Westminster Cathedral
Depuis une vingtaine de fois que je loge dans le quartier, ce mastodonte rayé constitue un point de repère incontournable. J'ai visité l'intérieur à trois reprises, sans être convaincu. Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec un volunteer, le fort sympathique Trevor, professeur d'histoire à la retraite.
Trevor est un puits de connaissance et sa visite va m'apprendre beaucoup. Je vais me contenter de rapporter un peu.
Cette cathédrale est relativement récente, de la toute fin du XIXe siècle. L'archevêque acquit un terrain en vente, proche de l'iconique et bien plus célèbre abbaye, le lieu des cérémonies royales. Dans cette zone en pleine expansion immobilière, il ne put se permettre de faire trop le difficile.
Le terrain adoptait une forme profonde, mais peu large, excluant le plan traditionnel en croix. On retint donc le format de la basilique byzantine, sans transept.
L'évocation de Byzance présentait d'autres avantages, essentiellement une ornementation rapportée et pas dans la masse, ce qui autorisait une construction beaucoup plus rapide.
Avec les économies réalisées, on put soigner les finitions : mosaïques, marbres précieux, même quelques matériaux rares dans les églises, comme la nacre (visible ci-dessus).
Et surtout, on put respecter le vœu de l'architecte de construire avec
des briques fabriquées artisanalement et non industriellement. Ce n'est
pas rien avec la quantité nécessaire : 12 500 000 briques!
Le modèle assumé fut l'art religieux italien, en particulier les églises de Rome et de Ravenne, et il faut voir davantage la cathédrale comme un hommage que comme une copie. Cette plaque rappelle les belles clôtures romaines, celles de chancel ou de schola cantorum. Rome en conserve une fameuse dans la vénérable Santa Sabina.
Je ne suis pas surpris, le néo-byzantin est bien connu chez nous.
Les Cosmates, des marbriers actifs au Moyen-Age, développèrent ces incrustations de pièces dans la pierre, comme une insertion de mosaïque. Ils décorèrent nombre de basiliques, comme Santa Maria in Cosmedin. Trevor me confirme que l'architecte avait une bonne connaissance de l'histoire des églises romaines.
C'est vrai que le paon ou la version du ciel étoilé pourraient se trouver à San Vitale, par exemple.
Je garde ma réserve pour les grandes scènes mosaïquées, dont les couleurs ne me convainquent guère.
Mais l'emploi décoratif de ces monumentales plaques de marbre est assez réussie.
Trevor m'emmène enfin visiter le trésor ; argenterie et vêtements religieux y sont exposés comme d'ordinaire dans ces collections, mais il est interdit de les photographier.
Je me promène dans ce quartier souvent arpenté. J'adore flâner dans Pimlico, je l'avoue.
Comme en février dernier, mon intention est de déjeuner au Regency Café. Pas plus de succès : il est ouvert mais on fait la queue dehors, bien qu'il ne soit pas encore midi !
Donc, comme la dernière fois, je me réfugie au Astral.
Je teste cette fois les spaghetti with meatballs. Quelle bonne idée ! Tout est maison, la sauce tomate, les boulettes (bien persillées, avec des oignons, un vrai délice). Je complète avec un white tea et un scone tout chaud, délicieux. Un régal pour 6,95 £ en tout ! Incroyable !
Je me rapproche de la Tamise en profitant de ce quartier fleuri et très bien tenu. Hors de prix, évidemment. J'ai vu une annonce d'un studio à 2500 £ la semaine ! Combien faut-il gagner pour vivre ici ?
Mon intention est de passer au Sud, dans ces quartiers que je connais très peu : Battersea, Lambeth. Je traverse donc le Vauxhall Bridge, qui offre une vue dégagée sur la pâtisserie du MI5, le nid d'espions popularisé par les James Bond.
La suite de ma découverte de Battersea est une déception. Je ne tombe que sur des chantiers. Impossible d'atteindre le nouveau marché aux fleurs de Covent Garden. Quant au parc avec le Bouddha, n'en parlons même pas.
Je rebrousse chemin en passant derrière la voie ferrée.
