Outre une célèbre collection de peintures, le Musée du Capitole est un fastueux palais avec de superbes salles. C'est là qu'est exposée la fameuse Louve...
Le Capitole, c'était dans l'Antiquité le centre de la vie politique et religieuse. Sur cette colline s'élevaient à la fois des temples prestigieux (Jupiter Optimus Maximus, Junon Moneta) et le tabularium, le centre des archives de la cité.
Même si l'Antiquité y est évoquée à plusieurs reprises, la place s'est transformée au fil des siècles. C'est le pape Paul III qui chargea Michel-Ange de concevoir la nouvelle place.
L'idée principale de l'artiste aux multiples talents fut d'ouvrir le lieu non plus sur le forum mais sur la ville.
L'accès au forum est barré par un palais, repris par deux autres qui l'encadrent comme un fer à cheval.
Cela forme un cadre remarquable pour mettre en valeur la statue équestre de Marc-Aurèle, exceptionnelle réussite antique, maintenant à l'abri dans le musée et remplacée par une copie.
Michel-Ange conserva autant que possible les murs des constructions existantes mais retraça la place et son motif au sol (réalisé des siècles après sa mort) et reprit les façades pour les unifier.
Aujourd'hui, il s'agit de musées, mais leur fonction première de palais est bien lisible dans ces salons peints à fresque, majestueux et variés.
Le visiteur est accueilli par un plafond stuqué avec virtuosité.
La salle des Horaces et des Curiaces
C'est le Cavalier d'Arpino qui obtint la commande et se chargea des immenses fresques, parmi les plus vastes de ces palais. Le nom de ce peintre ne parlera pas à tout le monde ; pourtant il fut le professeur du Caravage et c'est en partie grâce à lui que la Renaissance, avec ses profonds changements esthétiques et intellectuels, fut diffusée en France.
Les sujets se rattachent aux grandes heures de l'histoire de la ville. Ici Numa Pompilius instaure le culte des Vestales, ces prêtresses du feu sacré soumises à une vie stricte, un peu les ancêtres des religieuses de certains ordres médiévaux. Le peintre a su déjouer habilement la contrainte de la fenêtre, devenue ici support de l'autel.
Ce n'est pas un concours agricole mais bien sûr, le bœuf sera sacrifié en l'honneur de Vesta.
La fondation légendaire de Rome apparaît ici : c'est Romulus et Rémus qui tracent de leur pelle les premières tranchées. Je présume que le vol d'oiseaux est ici un symbole de bon augure.
Au-dessus de la statue du pape Innocent X par l'Algarde, c'est la scène de la Louve nourricière qui apparaît dans une campagne idéalisée.
Les deux plus grandes scènes sont consacrées aux batailles : celle de Tullius Ostilius contre des peuples voisins, épisode de l'expansion de Rome. Et l'autre, qui donne son nom à la salle, le combat des Horaces et des Curiaces qui mit fin à la guerre contre Albe. La merveilleuse tragédie de Corneille, Horace, peut remettre les événements en mémoire !
Deux scènes qui s'opposent donc, mêlée et agitation de la bataille d'un côté, armée rangée et désastre de la mort de l'autre. Le conflit s'y est réduit à un combat à deux personnages.
L'Enlèvement des Sabines est une scène souvent représentée, qui permettait de peindre de belles jeunes filles plus ou moins dénudées. Le Cavalier d'Arpino y révèle à nouveau une construction très rigoureuse, et avec les tonalités acides de la palette, on peut sans crainte le qualifier de peintre maniériste.
Urbain VIII est ici sculpté par le Bernin, une magnifique réalisation où la majesté et le mouvement sont aussi exceptionnelles que la précision des détails des vêtements papaux. Urbain VIII faisait partie de la fameuse famille Barberini et il impulsa la rénovation baroque des églises romaines. Son portrait par Pietro da Cortona est présenté dans la collection de peinture.
La salle des Capitaines
Bien que de dimensions plus modestes, c'est une salle qui a beaucoup d'allure. Le peintre Tommaso Laureti n'est pas très renommé, cependant cet élève de Sebastiano dal Piombo était visiblement un bon faiseur et il sait bien exploiter une palette colorée. Et assimiler les leçons des maîtres, comme la composition de droite qui avoue son souvenir de l'Ecole d'Athènes de Raphaël.
