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dimanche 16 août 2020

Rome : Galleria ou Galerie Borghese (1)


La Galleria (ou Galerie) Borghese demeure une des plus célèbres collections du monde, qui aligne les grands noms de l'art italien. Première série consacrée au deuxième étage.




Grande famille romaine, alliée des plus puissants, les Borghese constituèrent très tôt une fabuleuse collection d'antiquités, de peinture et de sculptures, passant souvent commande eux-mêmes directement aux artistes. C'est surtout Scipione, cardinal et collectionneur passionné, qui constitua ce fabuleux ensemble.
 

Le palais plutôt sévère de l'extérieur est cependant extrêmement équilibré, avec l'assise donnée dynamiquement par l'escalier.



Même si c'est au niveau inférieur qu'on voit les grands chefs-d’œuvre antiques, le deuxième étage en disperse dans les salles, et on peut vérifier qu'il n'y a pas de médiocrité parmi ces œuvres moins célèbres.


Deux réalisations étonnantes, la première en mosaïque, la seconde sur pierre dure.


Giovan Francesco Guerrieri, Loth et ses filles

Classique scène d'enivrement traitée avec un envoûtant clair-obscur caravagesque ; voir par exemple la lumière sur la main ! Guerrieri est toujours un excellent peintre.

Le Guerchin, Le Retour du Fils prodigue

Avec Le Guerchin, je ne suis jamais déçu. Je trouve ici limpide sa manière de mener le récit en faisant comprendre les enjeux par les positions, les regards et les mouvements de main. Son bleu sombre caractéristique apparaît ici avec le manteau jeté sur le bras.

Le Bernin, terre cuite pour la statue équestre de Louis XIV

C'est sans doute cette galerie qui possède le plus d’œuvres du Bernin, à qui les Borghese passaient inlassablement commande.
 

Un de ces autoportraits était venu à Vienne pour l'exposition Le Caravage / Le Bernin.

Guido Reni, Moïse

 Peinture dramatique où Reni représente le moment où Moïse brise les tables de la Loi.

Le Bernin, Le Cardinal Scipione Borghese

Voilà donc le cardinal collectionneur, sans doute amateur de bonne chère. Un esthète passionné.

Paul Bril, Paysage avec le Baptême et la Prédication de Jean-Baptiste

Paul Bril, grand paysagiste d'Anvers, vécut à Rome où il mourut. C'est l'occasion de rappeler les courants qui circulaient entre les deux écoles européennes, et l'influence de l'une à l'autre. La peinture à l'huile, qui remplaça efficacement la tempera malcommode, fut importée en Italie de ces écoles nordiques.

Le Bernin, La chèvre Amalthée

Délicieuse sculpture de la chèvre nourricière.

Gerrit van Honthorst, Concert

J'aime beaucoup Honthorst, qui me semble le plus grand de ces caravagesques du Nord. C'est un tableau intéressant qui synthétise le thème du concert, très apprécié dans la peinture flamande, et celui de la courtisane voleuse, caravagesque en diable ; ici la jeune fille qui tend la partition en profite pour passer la main derrière l'oreille et dérober l'amulette.

Pietro da Cortona, Marcello Sacchetti

On connaît peut-être moins bien les portraits du grand Pietro, et visiblement à tort !

Lionello Spada, Concert
 Version sans voleuse par l'excellent peintre de Bologne. Beaucoup d'animation et une riche palette qui confèrent ici vie et gaîté.



Giovan Gerolamo Savoldo, Tobie et l'Ange

 Dans le Livre de Tobie de la Bible, son père aveugle envoie Tobie recouvrer une dette. L'ange (archange dans sa version catholique) Raphaël apparaît et, voyant un poisson sauter hors de l'eau, lui conseille de l'attraper. Il pourra utiliser le fiel et les organes de ce poisson pour guérir la cécité de son père.

La scène est généralement composée de deux personnages debout, et Savoldo innove en variant les postures. Il déploie les ailes de son archange et le présente comme un sage, assis. On a vu cette position avec des Jugement de Salomon, par exemple.

A droite, Saints Cosme et Damien de Dosso Dossi

Giovan Gerolamo Savoldo, Portrait de jeune homme

Sensible portrait par l'excellent peintre bolognais.