Cette taverne est sans doute là depuis plus d'un siècle. Juste à côté se trouvent les Vauxhall Pleasure Gardens. Ces jardins firent au XVIIIe siècle l'admiration de toute l'Europe, représentés inlassablement, si bien que les rues et places du Vauxhall fleurirent partout.
Je savais qu'ils avaient décliné au XIXe siècle, mais il me semblait qu'ils avaient été réhabilités dans les années 60.
C'est ça, les Vauxhall Gardens ? Un coin d'herbe avec trois arbres ?
Au fond une ferme pédagogique et une église noircie. Rien, mais absolument rien, de la splendeur passée.
Je contourne l'église en question, tombe sur un quartier tranquille. Petites rues, jardins dits "ouvriers" (pas sûr qu'ils le soient toujours).
Le Dog's Dinner sert-il aussi des repas aux compagnons à quatre pattes ? A Londres, tout est possible. J'ai vu un restaurant au Japon avec aussi un menu pour chiens.
Je longe la Tamise en apercevant le fronton de la Tate, sur la rive opposée.
Et me voici au Lambeth Palace, cette bâtisse aux allures médiévales, qui remonte en fait au XVe siècle. C'est la résidence officielle de l'archevêque, je crois.
Je poursuis vers Waterloo Station, passant par des rues chaleureuses aux petits commerces animés. Quelques-uns valent le coup d'œil.
Arrivé à la gare, je bifurque en passant tout contre le Royal Festival Hall, où, pour une fois, je n'assiste à aucun spectacle.
Et je retraverse donc la Tamise... Je tombe pile sur Embankment, pas très en avance. Je peux reprendre les choses là où je les ai laissées samedi soir.
J'ai encore le temps de faire deux-trois courses et de boire un café avant de rejoindre le Coliseum où l'English National Opera donne ce soir une œuvre rare de Haendel.
C'est donc un opéra fort rare (je ne l'ai vu qu'une fois), et de manière incompréhensible : livret solide, rôles bien caractérisés, musique superbe avec plusieurs tubes.
L'ENO reprend, pour l'occasion, une production à succès. Et je comprends pourquoi ! C'est un spectacle extrêmement intelligent, qui transpose l'action dans une Italie du vingtième siècle (années 50,me semble-t-il). Richard Jones rend compréhensible les affects des personnages et n'hésite pas à souligner les effets comiques ; il n'hésite pas à forcer le trait sur l'obsession de Grimoaldo pour Rodelinda, qui couvre les murs de son portrait et la surveille par caméra interposée. Bertarido, le souverain qu'on tient pour mort, se trouve face à son énorme tombeau, et cuve son chagrin au comptoir d'un bar.
Les décors ingénieux, façon maison de poupée, permettent des changements rapides et contiennent de fort bonnes idées. Lorsque Grimoaldo décide de faire exploser la statue gigantesque portant le nom de Rodelinda comme tatoué sur le bras, on suit un film montrant l'explosion, le bras qui retombe... Et le rideau se lève sur les restes du bras gigantesque.
Christian Curnyn a souvent dirigé ici les opéras baroques, et c'est un plaisir d'avoir une baguette aussi souple, vivante, variée, à la tête musicale des forces maison.
Le plateau offre de semblables réjouissances. Neal Davies interprète avec conviction un rôle de traître qui lui est familier.
Juan Sancho, hilarant dans sa composition de Grimoaldo, chante avec virtuosité. Les deux contre-ténors offrent des voix bien différenciées, aussi bien l' efficace Unulfo de Chris Lowrey que le grandiose Bertarido de Tim Mead, à qui revient un des airs les plus périlleux de l'opéra. Très forte expressivité de ce dernier, qui joue comme un comédien, et chant remarquablement stylé, une grande prestation.
Susan Bickley n'est pas une débutante (je l'ai entendue en 1990 en Kabanicha à l'Opéra Bastille) et elle sait se tirer indemne des dangers de sa partition. La voix demeure incroyablement présente et solide.
