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samedi 20 janvier 2018

Paris : Musée Cognacq-Jay et Un Ballo in Maschera (Un Bal Masqué) à l'Opéra Bastille



Quand j'arrive à la gare d'Aix-TGV, je découvre une montagne Sainte-Victoire déguisée en volcan.

Trajet tranquille dans une France pluvieuse.



Arrivé à la Gare de Lyon, dont le parvis accueille une exposition de photographies d'Irving Penn, je constate qu'il ne pleut pas. Du coup, je gagne l'hôtel à pied.

Je loge cette fois au Campanile de Bastille, cadeau de mes parents. Me voici tout proche de l'Opéra pour ce soir.

Ma chambre n'étant pas prête, je vais déjeuner à côté.

Déjeuner au Thai Imperial 



Ce petit restaurant asiatique du boulevard Beaumarchais figure dans mes adresses depuis très longtemps. Menu classique, mais tout y est bon et pour 10 €, difficile d'obtenir mieux.


Aujourd'hui, outre mes habituels nems et beignets de pomme, je prends le filet de poisson au basilic.


Quand je ressors, la tempête fait rage. Pluie vigoureuse et rafales sauvages me trempent en une minute.

Je maintiens cependant mon programme, sans grande gloire, le musée que j'ai prévu se trouvant à quelques minutes.

Le Musée Cognacq-Jay 


Musée Cognacq-Jay

Je crois avoir visité en tout et pour tout quatre fois ce joli musée du Marais, et la dernière remonte bien à sept ou huit ans. C'est un établissement tranquille, aux collections très agréablement présentées dans un hôtel particulier.

Le fondateur de la Samaritaine, M. Cognacq et son épouse Louise Jay, étaient fous de XVIIIe siècle et ont amassé peintures, sculptures, objets de vitrine, meubles. L'ensemble a donc une cohérence et donne une bonne impression du goût de l'époque.
L'ensemble a ensuite été légué à la Mairie de Paris.

Bien que ce soit un musée gratuit, on y voit rarement de foule...

Musée Cognacq-Jay, Nattier, Marie-Geneviève Boudrey

Un portrait par Nattier. Ce que rouge aux joues veut  dire.

Musée Cognacq-Jay, cheminée

Musée Cognacq-Jay,

Musée Cognacq-Jay, Mémorial de Marie-Antoinette

Très bizarre assemblage avec médaillons et buste de Marie-Antoinette, réalisé sous la Restauration. Le musée fait appel aux dons pour sa restauration, sans majuscule.

Musée Cognacq-Jay, sculptures

L'avantage des musées dans des hôtels particuliers, c'est que les petites salles donnent tout de suite un sentiment d'intimité. Tout à fait adapté aux nombreux petits formats exposés ici.

Musée Cognacq-Jay, Élisabeth Vigée-Lebrun, Danseuse italienne

Vivante Danseuse italienne d'Élisabeth Vigée-Lebrun.

Musée Cognacq-Jay, Jeanne-Louise Vallain, Jeune femme à l'agneau

Jeune femme à l'agneau, de Jeanne-Louise Vallain, une de ces nombreuses artistes talentueuses qui peinèrent à accéder à la notoriété.

Musée Cognacq-Jay, Objets de vitrine

Lunettes, horloges, tabatières, boîtes... Toute la gamme des objets de vitrine.

Musée Cognacq-Jay, Objets de vitrine

Musée Cognacq-Jay, Objets de vitrine

Nécessaire à couture dans une boîte émaillée qui semble annoncer Fabergé, pommeaux de canne en or...

Musée Cognacq-Jay, Objets de vitrine

La boîte comme objet personnel est quasiment une invention du XVIIIe siècle. Un des modèles les plus célèbres est la petite boîte plate (à droite, couvercle bleu) qui conserve les mouches, ces pièces de tissu que les élégantes se plaçaient sur le visage pour faire ressortir le teint. On voit aussi un exemplaire avec un biscuit de Wedgwood, cette nouveauté qui envahit alors toute l'Europe.

Musée Cognacq-Jay, Miniatures

Après des siècles de grand format, la peinture devient minuscule.

Belle série de miniatures sur ivoire.