Jacopo Bassano, L'Adoration des Bergers

Je suis tellement habitué à voir les tableaux hyper-obscurs des Bassano que je ne les reconnais pas dans ce type de tableau. Pourtant, ici Bassano invente des solutions astucieuses pour renouveler la scène, avec une composition cadrée de près qui remplit la toile, et en insérant beaucoup de mouvement.


Battista Dossi, Nativité



Jacopo Bassano, La Cène

Version tout aussi inattendue par Bassano. Il conserve la composition canonique mais transforme les Apôtres en troupe de copains avachis. Cette manière de faire de saints nos semblables m'avait évidemment fait penser au Caravage, j'aurais cru à un de ses suiveurs.

Giorgio Vasari, Nativité

Giorgio Vasari est surtout connu pour sa précieuse Encyclopédie biographique de vie des peintres. Avec de nombreuses inexactitudes, mais un passionnant document. On le trouve sur internet sans trop de difficultés.

Marco Pino, La Résurrection

Le peintre siennois n'a sans doute toujours pas la place qu'il mérite et je suppose que nombre de ses peintures sont cachées dans les réserves ! Ici, on voit son sens du théâtre, comment il sait révéler les émotions et créer du mouvement.

Copie de Sebastiano dal Piombo, La Flagellation

Une bonne copie d'une peinture célèbre du maître vénitien, parti à Rome, dit-on, pour se débarrasser de la domination du Titien.


Passignano, La Déposition

Je fuis les reflets en tournant autour des toiles, ce qui donne aux cadres des formes étranges ! J'avais complètement oublié ce tableau, qui me surprend par son traitement ; pas de grande déploration baroque (le tableau date de 1608) mais une attention extrême, comme pour soigner un vivant. Le poids du Christ mort est très perceptible.

Pierre-Paul Rubens, Lamentation sur le Christ mort

Toile réputée, mais ce n'est pas le Rubens que je préfère. Malgré les qualités de la composition, le visage de la Vierge me semble ruiner l'ensemble. 

Rubens vécut plusieurs années à Rome, où il travailla notamment aux peintures de Santa Maria in Vallicella

Sassoferrato, Vierge à l'Enfant
 Sassoferrato, le peintre d'Ancona, fut comme tant d'autres attiré par le grand chantier romain. Sa Vierge à l'Enfant est une merveille de douceur.

Gerrit van Honthorst, Susanne et les Vieillards

Gerrit van Honthorst transforme la scène où les Vieillards jouent les voyeurs devant Susanne au bain en les faisant passer à l'action et tirer sur le drap. La réaction de la jeune fille pudique est admirablement décrite ici. Grande réussite de la lumière aussi, qui met en avant le corps de Susanne.

Pompeo Batoni, Vierge à l'Enfant

Tout en tendresse cette fois.



Simone Cantarini, Sainte Famille avec Jean-Baptiste
 Simone Cantarini, le peintre voyageur qui ne cessa de se déplacer dans toute l'Italie, absorbait comme une éponge les différents courants, notamment le maniérisme qui a laissé ici des traces dans sa palette acidulée.

Federico Barocci, Saint Jérôme

Un splendide Saint Jérôme épuré, illuminé par la toge rouge qui vibre et semble couler comme du sang. D'ailleurs, Barocci a signé sa toile, ce qui était rare à l'époque.


Agostino Carracci (Carrache), L'Extase de Sainte Catherine de Sienne

Une toile que je n'ai guère appréciée, mais qui me semble annoncer les chromos religieux du XIXe siècle.


Antonio Tempesta, Persée et Andromède
 
Une peinture à la tempera sur lapis-lazuli, ce n'est pas courant. Tempesta est surtout connu pour ses fresques dans la salle de la chasse à la Villa d'Este.

Le Dominiquin, Sibylle
 
La Sibylle interroge le ciel, sa prophétie à la main. Très célèbre (et très admirée) réalisation du Dominiquin, qui fait la paire avec la Sibylle de Cumes exposée aux Musées du Capitole.

Le Dominiquin, La Chasse de Diane

Grande et sensuelle version.



Giovanni Bellini, Vierge à l'Enfant
 Bellini a toujours peint de merveilleuses versions de la Vierge à l'Enfant, comme celles de Washington. Celle-ci est très silencieuse et mélancolique, avec un fond en deux pans ; la partie droite est un paysage montagneux très délicat.