Quant à Rebecca Evans, très probe cantatrice que j'ai toujours vue très bien (notamment dans Zauberflöte, Nozze di Figaro, et un inoubliable Turn of the Screw qui fut le dernier opéra de Mackerras), elle s'investit à fond dans une interprétation très sensible de Rodelinda, gérant efficacement la longueur du rôle, et offrant de superbes aigus.
Je ne suis pas surpris, le néo-byzantin est bien connu chez nous.
Les Cosmates, des marbriers actifs au Moyen-Age, développèrent ces incrustations de pièces dans la pierre, comme une insertion de mosaïque. Ils décorèrent nombre de basiliques, comme Santa Maria in Cosmedin. Trevor me confirme que l'architecte avait une bonne connaissance de l'histoire des églises romaines.
C'est vrai que le paon ou la version du ciel étoilé pourraient se trouver à San Vitale, par exemple.
Je garde ma réserve pour les grandes scènes mosaïquées, dont les couleurs ne me convainquent guère.
Mais l'emploi décoratif de ces monumentales plaques de marbre est assez réussie.
Trevor m'emmène enfin visiter le trésor ; argenterie et vêtements religieux y sont exposés comme d'ordinaire dans ces collections, mais il est interdit de les photographier.
Déjeuner dans Pimlico
Je me promène dans ce quartier souvent arpenté. J'adore flâner dans Pimlico, je l'avoue.
Comme en février dernier, mon intention est de déjeuner au Regency Café. Pas plus de succès : il est ouvert mais on fait la queue dehors, bien qu'il ne soit pas encore midi !
Donc, comme la dernière fois, je me réfugie au Astral.
Je teste cette fois les spaghetti with meatballs. Quelle bonne idée ! Tout est maison, la sauce tomate, les boulettes (bien persillées, avec des oignons, un vrai délice). Je complète avec un white tea et un scone tout chaud, délicieux. Un régal pour 6,95 £ en tout ! Incroyable !
Je me rapproche de la Tamise en profitant de ce quartier fleuri et très bien tenu. Hors de prix, évidemment. J'ai vu une annonce d'un studio à 2500 £ la semaine ! Combien faut-il gagner pour vivre ici ?
De l'autre côté de la Tamise
Mon intention est de passer au Sud, dans ces quartiers que je connais très peu : Battersea, Lambeth. Je traverse donc le Vauxhall Bridge, qui offre une vue dégagée sur la pâtisserie du MI5, le nid d'espions popularisé par les James Bond.
La suite de ma découverte de Battersea est une déception. Je ne tombe que sur des chantiers. Impossible d'atteindre le nouveau marché aux fleurs de Covent Garden. Quant au parc avec le Bouddha, n'en parlons même pas.
Je rebrousse chemin en passant derrière la voie ferrée.
Cette taverne est sans doute là depuis plus d'un siècle. Juste à côté se trouvent les Vauxhall Pleasure Gardens. Ces jardins firent au XVIIIe siècle l'admiration de toute l'Europe, représentés inlassablement, si bien que les rues et places du Vauxhall fleurirent partout.
Je savais qu'ils avaient décliné au XIXe siècle, mais il me semblait qu'ils avaient été réhabilités dans les années 60.
C'est ça, les Vauxhall Gardens ? Un coin d'herbe avec trois arbres ?
Au fond une ferme pédagogique et une église noircie. Rien, mais absolument rien, de la splendeur passée.
Je contourne l'église en question, tombe sur un quartier tranquille. Petites rues, jardins dits "ouvriers" (pas sûr qu'ils le soient toujours).
Le Dog's Dinner sert-il aussi des repas aux compagnons à quatre pattes ? A Londres, tout est possible. J'ai vu un restaurant au Japon avec aussi un menu pour chiens.
Je longe la Tamise en apercevant le fronton de la Tate, sur la rive opposée.
Et me voici au Lambeth Palace, cette bâtisse aux allures médiévales, qui remonte en fait au XVe siècle. C'est la résidence officielle de l'archevêque, je crois.
Je poursuis vers Waterloo Station, passant par des rues chaleureuses aux petits commerces animés. Quelques-uns valent le coup d'œil.
