Les dernières couronnes de glace s'effondrent des gouttières. |
Lever tardif car mon article d'hier m'a pris beaucoup de temps et je me suis couché fort tard.
J'essaie de varier la promenade matinale, toujours propice à des découvertes de palais. Cette ville en est réellement remplie.
Ciel ultra-bleu, ce matin.
Rien à faire, je me dirige quand même vers l'Ermitage, en passant cette fois sous les grandes arches.
Surprise, des fanfares militaires s'y sont assemblées et défilent. C'est assez étrange, chacune joue la même composition à tour de rôle.
Continuation par la Millionnaia, qui, comme son nom l'indique, n'était pas l'adresse des familles nécessiteuses.
C'est dans la maison ocre, à droite, que résidait la comtesse Ewa Hanska lorsqu'elle habitait SPB. Balzac, éperdument épris, venait lui rendre visite. Il l'épousa finalement en Ukraine, en 1850, mais ils ne furent mariés que six mois, puisqu'il décéda en août de la même année.
Il est temps de trouver à manger. Pas très pratique dans ce quartier. Soudain... Incroyable ! Une stolovaya !
Stolovaya du déjeuner
305 roubles pour les carottes mimosa (avec des harengs et du jaune d’œuf râpé dessus , mais on ne le voit pas car ici il est blanc), une escalope aux champignons, une brioche fourrée de fromage blanc. La boisson testée est le fameux kissel.
Le Palais de marbre
C'est l'italien Rinaldi qui fut chargé de sa construction ; le baroque étant démodé, vive le néo-classicisme !
C'est le premier palais à avoir été couvert de marbre à l'extérieur et à l'intérieur.
La statue dans la cour représente le tsar Alexandre III. Bien pesant, et apparemment bien peu avenant, le tsar en question.
Les salles historiques
L'escalier monumental met en valeur les dix-huit différentes variétés de marbre. Je ne garantis pas qu'elles apparaissent toutes sur la photo.
Autrefois le musée Lenine, il a été débarrassé de cet appareil muséographique et les salles ont été soigneusement restaurées.
La marqueterie des parquets est aussi soignée qu'à l'Ermitage, non ?
Les fenêtres offrent une parfaite vue sur l'île aux Lièvres, avec sa cathédrale et sa forteresse.
Les plafonds sont décorés de stucs extrêmement délicats.
Un souvenir lointain du Biedermeier viennois ?
La salle italienne met en valeur les nuances des marbres.
Plusieurs expositions sont proposées dans le palais.
Marcello Lo Giudice
Ce peintre, né à Taormina mais travaillant à Bologne, crée une peinture épaisse avec une matière qu'il fabrique lui-même, réalisant des œuvres telluriques assez impressionnantes. Le bleu lapis n'est pas éloigné de celui de Klein.
Une œuvre sculpturale framboise, apparemment réalisée sur un sommier à ressorts, trône dans cette salle ornée de divers marbres.
J'ai photographié la vidéo pour monter Lo Giudice dans son atelier.
La Collection Ludwig
Si j'ai bien saisi les informations, il ne s'agit pas ici d'une expo temporaire ; le palais serait en quelque sorte une antenne russe de cette fondation réputée.
Cela propose un tour d'horizon des récentes tendances artistiques, qui rappelle un peu celui de l'Albertina à Vienne.
Pablo Picasso, Grosses têtes. Style de ses dernières années.
Roy Lichtenstein, Ruines. Toujours de l'humour dans ses paysages.
Tom Wesselmann, Nature morte. On croit d'abord à un dessin mais c'est du métal découpé au laser.
Jasper Johns, Shade. Assez caractéristique de son travail.
Vladimir Yankilevsky, Triptyque Autoportrait. Le titre ajoute beaucoup de sel, je trouve.
Igor Makarevich, Portrait d'Ivan Churich. Le choix du support change complètement le regard qu'on porte. Sacrée prouesse technique, en outre.
Bernhard Schulze, Paire de cadavres. Une œuvre à la fois attirante et répugnante, très singulière en tout cas.
Ralph Goings, Unadilla Diner. L'hyperréalisme, constamment spectaculaire. Les reflets prouvent une phénoménale virtuosité.
Alexander Brodsky, Grey Matter. Fascinante accumulation de 327 objets reproduits en argile crue.
Serge Esayan, Good Morning ! Pour une fois, une sculpture joyeuse.
Structures
Sous ce nom se tient une exposition originale, consacrée aux héritiers du structuralisme, qui mettent donc en avant la structure, parfois associée à la couleur.
On ne trouve pas les grands noms occidentaux mais je découvre une série d'artistes russes dont j'ignore tout.
Kirill Alexandrov, Tesseract, 2015
Viktor Lukin, Rainbow Forest, 2013
Alla Urban, Structure of Taking Off, 2013
Serge Esayan, Marathon, 2001
Yuri Avvakumov, Tower of Cards, 1991
Vues d'une salle de l'expo.
Une œuvre qui varie selon la direction du regard.
Vladislav Koleichuk, Green Arches Soaring, 1995. Très agréable sculpture ; on voit les fils, mais la sensation de flottement dans l'air demeure.
Tigran Malkhasyan, New York, 2008. Le titre éclaire ce qu'on prenait pour de l'abstraction.
Alexander Kozhin, Large Calendar, 1992
Je continue à user mes semelles dans SPB. Je retraverse le Champ de Mars, dont l'aspect a bien changé depuis dimanche. Entre-temps, la végétation a pris conscience du calendrier, et les bourgeons éclatent.
On peut même avoir deux saisons d'un seul coup d'œil, selon qu'on se trouve côté ombre ou côté soleil.
