Très intéressant musée qui livre quantité d'informations sur les Jeux Olympiques de l'Antiquité.
L'ancien bâtiment du Musée Archéologique, à la fausse allure de temple antique, accueille maintenant une excellente présentation de l'histoire des Jeux Olympiques.
Des jeux religieux
Les Égyptiens sont peut-être les premiers à pratiquer l'athlétisme, qui sera repris en Crète. Il est alors lié à des cérémonies religieuses, ce qui sera le cas à Olympie. Les premiers à mettre en avant la notion de compétition sont les Achéens de Mycènes, qui pratiquent le saut et la lutte, auxquels il ajoutent la course à pied et celle de chars.
L'amphore précédente illustre un modèle absolu de vigueur physique, Héraklès-Hercule, dans son travail initial, le combat contre le lion de Némée.
Selon Pindare, ce héros le fondateur légendaire des Jeux, et ce serait lui qui y aurait introduit les courses et la récompense sous forme de couronne d'olivier. D'après. l'inévitable Pausanias, le cycle de quatre ans correspondrait aux quatre frères du héros.
On le retrouve sur ce lécythe dans son apothéose, son introduction parmi les dieux (theos=dieu, comme dans théologie).
Sur ce skynthos (encore un nom de vase que j'ignorais), il dompte le taureau de Minos.
Sur ce lécythe, il combat une amazone.
Le voici avec sa bienfaitrice, dont l'aide sera précieuse : Athéna.
Une scène souvent représentée mais extérieure au récit des Travaux, la lutte contre les Centaures.
Une autre légende très répandue assure que le roi Pelops aurait battu celui de Pise, Œnomaos, et que les jeux commémoraient cet événement.
En fait, chacun a sa version. Les habitants d'origine mycénienne défendent leur champion Pelops tandis que les Doriens, nouvellement établis à Olympie, préfèrent leur Héraklès.
Dans tous les cas, le culte de Zeus était florissant ici et le nombre de statuettes votives le confirme. C'était pour l'honorer que les Jeux étaient organisés.
Le déroulement des Jeux Olympiques
La liste officielle des athlètes ! Plaque de bronze du Ier siècle avant J. C.
Les Jeux se tenaient tous les quatre ans et commençaient à la seconde pleine lune après le solstice d'été. Au début, ils duraient un jour, mais leur durée s'allongea quand on les enrichit de nouvelles épreuves.
Pour garantir un bon déroulement, on proclamait (et on respectait !) une trêve dans les conflits.
Les juges surveillaient les épreuves. En cas d'infraction (retard, corruption, irrespect du règlement), les fautifs devaient payer une amende et subir un châtiment corporel.
Ci-dessus, les fameux strigiles qui servaient à gratter la crasse sur les corps. C'est à cet objet qu'on reconnaît les athlètes dans les représentations.
Pour participer aux épreuves, il fallait être un Grec libre. Pas d'esclave, pas de femme, pas d'étranger. Les Romains firent ensuite modifier le règlement pour inscrire leurs propres champions.
Un mois avant les épreuves, les athlètes venaient se faire examiner. Pendant la préparation, ils s'entraînaient dans le Gymnase et la Palestre auprès des concurrents des autres régions. Ils s'exerçaient nus, comme on le voit sur ce cratère (c'est le nom du vase). C'est l'origine du mot gymnase ou gymnastique (gymnos=nu).
Avec l'évolution des jeux, les athlètes se préparaient avec de vrais entraîneurs, pour la plupart d'anciens concurrents.
Les femmes étaient rigoureusement exclues, comme participantes et spectatrices, sous peine de mort. La seule à avoir bravé l'interdit fut une mère qui venait voir son fils concourir. Elle ne fut pas condamnée "par respect pour sa famille d'athlètes célèbres" (généreux mais pas très égalitaire, ce jugement).
Cependant, un peu comme les Jeux Paralympiques, il existait des jeux parallèles, les Heraia, en l'honneur de la déesse Hera. Les participantes ne concouraient pas nues mais avec une tunique.
Honneur aux vainqueurs
Hommes et femmes recevaient également en récompense la couronne d'olivier.
Après la proclamation des résultats, on procédait -encore ! - à des sacrifices puis les lauréats étaient conviés à un grand banquet festif, organisé dans le Prytanée.
De retour dans leur cité, ils étaient fêtés en héros. Comme les généraux victorieux, ils entraient dans leur ville sur un char.
Ils bénéficiaient d'avantages divers, place au théâtre privilégiée (je suppose sur les fameux fauteuils) et exonération d'impôt...
La mosaïque décrit fidèlement le déroulement des Jeux, avec des épreuves telles que la lutte ou le pugilat.
Ou encore le lancer de disque. La partie supérieure présente la partie culturelle, musicale, poétique et théâtrale.
