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Détail d'un panneau présenté plus bas |
Petite promenade sous un ciel couvert. Il a fallu trancher entre deux visites de musées, les
Confluences ou les
Tissus, et finalement c'est le second qui a été retenu.
Beaucoup moins médiatisé que le précédent, c'est pourtant un musée fort riche et intéressant, avec des pièces rares et remarquables, et dans un superbe hôtel particulier. En outre, sa situation est actuellement menacée, il ne faut pas hésiter à le soutenir.
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Large promenade sur les quais du Rhône.
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La Fontaine Gailleton |
Le Musée Historique des Tissus : Le Génie de la Fabrique
Une des perles de l'aristocratique quartier d'Ainay, la partie "
tissus" occupe les salles de ce bel hôtel classique. C'est le premier musée que j'ai visité à Lyon, il y a trente ans, et j'y suis toujours revenu avec plaisir.
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Le bel hôtel particulier du Musée historique des Tissus |
Les très vastes collections tournent beaucoup, et maintenant il semble qu'elles ne soient plus montrées qu'à travers des expos particulières.
L'actuelle, nommée
Le Génie de la Fabrique, montre les progrès techniques à travers de rares chefs-d'œuvre.
Travaux de soie
On commence par les bases de l'industrie de la soie, célèbre spécialité lyonnaise.
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Lyon, Musée des Tissus : étoffe montrant des cocons de soie. |
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Lyon, Musée des Tissus : dessicateurs pour ôter l'eau des cocons. |
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Lyon, Musée des Tissus : Jules Reybaud, Portrait d'Antoine Berjon, en taffetas façonné, 1854 |
Ce portrait du créateur Berjon le représente de manière très classique, comme un peintre, au centre d'une guirlande de fleurs.
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Lyon, Musée des Tissus : Camille Pernon, Hommage à Bonaparte Réparateur, en lampas, 1802 |
Jacquard
Jacquard combina plusieurs inventions récentes pour élaborer son fameux métier à tisser.
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-Claude Bonnefond, Portrait de Joseph-Marie Jacquard, 1832 |
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Lyon, Musée des Tissus : le fameux métier à tisser, invention de Jacquard |
Le tissage permettait de véritables tableaux grâce à un patient processus de mise en carte, qui annonce notre pixellisation.
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Lyon, Musée des Tissus : mise en carte du portrait d'un directeur de fabrique |
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Lyon, Musée des Tissus : mise en carte du portrait d'un directeur de fabrique (détail) |
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Lyon, Musée des Tissus : laize de tenture à décor de fleurs stylisées, damas, vers 1685 |
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Lyon, Musée des Tissus : Soierie à décor de pastorale et de chinoiserie, Tours ou Lyon, vers 1735 |
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Lyon, Musée des Tissus : Portrait de Catherine II ; la réalisation tissée et le dessin préparatoire mis en carte |
Laizes de prestige
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Lyon, Musée des Tissus : Philippe de Lasalle, Laize de tenture dite de Tchesmé, lampas, 1771-1773
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Lyon, Musée des Tissus : laize de tenture |
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Lyon, Musée des Tissus : Maison Gros, tenture pour la chambre à coucher
du Comte de Provence au Château de Versailles, lampas, vers 1785 |
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Lyon, Musée des Tissus : laizes commandées par l'impératrice Marie-Louise pour le Palais de Versailles, vers 1811 |
Jean-François Bony
L'exposition célèbre le sieur Bony, dessinateur, peintre, brodeur, créateur de costumes, professeur bénévole... Un talentueux artiste bien peu reconnu. Sa délicatesse de broderie, sa virtuosité à suggérer les différentes matières, se mesurent bien dans ces œuvres exceptionnellement conservées.
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau de tulle brodé, vers 1804 |
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau de tulle brodé, vers 1804 (détail) |
Incroyables effets de matière pour suggérer la mousse, les feuilles.
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau de tulle brodé, vers 1804 (détail) |
La virtuosité de ce travail méticuleux impressionne encore plus de près.
