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vendredi 28 octobre 2016

New York City : Metropolitan Museum + Tristan au Metropolitan Opera

Près de Time Square, bouchon sous la pluie...

Sous la pluie 

La météo ne s'était pas trompée. Ce matin, il tombe une pluie dense qui, comme à chaque fois, congestionne toute la circulation. Les véhicules sont bloqués même quand le feu passe au vert, les piétons douchés se faufilent entre les voitures, les automobilistes tentent de modifier leur itinéraire en abandonnant les avenues pour des rues encore plus bouchées, les klaxons sont la voix de l'énervement général.

Bref, c'est la panique.
Je ne sors le téléphone pour photographier avec parcimonie, il me faut à chaque fois l'essuyer.

Le sol étincelle autant que le métal des sièges...

Gratte-ciel ornementé, fresque religieuse en prime.

Chrysanthèmes sur Lexington

Un feuillage automnal illumine l'entrée.

Un métier d'avenir à New York City : promeneur de chiens. Avez-vous remarqué que maître et chien me regardent ensemble prendre la photo ?

Vers midi,  je tente de déjeuner dans un restaurant de ramens pas loin du Metropolitan Museum, le Mei Jin,  hélas fermé. J'ai plus d'une adresse dans mon sac : direction le Naruto Ramen, autre valeur sûre, un minuscule restaurant toujours bondé qui ressemble beaucoup à ses frères du Japon.
Naruto Ramen




Les délicieux gyozas du Naruto Ramen

Au Metropolitan Museum

Direction le Metropolitan Museum donc,  où l'entrée entre midi et 14.00 est un bon plan, un des moments de la journée où il y a le moins de queue.
A chaque visite (et je m'y rends à chacun de mes séjours ici), je procède identiquement : une collection en détail et plusieurs des expositions temporaires.
Je commence par les salles américaines que je n'ai pas revues depuis plusieurs années et dont les pièces sont pour nous si rares.
La cour des sculptures

Je monte à la galerie graphique qui expose par roulement dessins, gravures, photos, de qualité constante.

Dessins et photos 

Marco Gandolfi, Etude de dix têtes, 1790

Giacomo Franco, Etude de membres, 1611

Ce beau dessin à la plume de Fra Bartolommeo (1508) est un des tout premiers "paysages" de l'histoire de l'art, c'est à dire une œuvre où le paysage est le sujet.

Philippe de Champaigne, Vue de Jérusalem, XVIIe siècle

Emmanuel Wyttenbach, Prospectus touristique lithographié, vers 1871

Florence Lundborg, The Lark, 1895

Florence Lundborg, The Lark, 1896

Lafayette Maynard Dixon, Sunset Magazine, 1904

Roy Lichtenstein, Landscape 9, 1967

 L'exposition photographique du moment présente de grands formats, et plusieurs œuvres retravaillées.  Après tout, on remonte l'histoire de la photographie, lorsqu'on retouchait et coloriait les photos à la main.
Johan hagemeyer, Reflection in Chrysler Hub Cap, 1947

Paul Graham, Senami Christchurch, 2011

Anselm Kiefer, Brünnhilde Sleeps, 1980

Jim Shaw, Dream Object, 1997

Fragonard

La salle d'exposition graphique montre une importante série  de rares dessins de Fragonard, depuis les premières copies de tableaux (essentiellement italiens) jusqu'aux suites sur le Roland Furieux, avec une partie considérable sur son séjour à Rome. Des œuvres assez contrastées, très détaillées ou très rapides, qui mettent en valeur la vigueur du trait.
Fragonard, copie de Hercule et Cacus (Caracci), 1761

Fragonard, Vue d'un Parc, 1757-1759

Natoire, Jardins à la Villa d'Este, 1760

Fragonard, Capriccio (Excavation de ruines romaines), 1760-1762

Fragonard, Le petit Parc, 1765

Fragonard, Etude de plantes, 1759

Fragonard, Retour du troupeau, 1768-1769

Fragonard, Branches de Châtaignier, 1765

Fragonard, Deux Cyprès dans un jardin italien, 1774

Fragonard, La Rêveuse, 1775

Fragonard, Orlando ramène Bireno à Olimpia (Orlando Furioso), 1780-1785

Valentin de Boulogne 

La troisième  m'enchante au moins autant. Est mis à l'honneur Valentin de Boulogne, un peintre caravagesque dont les tableaux du Louvre m'ont toujours séduit. Plusieurs constatations : c'est un peintre bien représenté dans les collections américaines ; la qualité est constante (et l'exposition est conséquente,  je ne mets ici qu'une micro sélection) ; on voit un parcours évidemment personnel, qui part de thèmes (les joueurs, les tsiganes), de traitement (avec les clair-obscur), de point de vue (en très légère plongée)  vraiment tirés du Caravage pour se constituer finalement une manière personnelle.
Valentin de Boulogne, Martyre de Saint Bartholomée, 1613-1615

Valentin de Boulogne, David avec la tête de Goliath, 1615-1616

Valentin de Boulogne, Saint Jean Baptiste, 1613-1614

Valentin de Boulogne, Saint Marc, 1624-1626

Valentin de Boulogne, Dans la taverne, 1625

Valentin de Boulogne, Le sacrifice d'Isaac, 1629-1632

Valentin de Boulogne, Le bouffon Raffaello Menicucci, 1627-1628

Valentin de Boulogne, Samson, 1631

Valentin de Boulogne, Le Martyre des Saints Processus et Martinien, 1629-1630

Jerusalem 

Quatrième expo,  Jérusalem au Moyen-âge. Elle est parfois un peu fourre-tout et hésite entre les aspects historique et symbolique, entre la ville réelle et la cité de Dieu fantasmée, mais elle est bien documentée, excellemment présentée, et on y admire de rarissimes objets, comme ces superbes chapiteaux ou d'exceptionnels manuscrits.


