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lundi 1 janvier 2018

Prague : Ville juive et Concert avec le Collegium 1704 au Rudolfinum


Déjà le dernier jour de l'année, et ma semaine pragoise tire aussi sur la fin. Il est temps de visiter la ville juive et ses nombreuses synagogues. Direction donc Josefov.




Mais l'itinéraire me fait passer par Starometska...





Mais avant la ville juive, je compte bien entrer dans cette église trouvée fermée l'autre jour...

L'église Saint Nicolas



Comme l'autre église Saint Nicolas, celle de Mala Strana, c'est à Dietzenhofer qu'on doit cette construction. La façade est très équilibrée, bien rythmée par les colonnes, mais je ne suis guère séduit par sa couleur.



 Comme l'autre, voici une réalisation réussie de la Contre-Réforme, où la folie et la frénésie baroques sont tenues en laisse, juste avant le trop-plein.



Grande qualité des fresques et virtuosité du trompe-l’œil, cependant.



Certes, l'or demeure bien présent, mais utilisé avec parcimonie.


 Etrange crèche avec des personnages dans des attitudes inusitées. La Vierge porte une robe rouge inconnue !



 En se dirigeant vers la première synagogue de mon programme, je pense dans un quartier bien différent. Les décorations rappellent beaucoup le style Sezession viennois.

La synagogue Pinkas



C'était une habitation du XVe siècle avant qu'on la transforme en synagogue, en 1535. Petites pièces, escaliers étroits, elle rappelle certaines synagogues clandestines.


 Au rez-de-chaussée, on a installé un mémorial : les murs sont couverts de noms des Juifs tchèques morts en déportation. Presque 80 000 noms. Le nombre de villages n'est pas moins étonnant. On voit vraiment que les Juifs, présents sur ces terres depuis le IXe siècle, vivaient dans tout le pays.


Derrière la niche de la Torah, une liste de quelques camps de concentration ou d'extermination. Je pense que ce sont ceux où des Tchèques sont morts.




 Depuis l'étage, la partie où le rabbin procède à la lecture de la Torah.

Je ne sors pas de ma visite de Terezin. Comme là-bas, un musée expose des dessins réalisés par les enfants du ghetto. Toujours poignants.







Dessin présentant une chambre. On voit bien les lits superposés.




On sort ensuite vers le cimetière, aux tombes entassées, parfois brisées, souvent moussues.









 Celui-ci paraît en forme de rouleaux de la Torah.





On sort contre le bâtiment de cérémonie, dont je garde la visite pour demain.


Déjeuner au Sedm Konselu



 Sans trop chercher, voici une adresse sympathique qui s'offre à nous.


 Servi avec efficacité par des serveurs chaleureux, qui m'offrent un cours de prononciation tchèque en prime !


 Canard braisé, choucroute et knedliky comme toujours. Bière brune aujourd'hui, excellente !


 Gâteau au miel et smetana, la crème (ici une Chantilly non sucrée).




La synagogue espagnole



 Pas d'Espagnols dans les Juifs de Prague mais un style hispano-mauresque. J'ai l'impression que c'est le même artisan qui a œuvré pour le bain maure du palais Yusupov de Saint-Petersbourg !







Tout autour de la salle principale, des vitrines exposent de nombreux documents et objets sur l'histoire de la communauté juive à partir du XVIIIe siècle.



 Caricature : les riches Juifs emportent leur opulent pactole en Amérique.



 Objets de culte, notamment des pièces de tissu pour masquer et protéger la Torah.






Différents rabbins, dont le fameux Rabbi Loew.





Cette synagogue fut la première à inaugurer le culte en musique, d'où la présence de ce petit orgue.




Fait que j'ignorais complètement : pendant la guerre, les Nazis autorisèrent la création d'un musée juif, à Prague. Il s'agissait de présenter, comme des collections archéologiques, les objets se rattachant à des "races disparues". Employés et conservateurs furent cependant déportés un peu plus tard.


Les réserves du musée en question.




On sait généralement que Mahler était juif, mais sa naissance en terre tchèque est moins connue.



Même cas pour Freud.


Sinistres affichettes nous ramenant aux heures noires.


Tableau nazi pour l'identification raciale.


Carte de rationnement pour les Juifs du ghetto.



Biens confisqués aux Juifs déportés.


Plan de la grande forteresse de Terezín.


Le fameux argent du ghetto.


Les Nazis ne surent que faire des tefilines, ces rouleaux de phylactères, mais conservèrent et, évidemment, étiquetèrent ceux volés aux détenus.

Une pièce expose des trésors en argent. On mesure toute l'habileté des orfèvres.



Ces plaques servent de marque-page, pour repérer à quel endroit s'est arrêtée la lecture des rouleaux.


Couronnes posées au sommet de la Torah.


Pointeurs pour suivre la lecture sans toucher le livre sacré. Auparavant on utilisait un châle pour envelopper la main.



Les boîtes en haut permettaient de stocker les épices rares tandis que les coupes au milieu recevaient les aumônes. Prévisions modestes, vu leur taille moyenne.

