Les anciennes collections ouvertes au public depuis le XVIIIe siècle se complètent avec la muséologie moderne. De vraies merveilles, dont la mosaïque des colombes, la Vénus du Capitole, l'original de la statue de Marc-Aurèle...
Dès le début du parcours, avant de pénétrer dans les salons historiques, on est accueilli par une série, vraiment exceptionnelle, de bas-reliefs antiques. L'état de conservation est remarquable, mais ce sont surtout les dimensions qui frappent : les personnages sont vraisemblablement de taille réelle, et peut-être un peu plus grands. Ils proviennent de monuments en l'honneur d'Hadrien et de Marc-Aurèle. Ici ce dernier célèbre un sacrifice (le taureau est prêt) devant le temple de Jupiter Capitolin, où s'achevaient les processions triomphales. C'est la scène de la Religiosité impériale.
Pour la Victoire impériale, le même empereur pénètre dans Rome sur un majestueux char tiré par quatre chevaux (le fameux quadrige) ; comme un ange, une Victoire ailée le surmonte.
La Clémence triomphale salue un trait souvent loué chez les empereurs (impossible de ne pas penser à la Clémence de Titus) ; Marc-Aurèle, bien identifiable, offre sa mansuétude aux barbares agenouillés.
L'Adventus d'Hadrien narre son entrée à Rome, sans doute de retour de la guerre de Judée.
Athéna a ici une expression mélancolique inhabituelle.
Délicate statue d'une femme qui a revêtu un peplum. Ce pourrait être une Muse, mais la perte des bras (la partie fragile d'une statue) limite l'identification.
La Venus de l'Esquilin, un marbre fameux du Ier siècle. Attribué à Pasiteles, un sculpteur de la Grande Grèce (la région de Naples, la Campanie), également auteur d'une encyclopédie des grandes oeuvres d'art.
Deux Tritons expressifs (on voit combien les sculpteurs de Versailles ont étudié cet art-là) entourent l'empereur Commode, déguisé en Hercule. La peau du Lion de Némée, la massue sont des indices probants.
Homme, femme ? C'est Dyonisos, en fait. Pas toujours facile de trancher.
Sans doute du même auteur que Commode et les Tritons, un autre Dyonisos, dans une pose alanguie.
Le célèbre groupe du Lion attaquant un cheval, du début de l'ère hellénistique, était exposée sur le palais des Sénateurs, lieu où on prononçait la peine capitale. Michel-Ange adorait cette sculpture.
Le voilà, le Marc-Aurèle à cheval, l'original de la statue exposée sur la place. Une des plus réussie de toute l'histoire de la statue équestre, genre très codé (positions, expressions, mouvement du cheval pouvaient être décryptés).
L'original, bien restauré, dévoile encore de larges traces d'or.
La tête colossale de Constantin, provenant de Saint-Jean de Latran, faisait partie de la donation du pape Sixte IV au XVe siècle, la base de la collection actuelle.
La massue signale Hercule, et on bénéficie d'un autre indice : il tient dans la main une pomme qu'il vient donc de cueillir dans le jardin des Hespérides, affrontant un terrible monstre. Autre statue dorée, découverte dans le Forum Boarium.
Objet inconnu, dû sans doute à un lointain ancêtre de Picasso. Il s'agit de deux personnages qui s'étreignent (ça, c'est du connu), mais avec des têtes aplaties inusitées. Les traces de peinture prouvent que c'est bien la forme originale. Vraiment très curieux.
On sait que dans l'Antiquité, on peignait quasiment tout, mais les couleurs ont presque toujours disparu et nous nous sommes habitués à la blancheur de l'art antique. Lorsque les coloris sont visibles, c'est toujours une surprise. Le maquillage a toujours été en vogue.
Maquette de la forme ancienne du Capitole, avec ses trois temples.
Il en demeure peu de vestiges ; la terre cuite résiste encore moins bien que le marbre. Quel dommage, à en juger par la qualité de ces têtes-ci !
C'est près de l'église de Saint Omobono (j'ignore l'équivalent français) qu'on a retrouvé une quantité appréciable de terres cuites ; dans cette partie très commerciale de la ville, s'élevaient deux temples dédiés aux déesses Fortuna et Mater Matuta.
