Promenade : le quartier du Temple
Je profite de la proximité de l'hôtel pour me rendre jusqu'au Carreau du Temple, ancien marché couvert reconverti, comme d'autres dans Paris, en lieu culturel. Actuellement s'y tient le
Salon d'Art Contemporain Africain, où je ne pénètre pas, et une expo de grands portraits de Bruce Clarke, assez attirants par leur hyper-réalisme retravaillé.
Un passage sur le jardin public, bordé par une sorte de castel avec tourelle, et dans lequel des Chinois jouent au ping-pong avec ferveur.
Ma promenade me conduit au musée d'art et d'histoire du Judaïsme, un des nombreux hôtels particuliers du Marais reconvertis, et dont les expositions sont toujours intéressantes. Celle consacrée aux peintures de l'immense compositeur Arnold Schoenberg le vérifie. J'ai plusieurs fois vu ses œuvres picturales exposées à Vienne, mais une exposition complète apportera toujours un autre regard et la comparaison enrichit toujours la réflexion. Les photos étaient hélas interdites.
Déjeuner au Shabu-Sha
J'avais beaucoup aimé
le shabu shabu au Japon.On m'a recommandé un restaurant spécialisé dans cette espèce de fondue version japonaise, récemment ouvert,
Shabu-Sha, et j'ai hâte de le tester. On choisit son bouillon, sa sauce, on laisse la marmite frémir sur la table chauffante, et on n'a plus qu'à se servir parmi les assiettes qui défilent sur le tapis roulant, comme c'est parfois le cas avec les sushis (il y en a d'ailleurs quelques-uns qui passent). On n'est pas limité en nombre d'assiettes, et le choix est tel (une trentaine de variétés) qu'il est difficile de tout goûter. Pour 18€, c'est excellent, très digeste, et on sort repu.
Au Grand Palais : l'art mexicain
Je prends le métro à Strasbourg-Saint Denis pour Franklin Roosevelt, afin de gagner le Grand Palais. Je me félicite d'avoir pris le coupe-file qui me permet d'entrer sans attendre.
L'exposition sur l'art mexicain présente essentiellement des peintures, de la fin du XIXe siècle aux années 50. Le nom de Frida Kahlo est abusivement mis en avant, car il n'y a que six œuvres de la dame présentées. Cela ne me gêne nullement, je ne suis pas du tout fan de son art, et j'ai toujours eu l'impression que sa biographie et sa personnalité étaient bien plus cause de sa popularité que ses qualités artistiques. Ses autoportraits, en particulier, me semblent répétitifs.
En revanche, les nombreuses œuvres de Diego Rivera exposées confirment son talent, ses recherches, son évolution.
Beaucoup des artistes présentés me sont inconnus, et j'en découvre de réellement talentueux, comme Montenegro ou Siqueiros. On n'est pas en terre inconnue et on sent que l'art mexicain a été perméable aux différents courants artistiques : tel dessin à l'encre rappelle Aubrey Beardsley, tel portrait évoque Van Dongen, telle mise en scène du travail est comparable aux affiches russes des années 20. Une élégante peinture embrumée me fait penser à certains Nabis. Le cubisme, le surréalisme, l'art naïf sont également présents. L'exposition insiste judicieusement sur plusieurs thèmes, le rôle de la révolution, la place des femmes, l'introduction du peuple en tant que sujet. J'ajouterai la constante de la couleur, parfois exacerbée, et la proportion, somme toute étonnante, des grands formats.
Et ce n'est pas un mal de rappeler l'attraction exercée par le Mexique sur nos artistes français, tels que Jean Charlot, Artaud ou Breton.
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Roberto Montenegro, Allégorie de la mort |
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Roberto Montenegro, Vulnerat omnes ultima necat |
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Roberto Montenegro, Le Masque |
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Julio Ruelas, La Dompteuse |
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Diego Rivera, Promenade des Mélancoliques |
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José Maria Jara, La Veillée funèbre |
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Saturnino Herran, Allégorie du travail |
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Roberto Montenegro, Ville dans la brume |
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Ignacio Rosas, Notre Dame de Paris |
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Angel Zarraga, Petite fille aux fruits |
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Diego Rivera, Portrait de Ramon Gomez de la Serna |
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Angel Zarraga, La Footballeuse |
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Roberto Montenegro, Paysage zapatiste |
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Nahul Olin, Autoportrait en étudiante à Paris |
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Diego Rivera, Adolfo Best Maugard |
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Francisco Diaz de Leon, Indiennes un jour de marché |
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Alberto Garduno, Le Sarape rouge |
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Ramon Cano Manilla, Indienne d'Oaxaca |
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Carlos Merida, La Fille à la perruche |
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Diego Rivera, La Molendera |
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Jose Clemente Orozco, Paysage de pics |
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Jose Clemente Orozco, Fosse commune |
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Jose Clemente Orozco, Tête fléchée |
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David Alfaro Siquieros, Autoportrait |
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David Alfaro Siquieros, Mère prolétarienne |
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David Alfaro Siquieros, Notre image actuelle |
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Diego Rivera, Vendeuse d'arums |
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Olga Costa, La Marchande de fruits |
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Julio Castellanos, Chirurgie maison |
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Lola Cueto, Danseurs indiens (broderie en soie) |
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Francisco Zuniga, Groupe de femmes |
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Olga Costa, Autoportrait |
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Rosa Rolanda, Autoportrait |
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Dr. Attl, Nahul Olin |
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Maria Izquierdo, L'Enfant indifférente |
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Maria Izquierdo, Rêve et pressentiment |
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Frida Kahlo, Autoportrait |
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Frida Kahlo, Autoportrait |
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Frida Kahlo, Soleil et vie |
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German Cueto, Masque |
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Miguel Covarrubias, Gershwin, Un Américain à Paris |
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Francisco Eppens, Constructeurs |
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Dr Attl, Le Rayon sur la vague |
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Miguel Covarrubias, Staline |
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Miguel Covarrubias, Hitler |
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David Alfaro Siqueiros, Le Feu |
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Leonora Carrington, Green tea |
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Wolfgang Paalen, Toison d'or |
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Alice Rahon, La ballade de Frida Kahlo |
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José Clemente Orozco, La Fête des instruments |
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Mathias Goeritz, Sans titre |
Une pause à la maison Pradier et son délicieux chocolat chaud avant de repartir vers Bastille. Pour une fois, je ne craque pas pour leur produit vedette, l'éclair au chocolat qui leur a valu un prix.