La synagogue Maisel



Celle-ci fut édifiée au XVIe siècle par une célébrité, Mordechai Maisel, rabbin, primat, financier, maire de Josefov.

Mais elle fut amplement remaniée au XIXe siècle dans le style néo-gothique actuel.



L'exposition précède celle de la synagogue espagnole, puisqu'elle se consacre à l'histoire des Juifs en Bohème et Moravie jusqu'au XVIIIe.


La carte montre leur implantation sur tout le territoire.


Apparemment une vie en harmonie sur cette vue naïve juxtaposant synagogue et église.


Sceau retrouvé lors des fouilles de la place.


Signe d'ostracisme, bien avant l'étoile jaune ; l'empereur Ferdinand imposa aux Juifs le port du cercle rouge.


Le célèbre chapeau de Juif, signe distinctif sur grand nombre de caricatures.




Devant de Torah utilisé pour la Kabbale, ces pratiques plus ou moins magiques basées sur la Bible et le Talmud.


Une vue de la synagogue au XIXe siècle.





Le Golem, c'est une incroyable histoire. Le rabbi Loew aurait réussi à donner vie à une créature monstrueuse. Récit d'une prodigieuse célébrité. Le paranormal a toujours eu des adeptes, et Prague a de nombreux liens avec la magie.



Enseigne de cordonniers.


Calligramme : sur cette feuille rédigée par un Juif converti de force au Christianisme, le corps du Christ est dessiné par les lettres.


Image d'un pogrom au XVIIIe siècle.

Musique baroque au Rudolfinum



Ouvert en 1885, ce bâtiment fut offert par la Caisse d'épargne tchèque. Le mécénat ne date pas d'hier ! Il était dédié au prince Rodolphe de Habsbourg (celui qui périt à Mayerling), d'où son nom.

A l'origine, c'était un complexe culturel avec salles de concert, mais il accueillit le parlement tchécoslovaque dans l'entre-deux-guerres. Il a depuis retrouvé sa fonction originale.



Pour ce concert de réveillon, l'arrière de la scène, avec le gigantesque buffet d'orgue, est décoré de multiples bougies.


Une fête de musique baroque pour terminer l'année !

Un programme mêlant géant de la musique, un grand compositeur italien et la célébrité locale,  Jan Dismas Zelenka.

Le concert commence avec une  Sinfonia de Zelenka, ce grand compositeur tchèque du XVIIIe, si rarement joué dans nos contrées, Sub olea pacis et palma virtutis. Un bonheur de musique baroque tonique et pimpante.
Passage vers l'Italie avec Leonardo Leo, un ​​Dixit Dominus a due cori récemment retrouvé, donné en světová premiéra. Belle oeuvre à l'écriture contrapuntique virtuose et de très intéressants effets de timbre.


Le magnifique Nun ist das Heil und die Kraf de J. S. Bach, fragment d'une cantate perdue, ouvre la seconde partie.

Suit une autre œuvre de Zelenka, ​​Litaniae Lauretanae Consolatrix afflictorum. Beaucoup de compositeurs, même Mozart, composèrent des Litanies de Lorette destinées à être interprétées dans les églises consacrées à la maison de Lorette. Celles-ci sont enchanteresses, avec une écriture pour les parties de basse novatrice. Très beaux soli dans cette pièce.


Dernière œuvre au programme, le  O ewiges Feuer, O Ursprung der Liebe de J. S. Bach, le Feu éternel qui a donné son nom au programme. Quel bonheur de terminer l'année avec le maître de Leipzig ! Je regrette toujours de ne pas entendre davantage de cette musique en concert, et cette cantate éblouissante me comble.


Vaclav Luks dirige son ensemble maison, le Collegium 1704 et le Collegium Vocale 1704. L'orchestre est aussi remarquable que les chœurs, d'où proviennent les excellents solistes. Sa direction, pleine de contrastes et de rythme, souligne les différences entre les différentes écoles.
C'est un magnifique concert pour terminer cette riche année !


Retour pédestre en essayant de ne pas recevoir un pétard dans les jambes ! La ville pétarade de tous côtés.


8 commentaires:

  1. A super last post ! Thanks for the magnificent year 2017, with all your wonderful posts and superb pictures.
    Reading you is my favorite pleasure in life !
    Best,
    Annie !

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    1. It is so kind from you, I really appreciate. It is still a high pleasure to read your enthusiastic reviews. Best, fredailleurs

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  2. Passionnant article, avec beaucoup de photos et de commentaires très instructifs.
    Mais ce qui me sidère toujours, c'est que tu publies chaque jour en ayant toutes tes soirées prises. Mais comment fais-tu ?
    Amitiés
    Bruno

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    1. Merci pour ce compliment très élogieux ! Je ne me couche qu'après l'article du jour, deux heures et quelque chaque soir. Du coup, je ne suus jamais très matinal le lendemain...
      Amitiés à toi aussi.

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  3. Remarquable article, comme tout votre blog que je suis fidèlement, du bout du monde.
    Roshana

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    1. Chère Roshana du bout du monde, merci de votre commentaire élogieux ! Meilleurs vœux pour 2018.

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  4. Très interressant et belle article ! Mercis
    Antoine

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