Musée Cognacq-Jay, Miniatures

Musée Cognacq-Jay, Jean-Frédéric Schal (?), L'amour frivole

L'amour frivole, un de ces tableaux gentiment coquins qui suggéraient beaucoup plus qu'ils ne montraient. L'attribution actuelle le donnerait à Jean-Frédéric Schall.

Musée Cognacq-Jay, Boilly, Le départ précipité

Une série de Boilly, plus ou moins dans la même veine. Le départ précipité, un tableau qui ne manque pas d'humour. Tout est dans le rapport entre le titre et le hors-champ.
Je trouve que cette peinture de genre, souvent suggestive, inaugure le titre des peintures comme valeur ajoutée. Jusqu'à présent le titre était soi absent, soit descriptif, soit bêtement illustratif, soit faiblement informatif. A ce moment, le titre devient un élément du tableau, une clef pour le décrypter. Il faudra un moment pour retrouver un rôle semblable du titre. Victor Hugo est parfois très habile avec ses titres de peintures, mais c'est  Magritte qui y a  mis du génie !

Musée Cognacq-Jay, Boilly, La descente d'escalier

La descente d'escalier, très joli petit tableau avec une lumière très travaillée.

Musée Cognacq-Jay, Boilly, L'Indiscret.


Musée Cognacq-Jay, Michel-Barthélémy Ollivier, La Partie de dames

Dommage que la composition ne soit pas plus expressive.

Musée Cognacq-Jay,

Musée Cognacq-Jay, Étienne Jeaurat, Le Marchand d'orviétan

 Le thème de la visite du médecin, ou du charlatan, a souvent été abordé par les Hollandais du siècle précédent. L'orviétan était un prétendu antidote né de la fertile imagination d'un certain Jérôme Ferrante, supposé natif d'Orvieto, d'où le nom de cet article qui enrichit nombre d'escrocs.

Musée Cognacq-Jay, W. J. Laquy, La Marchande de rubans.

D'un certain W. J. Laquy, La Marchande de rubans. Que d'occupations pour une noble dame ! C'est certain, la coiffure n'a pas été achevée en cinq minutes...

Musée Cognacq-Jay, petite table

Musée Cognacq-Jay, Guardi, Vedute

La salle des vedutistes vénitiens compte une large série de délicieux Guardi en petit format.

Musée Cognacq-Jay, salle des vedutistes

Musée Cognacq-Jay, salle des vedutistes

Musée Cognacq-Jay, Chardin, Nature morte au chaudron de cuivre

Le seul Chardin présenté, une exquise nature morte comme toujours.

Musée Cognacq-Jay, Tiepolo, Le Festin de Cléopâtre

Un Tiepolo fameux, Le Festin de Cléopâtre qui rappelle vivement les villas vénitiennes de la Brenta.

Musée Cognacq-Jay, boîtes

Boîtes en minéraux colorés. Depuis Tsarskoie Selo, j'identifie l'ambre sans peine !

Musée Cognacq-Jay, Rosalba Carriera, Jeune fille

Une autre artiste à la brillante carrière, Rosalba Carriera, qui s'est fait connaître par la délicatesse de ses pastels. Elle vint en France et rencontra Watteau, chacun faisant le portrait de l'autre.

Musée Cognacq-Jay, salle ronde

Musée Cognacq-Jay, Porcelaines de Saxe

Je ne suis guère fan de ces "porcelaines de Saxe" proverbiales, en fait des Meissen, mais je ne nie pas la qualité du travail.

Musée Cognacq-Jay, Rembrandt, L'ânesse de Balaam

Un tableau qui sort des limites chronologiques du musée, mais un Rembrandt. De jeunesse, méconnaissable par ce trait précis et cette pâte brillante. Thème biblique très rare, L'ânesse de Balaam. Rembrandt illustre le moment où l'animal se retourne pour parler à Balaam.

Musée Cognacq-Jay, Leprince, La Sultane

Leprince peint  souvent avec cette palette acide.

Musée Cognacq-Jay, Leprince, Joueur de balalaïka

L'exotisme est parfois européen : Leprince, encore lui, a peint ce Joueur de balalaïka.

