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jeudi 10 mai 2018

Paris : Vagabondage, Saint Nicolas des Champs, Saint Laurent


Me revoici à Paris, pour mon dernier déplacement de la saison. Je devais voir Parsifal, hélas la représentation est annulée à cause d'une panne du rideau de fer. Tant pis, j'avais mes billets de train, l'hôtel, les places des autres spectacles, je suis venu tout de même.

Jour de grève SNCF, il m'a fallu me reporter sur le train du matin et changer mes heures de cours. 
En attendant que ma chambre soit disponible, je vais déjeuner.


Déjeuner à l'East Bird



Cet oiseau oriental est un restaurant asiatique de la rue Amelot, qui sert une véritable cuisine indochinoise, majoritairement vietnamienne, comme on en trouve peu à Paris.


Dans le menu de midi à 13,90 €, mon choix se porte sur les raviolis frits aux crevettes, le boeuf Loc Lac avec riz rouge, la soupe de perles du Japon au lait de coco.




Tout est délectable. Le boeuf est parfaitement cuit, et d'une tendreté rare dans cette cuisine. Une très bonne adresse.

 Je profite de ma proximité avec la place de la République pour me rendre au Rayon d'Or, suivre l'affaire de mon sac déposé en décembre pour réparation.


 Dans cette caverne d'Ali Baba, j'avais acheté un sac avec un défaut de conception et une roue s'était détériorée à la première utilisation.


Pas de trace de mon sac. Mais, en bon commerçant, le magasin me rembourse intégralement mon achat. Rien à redire !

Je peux aller m'installer tranquillement à mon hôtel, le Mary's, rue de Malte.


 Je ne suis pas à ma première visite ici et ma chambre est la jumelle de celle que j'occupais précédemment.

Je peux partir vagabonder dans la capitale.


 Palmiers sur toit ! On voit de tout ici.


 L'arrière de l'Hôtel Salé, occupé par le Musée Picasso. En cette belle journée, les bancs font recette.


La ferronnerie attire toujours mon regard. J'aime bien ces séparations de balcon aux formes ébouriffées.

Saint Nicolas des Champs



A mon programme aujourd'hui, deux églises importantes mais rarement visitées, justement sélectionnées pour cette raison.


 Comme souvent, ce n'est pas la première église sur le site, celle-là aurait été édifiée autour de l'an mil et, trop petite, il aurait fallu en construire une autre. C'est celle qui est toujours visible, commencée vers 1420.


Le gros de la construction eut plutôt lieu au XVIe siècle, et on conserva cependant le style gothique flamboyant, avec quelques concessions à la mode du moment.


 C'était une paroisse importante du quartier. Des mathématiciens comme Gassendi, des humanistes comme Budé, des gens de lettres comme Madeleine de Scudéry ou Théophile de Viau s'y firent enterrer.


 La longueur de la nef frappe dès l'entrée : 90 m !


Pietà démonstrative et théâtrale, mais assez bien rendue.


 J'ai l'impression que l'effet de lumière vaut mieux que le tableau…


 Colonnes doriques à cannelures, ce qui n'est pas si fréquent dans les églises parisiennes.


Voici une rareté ; un des seuls retables monumentaux du XVIIe à avoir été conservé en place, donc en ayant résisté aux saccages de la Révolution. Les deux tableaux au centre sont une Assomption de la Vierge de Vouet, en deux parties : stupéfaction des apôtres, et élévation. Les lignes se comprennent par l'association des deux. C'est une très belle réalisation de Vouet0, un des Français ayant accompli une brillante carrière à Rome. Sa manière de spatialiser les personnages par un délicat travail de lumière est remarquable.


Les sculptures de Jacques Sarrazin complètent l'ensemble.



Je dois avouer ma surprise ; je ne gardais aucun souvenir de ces fresques dans les voûtes. Je n'ai pas de renseignement sur leur auteur. Elles pourraient également dater du XVIIe.


 En tout cas, il s'agit de bonne peinture. L'effet de tournoiement et de suspension fonctionne bien, et le trompe-l'oeil fait oublier la voûte. Celle-ci, attribuée à Quentin Varin, représente la Chute des Anges Rebelles.


