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mardi 21 juin 2016

28/05/2016 à Paris : Klee à Beaubourg, Rosenkavalier à l'Opéra Bastille

Paul Klee, encre. Quel talent graphique !
Les excellentes pâtisseries ne manquent pas dans ce coin de la Rue Oberkampf où je loge pour le week-end. Les maisons Lendemaine et Chantrelle fabriquent de remarquables croissants comme on n'en trouve plus guère chez nous et j'en profite pour mon petit déjeuner.

Klee au Centre Pompidou

Je file en vitesse, via le haut du Marais, vers le Centre Pompidou, où j'ai réservé une place pour l'expo Klee. Je suis ravi de cette aubaine, c'est un peintre qui m'enchante depuis longtemps. J'ai vu de belles séries de ses œuvres un peu partout mais jamais d'exposition monographique, et je m'en réjouis d'avance.

Celle-ci est bien faite, présentée chronologiquement, avec plusieurs salles thématiques (le voyage en Tunisie, les rapports avec Picasso, la guerre, notamment). On part des cahiers d'écoliers, illustrés comme dans l'ancienne pub de Guy Degrenne, et on finit avec les dernières œuvres. Le fil rouge retenu est l'ironie, ce qui ne se justifie pas avec tout ce qui est présenté, mais qui met bien en valeur l'humour qui est une constante de Klee.
L'expo confirme les talents exceptionnels de coloriste et de graphiste, ainsi que sa recherche permanente. C'est un artiste qui ne cesse d'explorer, de varier les techniques (aquarelle, huile, tempera, peinture à la colle, crayon, encre...) comme les supports (papier, carton, bois, toiles les plus diverses...), dans une quête jamais inassouvie. Il me rappelle une phrase de Stravinsky (je crois) : " On est artiste tant qu'on cherche, on cesse de l'être quand on a trouvé".
Chaque sujet d'intérêt est une occasion d'explorer de nouveaux territoires, les peintures rupestres comme les œuvres des collègues. A plusieurs reprises les tableaux sont découpées pour tenter une autre mise en perspective.
En plus, je découvre son regard acéré sur la guerre grâce à des dessins polémiques. Son "arrestation dans la rue" est un crayonné rageur et expressif, qui parle dans son économie même.
Voilà vraiment une exposition qui remplit son but, convaincre de la "grandeur" de son sujet.
J'ai pris beaucoup de photos (merci à Beaubourg qui autorise presque toujours !) et c'est difficile de retenir une sélection. Quelques highlights donc :

Paul Klee, illustration pour Candide de Voltaire

Paul Klee, Saint Germain de Tunis

Paul Klee, Avec le brun

Paul Klee, Avec les pointes brunes

Paul Klee, Jardin dans la plaine

Paul Klee, Le Cerf

Paul Klee, L'homme est la bouche du Seigneur.

Paul Klee, Série de marionnettes

Paul Klee, Marionnette n°7A

Paul Klee, Architecture picturale en rouge, jaune et bleu

Paul Klee, Sonorité ancienne

Paul Klee, Monsieur Perlenschwein

Paul Klee, Dessin sur une page du carnet de Nina Kandinsky

Paul Klee, Le Créateur

Paul Klee, La même ligne courbe conduit à une forme variable.

Paul Klee, Port mondial

Paul Klee, Collection de pierres sacrées

Paul Klee, Méchante maman

Paul Klee, Jumeaux (une réponse à Picasso)

Paul Klee, Arrestation dans la rue

Paul Klee, Fama

Paul Klee, Projet
En sortant, j'admire comme à chaque fois le panorama, et, ô surprise, je surprends sur un toit une jardinière en pleine séance d'horticulture urbaine.

Paris, toits depuis Beaubourg

Dans les salles du Centre Pompidou

Je passe à l'étage du dessous et traverse plus rapidement les salles permanentes (qui changent cependant régulièrement) ; je bénéficie aussi de l'exposition "Chers amis", consacrée à des œuvres offertes par des donateurs. Une installation dans une salle consiste en une jeune femme au milieu d'un cercle de bois recouvert de photos au format cartes postales. Je m'enhardis pour lui adresser la parole. Ce n'est pas l'artiste mais elle connaît bien les réalisations de celle-ci et elle propose des pistes pour y pénétrer. La conversation s'avère assez stimulante.