Les chaudrons à trois pieds, comme le Musée archéologique en montre de plus complets, étaient privilégiés par les athlètes comme offrande au sanctuaire. Certains préféraient un don en rapport avec leur discipline (disque, haltère).
C'est dans le pronaos, la partie ouverte, du temple de Zeus qu'on couronnait les athlètes avec le kotinos, une couronne de feuilles de l'olivier sacré cultivé derrière le temple.
Un large public
La renommée des Jeux attirait un public considérable : fidèles convaincus de l'importance religieuse, amateurs de performances sportives, public cultivé qui profitait du théâtre et de la poésie, hôtes de marque qui profitaient de l'événement pour se faire un peu de publicité, négociants qui concluaient des contrats. Les têtes précédentes sont celles de spectateurs célèbres, Neron et Antinoous.
Olympie et ailleurs
En cela les Jeux Olympiques dépassaient largement les autres manifestations panhelléniques, comme les Jeux Pythiques de Delphes. Cependant ces derniers étaient très réputés pour la grande qualité des spectacles théâtraux et pour les courses de char. Je me demande bien où celles-ci se déroulaient !
A Isthmia (l'isthme de Corinthe), on organisait les jeux isthmiques dédiés à Poséidon. Dans le stade, on avait inventé un mécanisme sophistiqué qui réglait le départ des joueurs ; j'aimerais bien savoir à quoi cela ressemblait.
A Athènes, les Panathénées honoraient Athéna et comprenaient la même alternance de concours athlétique et de manifestations culturelles. Parmi les épreuves spécifiques, on comptait la course de flambeaux et le lancer de javelot par des cavaliers.
Les disciplines sportives à Olympie
La course à pied se déroulait dans le stade. On distingue la course de vitesse sur la longueur du stade, une épreuve d'environ deux cents mètres. Le diaulos demandait de le parcourir deux fois. Avec le hippios (comme les chevaux, je suppose), on passait à quatre longueurs. Le dolichos était une course d'endurance qui allait jusqu'à vingt-quatre longueurs, soit quatre mille huit cents mètres. Une épreuve d'endurance.
Plusieurs épreuves de combat. La lutte demandait de mettre trois fois à terre son adversaire pour être déclaré vainqueur.
Le pugilat était une sorte de boxe où on portait des coups à la tête. Les mains étaient renforcées de bandes de cuir, plus tard de métal, et on combattait bras en l'air, comme on le voit sur l'amphore précédente. Ca devait être sanglant.
Le pancrace, considéré le plus dangereux, autorisait tous les coups. On n'avait seulement pas le droit de mordre ! Seule la ville de Sparte (ça ne m'étonne pas) avalisait absolument tout.
Mais dans quel état finissaient les participants ?
La course de l'hoplite exigeait de courir en armes, avec casque, jambières et bouclier. Celui-ci, en bronze, du VIe siècle, est absolument parfait, comme neuf.
Les plus jeunes concurrents avaient un jour pour eux, le second des Jeux. Leurs épreuves consistaient en course et en lutte. Ils furent autorisés aux épreuves de pancrace à partir de - 200, lors de la 145e olympiade.
La tête de bronze ci-dessus est absolument sidérante ! L'expression du visage, le regard (les yeux sont bordés de cils, et leur couleur est troublante), la restitution de l'enfance... Je n'ai jamais vu une statue semblable.
Le saut en longueur faisait partie du pentathlon. Apparemment l'épreuve actuelle se déroule à peu près comme sa version antique.
Le sauteur portait des haltères qu'il lâchait avant d'atterrir. Quelques exemples en sont exposés ici, dont le poids semble bien valoir les nôtres.
On lançait le javelot, mais l'épreuve de lancer la plus réputée reste celui du disque.
La statue ci-dessus est une copie d'une statue romaine en marbre (le discobole Lancellotti), elle-même copie d'une œuvre grecque perdue de Myron. Vous suivez ?
Le lancer de disque est une des épreuves les plus représentées, très appréciée dans la statuaire. Le principe est le même qu'au javelot, il faut lancer le plus loin possible un disque pesant.
Celui-ci est un disque votif, une offrande donc. Le concurrent Publius Asklepiades y a fait inscrire son nom.
Je dois bien reconnaître que j'ai trouvé la visite de ce musée passionnante. Tout est bien exposé et on dispose de quantité d'informations en plusieurs langues, y compris en français. Et je pense qu'amateurs d'Antiquité ou de sport peuvent y trouver également leur bonheur. Je recommande !
Très intéressant article où on apprend beaucoup de choses !
RépondreSupprimerMylène
Merci beaucoup, Mylène, pour ce chaleureux commentaire !
SupprimerVisite passionnante en effet, très riche en informations et avec de beaux objets.
RépondreSupprimerMerci beaucoup, cher Anonyme! C'est effectivement un musée très recommandable.
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