Classiques soldats devant le tombeau du Christ vide. Polychromie soignée, attitude expressive, trompe-l'oeil efficace à nouveau.


Je parierai pour une date plus récente. La fleur de lys jette le trouble !


L'arrière du retable du maître-autel, visible grâce au déambulatoire.


Arrestation du Christ. Format carré pas si courant, mais traitement assez convenu.




Portement de croix, calvaire, descente de croix sur un triptyque non attribué. On a avancé le nom de Jean Cousin. On sent l'influence de l'école de Fontainebleau.



L'église a eu deux saints fameux, au moins en leur temps. Voilà Louise de Marillac, une pieuse dame dévouée aux pauvres.


 Une curieuse composition, avec la Vierge qui détourne le regard pendant qu'un homme enturbanné se penche sur Jesus. Vierge à l'enfant et saints ? Pas d'élément ici non plus.


 L'église a très tôt été unie d'un buffet d'orgues. Imposante tribune, qui ressemble beaucoup aux ensembles de Cavaillé-Coll.


 Jamais vu encore !


 Sur le côté, demeure un portail du XVIe bien conservé, dû à Philibert Delorme, un des architectes du Louvre. Témoignage intègre d'une architecture Renaissance.


32 m de haut pour un clocher assez massif.


 Sans doute davantage d'élévation aurait tiré l'église vers le haut, alors qu'elle reste un peu trapue avec ses trois nefs.


La façade principale, c'est du faux ! Le fameux néogothique du XIXe, en pleine période de recréation médiévale. Mais c'est du faux bien fait…





 Juste un peu plus loin, le vaste ensemble des Arts et Métiers.

 La Gaîté Lyrique

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 Là se trouvait un des plus fameux théâtres de foire de la capitale, dont la fréquentation faisait de l'ombre à la prestigieuse Comédie Italienne ! Le théâtre actuel date du début XIXe, et fut dirigé par Pirexecourt, dramaturge de mélodrame, l'énorme succès du moment. Le nom du théâtre lui fut donné lorsque Offenbach en prit la direction.


Allégorie de la Comédie, statue de Doublemard.


En face, le petit jardin (square Chautemps) a un bassin à sec. Mais les lecteurs assidus sont bien là !



 Sur le boulevard Sebastopol, si la maison Felix Potin a disparu, le prétentieux palais de l'entreprise demeure.



 Je continue à remonter vers le nord. Boulevard de Strasbourg, un petit coin d'Afrique dans la capitale, on voit encore de belles façades entretenues.




 Saint Laurent


 Une autre église importante, la principale d'un faubourg populaire. Saint-Laurent était peuplé d'ouvriers, de maraîchers, d'artisans, et s'y tenait une grande foire, l''occasion de faire les courses à des époques où les magasins étaient fort rares.


Comme à Saint Nicolas, la construction s'est étalée sur plusieurs siècles et le portail actuel est une réalisation du XIXe siècle.


Saint Laurent, un diacre romain du IIIe siècle, fut arrêté par Valerien et torturé avec l'épreuve du feu afin qu'il révélât où était caché le trésor. Le brasero sur lequel il fut couché, semblable à nos grilles de barbecue, est devenu son symbole ordinaire.



Portail inhabituel : il s'orne d'une peinture sur lave émaillée, d'un certain Balze, qui a bien résisté au temps. Cet artiste a aussi œuvré dans ma ville natale, Arles, où il est honoré d'une rue à son nom. 


Gothique tardif, certes, mais gothique tout de même. Le choeur fut consacré au XVe siècle.



Les vitraux sont assez disparates. Celui-ci, des années 1950, évoque Clotaire, le fils de Clovis, et son conseiller Domnole, abbé d'un couvent situé au même emplacement.


Non, ce n'est pas une version gardée secrète de la Vierge aux Rochers, seulement une copie.

On ne voit pas tant que cela de choeur de cette époque, avec une décoration murale bien conservée.




 A l'arrière, on a ajouté en 1712 une chapelle ovale ; il y en a quelques-unes  à Paris, chapelles axiales ou désaxées. La statue de Notre-Dame des malades, à qui la chapelle est consacrée, date de 1900.


