De retour à la Philharmonie, pour un programme classique : concerto + symphonie.
Décidément, depuis que je viens dans cet étrange édifice, je découvre de nouvelles formes à chaque changement de point de vue.
La salle, avec ces formes ondulantes et ces petits carrés, doit évidemment beaucoup aux performances des acousticiens, mais constitue une séduisante et gigantesque sculpture contemporaine.
Le concert du soir : Beethoven et Brahms
Depuis que j'écoute l'Orchestre de Paris, suivi dans ses différentes salles (Pleyel I et II, et Mogador, et même le GTP lors de ses tournées), c'est la Damnation de Faust que j'ai entendu le plus souvent.
Mais la troisième symphonie de Brahms, au programme de ce soir, vient immédiatement après (avec Sanderling, Sawallisch, Paavo Järvi) et je les ai aussi entendus dans le troisième concerto de Beethoven, avec Eschenbach et Lang Lang, dans une soirée mémorable.
Lars Vogt et Daniel Harding |
L'interprétation de ce soir est également peu banale.
Remplaçant Maria Joao Pires, qui a soudain décidé de suspendre ses concerts, Lars Vogt propose une interprétation très personnelle de ce fameux troisième concerto. Dans le premier mouvement, il souligne les ruptures, bouscule le rythme (ce qui n'est pas forcément un défaut), montre beaucoup de tension, suivi par Harding qui montre un orchestre agité de fulgurances, avec des timbales qui roulent comme des coups de tonnerre. Choix de force, parfois de violence, assez inusité dans ce mouvement.
Le second mouvement, ce merveilleux nocturne, expose un piano félin, mais aussi dangereux prédateur à l'affut.
Le suspense dure jusqu'à la fin, où il faut attendre l'éblouissant final pour relâcher la tension et montrer un sourire. On a traversé la tempête et on en est heureux. Cette lecture très vivante ne laisse jamais tomber l'attention et c'est passionnant.
Comme sa collègue russe, je vois l'utilisation d'une tablette pour le pianiste. Cela se généralise doucement…
Un bis poétique, un Intermezzo de Brahms, clôt cette première partie.
Lars Vogt et Daniel Harding |
Daniel Harding |
Même tension pour une troisième symphonie de Brahms électrique avec un sentiment d'urgence et de danger. L'orchestre suit brillamment et assure tout au long. Premier mouvement, un allegro agreste qui expose la qualité des bois, dirigé avec beaucoup de tenue. Second, un andante où la musique circule dans l'orchestre, tout le monde s'écoute. Le célébrissime troisième mouvement ne relâche rien et laisse planer un sentiment de menace sous-jacente. L'allegro final revient dans la tension et un sentiment d'inquiétude, qui tient le public suspendu jusqu'au bout. On est tout aussi captivé, comme si on entendait l'œuvre pour la première fois.
Daniel Harding |
C'est bien cela que j'attends d'un concert. Quelle soirée !
Very interesting ! It seems to have been a great concert!
RépondreSupprimerAnnie
Thank you so much Annie!
SupprimerDommage que le blog soit muet. Mais tu réussis à nous faire participer à cette soirée exceptionnelle. Exercice réussi. Le lieu est réellement fait pour éblouir les auditeurs. Merci. Bisous. Mam
RépondreSupprimerC'est vrai que le blog gagnerait avec des liens audio ... Mais c'est déjà bien si l'exception réussit à être transmise.
SupprimerMerci pour ce commentaire détaillé, toujours vaillamment saisi !