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jeudi 3 mai 2018

Barcelone : Demon de Rubinstein au Liceu


Deux hommes opposés : le Démon d'Egils Silins et l'Ange de Yuriy Mynenko.

Un opéra rarement donné

Anton Rubinstein, né en Transnistrie, l'actuelle Moldavie, et mort à Peterhof, le palais de Pierre le Grand, était un compositeur prolifique : cinq concertos pour piano, six symphonies... et une vingtaine d'opéras. Le plus célèbre est ce Démon, et on ne peut pas dire qu'il inonde les scènes. Quelques festivals l'ont cependant accueilli (Bregenz, Savonlinna), l'Opéra de Zürich l'avait monté il y a quelques années... 
L'œuvre s'inscrit dans la lignée des opéras diaboliques, comme Faust ou Mefistofele, avec une touche poétique, voire métaphysique, provenant du livret de Lermontov. La musique est de toute beauté  finement orchestrée, avec de grandioses pages chorales et des airs splendides. 
Je suis ravi de voir sur scène ce qui demeure une rareté. 



La production de Dmitry Berman

Le prince d'Igor Morozov
C'est un spectacle extraordinaire que le metteur en scène Dmitry Bertman a concocté, utilisant un spectaculaire décor : un énorme cône tronqué en bois, avec une boule tout aussi gigantesque qui reçoit des projections. Avec un bouillon d'atomes ou la Terre vue de l'espace, c'est bien l'universalité du thème du Diable, un des plus féconds dans notre histoire artistique, qui est ici envisagée.
Excellente direction d'acteurs, et beaucoup de bonnes idées de théâtre comme la mort du prince, qui s'enroule dans un long voile rouge, que son serviteur portera ensuite à sa fiancée.

La représentation de ce soir

Egils Silins et Yuriy Mynenko


Mikhail Tatarnikov, le chef du Mikhailovsky de Saint Petersbourg, m'avait bien plu dans sa direction de Snegourochka à Paris, l'an dernier. Direction tout aussi réussie ce soir, très flexible, attentive à maîtriser les crescendos de bout en bout et à phraser avec précision.
Le Serviteur de Sinodal, Roman Ialcic, montre une belle voix de basse bien timbrée. J'avais gardé un bon souvenir de son Kaspar (du Freischütz) à Toulon, et l'artiste a évolué dans le bon sens depuis.
En Suivante de Tamara, Larisa Kostyuk, Ulrica au Mikhailovsky, a une forte présence et elle utilise ses graves bien developpés pour caractériser le personnage.
Antoni Comas chantait déjà lors de mes premiers spectacles au Liceu, il y a trente-cinq ans. Je l'ai vu dans un Hérodiade avec Montserrat Caballé ! Voici ce vétéran en  Messager, et c'est un plaisir de retrouver une voix saine, toujours très bien projetée.
Yuriy Mynenko, Lel dans Snegourochka à Paris, interprète l'Ange avec les mêmes qualités. Un chanteur avec une véritable personnalité vocale.
Igor Morosov n'est pas celui qui chanta plusieurs fois dans les premiers spectacles de Bastille mais un jeune ténor russe avec une voix plutôt légère, joliment timbré. Son Prince Sinodal est interprété avec goût, et il se tire brillamment de son air pas commode.
Alexander Tsymbalyuk, le dernier Gremin entendu à Bastille, est un Prince Gudal magnifique, avec une voix large et sombre.
Egils Silins et Asmik Grigorian

Asmik Grigorian chante Tamara, un des rôles les plus lourds de l'œuvre, avec une superbe voix bien conduite, beaucoup de sensibilité qui n'exclut pas une réelle puissance. Elle domine les ensembles sans difficulté. Je serai enchanté de la réentendre.
J'ai souvent entendu Egils Siliņš (ou Silins)   dans le répertoire allemand (surtout en Holländer, mais aussi dans le Ring, dans Lohengrin) et plus rarement dans le français, mais jamais dans du russe. Il remplace ici Dmitry Hvorostovsky, disparu à l'automne dernier. Il connaît bien son Démon pour l'avoir incarné dans trois productions précédentes. Interprétation intense, excellente gestion du rôle sur sa longueur, voix concentrée. Un beau travail.
Encore une éclatante réussite du Liceù !

Le chœur dans la structure de bois

Et, au fait. 250e article du blog !
Antoni Comas

Roman Ialcic

Larisa Kostyuk, Yuriy Mynenko

Igor Morosov, Alexander Tsymbalyuk,  Roman Ialcic

Asmik Grigorian

Yuriy Mynenko, Egils Silins, Asmik Grigorian

Egils Silins
Conxita Garcia (chef de chœur), Asmik Grigorian, Igor Morozov

Larisa Kostyuk, Yuriy Mynenko, Egils Silins


Yuriy Mynenko


Igor Morosov

Mikhail Tatarnikov

Larisa Kostyuk


Egils Silins


Roman Ialcic

Mikhail Tatarnikov, Alexander Tsymbalyuk

Alexander Tsymbalyuk

4 commentaires:

  1. Wow A great post about an unknown opera!
    Annie

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  2. Très intéressant article. Un spectacle exceptionnel ! Merci pour le partage.
    Patrick

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  3. Thank you Annie. A great performance indeed!

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