Ça fait bien longtemps que j'aurais dû publier les posts sur mes précédents week-ends, mais j'ai été aspiré par le boulot et je n'ai pas eu le temps de mettre à jour.
Donc je rattrape le retard !
Commençons par Barcelona, fin avril...
Vitalii Kowaljow assure un remplacement de grand luxe pour
composer un splendide Fiesco, à la voix riche et dense.
Fabio Sartori met beaucoup d’intensité dans Gabriele Adorno, et obtient un des plus gros succès de la soirée.
Donc je rattrape le retard !
Commençons par Barcelona, fin avril...
Les hasards de la programmation me poussent à aller à
Barcelona deux mois d’affilée, cette année. Changement de crèmerie : des
complications dans la réservation font que mon hôtel habituel n’est plus
disponible ; je me suis rabattu sur le BeRamblas. Il est également proche
du Liceu (condition essentielle), dans la carrer Nou de la Rambla que je
connais par cœur, à un pas de parking (tout aussi indispensable) mais plus
cher et moins bien. Cela tient plus de l’auberge de jeunesse que de l’hôtel.
Mais comme je ne passe pas mes journées à l’hôtel et que ce n’est qu’une
histoire de deux nuits, ça fera l’affaire.
Le but du voyage, c’est deux représentations d’un des plus
beaux opéras de Verdi, pas si souvent donné : Simon Boccanegra. J’ai vu
dans ce même théâtre une des plus belles représentations de ma vie, avec une
équipe formidable : Juan Pons, Mirella Freni, José Carreras, Nicolai
Ghiaurov. Inoubliable !
Déjeuner à La Junquera
Je suis contraint de
partir plus tard que d’habitude, du coup, nous arrivons à peine à la Junquera à
l’heure du repas ; c’est l’occasion de manger dans un bistrot sympathique
qui propose un menu à 12 € très
honorable, avec de bonnes tostadas et une vraie paella maison, copieuse et
goûteuse. Les seiches à la plancha sont aussi un régal !
Nous réussissons à
entrer à Barcelona avant les embouteillages et nous installons à l’hôtel. Des complications ont entraîné l'annulation de ma réservation dans l'adresse habituelle, nous voici donc dans Nou de la Rambla. L'hôtel est plus cher et moins bien, mais nous ne sommes pas si mal placés, à deux pas du splendide Palau Guell.
Le Palau Guell
Les cheminées du Palau Guell sont aussi remarquables que celles de la Pedrera. |
Les ferronneries sont tout aussi inventives. |
Une
petite balade dans le Barrio Gotico, un passage au Mercat de la Boqueria pour
acheter quelques tranches de bellota, ce merveilleux jambon qui est devenu une
fierté nationale, puis dans une rue au nom inusité de Xuclà où se trouve une
remarquable boulangerie… Retour à l’hôtel pour se changer et nous voilà prêts.
Premier Simon Boccanegra au Liceu
Ce soir, c’est la
« petite » distribution, qui serait remarquable dans de nombreux
théâtres. Nous ne serons pas déçus ; Giovanni Meoni chante un Boccanegra
très intériorisé, compensant une voix pas immense par un jeu tout en nuances et
beaucoup d’émotion.
Fabio Sartori, Barbara Frittoli et Giovanni Meoni. |
Giovanni Meoni aux saluts. |
Vitalii Kowaljow |
Fabio Sartori met beaucoup d’intensité dans Gabriele Adorno, et obtient un des plus gros succès de la soirée.
Quant à Barbara Frittoli, cette grande dame n’a plus l’âge
d’Amelia et elle doit faire appel à toute sa technique pour discipliner un
vibrato rebelle, mais c’est une grande artiste et elle aussi apporte une sacrée
dose d’émotion. La production sobre propose un Boccanegra contemporain, et
Massimo Zanetti dirige avec sensibilité et un réel sens du phrasé un orchestre
plein de couleurs. C’est vraiment une très belle soirée.
San Jordi à Barcelona
Le lendemain, petit déjeuner dans une petite adresse bio, au bout de Xuclà. Les pâtisseries y sont délicieuses.
Nos
projets de visite sont mis à mal ; c’est la San Jordi, une des principales
fêtes religieuses de Catalogne, jour férié apparemment. La vieille ville est
noire de Barcelonais en promenade et l’ambiance est bon enfant.
Partout on trouve des
stands qui vendent pour 3 € le bouquet de la San Jordi, une rose rouge et un
épi de blé. Certains sont tenus par des associations caritatives, d’autres
simplement par des quidams espérant se faire trois sous (c’est le cas de le
dire). Même les emplettes sont difficiles, compte tenu du nombre de magasins
fermés.
La cathédrale semble un haut lieu de rassemblement. Difficile d'aborder les marches du parvis.
Plusieurs représentations de l'histoire de Saint Georges (San Jordi en catalan) se déroulent dans la rue.
Plusieurs représentations de l'histoire de Saint Georges (San Jordi en catalan) se déroulent dans la rue.
Déjeuner chez Mino
Nous arrivons cependant à déjeuner chez Mino, toujours une excellente
adresse : sa salade niçoise est pleine de fraîcheur et le riz au lard un
vrai délice. Une cuisine authentique, qui ne triche pas avec les produits, comme la dernière fois.
Deuxième Simon Boccanegra au Liceu
La représentation du
soir est un événement : on fête le 50e anniversaire des débuts
de Placido Domingo au Liceu ! Pour l’occasion, on a édité un programme
spécial qui retrace les étapes de ce chanteur « fenomeno ». Je pense
que c’est pour lui qu’on a repris Boccanegra, le premier rôle de baryton choisi
dans sa deuxième carrière, devenu un point central de son répertoire.
Le volume n’est plus
ce qu’il était, c’est évident avec un chanteur de 75 ans. Le moelleux de la
voix non plus, mais le timbre demeure une vraie signature vocale, et l’acteur
qu’il a toujours été sait encore
distiller l’émotion. Et il se tire plus qu’honorablement de la scène si
difficile « Ecco le plebi ».
Autour de lui un
magnifique Fiesco, Ferruccio Furlanetto, voix de bronze et legato à se damner,
un Ramon Vargas qui assure dans Adorno (moins brillant que Sartori la veille
cependant).
Davinia Rodriguez m’est inconnue, et annoncée à grand fracas en
Amelia. Elle chante Lucia di Lammermoor et Adina de l’Elisir d’amore, rôles
bien plus légers, et ça se sent. Je la trouve bien minaudière dans le rôle et
ses sons fixes ne m’enthousiasment guère ; le public qui l’acclame avec
enthousiasme paraît d’un avis différent.
Un bon Paolo, encore, avec Elia
Fabbian.
La représentation
s’achève avec la remise d’un trophée au señor Domingo pour l’anniversaire.
Discours de rigueur et salle debout, qui ovationne longuement un de ses
chanteurs chéris, un vrai héros qui lui a offert tant de moments inoubliables.
Et je suis de ceux-là, la larme à l’œil, tout ému et tout content d’assister à
ce grand moment.
Le Liceu, c’est sans
doute pour moi le théâtre qui sait le plus rendre hommage aux chanteurs, à leur
faire de vraies fêtes. Je me rappelle des soirées historiques avec des rappels
pendant une heure, des gens qui jetaient depuis le 5e pis, tout en
haut du théâtre, des papiers spécialement imprimés avec des « Alfredo on
t’aime » pour l’inoubliable Kraus.
Il faut attendre bien
plus longtemps que la veille à la sortie des artistes mais tous sont charmants
et patients, et Placido signe pendant presque une heure avec un mot gentil pour
chacun.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.