Eléments d'orfèvrerie, XIe siècle, Césarée

Bouteille avec scènes chrétiennes, XIIIe siècle, Syrie

Tissu de soie, XIIIe siècle, Péninsule Ibérienne

Plan du Temple de Jerusalem, vers 1168, Fustat (Ancien Caire)

Croix de procession, vers 1050, Terre Sainte

Les Portes de la Miséricorde, 1340, Moskowitz Rhine Mahzor

Chapiteau de Saint Thomas, vers 1170, Nazareth

Chapiteau de Saint Pierre, vers 1170, Nazareth

Chapiteau de Saint Jean, vers 1170, Nazareth

Massacre des Amalécites, Bible, 1244-1254, Paris

La Chute de Jerusalem, vers 1350 Paris

Gobelet dit de Charlemagne, XIIe siècle, Syrie ; monté au XVIe siècle à Paris

Livre des Psaumes (écrit et décoré par Arak'el ; portraits des Evangélistes par Sargis Pidzak, 1312), Monaqstère de Lazare, Taron

Livre de Choeurs des Franciscains de Bethléem

Reliquaire - triptyque de la Croix, vers 1160, Vallée de la Meuse

Le Prophète Mahomet visitant le Saint Pavillon d'Abraham, Les Portes du Paradis, Iran, 1465

Il ne me reste plus beaucoup de temps, je termine avec une petite exposition qui s'articule bien avec la précédente, sur les travaux d'Auguste Salzmann, un photographe en reportage en 1854 à Jérusalem. Il publia ses exhaustives photographies de voyage en 1856, premiers documents photographiques sur la Terre Sainte.

Auguste Salzmann, Jérusalem, 1854


Auguste Salzmann, Jérusalem, 1854

Auguste Salzmann, Jérusalem, 1854

Je sors en hâte et traverse Central Park ; aujourd'hui que je suis super-pressé,  je trouve le moyen de me tromper et de faire une boucle au lieu de tracer droit. La dernière fois que j'y suis passé, il était blanc de neige et c'est un plaisir d'y profiter des nuances de l'automne.
Ce n'est pas très difficile d'apercevoir un écureuil...

Tableau abstrait



Tristan au Met 

Ce soir, l'autre Metropolitan, l'Opéra,  donne la dernière représentation de son spectacle d'ouverture, Tristan und Isolde. Grande soirée puisque Nina Stemme chante aujourd'hui sa centième Isolde.
La nouvelle coproduction (avec Baden-Baden)  a fait couler beaucoup d'encre. Elle me laisse perplexe ; le décor, onéreux, est envahissant et parfois déconcertant, tel cet entrepôt où se termine l'acte II. Parfois on illustre bêtement : est-il utile de mettre sur scène la maison natale en flammes de Tristan quand celui-ci raconte ses malheurs ? Quant au lit d'hôpital avec la perfusion, ça a été vu mille fois.
Le décor du premier acte (photo de la production à Baden-Baden)

Stuart Skelton et Nina Stemme

Nina Stemme

C'est dommage car musicalement, on est à la fête. Asher Fisch, quoique moins célèbre que Simon Rattle qui a assuré les premières représentations, dirige avec infiniment de sensibilité un orchestre virtuose. Ekaterina Gubanova, bien plus en forme que l'an dernier à Berlin, campe une efficace Brangäne. Evgeny Nikitin cisèle avec délicatesse la partition de Kurwenal. J'ai vu plusieurs fois le somptueux Marke de René Pape, et je ne m'en lasse pas : il reste à mon avis le meilleur interprète actuel du rôle. Je m'attendais à mieux de la part de Stuart Skelton, qui se bat vaillamment contre la partition de Tristan, et qui termine vraiment éprouvé. Un chanteur qui ne triche pas, mais qui n'effacera pas mes souvenirs glorieux de Robert Dean Smith ou de Peter Seiffert, ni même de Stephen Gould dont la voix s'approche.
On sent bien que Nina Stemme a une galaxie d'Isolde derrière elle ; pour le pire (le vibrato sur les notes longues) mais surtout pour le meilleur,  l'intelligence avec laquelle elle gère le rôle, la maîtrise de la ligne de chant, la sensibilité frémissante qu'elle irradie. Une immense interprète dans un rôle qui lui va comme un gant. Chapeau bas.
Finalement, en 2016, j'aurai vu assez peu d'opéras de Wagner, mais vraiment de belles représentations, avec les Meistersinger de Paris et le Götterdämmerung de Barcelona.
Nina Stemme et Stuart Skelton

Evgeny Nikitin

Ekaterina Gubanova

Stuart Skelton

2 commentaires:

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