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau de tulle brodé, vers 1804 (détail) |
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau |
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, panneau, vers 1804 (détail) |
Tapisseries
Les tapisseries sont étonnantes de fraîcheur.
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Lyon, Musée des Tissus : tapisseries de Beauvais, XVIIe siècle
Jupiter et Callisto et Atalante et Hippomène |
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Lyon, Musée des Tissus : tapisserie de Tournai, vers 1465, Néron envoie Vespasien et Titus en Judée |
Cette histoire est un fait historique. Vespasien devint légat impérial à la suite de cette mission ; les révoltes en Judée furent réprimées dans le sang.
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Lyon, Musée des Tissus : tapisserie de Tournai, vers 1465, Néron
envoie Vespasien et Titus en Judée, détail. |
Vespasien, béat (sous le
coup de la surprise ?), a son nom écrit au-dessus du lien de la cape.
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Lyon, Musée des Tissus : tapisserie de Tournai, vers 1465, Néron envoie Vespasien et Titus en Judée, détail |
L'artiste a particulièrement soigné les costumes richement ornés.
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Lyon, Musée des Tissus : tapisserie de Tournai, vers 1465, Néron
envoie Vespasien et Titus en Judée, détail |
Les chevaux semblent
provenir d'une bande dessinée.
Premier Empire
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Lyon, Musée des Tissus : vitrine avec des réalisations datant du premier empire |
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Lyon, Musée des Tissus : maison Grand frères, garniture de siège
pour la chambre de la reine Marie-Amélie au palais des Tuileries |
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Lyon, Musée des Tissus : Jean-François Bony, costume militaire du premier empire |
Vers le XXe siècle
La créativité, jamais mise en défaut, explose dans des pièces audacieuses. Les progrès techniques libèrent les possibilités.
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Lyon, Musée des Tissus : Les Petits-Fils de C.J.Bonnet, Laize pour robe, Les Hirondelles, 1894 |
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Lyon, Musée des Tissus : Maison J.Bachelard, Laize pour robe, Stalactites, 1894 |
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Lyon, Musée des Tissus : Chavent père et fils, Laize pour robe à décor de branches de saule, 1894 |
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Lyon, Musée des Tissus : Maison Schulz et Beraud, Laize pour robe, Pétales de rose, 1867 |
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Lyon, Musée des Tissus : une étonnante création sur le thème des plumes |
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Lyon, Musée des Tissus : Maison Schulz et Beraud, Laize pour robe, Papillons de fleurs, 1867 |
Déjeuner au Condé
Manger dans le quartier n' a pas toujours été évident. Je suis bien satisfait d'avoir déniché le
Condé, un bouchon à la salle démodée mais à la franche cuisine traditionnelle. Au menu à 15 €, œufs en meurette (un de mes péchés mignons), la fricassée de poulet fermier, la tarte aux noix. Produits frais, desserts maison, et un sancerre à 18 € pour apprécier tout ça.
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Lyon, bouchon Le Condé |
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Lyon, bouchon Le Condé |
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Lyon, bouchon Le Condé : œufs en meurette |
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Lyon, bouchon Le Condé : fricassée de poulet fermier
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Lyon, bouchon Le Condé : tarte aux noix
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Le Musée des Arts Décoratifs
Je retourne au musée pour la seconde partie. L'hôtel que fit construire Jean de la Croix héberge aujourd'hui le
Musée des Arts Décoratifs, accessible avec le même billet.
Salles décorées, meubles précieux, objets divers. L'essentiel est consacré à la région lyonnaise des XVIIe et XVIIIe siècles, avec de belles échappées. La collection de majoliques est remarquable.
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : reconstitution d'une salle XVIIIe |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : un superbe clavecin au couvercle peint |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : un riche cabinet entièrement en bois sombre |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : détail du précédent, panneau sculpté |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : salon de sièges en tapisserie |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : délicieux Enfant endormi de Federico Rannucci |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : dessin de Boucher représentant son sujet favori, des baigneuses |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : vestibule |
Petit, mais strict, ce vestibule est extrêmement équilibré. Très XVIIIe !