Arrivé à la gare, je bifurque en passant tout contre le Royal Festival Hall, où, pour une fois, je n'assiste à aucun spectacle.
Et je retraverse donc la Tamise... Je tombe pile sur Embankment, pas très en avance. Je peux reprendre les choses là où je les ai laissées samedi soir.
J'ai encore le temps de faire deux-trois courses et de boire un café avant de rejoindre le Coliseum où l'English National Opera donne ce soir une œuvre rare de Haendel.
Rodelinda au Coliseum
C'est donc un opéra fort rare (je ne l'ai vu qu'une fois), et de manière incompréhensible : livret solide, rôles bien caractérisés, musique superbe avec plusieurs tubes.
L'ENO reprend, pour l'occasion, une production à succès. Et je comprends pourquoi ! C'est un spectacle extrêmement intelligent, qui transpose l'action dans une Italie du vingtième siècle (années 50,me semble-t-il). Richard Jones rend compréhensible les affects des personnages et n'hésite pas à souligner les effets comiques ; il n'hésite pas à forcer le trait sur l'obsession de Grimoaldo pour Rodelinda, qui couvre les murs de son portrait et la surveille par caméra interposée. Bertarido, le souverain qu'on tient pour mort, se trouve face à son énorme tombeau, et cuve son chagrin au comptoir d'un bar.
Les décors ingénieux, façon maison de poupée, permettent des changements rapides et contiennent de fort bonnes idées. Lorsque Grimoaldo décide de faire exploser la statue gigantesque portant le nom de Rodelinda comme tatoué sur le bras, on suit un film montrant l'explosion, le bras qui retombe... Et le rideau se lève sur les restes du bras gigantesque.
Christian Curnyn a souvent dirigé ici les opéras baroques, et c'est un plaisir d'avoir une baguette aussi souple, vivante, variée, à la tête musicale des forces maison.
Le plateau offre de semblables réjouissances. Neal Davies interprète avec conviction un rôle de traître qui lui est familier.
Juan Sancho, hilarant dans sa composition de Grimoaldo, chante avec virtuosité. Les deux contre-ténors offrent des voix bien différenciées, aussi bien l' efficace Unulfo de Chris Lowrey que le grandiose Bertarido de Tim Mead, à qui revient un des airs les plus périlleux de l'opéra. Très forte expressivité de ce dernier, qui joue comme un comédien, et chant remarquablement stylé, une grande prestation.
Susan Bickley n'est pas une débutante (je l'ai entendue en 1990 en Kabanicha à l'Opéra Bastille) et elle sait se tirer indemne des dangers de sa partition. La voix demeure incroyablement présente et solide.
Quant à Rebecca Evans, très probe cantatrice que j'ai toujours vue très bien (notamment dans Zauberflöte, Nozze di Figaro, et un inoubliable Turn of the Screw qui fut le dernier opéra de Mackerras), elle s'investit à fond dans une interprétation très sensible de Rodelinda, gérant efficacement la longueur du rôle, et offrant de superbes aigus.
Rebecca Evans |
Juan Sancho et Neal Davies |
Christian Curnyn |
Chris Lowrey |
Never heard about this extraordinary church. Here in America people don't know anything about Europe. Thank you for this sharing fredailleurs!
RépondreSupprimerBest
Annie
Thanks so much for your nice review!
SupprimerFormidable visite de Westminster.Quelques déceptions dans quartier de Waukhall..Mais chaque ville possède des quartiers semblables.
RépondreSupprimerPar contre Rodelinda compense la journée pour t'offrir une excellente soirée . bisous Mam
Formidable visite
Merci beaucoup ! Bisous.
SupprimerTon blog est toujours aussi passionnant. Bravo pour ton travail !
RépondreSupprimerMerci infiniment, c'est très gentil !
SupprimerA very complete visit of a nice cathedral. Good job!
RépondreSupprimerHenry
Thanks so much Henry!
SupprimerA great guided tour! Thanks for this outstanding tour!
RépondreSupprimerThanks very much, dear Anonymous, for your nice message!
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