Horatius Coclutus combat activement au pont Sublicius pour repousser les assauts des Étrusques. Le peintre a essayé une très forte perspective où les dimensions des personnages se réduisent très vite pour suggérer la profondeur.
Les Dioscures Castor et Pollux ont pris la tête de l'armée romaine dans la bataille du lac Regillo. C'est une scène de victoire qui établira la suprématie de Rome dans le Latium.
La composition est vraiment très proche de L’École d'Athènes, la fameuse fresque de Raphaël au Vatican ; même escalier central débouchant sur un pallier surmonté d'une arche, répartition des personnages de part et d'autre, même duo surgissant devant le ciel. C'est très étonnant.
Pourtant le sujet n'a rien de commun ; c'est La Justice de Brutus, une histoire narrée par Tite-Live, l'historien antique. Brutus et Collatinus, deux premiers consuls, sont tenus d'assister à l'exécution des fils de Brutus, condamnés à la peine capitale pour trahison.
Le plafond doré fut transféré du Palais Mattei Paganica, un sauvetage lorsque celui-ci fut détruit. La Jérusalem Délivrée, le grand succès du Tasse, fournit la trame d'une série de scènes.
Une salle d'angle, bien plus petite, avec un inévitable plafond à caissons et une frise qui fait le tour, le triomphe d'un consul romain sur le roi de Perse s'y déroule avec moults détails.
Ce magnifique vase fut un présent de Mithridate, le roi du Pont (un royaume sur la côte nordique de la Turquie). C'est le héros de l'opéra de Mozart.
La vie et le naturel de ce Tireur d'épine, un bronze du Ier siècle provenant du Latran, m'ont toujours impressionné.
La trace de rouge sur les lèvres est troublante. Mais le plus fort pour moi, c'est que je sens un regard malgré les yeux vides !
Cette fois-ci, on a inséré des pupilles. Cette statue est nommée le Brutus Capitolin ; découverte en 1500, on décida (sans élément probant) qu'elle devait représenter Brutus, le mythique fondateur de la République.
Dans ce contexte, le Sarcophage des Saisons du IIIe siècle pourrait être une œuvre de la Renaissance. J'ai toujours trouvé que c'était une des créations antiques où on percevait le mieux comment elle avait pu inspirer les artistes de cette période, dans le vocabulaire, les visages, et même la porte sculptée qui pourrait ouvrir un palais du XVIe siècle...
Paolo Piazza, encore un de ces peintres du baroque romain un peu oublié. Saint François avec le Christ mort est rendu ici de façon dramatique, avec une lumière savante. Mais nous sommes loin du chef-d’œuvre du Caravage !
Outre la Louve, cette salle renferme les Fasti Capitolini, extraordinaire témoignage épigraphique. En quelque sorte une encyclopédie de l'histoire de Rome. De la création à la période augustéenne, les grands personnages (consuls, tribuns militaires, magistrats...) y sont tous cités.
Le sol également est un beau pavement en mosaïque de l'Antiquité, toujours pas protégé, que les visiteurs (bon, pas très nombreux aujourd'hui) usent consciencieusement.
C'est peut-être un des bronzes antiques les plus connus. Jadis exposée sur la façade, cette louve est devenue clairement celle de Rome quand on y ajouta les jumeaux Romulus et Rémus.
La statue du Ve siècle est vraiment remarquable à elle seule, jusque dans les petits détails.
Le pelage est finement ciselé.
Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est le détail des dents et l'intérieur de la gueule (on peut même voir le palais).
La salle est, une fois encore, ornée de fresques, exécutées en 1509-1510. Je ne sais toujours pas exactement le sujet représenté. C'est cette femme avec une tête qui m'interroge. En général, Salomé avec Jean-Baptiste, ou Judith avec Holopherne.
Ici la fresque couvre tout un mur et on y voit donc d'autres éléments, des pugilats entre les soldats. Pas vraiment les indices probants ; Hérode et le banquet pour Salomé, la servante pour Judith.
Des deux, c'est tout de même vers la seconde que je pencherais, à cause du camp et des soldats. Holopherne est un général assyrien qui guerroie avec ses troupes et le contexte me semble ici fortement militaire.
Il faut préciser que les fresques ont été en partie massacrées par l'insertion des grandes plaques de marbre, et j'ignore s'il demeure des traces de l'état d'origine de la salle.
Sur le mur opposé, on pourrait transporter les mets d'un festin (banquet ?). C'est Le Triomphe de Lucius AEmilius Paullus, un général romain fêté pour sa victoire contre le royaume de Macédoine.