Lorenzo Lotto, Vierge à l'Enfant et Saints

Je n'ai pu faire mieux avec ce tableau de mon cher Lorenzo Lotto, hélas. Toujours prêt à animer ses tableaux, ici avec l'Enfant qui joue avec Saint Flavien. Belle Vierge préoccupée également.


Antonello da Messina, Portrait d'homme

Un super-peintre, toujours excellent. Quelle vie dans ce portrait d'un inconnu, dans un regard expressif !

Palma Vecchio, Vierge à l'Enfant avec saints et donateurs

Anonyme vénitien, Le Chanteur

Un homme inconnu par un peintre inconnu, mais un tableau qui m'avait fortement marqué à ma première visite et que je n'ai jamais oublié. Le geste et l'expression rendent cet artiste extrêmement vivant.

Le Titien, Amour sacré et Amour profane
 Splendide.


Le Titien, Saint Dominique

Dans une tout autre veine, un magnifique portrait de saint.

Véronèse, La Prédication de Jean-Baptiste

Difficile de faire mieux, encore ! Véronèse a souvent utilisé la position de la femme, à droite, dans ses tableaux.

Le Titien, Le Christ flagellé

La scène canonique de la Flagellation permet bien des variantes : le Christ à la colonne si on ne voit pas les bourreaux, voire, comme ici, simplement flagellé si on ne voit même pas la colonne. Le visage ne me paraît guère traditionnel, pas plus que l'expression. Mais Le Titien se renouvelle sans cesse malgré l'abondance de sa production et réussit toujours à nous surprendre.

Palma Vecchio, Lucrezia

La suicidaire antique connut un énorme succès à la Renaissance (le tableau date de 1515). J'aime toujours beaucoup la peinture des Palma.

Le Titien, Venus bandant les yeux de l'Amour

Tableau coquin où apparaît une dame aux cheveux d'un "blond vénitien". La couleur était obtenue en faisant sécher les cheveux au soleil.

Véronèse, La Prédication de Saint Antoine

Etonnant tableau avec cette plaine immense, presque abstraite, qui met en relief le geste du personnage.
 
Lorenzo Costa, Le Christ à la colonne

Magnifique version par la beauté des chairs mises en lumière ; le visage est assez inhabituel. Lorenzo Costa, qui passa de la cour d'Este à celle de Mantoue, savait y faire !

Francia, Saint François

Représentation également très inhabituelle d'un des saints les plus fameux. Les stigmates sont bien là, mais le visage n'est pas le modèle habituel. Francia lui a donné une expression douce et rêveuse.

Francia, Saint Etienne

L'attribut est présent (les cailloux de la lapidation) mais, cette fois, l'expression me paraît inquiète et tourmentée.


Andrea Solario, Le Portement de Croix

On n'est pas loin du fabuleux Portement de Croix de Lotto, au Louvre, avec un cadrage serré presque identique. Je préfère largement la version de Lotto, mais  suis-je vraiment objectif ? A vous de voir.

Simon de Châlons, La Vierge de douleur

J'ai le sentiment de voir ce tableau, de lire le nom de ce peintre, pour la première fois. Comment ai-je pu l'oublier ? Une superbe réalisation de 1543, très soignée (les mains !), très expressive, très dramatique avec le clair-obscur et un rouge rarement utilisé pour la Vierge. Le second tableau, Ecce Homo, est plus banal.

Lorenzo Lotto, Mercurio Bua

D'origine albanaise, Mercurio Bua fut un condottiere, un mercenaire au service de la république de Venise, mais aussi du roi de France. Important personnage, anobli, je ne sais vraiment quel était son caractère mais Lorenzo Lotto, qui sait si bien adoucir les portraits, lui donne l'expression d'un homme sensible et paisible.
 

La présence d'une vanité surprend un peu chez cet homme de guerre. Un rappel des risques du métier ?
Bernardino Licinio, Portrait de femme

Sûrement pas une beauté classique mais un portrait qui irradie intelligence et détermination.

Maître du retable des Sforza, Tête de femme

Je pensais à une œuvre de Leonard de Vinci ! Splendide dessin.

Sodoma, Sainte Famille

Le tableau n'a rien de figé ; l'Enfant cherche à attraper la fleur de Joseph, la Vierge veille sur lui avec attention.