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : une petite partie de la riche collection de majoliques |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : plat en majolique, Jeroboam faisant adorer les idoles, fin XVIe |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : plat en faïence de Nevers, XVIIe |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : plat en faïence de Nevers, L'Adoration des bergers, vers 1650 |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : deux plats en faïence de Lyon,
XVIIe ; celui de gauche illustre le supplice de Marsyas (pas si éloigné
de la statue exposée à Saint-Petersbourg !) |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : cheminée évocatrice avec son
écran en tapisserie qui évitait aux flammèches de mettre le feu aux
perruques. |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : la
marqueterie en paille est un travail délicat à partir d'un matériau
plébéien, très en vogue au XVIIIe siècle. |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : abondante collection d'argenterie |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : plat en majolique, Le Sacrifice d'Abraham, Urbino, vers 1560 |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : plat en majolique, La mort d'Orphée, Faenza, vers 1540 |
Faenza, actif groupement d'ateliers, est une ville du nord de l'Italie qui a donné son nom à la faïence.
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : salle décorée d'un panorama peint montrant la Lyon de l'époque |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : lit à la polonaise |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : riche décoration des dessus-de-porte | |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : retable flamand |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : cabinet de Bernard Salomon, France, début XVIIe |
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : cabinet de Bernard Salomon, France, début XVIIe |
C'est une rare occasion de voir un cabinet de retraite, un
studiolo à l'italienne, avec ses panneaux mythologiques peints sur noyer.
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Lyon, Musée des Arts Décoratifs : impressionnante armoire
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L'église Saint François de Sales
Pour une fois l'église Saint François de Sales est ouverte. C'est un des édifices religieux créés en plein renouveau catholique post-révolutionnaire, bien caractéristique du début du XIXe siècle.
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Lyon, Saint François de Sales : l'intérieur |
L'intérieur, de style néo-baroque, doit beaucoup au peintre Denuelle, spécialiste des décors muraux à Lyon.
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Lyon, Saint François de Sales : la décoration picturale est caractéristique de la période, mais de bonne qualité générale. |
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Lyon, Saint François de Sales : dans le transept, la chapelle de la Vierge avec l'Assomption de Fabisch. |
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Lyon, Saint François de Sales : le grand orgue
Cavaillé-Coll de 1880 à 45 jeux. Justement une organiste y répète, d'où
les lumières sur le pupitre. |
Retour vers la place Bellecour, la cinquième plus grande de France.
Recherche de charcuterie et boulangerie ouvertes pour les sandwiches du soir. Il ne faut pas traîner car la représentation commence à 18.30.
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Le clocher de la Charité |
Le clocher de l'ancien hôpital de la Charité est un vestige de cette construction du début du XVIIème. A sa base, il s'agissait d'un tour où une mère en difficulté pouvait confier son enfant. Abandon, certes, mais dans les conditions les moins mauvaises.
Le Bernin aurait tracé les plans du clocher, mais je ne sais pas s'il s'agit d'une légende ou d'un fait historique.
Tristan und Isolde à l'Opéra de Lyon
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Lyon, l'Opéra de Jean Nouvel |
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Lyon, Opéra : le foyer est, avec la carcasse, l'élément subsistant de l'ancien bâtiment.. |
Chaque année l'Opéra de Lyon organise un mini-festival, avec plusieurs opéras programmés autour d'un même thème. C'est toujours intéressant.
Pour le cru 2017, Serge Dorny a eu l'excellente idée de reprendre quelques spectacles mythiques. Pour
Tristan, il a fait recréer une légendaire production de Bayreuth, bien connue par le DVD avec Siegfried Jerusalem et Waltraud Meier.
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Lyon, Opéra : la salle noire aux balcons métalliques est tout à fait moderne. |
La mise en scène Heiner Müller, dans de sobres décors d'Erich Wonder et d'ingénieux costumes de Yohji Yamamoto, magnifie l'excellent travail de lumières de Manfred Voss, particulièrement efficaces au second acte. La dernière image reste inoubliable, conforme au souvenir. Je préfère très largement cette vision à
celle proposée au Met en octobre dernier.
