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vendredi 27 juillet 2018

Festival de Montpellier : Mortensen, Nuti, Haas et de Pasquale pour Scarlatti


Le Festival de Radio-France, devenu Radio-France-Montpellier-Occitanie, a toujours été un endroit imaginatif, lieu de paris audacieux et de recréations souvent captivantes.

J'y suis fidèle depuis la création et ces soirées emplissent mes souvenirs…

L'un des paris de cette année est, à ma connaissance, une vraie première. Voilà trente ans, Scott Ross enregistrait dans la région l'intégrale des sonates de Scarlatti, un enregistrement de référence qui a fait date.

Partant de cet anniversaire, l'idée est de proposer à nouveau une intégrale, mais en l'éclatant sur les lieux du Festival, de Bournazel à Saint-Céré, de Fourques à Perpignan. Trente-cinq concerts, trente-cinq clavecinistes s'y collent. Une belle entreprise, même si la répartition géographique la rend un peu difficile à suivre. Mais j'avaus à côté de moi un passionné qui a réservé pour tous les concerts !



De mon côté, j'ai joué la facilité en choisissant quatre concerts répartis sur la même journée dans un même lieu, la familière Salle Pasteur du Corum de Montpellier, salle de jauge moyenne où se déroulent depuis les débuts les concerts de 12:30 et de 18:00.

Quatre clavecinistes donc, autant d'approches différentes, et un choix de sonates qui montrent la créativité, la fantaisie, mais aussi la difficulté de ces œuvres.

C'est une aubaine. Beaucoup de disques sont consacrés à Scarlatti, et j'en ai un certain nombre chez moi. Mais c'est très rare d'entendre un concert qui ne propose que ces sonates-là. Certains pianistes en proposent au sein de leur programme, parfois en bis, et j'ai déjà entendu des récitals au clavecin avec une répartition Scarlatti / Bach (ou un plus rare Scarlatti / Frescobaldi).

Une journée Scarlatti, c'est inespéré. L'occasion de s'immerger réellement dans cette musique avec une écoute toujours plus concentrée en concert qu'à la maison.

Lars-Ulrik Mortensen




Le claveciniste danois fut d'abord connu pour son activité au sein du London Baroque. Je le découvris avec l'enregistrement des concertos pour clavier de Bach avec Trevor Pinnock, un fort réjouissant coffret. Ses Variations Goldberg sont une merveille.

Je n'ai jamais entendu ce monsieur dans du Scarlatti, et le voici à l'oeuvre, pour le premier concert de la journée, sur un magnifique instrument somptueusement décoré.

Voilà déjà bien des surprises avec un fort contraste entre les ornementations de l'instrument et sa sonorité. Cela convient bien au jeu de Mortensen, épuré, presque austère. On découvre un Scarlatti décapé, désossé, qui insiste donc sur la structure tout en révélant les audaces harmoniques. Une vision sévère mais fort intéressante.

Giulia Nuti



Second concert avec une Italienne que je n'ai jamais entendue en concert, mais son disque Les Sauvages m'avait enchanté et je suis très curieux de la découvrir.

Le contraste avec le précédent artiste est particulièrement fort. Après l'épure, place à l'ornementation, à la fantaisie. Le jeu souligne sans cesse les innovations, la liberté de composition, la vivacité de l'imagination.

Giulia Nuti veille à faire entendre les dialogues entre les thèmes, à varier les couleurs, et exploite au mieux un instrument bien différent du précédent. Elle termine avec une des dernières sonates, la K545, un joyau prestissimo qui met le cœur en fête.

Frédérick Haas



Coordonnateur de ce projet démentiel, Frédérick Haas s'est chargé de la répartition des sonates entre tous ses collègues. Et bien évidemment, c'est lui qui s'est retrouvé avec un lot de pièces dont personne ne voulait.

Il a joué beaucoup de Scarlatti en concert et cette familiarité est perceptible dès le début. Mais ce qu'on constate surtout, c'est pourquoi son programme a été refusé par les autres clavecinistes. Pas parce qu'il est de qualité moindre, mais parce que la difficulté est phénoménale, réclamant une maîtrise technique impressionnante.

Chapeau. Non seulement pour son courage, mais pour le travail rigoureux et la passion qu'on devine dans une interprétation ébouriffante. Je pense qu'il ne reprendra pas ce programme de sitôt !

Arnaud de Pasquale



Changement d'instrument à nouveau, un Andreas Kilström de 2011, pour le concert d'Arnaud de Pasquale. Le claveciniste de l'Ensemble Pygmalion a retenu un choix séduisant et équilibré, avec un brin de folie parfois (la K359), qui expose la richesse d'inspiration (contraste évident avec la profonde K291).

L'artiste montre une grande maîtrise technique et s'autorise une liberté de jeu qui révèle toujours la musique au-delà des contraintes rythmiques. C'est un concert de plaisir pour terminer cette série !


2 commentaires:

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