Sodoma, Pietà

Audacieux tableau, presque expressionniste. La main gauche du Christ, cadavérique, fait une forte impression.

Garofalo, La Conversion de Saint Paul

 Garofalo se montre bien talentueux ici, dans cette composition presque aussi peuplée que chez Brueghel, avec le cheval qui prend toute la lumière. Saint Paul se protège du bras et son visage est presque invisible.

Le Caravage tentera aussi une version avec un cheval qui prend toute la place, et qui lui sera refusée, avant qu'il en donne une seconde à Santa Maria del Popolo !

Atelier de Garofalo, La Conversion de Saint Paul

 En comparaison, on voit combien cette version de l'atelier (pourtant sans doute acquise comme un original) est banale, presque mièvre.
 
Garofalo, La Résurrection de Lazare

La version que donne Garofalo est très naturaliste, avec tous ces personnages qui se bouchent le nez. Il imagine un Lazare ressuscitant avec la puanteur des cadavres en fermentation. Quant à l'enfant nu en gauche (on jurerait un putto), la scène l'effraie et il se réfugie dans les jambes de sa mère. 

Garofalo, Vierge à l'Enfant et Saints

Agnolo Bronzino, Saint Jean-Baptiste

Excellent tableau d'un jeune Jean-Baptiste, thème qui déboule alors en force dans les représentations.

Raphaël, La Déposition

Le tableau est actuellement déposé pour examen, mais reste visible. Un chef-d'œuvre de plus, dans une composition très soudée où chacun manifeste un sentiment différent.


Pinturicchio, Crucifixion avec Saints

Un bizarre assemblage avec Saint Jérôme et Saint Christophe autour de la Crucifixion ; une commande pour des personnages répondant à ces prénoms ? Pinturicchio a réalisé à Rome de merveilleux cycles de fresques, à l'Aracoeli et à Santa Maria del Popolo.

Lorenzo di Credi, Vierge à l'Enfant avec Jean-Baptiste

Très douce et harmonieuse palette, souvent exploitée par le peintre florentin.

Sandro Botticelli, Vierge à l'Enfant et Saints

Une Sainte Famille complétée par des saints, le petit Saint Jean et un ange, et une Vierge habituelle chez Botticelli.


Piero di Cosimo, Adoration de l'Enfant

 Très charmant tondo avec une exquise palette.


Fra Bartolommeo, Adoration de l'Enfant

Le moine peintre est considéré comme l'inventeur du paysage, et prouve ici ses talents.


Le Perugin, Saint Sébastien

Après avoir visité la basilique consacrée à Saint Sébastien, voici une représentation plus conforme au type habituel. Savante mise en espace. 

Raphaël, Portrait d'homme

Deux portraits très différents mais vivants et expressifs.

Le Parmesan, Portrait d'homme

Le Corrège, Danae

La plus étonnante transformation de Jupiter, habitué au déguisement pour copuler avec des belles jeunes femmes, c'est la pluie d'or qui vient féconder Danae. Le Corrège n'hésite pas à saisir l'érotisme de la scène. 


Luca Cambiaso, Venus et Adonis

 Et justement, dans le registre érotique...


Lucas Cranach, Venus et Cupidon

Présence insolite de ce peintre du Nord dans une galerie presque exclusivement italienne, avec un style tout de suite identifiable.

4 commentaires:

  1. Le nom de Borghèse est certainement connu dans le monde entier, il est vrai que l’on pénètre dans ce palais des plus somptueux qui possède vraiment des chefs d’œuvre. Peintures italiennes et étrangères commandées parfois par de riches familles.
    La photo me montre une grande salle, marbres, tapisseries et une multitude de peintures mises en valeur grâce à un savant éclairage. Je comprends pourquoi des artistes du monde entier viennent améliorer leur technique. Les artistes peignent de nombreux sujets dont de très beaux portraits peints ou sculptés. Cependant dominent les sujets religieux intéressants et magnifiques. Tous ces chefs d’œuvres valent le temps de les admirer et merci de terminer par le grand Raphaël.
    Bisous. Mam.

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    1. C'est effectivement une collection incontournable ! Et que de chefs-d'oeuvre !
      Merci beaucoup pour ce commentaire riche.
      Gros bisous...

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  2. Exceptional collection. Wonderful pictures with accurate texts, good work again!
    Annie

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