La scène envahie d'armures au second acte, qui me semble signifier l'abandon de la mission de Tristan, oblige les deux amoureux à un parcours labyrinthique.
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Alejandro Marco-Buhrmester, Daniel Kirch au troisième acte |
Hartmut Haenchen, un grand chef germanique, dont j'ai toujours apprécié la souplesse et la précision, dirige un Orchestre de l'Opéra de Lyon de haut vol. Il se montre extrêmement attentif au plateau, qualité particulièrement appréciable dans cet opéra.
Si le Melot de Thomas Piffka est plus efficace scéniquement que vocalement, Patrick Grahl montre un très joli timbre et beaucoup de style dans le double rôle du marin et du berger. Eve-Maud Hubeaux campe une Brangäne percutante, avec de magnifiques appels à l'acte II. Ca fait plaisir d'entendre des francophones (elle est suisse) réussir des rôles wagnériens, ce n'est pas si fréquent. J'ai entendu à plusieurs reprises le Kurwenal d'Alejandro Marco-Buhrmester, qui met du temps à se chauffer ce soir. La voix sonne longtemps épaisse, avant qu'il ne la montre, dans le troisième acte, maîtrisée et au service d'une interprétation émouvante. Le König Marke de Christof Fischesser est un revenant du spectacle de 2011, déjà très bien à l'époque. Sa longue scène est parfaitement menée, avec une douleur intérieure bien dosée.
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Ann Petersen dans Mild und leise |
Je découvre, en revanche Daniel Kirch, un ténor fréquemment programmé Outre-Rhin mais plus rare dans nos théâtres. C'est un chanteur intelligent, qui ne gaspille pas sa voix dans le premier acte et gère prudemment le duo du second. Il faut tenir l'inhumain troisième acte. Il termine avec évidemment une voix fatiguée, mais sans avoir rendu les armes. On sent un souci de soigner la ligne de chant. Il peut remercier le chef, vrai partenaire pour relever le défi.
La précédente production lyonnaise mettait en avant la première Isolde d'Ann Petersen, heureuse découverte à l'époque. Elle n'avait pas encore de sons dans les joues, et son bas médium sonnait moins aigre qu'au début de cette représentation, mais la chanteuse a appris entre-temps à gérer ce rôle terrifiant. Elle offre une large palette, avec une voix bien projetée sur toute la tessiture, des
piani et des
forti partout, beaucoup de musicalité et une interprétation très sensible.
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Christof Fischesser, Marke |
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Christof Fischesser |
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Eve-Maud Hubeaux |
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Eve-Maud Hubeaux, Ann Petersen, Hartmut Haenchen, Daniel Kirch |
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Ann Petersen |
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Alejandro Marco-Buhrmester, Daniel Kirch |
J'abrège, il est très tard et le programme de demain est chargé ! il ne faut pas se lever trop tard pour les
Halles et
Elektra m'attend l'après-midi...
Incredible masterpieces in your museums. Thanks for the details.
RépondreSupprimerAnnie
Thanks Annie for your regular feedbacks. You are still my number 1 reader! Cheers.
SupprimerTres belles tissus. Merci pour ce bel post avec des beaucoup photos.
RépondreSupprimerPolina (Kazan)
Merci beaucoup, Polina, pour avoir pris la peine d'écrire ce commentaire si gentil en français. Je ne connais pas ta belle ville de Kazan, mais j'aimerais beaucoup la visiter.
SupprimerMagnifique article avec de véritables splendeurs !
RépondreSupprimerJe continue l'exploration archéologique des trésors du blog.
Bises
Michèle
Merci beaucoup ! Tu es sans doute la première à bénéficier de cet article revu et corrigé, qui souffrait d'une mise en forme problématique. J'ai essayé d'améliorer le maximum.
SupprimerBises