Musée Cognacq-Jay,bonheur-du-jour

Musée Cognacq-Jay, Chinoiseries

Chinoiseries. Un thème qui fit longtemps fureur.

Musée Cognacq-Jay, Hubert Robert, L'Abreuvoir

Hubert Robert inaugure la série sur le goût de l'antique.

Musée Cognacq-Jay, Hubert Robert, L'Accident

Etonnant tableau ! Un ouvrier chute depuis un temple à colonnes. Le peintre fige l'instant.

Musée Cognacq-Jay, sculptures

Musée Cognacq-Jay, Clodion, Faune

Un Faune de Clodion, minutieusement ouvragé, plein de mouvement.

Musée Cognacq-Jay, rampe d'escalier

Musée Cognacq-Jay, Greuze, Tête de jeune fille

Greuze et son sentimentalisme un peu mièvre. Un peu mieux que certaine peinture de la Wallace Collection, tout de même.

Musée Cognacq-Jay, Lit à la polonaise

Lit à la polonaise avec son dais. Un bon moyen pour garder la chaleur dans ces demeures au chauffage incertain.

Musée Cognacq-Jay, anonyme, Enfant au Polichinelle

Cet Enfant au Polichinelle n'est toujours pas attribué. Période où les enfants deviennent un sujet. Bouille pleine d'innocence et joues rouges deviendront vite un stéréotype.

Musée Cognacq-Jay, William Artaud, Les Enfants déguisés

William Artaud, Les Enfants déguisés. Un peu plus de malice dans les expressions, me semble-t-il.

Musée Cognacq-Jay, Quentin de la Tour, Autoportrait

Salle de portraits. On voit, en bas, l'autoportrait de Quentin de la Tour avec son sourire goguenard.

Musée Cognacq-Jay, Reynolds, Portrait de Robert Henley

Pâte vigoureuse chez Reynolds.

Musée Cognacq-Jay, Quentin de la Tour, Portrait d'homme au gilet bleu

Une autre belle réussite de Quentin de la Tour. Je suis toujours bluffé par l'impression de proximité qu'il crée avec ses modèles.

Musée Cognacq-Jay, Salle des Boucher

Musée Cognacq-Jay, Salle des Boucher

Musée Cognacq-Jay, Boucher, Portrait présumé de Marie-Emilie Baudouin

Marie-Emilie Baudouin était la fille du peintre.


Musée Cognacq-Jay, Adélaïde Labille-Guiard, Portrait présumé de la comtesse de Maussion

Adélaïde Labille-Guiard a montré son talent dans ce beau portrait, très différent de celui de Toulouse.

Musée Cognacq-Jay, Vigée-Lebrun, La Vicomtesse de Mirabeau


Musée Cognacq-Jay, Miniatures

Musée Cognacq-Jay,Grenier

Musée Cognacq-Jay,cour

En sortant, la pluie s'est arrêtée. Je poursuis ma promenade.


L'église des Blancs Manteaux



A la fin du XIVe siècle, Saint Louis établit ici un ordre mendiant, les Serfs de la Vierge. Les manteaux immaculés des religieux laissèrent leur nom au quartier.


L'église fut reconstruite au XVIIe siècle, et la nef lumineuse montre la rigueur des édifices religieux de l'époque.


Étonnante chaire flamande.


Audran, La distribution des pains

 Le Christ est à droite, ce qui s'avère plus rare, me semble-t-il. Ces tableaux sont généralement construits avec une pyramide à gauche. Présence également inusitée d'un personnage qui nous regarde.


Imposant buffet d'orgues, encore du XVIIIe.



Je n'ai jamais prêté attention à ces colonnes doriques !

Je tente de récupérer mon sac au Rayon d'Or (voir épisodes précédents), mais c'est raté. Un mois et demi après mon dépôt, il n'est toujours pas revenu.

Tant pis. Pause café au Bataclan pour me remettre.



Je reviens m' installer à l'hôtel.


Je ne traîne pas exagérément, je ne tiens pas à être en retard à l'Opéra. En, plus, c'est un Verdi que j'aime beaucoup, et auquel je n'ai plus assisté depuis la représentation au Mikhailovsky de Saint-Petersbourg.

