexander Roslavets, un Biélorusse en troupe à Hambourg, possède une vraie voix de basse russe, riche et pleine, et il compose un très inquiétant Roi René, dans la vision de la production.
Le baryton Lucas Meachem, le Marcello de l'an dernier, ne fait qu'une bouchée du duc Robert, et il phrase magnifiquement l'air. Sa grande voix est un atout dans cette vaste salle.
Harold Wilson |
Je connais Harold Wilson depuis des années et je l'ai beaucoup entendu quand il était en troupe au Deutsche Oper à Berlin. C'est un plaisir de le retrouver en Bertrand !
avec Elchin Azizov |
Elchin Azizov, le Macbeth lyonnais, est magnifique dans le rôle du médecin arabe Ibn-Hakia, qu'il interprète avec un mélange de panache et d'humilité.
Matthew Polenzani enchante les oreilles avec son timbre multicolore, sa voix très présente qu'il sait alléger, sa grande musicalité. Son Comte Vaudémont est sans doute le meilleur que j'ai entendu.
C'est un superbe chanteur que je n'ai toujours vu que parfait, et ce depuis vingt ans. C'est vraiment dommage qu'il soit si rarement invité en France !
avec Sonya Yoncheva |
Larissa Diadkova, Ashley Emerson, Megan Marino |
Lucas Meachem |
Elchin Azizov |
Matthew Polenzani |
Matthew Polenzani, Sonya Yoncheva, Elchin Azizov |
Le Château de Barbe-Bleue (A kékszakállú herceg vára)
J'ai beaucoup apprécié Angela Denoke dans un grand nombre de rôles (Leonore, Salome, Marschallin, Polina, Kundry…) et sa Judith à Montpellier m'avait beaucoup plu. Ce soir, elle doit lutter contre un instrument rebelle qui a du mal à sonner, et la projection est loin d'être égale sur toute la représentation. Beaucoup d'engagemen en dépit de cette difficulté.
Angela Denoke, Gerald Finley |
Je préfère de beaucoup les Barbe-Bleue basses, mais la partition est tout à fait chantable par un baryton-basse, voire, à la limite, par un baryton.
Angela Denoke, Gerald Finley |
Pas de problème en ce qui concerne le toujours excellent Gerald Finley, dont la voix riche fait résonner d'inquiétants mélismes, et qui incarne un personnage dangereusement séducteur (là où on montre souvent du hiératisme). Somptueux.
avec Angela Denoke |
avec Gerald Finley |
Henrik Nánási |
Henrik Nánási, l'ancien chef du Komische Oper, montre bien la différence de climat entre les deux œuvres dont il souligne la palette colorée. Il respire avec les chanteurs et ne les couvre jamais.
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RépondreSupprimerClair
Merci beaucoup Clair, de votre commentaire comme de votre fidélité !
SupprimerI agree with you! Wonderful indeed.
RépondreSupprimerLinda
Thank you very much Linda!
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