Le passage place de la République, et plus encore sur croisement des boulevards Richard Lenoir et Voltaire, est compliqué. Un an après les tragiques attentats, ce quartier du Bataclan attend des commémorations et il est bouclé.
Opéra Bastille : Les Contes d'Hoffmann
Ce soir, à Bastille, un de mes opéras favoris,
Les Contes d'Hoffmann. Jonas Kaufmann, qui devait chanter le rôle titre, est hélas victime d'un hématome sur les cordes vocales, et on sait depuis un bon mois qu'il est remplacé. Je passe cependant, grâce à une bonne conjonction de talents, une excellente soirée. D'abord, la production est celle de Robert Carsen, un classique de Bastille comme celle du
Rosenkavalier, et qui reste pour moi une des meilleures : elle fait vraiment le lien entre les différentes parties et le thème même de l'œuvre, en nous promenant dans les différents lieux d'un opéra, et sa fin est bouleversante. Philippe Jordan dirige avec probité et toujours ce souci de faire ressortir les petits détails de la partition, comme ce "langueur" mis en avant dans le chœur initial. Dans cet opéra inachevé sans cesse complété au fur et à mesure des découvertes, chaque représentation s'enrichit de petites différences et c'est un vrai régal.
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Doris Soffel et Cyrille Lovighi |
Malgré la défaillance de Jonas, la distribution est solide : seconds rôles efficaces, si importants dans cette œuvre de troupe, notamment le Crespel de Paul Gay et le valet de luxe de Yann Beuron. Et quel plaisir de retrouver une grande dame comme Doris Soffel, qui donne tout son poids au trio de la mère.
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Nadine Koucher et Yann Beuron |
La voix de Nadine Koutcher, excellente Traviata à Berlin, est sans doute trop étoffée pour Olympia, mais elle interprète avec goût et virtuosité "
Les oiseaux dans la charmille". Elle sera évidemment largement félicitée aux saluts.
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Ermonela Jaho et Roberto Tagliavini |
Ermonela Jaho, bien plus sobre qu'avant, figure une poignante Antonia. Elle interprète le trio en montrant à la fois la qualité de la voix et le dramatisme de la malade sur le point de mourir, joli tour de force.
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Paul Gay et Kate Aldrich |
Kate Aldrich tire le maximum de Giulietta, rôle sacrifié et sans air. Je l'ai entendue plus en voix dans beaucoup d'autres rôles, je ne suis pas certain que ce sera une date exceptionnelle de sa carrière. Mais bravo pour ses progrès en français !
Roberto Tagliavini méritait mieux que le Ferrando du
Trovatore, et il dévoile de nombreuses qualités en diable : français parfait, voix égale, sonore et longue, endurance dans ce long rôle. Il lui manque un peu plus de panache dans l'incarnation, et de phrasé, mais c'est un bel artiste justement applaudi.
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Roberto Tagliavini et Ramon Vargas |
Ramon Vargas (
entendu en mars à Barcelona) n'a assurément pas la même qualité de diction, et les tensions du rôle le mettent parfois à la peine, d'où de petits problèmes de justesse et, à quelques reprises, de coloration de l'aigu. Mais, franchement, il sort avec les honneurs d'un des rôles les plus éprouvants, les plus longs, les plus exigeants de tout le répertoire.
A mon avis, la triomphatrice de la soirée reste Stéphanie d'Oustrac, impeccable de diction, de style, d'émotion distillée. Pourtant, lointaine est l'époque où le rôle se limitait aux couplets du coq. Les airs retrouvés, "
Vois sous l'archet frémissant" et la scène de la muse sont magnifiques et valent un succès largement mérité. Je suis très heureux pour Stéphanie, que je suis depuis quasiment ses débuts, et dont la carrière a enfin la reconnaissance qu'elle mérite.
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Ramon Vargas |
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Kate Aldrich |
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Ermonela Jaho |
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Avec Nadine Koutcher
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Merci de nous faire découvrir ces œuvres inconnues ! Article parfait.
RépondreSupprimerClaire
Merci Claire !
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