Je passe, une fois encore, devant la toujours attractive cathédrale Saint Sauveur sur le Sang versé (dommage que le nom soit si long à taper).
Je remarque que sa voisine l'est beaucoup moins. Elle me semble même très laide.
Je poursuis le canal jusqu'au pont. On m'a recommandé le Café Singer, dans le pittoresque immeuble homonyme.
C'est sans doute fort réputé, bourré de touristes. Pas une table de libre !
Ce n'est pas grave, j'ai repéré une Chocoladiya pas loin (j'avais testé leur enseigne à l'aéroport l'an dernier, un excellent souvenir). J'y suis reçu avec prévenance et leur chocolat chaud est à se rouler par terre ! Je repère sur la carte les blinis. Non, ce n'est pas l'espèce de pancake diffusé sous ce nom en France, mais nos crêpes traditionnelles. Celles du jour sont délicieuses.
Il me reste un bon bout de chemin, je teste un nouvel itinéraire pour éviter d'arpenter Sadovaya dans tous les sens. Du coup, une église rouge en prime.
La Passion selon Saint Matthieu au Mariinsky Concert Hall
Les travaux continuent... Pas de changement depuis l'an dernier !
Le hasard fait bien les choses. Je me désespérais de manquer ma Passion de Bach annuelle (celle du Festival de Pâques d'Aix est donnée pendant mon voyage), mais le Mariinsky a eu la bonne idée d'en programmer une. A priori, ce n'est pas vraiment une version sur instruments anciens, et je ne sais pas s'il y a véritablement une tradition ici pour donner des Passions de Bach à Pâques. Mais je suis curieux de voir ce que ça peut donner avec les très respectables forces du Mariinsky.
Retour donc au Concert Hall après la Zauberflöte (Flûte Enchantée) de samedi.
Pas d'instruments anciens ni d'effectifs de chambre. On a allégé l'orchestre, ajouté une viole de gambe, mais, avec le chœur d'enfants qui intervient dans la première partie, on dépasse les 80 choristes. Évidemment, vu leur qualité (et les interventions solistes de ses membres la confirment), on ne saurait se plaindre, mais j'aurais préféré une version plus chambriste.
Andrei Petrenko ne manque pas d'atouts. Il veille à l'équilibre, s'assure de la mise en place des périlleux doubles chœurs, confère beaucoup de majesté aux grandes pages de la partition. Mais il ne s'occupe pas assez de phraser l'orchestre qui, en dépit de ses qualités, sonne plat.
Plusieurs remplacements dans les solistes, ça semble être coutumier au Mariinsky. A la place d'Anastasia Kalagina, la soprano est Ludmila Dudinova qui chante joliment avec un timbre cristallin, un plaisir. Elle m'avait séduit dans un tout petit rôle dans Kitege, l'an dernier.
Annoncée depuis quelques jours, Yekaterina Sergeyeva tient la partie d'alto. Sans doute la plus à sa place du concert, en terme de couleurs, d'expressivité, de style. Son Erbarme dich restera pour moi le grand moment de la soirée.
Exit Dmitry Voropaev ! Voici, deux jours après son Pang de Turandot, Alexander Timchenko, le ténor des arias, un peu en difficulté dans les aigus, mais un artiste musical qui sait phraser.
Vladimir Feliauer chante la basse, avec une puissance un peu insuffisante, mais d'appréciables qualités de timbre.
Pour les rôles, c'est à Yegor Semenkov que revient la partie capitale de l'Evangéliste. C'est la déception de la soirée, malgré une voix fraîche. Il chante tous les aigus en falsetto, et surtout donne l'impression de ne rien comprendre à ce qu'il raconte. Il réciterait la liste des stations de métro que l'effet ne serait pas différent. Vraiment dommage !
Le jeune Yuri Vlasov incarne tour à tour Pierre, Judas, Pilate, le Grand Prêtre, avec une phénoménale énorme voix de basse. Lui s'attache au texte et veille à bien différencier ses incarnations.
Après i Vespri Siciliani, je retrouve Vladimir Moroz en Jesus. Son timbre noir n'est finalement pas un inconvénient et je trouve qu'il s'en sort très bien, en donnant du sens et en demeurant mesuré.
Donc une soirée inégale mais avec quelques pépites !
Andrei Petrenko et Yuri Vlasov
Yekaterina Sergeyeva
Ludmila Dudinova
Vladimir Feliauer
Retour en bénéficiant des illuminations nocturnes.
Palais de marbre un peu froid mais que de splendeurs! Nouvelle promenade avec quelques découvertes très satisfaisantes ainsi qu'une acceptable messe selon St Mathieu . Finalement une bonne journée. Profites de la dernière journée pour couronner ce riche séjour. Bises. MAM
RépondreSupprimerEncore merci pour ce nouveau commentaire. Je vais en profiter au maximum mais il ne fait pas très beau...
SupprimerLes œuvres de ce musée sont extraordinaires ! Dire que j'ai visité Saint-Petersbourg etnn'en ai pas entendu parler !
RépondreSupprimerFrançoise
Voilà un bon motif pour y revenir...
SupprimerExcellent post! Very interesting artworks as a gift for us!
RépondreSupprimerAnnie
Thanks again!
SupprimerNous sommes à Saint Petersbourg et votre blog nous est tres utile. C'est plein d'informations et de photos introuvables. Un regret, que vous n'ayez pas indique les adresses de tous ces restaurants pas chers ou vous avez mange.
RépondreSupprimerLucie et Jeremy
Merci à tous les deux. Comme les stolovayas se trouvent partout, et souvent proposent des plats voisins, il ne me semblait pas indispensable de surcharger le blog avec des adresses. Ai-je eu tort ?
SupprimerBonnes visites !