 Même si une restauration ne ferait pas de mal, le décor est là aussi bien conservé.


 Assez difficile de voir ce Sacrifice d'Abraham de Postel. En traitant l'image au maximum, j'ai pu distinguer Abraham et l'Ange au bras levé pour arrêter le sacrifice.


Clef de voûte "normale", du XVe siècle, un ange tenant la grille du martyre de Laurent.

 Les clefs de voûte pendantes


Voilà vraiment qui mérite la visite tant les clefs pendantes sont rares. Le principe est simple : au lieu d'une clef plate comme la précédente, on en réalise une en forme de stalactite, ce qui permet d'utiliser les faces offertes pour les sculpter. Ces clefs sont datées, ce qui est encore plus inusité. Hormis la clef centrale, consacrée aux portraits de saints, le programme iconographique est celui de la Passion.


 Le portement de croix.


 La flagellation.


 La descente de croix.


 Le jardin de Gethsemani au mont des Oliviers.


L'arrestation avec le baiser de Judas.


 Le couronnement d'épines.



La clef centrale ; on reconnaît Laurent et sa grille. Jean-Baptiste et la Vierge le soutiennent.



Les chapelles du transept ont un mobilier de bois ; de même que le plancher, cela permettait d'isoler du froid en hiver.


Quelques paroissiens de l'église célèbres, dont Saint Vincent de Paul.


Thème rare, L'entourage féminin de Jésus, pour ce tableau de Guillebault, un peintre du XVIIe siècle. Très classique composition à l'italienne.


L'imposant buffet d'orgue du XVIIe.




La base du clocher est la seule partie subsistant de l'église romane d'origine.


La Gare de l'Est est la plus ancienne de Paris. Quoique agrandie à plusieurs reprises, elle conserve sa façade d'origine, avec les productions des régions du réseau ferroviaire. Un des bijoux de l'architecture commerciale de l'époque, un riche élément du patrimoine national.


Certaines villes ont droit à une vigoureuse représentation allégorique.


Juste à côté, le Couvent des Récollets fut reconverti en hôpital militaire. De par sa situation, il accueillait les blessés de guerre transportés par chemin de fer.


Peu de touristes s'aventurent au-delà.  Cependant ces boulevards du nord de la capitale ont leur lot de belles façades, parfois originales.




Le gymnase Jean Jaurès


Au XIXe, l'exercice physique devient un plaisir et plus seulement un travail. Il faut donc construire des gymnases. Celui-ci ne portait pas le nom de Jaurès à sa création... Il lui fut accolé lorsqu'on rebaptisa l'avenue, après l'assassinat de l'homme politique philosophe.


C'est un édifice original. Il utilise les avancées toutes récentes dans la construction métallique, et c'est de la récup' : on a réemployé des parties de la galerie des machines de la grande exposition.


Le décor mélange briques, briques émaillées, céramiques. L'ensemble,  bien préservé, est très réussi. Je crois que le gymnase demeure en activité.



En revanche  les bains-douches ont fermé. A l'époque où la salle de bain était un luxe, ces établissements tournaient à plein régime. Aujourd'hui ceux qui subsistent sont la solution d'hygiène des sans-abri.

J'arrive bientôt à la Philharmonie. Prêt pour le concert du soir !












14 commentaires:

  1. Lovely tour in old Paris! Congrats!
    Annie

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  2. Your marvelous guided tour of unknown Paris is a great gift! Thanks!
    Ruth

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  3. I love this post! Europe is my favorite, but I have never made it to Paris yet, one day!
    Dina

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    1. Thank you for your message Dina. I wish you a trip to Paris!

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  4. Im heading to Paris in 2 weeks, thank you so much for this great read
    Carrie

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  5. Nice tips on things to do in Paris. I will keep in view once I get a chance to visit Paris.
    Maine

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  6. Wow! Paris, my dream place. I know that it’s a romantic place but need to find it myself yet.

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    1. Thank you, dear Anonymous This area is not the most romantic but very interesting to visit.

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  7. Une bonne idée d'itinéraire parisien hors des sentiers battus !
    Merci pour ces découvertes.
    France

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  8. Wonderful tour in my dream place. I hope to be back in Paris very soon!

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