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lundi 28 mars 2022

Vienne, Albertina : Exposition Amedeo Modigliani (2)

Après le premier volet,  un deuxième article sur la belle exposition Modigliani à l'Albertina de Vienne, avec encore des caryatides et de beaux portraits.

Caryatides

 

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Large buste rouge, 1913

Dans un groupe de toiles de plus larges dimensions, Modigliani poursuit son étude de caryatides, prévues pour être incorporées dans un Temple de la Volupté. Parmi ses inspirations, on a proposé la polychromie des temples antiques, sujet très largement discuté au XIXe siècle, la sculpture étrusque ainsi que l'influence de Matisse, alors en plein fauvisme. 


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide avec un vase, ca. 1914

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide, 1914

Le cartel signale la différence avec les influences africaines chez Picasso (ses Demoiselles d'Avignon, entre autres) alors que ça me semble très perceptible dans le traitement de ces visages, notamment des yeux.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide rose, 1913

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide, ca. 1913

L'influence de Brancusi


Vienne, Albertina : Constantin Brancusi, Mademoiselle Pogany I,  1913

Entre 1909 et 1914, Modigliani et Brancusi travaillent côte à côte à Montparnasse. On a vu dans le volet précédent que c'était le sculpteur roumain qui avait instauré la taille directe chez l'artiste italien.

Brancusi, arrivé à Paris en 1904 pour étudier la sculpture à l'Académie des Beaux-Arts, était entré dans l'atelier d'Auguste Rodin, une ruche bourdonnante d'une cinquantaine d'assistants. Mais c'est l’œuvre sculpté de Gauguin qui avait particulièrement marqué l'artiste roumain. Au départ, il conservait les traces de ciseau sur la pierre brute, mais choisit ensuite les surfaces polies en cherchant les reflets "qui donnaient une impression d'infini".

L'art khmer joua aussi un grand rôle dans sa formation, comme pour Modigliani. Son buste de la peintresse hongroise Margit Pogany est une de ses œuvres fondatrices.


Vienne, Albertina : Constantin Brancusi, Dame au peigne, ca. 1912

On connaît moins Brancusi peintre. On mesure bien ici le chemin vers l'abstraction tout en conservant l'élégance d'un profil.


Vienne, Albertina : Constantin Brancusi, Etude pour Le Premier Pas, 1913

Retour à la peinture


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Raimondo, 1915

En 1914, le marchand Paul Guillaume décide de prendre en charge les ventes de Modigliani et le pousse à peindre à nouveau.

C'est le début d'une grande époque de portraits, où se mêlent commanditaires, anonymes et amis. Ici l'artiste transpose ses recherches en sculpture, réemployant même des esquisses préparées pour ses pièces sculptées. 

Vienne, Albertina : Tête-reliquaire, Fang, XIXe siècle
 

 Le cou démesurément allongé provient des figures cycladiques mais aussi des têtes Fang, une culture du Gabon.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Baranowski, 1915

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Portrait de jeune femme (Louise), 1915

Ses portraits sont construits à partir de courbes simples ; le visage est volontiers circulaire ou ovale, qui rappelle un masque.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Portrait de jeune femme, 1915

Comme dans Les Demoiselles d'Avignon, Modigliani opte rapidement pour des yeux en amande sans pupille. Le gris métallique, voire le bleu, sont repris de l'un à l'autre tableaux.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide à genoux (Anna Akhmatova ?), 1911

Reprise de caryatide pour ce portrait, qui pourrait bien être celui de la grande poétesse russe Anna Akhmatova.

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Caryatide à genoux, ca. 1911

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Diego Rivera, 1914

Les amis peintres se prêtent au jeu du modèle pour Modigliani ; beaucoup sont aussi des étrangers venus découvrir l'art de la ville lumière, comme Diego Rivera, le Mexicain arrivé à Paris en 1909.


Vienne, Albertina : Pablo Picasso, Pierrot se maquillant, 1905

Le monde du cirque, les comédiens itinérants sont un des sujets célèbres du jeune Picasso, qui va aussi retenir Arlequin ou Colombine dans ces personnages de la Commedia dell'Arte.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Autoportrait en Pierrot, 1915

L'influence est ici évidente.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Pierrot à la fraise, ca. 1911

Plus que dans ce dessin tracé d'un crayon léger.


Vienne, Albertina : Pablo Picasso, Tête de femme, 1908

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Beatrice Hastings, 1915
 

Beatrice Hastings, une journaliste qui dépeint dans ses colonnes la société parisienne, devient la maîtresse du peintre, brève aventure passionnée avec que celui-ci ne rencontre la femme de sa vie, Jeanne Hébuterne.

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Constant Lepoutre, 1917

Lepoutre est un marchand d'art qui aide financièrement Modigliani. Lorsque ce dernier réalise son portrait, c'est lui qui choisit la tenue du modèle, des vêtements de travail (veste jaune et chapeau noir).

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Chaim Soutine, 1916

La couleur intense, aux oranges vibrants que le fauvisme magnifie alors, s'impose dans les portraits.

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, 1915

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Hanka Zborowska, 1918

Hanka (ou Anna, version française) Zborowska est une Polonaise, mariée au marchand d'art Zborowski. Très impliquée dans ce commerce, elle le pousse vers les peintures de Kisling et de Modigliani. Elle deviendra une amie proche de Modigliani et de sa compagne Jeanne Hébuterne, s'occupant volontiers de celle-ci et de leur bébé.

C'est une des femmes les plus représentées dans l’œuvre de Modigliani avec une quinzaine de portraits.

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Mme Hastings, 1915

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Beatrice Hastings, 1914


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Max Jacob, 1916
 

Max Jacob, peintre, poète, dadaïste, surréaliste... dans les années 1915, il fait partie du groupe d'amis de Modigliani.


Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Jeune Homme au chapeau, 1918

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Max Jacob, 1915

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, La Jeune Pâtissière, 1916

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, Le Comte Wielhorski, 1916

Vienne, Albertina : Amedeo Modigliani, La Jeune Lolotte, 1918


Je n'ai pas beaucoup d'informations sur cette Lolotte-là. Je me demande s'il s'agit de la même que celle d'un fameux portrait avec un chapeau, une sorte de Gavroche au féminin. J'ai trouvé une indication sur la seconde, " une des innombrables filles, la plupart de province, qui se rassemblaient dans le quartier des artistes à la recherche de sensations fortes et de nouvelles manières de vivre" sur Pinterest. Je la livre avec la prudence qui s'impose.

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