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vendredi 5 mars 2021

Vienne : L'église Saint Joseph (Sonnenhofkirche) à Margareten

 

Le quartier de Margareten, bien peu touristique, compte peu de monuments, mais c'est là que se dresse l'église baroque Saint Joseph, où eut lieu la cérémonie funéraire de Schubert.


L'origine


Vienne, église Saint-Joseph : la façade

 

Le village de Margareten fut complètement détruit pendant le second siège des Turcs, au XVIIe siècle. Après leur défaite, les terrains devenus disponibles étaient bon marché et ils furent acquis par la noblesse viennoise pour construire ses palais d'été. Oppel acheta celui-ci afin d'y édifier son Margareten Schloss, le château de Margareten ; son fils, le comte de Sonnau, construisit ici un bâtiment administratif, le Sonnenhof, que la ville de Vienne acheta en 1740. Celui-ci devint un asile pour les pauvres auquel on décida d'adjoindre une église. Elle a conservé de cette histoire son nom local, la Sonnenhofkirche (église du Sonnenhof).

L'architecte Franz Duschinger fut chargé de la construction et le nouvel édifice fut inauguré en 1771 en présence de l'impératrice Marie-Thérèse et de son fils, le futur empereur Joseph II. Elle était cependant inachevée et le resta longtemps. On abandonna l'idée des clochers jumelés et ce n'est qu'en 1903 qu'on dressa enfin l'unique tour qui couronne la façade.

 

La façade

 

Il s'agit donc d'un édifice à l'extérieur sévère, heureusement adouci par la peinture proprette qu'on appose sur les façades.

 

Vienne, église Saint-Joseph : inscriptions sur la façade

Les seuls éléments apposés sur la façade  sont une inscription sur la porte : Den Armen zum Trost /
Den Reichen zur Mahnung / Allen zum Heile
(Consolation pour les pauvres, avertissement pour les riches, tout pour le bien de tous).

A droite, la plaque commémorative rappelle que c'est ici que se déroula la messe lors des funérailles de Schubert; comme je le rappelais dans mon article sur la maison où il décéda, c'était un enterrement de deuxième classe, Schubert étant désargenté et sa famille appauvrie par le coût des soins médicaux. Il n'eut droit qu'à un simple chœur avec instruments à vent, un arrangement par Gänsbacher du Pax vobiscum de Schubert.


Vienne, église Saint-Joseph : statues extérieures

 

Quatre statues de calcaire, pas totalement réussies, sont posées à l'avant.


L'intérieur


Vienne, église Saint-Joseph : la nef

 

L'intérieur se ressent également de la longue histoire de l'église. Apparemment le chœur ne fut achevé qu'en 1912, mais nombre de retables datent et d’œuvres sculptées datent de la période précédente.

La nef me semble assez massive, et l'absence d'ouverture dans le chœur l'assombrit particulièrement, mais les dimensions sont amples, comme il convient à l'église paroissiale d'un quartier peuplé (ce qu'il est toujours d'ailleurs, c'est même l'arrondissement à la population la plus dense de toute la capitale).


Vienne, église Saint-Joseph : retable

 

On retrouve le principe bien connu de l'entablement en bois où des anges se sont posés pendant leur vol. Aucun renseignement sur la toile baroque, qui ne paraît pas vraiment le chef-d’œuvre d'un grand maître.


Vienne, église Saint-Joseph : Saint Christophe

 

Si les visages me semblent assez ordinaires, les plis dans le groupe statuaire sont plus réussis.


Vienne, église Saint-Joseph : le chœur

 

Le chœur date donc du début du XXe siècle, mais cela ne se voit guère. Le néo-baroque était apparemment le maître mot.


Vienne, église Saint-Joseph : retable du chœur

 

La prière autour de la Vierge associe Saint Joseph, à qui l'église est dédiée mais qui n'est presque jamais représenté seul sur le retable du chœur. J'avais rappelé l'histoire de son culte dans l'autre église Saint Joseph de Vienne, la Laimgrubenkirche.


Vienne, église Saint-Joseph : cycle de la Passion

 

Dans un style de chromos avec de vives couleurs caractéristiques, trois éléments de la Passion se lisent de droite à gauche : la Crucifixion, la Pietà et la Mise au tombeau.


Vienne, église Saint-Joseph : Jugement du Christ

 

Je présume qu'il s'agit ici d'une des scènes du jugement qui suivent l'arrestation. Le personnage coiffé de blanc pourrait être Caïphe, un grand-prêtre du temple de Jérusalem ; celui qui est assis pourrait être un assistant. Je détourne l'idée de Ponce Pilate, plus souvent représenté seul face à Jésus, et qui serait sans doute davantage mis en lumière. Le livre me met davantage sur la piste d'un membre du temple.


Vienne, église Saint-Joseph : "coupole"

 

Le plan prévoyait bien une coupole mais sans doute les fonds manquèrent, ce qui pourrait expliquer aussi l'absence des tours jumelles. A la croisée de la nef et du transept, on s'est contenté de peindre quelques trompe-l’œil, sans évidemment tenter de rivaliser avec l'éblouissante réussite d'Andrea del Pozzo à Sant'Ignazio, à Rome.


Vienne, église Saint-Joseph : retable


 Pendant du premier autel, avec la même structure plaquée de marbre rose et un encadrement de bois sombre. La peinture pourrait être de la même main que l'auteur du retable correspondant. Elle ne paraît pas particulièrement éblouissante, mais peut-être un bon nettoyage lui rendrait des couleurs.


C'est donc une église assez modestement décorée, bien rarement visitée et aujourd'hui très peu fréquentée. Le souvenir des funérailles de Schubert ne suffit pas à lui attirer des visiteurs. Mais j'ai droit, du coup, à une visite silencieuse et finalement émouvante.

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