Après la première partie de la visite du Musée Archéologique d'Olympie, voici la seconde.
Deux belles petites statues de bronze pour commencer ce second article, toutes deux du Ve siècle avant notre ère.
La première fut réalisée en
Laconie, mais on a des doutes sur l'identité du monsieur. Un berger, un chasseur, Hermès ? Il est nu, seulement vêtu de chaussures hautes, c'est peu. Et peu aussi pour l'identifier !
Le second est plus reconnaissable : Zeus, dans sa représentation archaïque m'informe le cartel. Pour moi, depuis
ma visite au Musée Archéologique d'Athènes, je reconnais ici Zeus Keraunios (ou Keraunos, apparemment les deux existeraient).
Tous ces objets furent trouvés dans l'atelier de Phidias où il réalisait la prodigieuse statue de Zeus. Parmi elles, la coupe où Phidias avait inscrit son nom. Exactement comme une inscription sur un verre pendant une soirée. Émouvant objet, qui me donne l'impression d'une communication brève avec ce grand artiste. Les objets du quotidien portent toujours le vécu.
Autre objet bien rarement vu, toujours provenant du même atelier : les moules qui servaient à la fabrication de détails sur la statue immense, hélas disparue. Je rappelle que cette représentation de Zeus fut classée parmi les Sept Merveilles du monde.
Voilà une reconstitution de l'atelier (je n'ai pu mieux faire pour montrer l'intérieur) et au-dessous l'image bien connue qui propose une version de la statue. On voit toujours la même et je ne suis pas certain qu'elle soit la seule hypothèse envisageable.
Tous ces petits éclats de verre furent découverts avec quelques moules (à gauche). La statue devait être très composite. J'étais persuadé qu'elle était couverte d'or et d'Ivoire, et de rien d'autre. Les minuscules insertions de verre devaient faire scintiller la statue.
Effets spéciaux de l'Antiquité !
Praxitèle fut un sculpteur célèbre et admiré, mais on sait peu sur sa vie. On est à peu près certain qu'il est l'auteur de statues recopiées par les Romains, le
Faune au repos (un des exemplaires demeure au
Musée du Capitole) et la
Vénus d'Arles par exemple.
Lorsqu'on découvrit cette statue d'Hermès portant Dionysos enfant, on fit immédiatement le lien avec la description de Pausanias, "
un Hermès de marbre portant Dionysos enfant, œuvre de Praxitèle".
Que ferait-on sans Pausanias, l'écrivain voyageur, aux œuvres providentielles ? Sans cesse on voit son nom revenir, apparemment la seule (où la meilleure) source pour les descriptions de l'époque !
Le groupe est sculpté en marbre de
Paros, au grain exceptionnel. Et pourtant on ne le voyait pas puisque tout était doré et peint. Il en reste des traces fameuses, mais, tout en le sachant, je ne suis pas parvenu à les trouver.
Peu importe. La statue est admirable, avec ce type grec idéalisé de jeune homme.
La justesse des appuis, l'excellence de la représentation de l'anatomie ne sont pas moins remarquables.
Je sais qu'on continue à débattre de l'attribution à Praxitèle, pourtant le panonceau suivant semble tenir cette information pour certaine.
Ces éléments de terre cuite ornaient les toits du Leonidaion, l'hôtel de luxe pour V.I.P..
On présume que cette expressive statue représenterait Athénaïdes, la sœur du mécène
Herode Atticus.
Vigoureux taureau offert par Regilla, l'épouse d'Herode Atticus. Cette fois, pas de doute, on peut lire l'inscription votive.
On ne sort pas de la famille.
Statue d'un autre grand amateur d'art et ami de la Grèce,
Hadrien, l'empereur selon mon cœur.
La célèbre Agrippine,
femme de Claude. Je ne la reconnais jamais, même après avoir vu un certain nombre de ses représentations. Je la lie toujours au personnage théâtral, surtout celui de
Britannicus de Racine.
Titus, en armure comme Hadrien. Je ne l'ai pas reconnu non plus, honte à moi !
Poppée, oui, celle du
Couronnement de Monteverdi. Ici déguisée en prêtresse.
Plein de petites choses votives, mignonnes comme tout. Un chat, une chouette, des osselets...
Et une impeccable série de verreries de grande qualité. Ce bleu opalescent m'enchante.
Je pense toujours qu'il faudrait une maquette sur le site même, mais c'est toujours ça. Au premier plan la palestre, le Leonidaion à droite. On repère le temple de Zeus qui se détache par sa couleur et sa taille.
Je suis frappé par un élément que j'avais ignoré sur le site, c'est sa densité, et la proximité des édifices. Hormis le temple de Zeus, davantage dégagé, ils sont presque aussi serré dans ce lieu sacré que dans les villes antiques où tout se touche.
Je sais que le souci majeur de la ville antique est sa sécurité. Plus on serre, plus on maximise l'espace et on a moins besoin d'une grande muraille de défense. J'en viens à me demander si ce sanctuaire, bourré d'objets hors de prix, ne connaissait pas le même souci.
Question toute bête : comment protégeait-on un sanctuaire ? On ne m'a jamais mentionné une garde spéciale. Bref, j'aurais bien besoin d'informations supplémentaires.
Si le temple de Zeus a disparu, sa phénoménale décoration est plutôt bien préservée. Encore une fois, ce sont les musées qui permettent de faire fonctionner l'imagination.
Sur les deux frontons monumentaux se presse une foule nombreuse de divinités, aussi saisissante par la quantité de personnages que par l'utilisation ingénieuse de l'espace.
Grâce à l'irremplaçable Pausanias, on sait que le fronton ouest représente la centauromachie, le combat entre les Centaures et les Lapithes. Grand classique de la représentation des temples.
Quant au fronton est, il illustre la préparation de la course de char entre Pélops et OEnomaos. Pélops gagne et laisse son nom au Péloponnèse, donc c'est logique qu'Olympie ait retenu ce thème.
Les spécialistes doutent de l'identification des personnages. Qu'ils ne comptent pas sur moi pour les aider.
Beaucoup de mouvement et d'expressivité, c'est tout ce que je peux affirmer.
Les
Travaux d'Heraklès-Hercule sont sans doute le thème mythologique le
plus représenté. Bien davantage que l'Odyssée, vraiment rare.
De plus, les métopes des temples paraissent le lieu idéal pour les évoquer.
Ici Héraklès-Hercule domptait le Taureau de Minos.
C'est moins évident ici...
Le vaillant héros tient le manche d'un balai. Athéna apporte son aide en montrant l'endroit où il doit réunir les deux fleuves.
Alors, vous avez trouvé ?
Les écuries d'Augias, bien sûr. Remplies d'immondices et si immenses qu'il fallut détourner des fleuves pour les nettoyer. Un genre de passage au Kärcher à grande échelle.
Plus facile : Athéna (heureusement qu'elle est là !) aide le héros à tenir le ciel sur un coussin, pendant qu'Atlas revient avec les pommes d'or du Jardin des Hespérides.
Manifique et passionant !
RépondreSupprimerWolfgang de Berlin
Vielen Dank, Wolfgang aus Berlin!
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