En général, la fameuse Lucrèce du Bernin crache ici son venin. Elle est encore partie en voyage ! Je ne me plains pas, c'est ainsi que je l'ai vue à Vienne, en novembre dernier, dans l'exposition Caravage/ Bernin.
Les oies qu'on trouve dans le titre, ce sont ces bronzes antiques, bizarrement montées dans cet encadrement doré. Ça me fait l'effet d'un collage surréaliste. Au-dessous (mais que vient-il faire là ?), un buste de Michel-Ange, par son élève et collègue peintre-sculpteur, Daniele da Volterra. C'est lui qui a réalisé les magnifiques fresques de la Trinité des Monts, avec le portrait de Michel-Ange.
Des tapisseries proprettes, une frise en trompe-l’œil, des caissons au plafond... et surtout des personnages antiques à qui la restauration a donné une nouvelle jeunesse.
Le plafond doré fut transféré du Palais Mattei Paganica, un sauvetage lorsque celui-ci fut détruit. La Jérusalem Délivrée, le grand succès du Tasse, fournit la trame d'une série de scènes.
La salle des Triomphes
Une salle d'angle, bien plus petite, avec un inévitable plafond à caissons et une frise qui fait le tour, le triomphe d'un consul romain sur le roi de Perse s'y déroule avec moults détails.
Ce magnifique vase fut un présent de Mithridate, le roi du Pont (un royaume sur la côte nordique de la Turquie). C'est le héros de l'opéra de Mozart.
La vie et le naturel de ce Tireur d'épine, un bronze du Ier siècle provenant du Latran, m'ont toujours impressionné.
La trace de rouge sur les lèvres est troublante. Mais le plus fort pour moi, c'est que je sens un regard malgré les yeux vides !
Cette fois-ci, on a inséré des pupilles. Cette statue est nommée le Brutus Capitolin ; découverte en 1500, on décida (sans élément probant) qu'elle devait représenter Brutus, le mythique fondateur de la République.
Dans ce contexte, le Sarcophage des Saisons du IIIe siècle pourrait être une œuvre de la Renaissance. J'ai toujours trouvé que c'était une des créations antiques où on percevait le mieux comment elle avait pu inspirer les artistes de cette période, dans le vocabulaire, les visages, et même la porte sculptée qui pourrait ouvrir un palais du XVIe siècle...
Paolo Piazza, encore un de ces peintres du baroque romain un peu oublié. Saint François avec le Christ mort est rendu ici de façon dramatique, avec une lumière savante. Mais nous sommes loin du chef-d’œuvre du Caravage !
La Salle de la Louve
Outre la Louve, cette salle renferme les Fasti Capitolini, extraordinaire témoignage épigraphique. En quelque sorte une encyclopédie de l'histoire de Rome. De la création à la période augustéenne, les grands personnages (consuls, tribuns militaires, magistrats...) y sont tous cités.
Le sol également est un beau pavement en mosaïque de l'Antiquité, toujours pas protégé, que les visiteurs (bon, pas très nombreux aujourd'hui) usent consciencieusement.
C'est peut-être un des bronzes antiques les plus connus. Jadis exposée sur la façade, cette louve est devenue clairement celle de Rome quand on y ajouta les jumeaux Romulus et Rémus.
La statue du Ve siècle est vraiment remarquable à elle seule, jusque dans les petits détails.
Le pelage est finement ciselé.
Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est le détail des dents et l'intérieur de la gueule (on peut même voir le palais).
La salle est, une fois encore, ornée de fresques, exécutées en 1509-1510. Je ne sais toujours pas exactement le sujet représenté. C'est cette femme avec une tête qui m'interroge. En général, Salomé avec Jean-Baptiste, ou Judith avec Holopherne.
Ici la fresque couvre tout un mur et on y voit donc d'autres éléments, des pugilats entre les soldats. Pas vraiment les indices probants ; Hérode et le banquet pour Salomé, la servante pour Judith.
Des deux, c'est tout de même vers la seconde que je pencherais, à cause du camp et des soldats. Holopherne est un général assyrien qui guerroie avec ses troupes et le contexte me semble ici fortement militaire.
Il faut préciser que les fresques ont été en partie massacrées par l'insertion des grandes plaques de marbre, et j'ignore s'il demeure des traces de l'état d'origine de la salle.
