Blog achevé très tard hier soir, donc grasse matinée derechef.
Et de nouveau pluie. Qui tombera obstinément jusqu'à mon départ, hélas. Journée maigre en photos, du coup.
Je retrouve mon amie Nicole, que je n'ai pas vue depuis un bout de temps. Elle a prévu de me faire découvrir un restaurant derrière la Bibliothèque Nationale, le bâtiment historique du IIe arrondissement.
Mais c'est une déconvenue : l'établissement mirifique tient porte close aujourd'hui.
J'ai, quant à moi, une bonne adresse dans le quartier, le Mesturet, où j'ai souvent déjeuné, et même le mois dernier.
Repas au Mesturet
Le Mesturet : la galette de légumes aux harengs |
La carte est identique à celle de mon dernier passage, mais elle offre suffisamment de choix pour éviter de faire le même repas.
Le Mesturet : la chartreuse de queue de bœuf au chou vert |
Je me décide pour la galette de légumes aux harengs, la chartreuse de queue de bœuf au chou vert, et le gratin d'agrumes aux amandes. Dès que je repère un dessert chaud, je me précipite, et j'adore les gratins de fruits.
Le Mesturet : le gratin d'agrumes aux amandes |
Nous ne tardons pas exagérément. Certes, la Comédie Française n'est pas très éloignée, mais la représentation débute à 14:00 !
Je marche à bonne vitesse pour ne pas être en retard.
Le Petit Maître Corrigé à la Comédie Française
Claire de La Rüe du Can et Loïc Corbery |
Que voilà un Marivaux bien rarement monté. La création fut un four célèbre où les spectateurs agitèrent leurs clefs au bout de leur canne et firent un charivari bien bruyant.
Pourtant, c'est une pièce bien intéressante, qui creuse comme toujours les affects avec des perspectives intéressantes.
La scène d'exposition nous met immédiatement au parfum. Une jeune fille, Hortense, trouve son promis, un séduisant marquis, bien beau et tout et tout, mais il y a un hic. Celui-ci est un original, un type qui se donne des airs, une caricature de Parisien : le Petit Maître du titre. L'épouser ? Ne pas l'épouser ?
En outre, la noble Dorimène arrive elle aussi dans cette province perdue, avec des idées bien arrêtées : garder Rosimond, le petit maître, pour elle, et refiler Dorante, son cicisbeo, à Hortense. Une lettre égarée de Dorimène à Rosimond complique l'action, et la présence des parents n'arrange rien. La marquise menace de déshériter son fils !
Le passionnant programme rappelle très justement comment les petits-maîtres, confrérie de matchos du XVIIe siècle (l'expression ne figure pas dans le programme !) devint, au XVIIIe, un groupuscule de jeunes gens "précieux et ridicules". Une sorte de jet-set caricaturale, repérée par son langage et son comportement.
Didier Sandre |
C'est donc une pièce qui offre une étude de caractère, analyse les sentiments (Marton, la suivante d'Hortense, s'y montre fine mouche), introduit en douceur le thème de l'argent. Le comique n'y manque pas. Comment comprendre la rareté de cette pièce ?
Clément Hervieu-Léger a eu l'idée originale, avec la complicité de l'administrateur-scénographe Eric Ruf, d'emmener tout le monde en extérieur. J'ai conversé avec lui à la sortie, mais nous n'avons parlé que du curieux personnage de Dorante, dont il me semblait qu'on ignorait tout de ses vrais sentiments. Du coup, j'ai oublié de lui poser des questions sur le décor. En tout cas, c'est une excellente idée de théâtre. Cela donne l'occasion aux personnages d'exister différemment, en tant qu'artiste de plein air par exemple. Les entrées et les sorties sont également modifiées. Le chemin labyrinthique entre les hautes herbes est aussi tortueux que les affects des personnages ! C'est surtout l'occasion de manifester très clairement l'opposition entre une province rurale et une capitale lointaine. Les éclairages très soignés magnifient encore ce décor.
Mise en scène très animée, qui peaufine l'étude des caractères tout en utilisant au maximum les ressources comiques des comédiens.
Superbe distribution, il faut bien le reconnaître. Les parents sont très nobles, sans excès, tant Dominique Blanc que Didier Sandre.
Claire de La Rüe du Can |
Les enfants font honneur à la grande maison : Claire de La Rüe du Can, touchante et sincère et Loïc Corbery qui réalise une extraordinaire performance de comédien avec son Rosimond au comique parfois cartoonesque. Parfois proche de la caricature, comme le veut le rôle, il excelle à révéler les fêlures du personnage et à libérer l'émotion. Absolument un travail remarquable.
Florence Viala |
C'est le metteur en scène, Clément Hervieu-Léger, qui interprète son ami Dorante, en lui laissant un voile de mystère et Florence Viala s'avère, comme toujours, parfaite dans le rôle de sa maîtresse Dorimène.
Adeline d'Hermy |
Enfin deux excellents comédiens, Christophe Montenez et Adeline d'Hermy, toujours délicieuse et étourdissante, incarnent les valets respectifs.
On retrouve une grande partie de la distribution des Damnés tout récents. De vrais comédiens, qui changent entièrement leur jeu d'une pièce à l'autre.
Voilà un spectacle qui fait honneur à la grande maison.
Merci, j'ai un peu hésité pour cette pièce, grâce à votre analyse, j'ai très envie ! S'il reste des bonnes places !
RépondreSupprimerOuverture des locations le 24 janvier pour la suite... Pas de problème pour obtenir de bonnes places. Vous ne le regretterez pas !
SupprimerYour play looks like Marie Antoinette. I love that period! Amazing post.
RépondreSupprimerAnnie
Thank you, Annie, for your enthusiastic review !
SupprimerTrès bien.
RépondreSupprimerMerci beaucoup, cher inconnu !
SupprimerVotre article enthousiaste donne très envie de voir ce spectacle. Je réserve des places !
RépondreSupprimerLéo
Thank you very much for your nice message !
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