Un Ballo in Maschera (Un Bal Masqué) à l'Opéra Bastille


Une production inégale


Simone Piazzola et Nina Minasyan

Datant de 2007, la production de Gilbert Deflo nous plonge dans une noirceur uniforme et bien sinistre, tant dans les décors que les costumes. La robe rouge d'Ulrica illumine un peu tout cela, heureusement. Le décor reste sobre et chic, centré sur des symboles américains, le pygargue tout particulièrement qui orne le trône de Riccardo. C'est bien la version bostonienne qui est montrée  ici et non l'original suédois que souhaitait Verdi.
Malheureusement la direction d'acteurs fait défaut, et les chanteurs se retrouvent livrés à eux-mêmes. S'ils sont bons comédiens, c'est tant mieux. Sinon... Les chœurs se retrouvent souvent alignés sagement, sans participer à l'action.

Une distribution solide


Le Français  Bertrand de Billy dirige avec précision, choisissant des tempi très mesurés. L'orchestre du bal est vraiment sur scène, ce qui n'est pas si fréquent.
Les excellents Marko Mimica  (récent Publio de La Clemenza di Tito) et Thomas Dear (dernièrement vu dans le Prophète) sont des Samuel et Tom tout à fait idoines, ainsi que le toujours prometteur Mikhail Timoshenko, excellent à chaque fois que je le vois (récemment dans Wozzeck et Rigoletto, puis  Don Carlos).

Varduhi Abrahamyan

Varduhi Abrahamyan n'est pas vraiment la contralto qui me semblerait idéale pour Ulrica, (Olga était plus adaptée à son timbre) mais l'élégance de son médium et son aisance scénique ne nuisent pas.

La Russe Nina Minasyan est un ravissement. Tout à fait crédible en Oscar, elle charme l'oreille par son piquant et la grâce de ses aigus fruités, la voix restant colorée sur toute la tessiture. Un vrai plaisir.

J'avais découvert Simone Piazzola à Berlin, dans une Traviata dirigée par Barenboim, et sa prestation m'avait séduit. Son Renato met en valeur un aigu  solide et une belle ligne de chant, mais ce soir il semble avoir quelques difficultés à timbrer son registre grave. La voix paraît aussi moins projetée que celle de Sondra Radvanovsky, ce qui se ressent plus nettement dans les deux affrontements.

Simone Piazzola et Sondra Radvanovsky

Je n'ai jamais été déçu par Sondra Radvanovsky, et sa Maria Stuarda du Met m'avait enchanté. C'est une vraie soprano verdienne, capable de pianissimi impalpables dans son Morrò ma prima in grazia comme de puissance dans ses aigus. Elle se sert avec intelligence de sa variété des couleurs pour exprimer tous les états d'âme complexe d'un personnage qui évolue tout au long de l'ouvrage. Grandiose !

Piero Pretti

Son Riccardo, Piero Pretti, montre des progrès à chaque fois que je l'entends. Après son Edgardo avec le Regio di Torino, le voilà mesuré avec un des rôles les plus consistants du répertoire verdien. Des ensembles multiples et variés, quatre airs très différents, avec des aigus solides à afficher, des sauts prodigieux, une dynamique variée à tenir. Il ne démérite pas grâce à la clarté de son timbre, son style élégant, et il sait apporter l'émotion attendue. C'est un chant à la Bergonzi plus qu'à la del Monaco, très soigné, couronné d'aigus glorieux bien placés.  Du très beau travail.

Simone Piazzola

Sondra Radvanovsky


Mikhail Timoshenko

Bertrand de Billy

Thomas Dear


Marko Mimica

avec Simone Piazzola

avec Sondra Radvanovsky
avec Nina Minasyan et Piero Pretti

6 commentaires:

  1. Superb post with your beautiful pics and your so interesting texts.
    Thanks!
    Annie

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    Réponses
    1. Très bien, ton article. C'est une bonne idée d'attirer l'attention sur ce beau musée peu visité.
      Bises et à demain
      Nicole

      Supprimer
    2. Merci pour ton commentaire.
      A demain !

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  2. Un beau musée trop peu visité. Merci pour votre article qui répare une injustice.
    Alice

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