Sur le mur opposé, on pourrait transporter les mets d'un festin (banquet ?). C'est Le Triomphe de Lucius AEmilius Paullus, un général romain fêté pour sa victoire contre le royaume de Macédoine.
La salle des oies
En général, la fameuse Lucrèce du Bernin crache ici son venin. Elle est encore partie en voyage ! Je ne me plains pas, c'est ainsi que je l'ai vue à Vienne, en novembre dernier, dans l'exposition Caravage/ Bernin.
Les oies qu'on trouve dans le titre, ce sont ces bronzes antiques, bizarrement montées dans cet encadrement doré. Ça me fait l'effet d'un collage surréaliste. Au-dessous (mais que vient-il faire là ?), un buste de Michel-Ange, par son élève et collègue peintre-sculpteur, Daniele da Volterra. C'est lui qui a réalisé les magnifiques fresques de la Trinité des Monts, avec le portrait de Michel-Ange.
La salle des tapisseries
Des tapisseries proprettes, une frise en trompe-l’œil, des caissons au plafond... et surtout des personnages antiques à qui la restauration a donné une nouvelle jeunesse.
Pour une fois, on ne voit pas les habituelles tapisseries françaises ou flamandes mais des œuvres italiennes, exécutées au XVIIIe siècle par la Manufacture Romaine de Saint Michel, d'après des cartons de Domenico Corvi.
A l'arrière de la tête restaurée, est suspendue la tapisserie de l'allégorie de Rome (La Rome assise).
La salle d'Hannibal
Cette salle conserve le plus vieux plafond du palais, mais aussi un ensemble de fresques d'un certain Jacopo Ripanda, un Bolognais qui avait travaillé avec Pinturicchio dans l'appartement des Borgia au Vatican.
Le clou de la salle, c'est évidemment Hannibal sur son éléphant, exploit qui marqua durablement les esprits. Peu de peintres avaient vu cet animal mais les gravures circulaient beaucoup. Hélas c'étaient toujours les mêmes, et donc beaucoup d'éléphants peints semblent de la même famille !
A Rome, les éléphants sculptés (notamment celui du Bernin, place de la Minerva) permirent d'élargir le répertoire des artistes...
Pour les scènes de bataille, Ripanda utilisa la colonne trajane comme catalogue de détails. Elle se dresse à côté du Capitole, nul besoin d'aller très loin.
La chapelle
Pas de palais sans chapelle. Rocca et Alberti, les élèves de Daniele da Volterra déjà employés à la salle des Triomphes, furent priés de réaliser celle-ci, avec visiblement pour consigne de ne pas oublier de décorer le plus petit centimètre carré. Voici donc une ornementation foisonnant, où l'or s'étale, et où on étouffe vite (surtout que la salle est petite). On n'est qu'en 1575 pourtant, le baroque (que beaucoup associent à l'idée de surcharge) n'a pas encore balbutié.
Venusti, un peintre de la même époque, présente Rome à l'arrière des saints. Si vous le voulez, agrandissez la photo en cliquant dessus, je n'ai pas inséré mon gros plan trop flou.
Sur la paroi latérale, une lumineuse Vierge à l'Enfant par Andrea d'Assisi, un élève du Perugin. Les voiles des anges tournoient comme chez Botticelli, les couleurs sont pleines de fraîcheur. Très joli retable.
La salle des aigles
On arrive ici dans l'ancienne collection antique, aujourd'hui bien séparée de la muséologie récente. Aigles antiques et Artémis d'Ephèse y sont exposés, mais aussi une frise avec des vues de Rome à l'époque. Cela donne une idée du Capitole encore verdoyant.
L'Artemis d'Ephèse était honorée comme déesse de la fécondité, d'où ses seins surnuméraires.
A l'époque déjà, le Colisée avait été en partie démantelé ; cela faisait des siècles qu'il servait de carrière de pierres gratuite !
On identifie facilement le palais de Venise, au bas de la Via del Corso.
Curieux flacons. Les designers antiques avaient beaucoup d'idées !
Rare statue étrusque assise, avec un luxueux manteau.
Superbe boîte avec d'élégantes applications en argent.
Belle série de céramiques gravées, plus rares que les versions peintes.
Quelle merveille, ce cheval gigantesque. Une impression de vie saisissante. L’œuvre d'un grand artiste inconnu !
Splendide char pour les courses, comme le Cirque Maxime en accueillait. Le lointain ancêtre de la formule 1 !
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