Un Derain au point de vue étonnant

Cartons de Matisse pour la chapelle de Saint Paul de Vence

Douanier Rousseau, Le Peintre et son modèle

un fascinant Kupka

toujours extraordinaire Otto Dix !
Je sors marcher un bon peu et décide de continuer vers une adresse dont on m'a parlé, le Sushi Soba Malesherbes. Le restaurant est recommandable mais ce n'est pas vraiment le bon jour. Pendant que j'y mange, une énorme détonation retentit dans les alentours. J'apprendrai plus tard que la foudre est tombée juste à côté, dans le Parc Monceau, et que plusieurs personnes, dont des enfants, sont dans un état grave.

Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la Rose) à l'Opéra Bastille

Je me dépêche de retraverser Paris, pour aller à l'Opéra Bastille.  Ce soir, Rosenkavalier, un opéra assez long de Richard Strauss, qui commence à 19.00.
J'ai vu plusieurs fois la production de Wernicke avec ses miroirs pivotants, assez astucieuse, et reposant sur l'idée que l’œuvre est elle-même un miroir du XVIII° siècle. Ca fonctionne bien et la mise en scène ne s'est jamais dénaturée dans ses reprises. Ca m'a donné l'occasion de voir de grandes maréchales (Renée Fleming et Soile Isokoski m'ont laissé de vibrants souvenirs). Je n'ai encore jamais entendu Philippe Jordan dans cet opéra et je suis assez curieux, après avoir entendu deux de ses interprétations très différentes cet hiver (Damnation de Faust et Meistersinger). Il réussit très bien cette musique viennoise et ne rate pas l'impression de temps suspendu.
La distribution est soignée, avec beaucoup d'excellents chanteurs dans des petits rôles (Martin Snell en notaire, Francesco Demuro en Ténor, Jan Stava en commissaire, Irmgard Vilsmaier en Marianne Leitmetzerin !). Le couple Valzacchi-Annina (Dietmar Kerschbaum et Eve-Maud Hubeaux) est très efficace. Martin Gantner, Faninal, montre une vraie truculence. Tout le monde n'a pas été séduit par le soprano de sa fille, Erin Morley, dont j'ai apprécié pourtant le timbre pur et l'élégance de la prestation. Peter Rose est un habitué de Ochs et en maîtrise bien les facettes, donnant à voir autre chose que du ridicule, et avec une voix solide. Un peu de lenteur parfois, mais elle ne lui incombe pas totalement.
J'espérais voir Anja Harteros en Marschallin, mais elle a été remplacée, d'abord partiellement, puis totalement, par Michaela Kaune. Ce n'est pas une chanteuse de même envergure, mais une artiste intéressante qui a mené très intelligemment sa carrière. J'ai un bon souvenir de ses Mozart d'il y a une quinzaine d'années et elle m'a vraiment séduit les dernières fois où je l'ai entendue (Jenufa à Berlin et Peter Grimes à Lyon). En Marschallin, elle met incontestablement un certain temps à chauffer la voix, qui sonne d'abord métallique, mais elle offre un moelleux et un soyeux superbes dans les fins d'acte. Et surtout, elle sait utiliser ses faiblesses avec clairvoyance, et les intègre dans le personnage. Magnifique Rosenkavalier de Daniela Sindram, elle aussi de mieux en mieux à chaque fois (et la dernière, c'était un éblouissant Adriano de Rienzi à Berlin). Encore une chouette soirée !

Francesco Demuro

Erin Morley et Peter Rose

Le fameux décor avec les miroirs dans lesquels se reflète le public

Daniela Sindram, Philippe Jordan, Michaela Kaune




Martin Gantner

Michaela Kaune

Daniela Sindram

Eve-Maud Hubeaux et Dietmar Kerschbaum


8 commentaires:

  1. Très bel article ! Les Klee sont magnifiques.
    Lotte

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  2. Remarquable article ! Visite très complète d'une remarquable exposition. Félicitations pour votre article.

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  3. Très bel article. J'avais raté l'exposition et je suis ravi de découvrir votre blog qui me donne un peu l'impression de l'avoir vue.
    Even

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