Le fidèle ami de l'homme n'est pas si souvent représenté. Après le portrait d'un gentilhomme avec son compagnon canin, voici un beau spécimen qui décorait les jardins de Mécène ; oui, celui dont le nom propre est devenu commun (c'est une antonomase si vous voulez tout savoir).
Statue d'Hygeia au mouvement élégant. Le tissu qui colle à la peau révèle la virtuosité de son auteur.
Hercule combattant, encore un vestige des jardins de Mécène.
Et, toujours du même endroit, deux magnifiques caryatides ; les visages sont d'une beauté presque idéale !
Marsyas tenta de rivaliser avec Apollon et fut cruellement puni ; comme toujours, les auteurs n'ont jamais manqué d'imagination pour illustrer la puissance du dieu, qu'il faut craindre et respecter, évidemment.
Le sculpteur a réalisé un magnifique travail, sur les matières (la chair, la barbe, la corde) comme sur l'expression de Marsyas.
Très minutieuse mosaïque en opus tesselatum, Oreste et Iphigénie.
Une tête d'Amazone. Je pense fortement que l'idéal de beauté diffusé par l'art grec a façonné notre idéal féminin, et cela pour des siècles.
Ce qui me frappe toujours dans ces remarquables portraits pleins de vie, c'est qu'ils révèlent combien ces gens-là, malgré leur quotidien différent, étaient nos semblables ; privés de leur toge, ils pourraient être des quidams rencontrés dans la rue.
D'ailleurs, celui-ci ressemble beaucoup à un de mes profs d'histoire de l'art à l'université !
Sur ce sarcophage, Méléagre assène un coup de lance sur le sanglier de Calydonie, ce qui ravit la déesse Artémis à sa gauche.
Quel luxe ! Le marbre comme pavement précieux, cela ne date pas d'hier.
Une des très célèbres marqueteries de pierres dures de l'Antiquité. Je l'avais sur mon livre de latin en quatrième, j'avais été très ému de la voir pour la première fois.
Ce monumental bas-relief (de la taille de ceux du début) provient d'une construction en l'honneur d'Hadrien ; l'empereur et ses proches (serait-ce Antinoüs à ses pieds ?) assistent à l'apothéose d'une Sabine.
Pour qui veut s'amuser à un peu d'épigraphie, voici la galerie idéale ; elle aligne stèles, plaques, et inscriptions, transcrites et traduites (pour qu'on puisse vérifier).
C'est du grec ! Stèle dédiée à Aglibol et Malakbel (de parfaits inconnus pour moi).
Urne à Iulius Venustus, bien lisible après le DM (Deis Manibus) traditionnel ; on apprend qu'il était un centurion de la légion.
Ensemble dédicataire pour un bon voyage, à l'aller (itus) comme au retour (reditus), symbolisé par le sens des pieds !
Dédicace au dieu Silvanus (Silvano, bien lisible au début). A Ostie, le souterrain d'une boulangerie était devenu un sanctuaire à ce dieu des forêts, à l'origine de notre prénom Sylvain.
On poursuit la visite en descendant parmi les vestiges, très bien conservés ; on a visiblement fait des travaux depuis mon dernier passage. On côtoie à la fois les restes des temples et ceux du Tabularium, le bâtiment administratif.
Quand on visite le Forum, on voit plusieurs grandes "fenêtres" sur le mur du fond. En fait c'est de là que j'ai pris ces photos. On surplombe également le Forum depuis le bord du Palatin, mais je trouve que c'est d'ici qu'on en saisit le mieux l'alignement.
On remonte de l'autre côté, et la muséologie a changé ! C'est qu'ici on se trouve dans une des plus anciennes collections publiques, que les visiteurs du XVIIIe siècle admiraient. C'est d'ailleurs très intéressant de lire ces comptes-rendus de musée à l'ancienne ; au XVIIIe siècle, ils sont assez peu nombreux mais ils abondent au XIXe. Beaucoup d'artistes en herbe sont venus aussi dessiner ces têtes romaines...
Les collections sont énormes et je ne vais pas vous infliger le détail. Quelques-unes de mes préférées seulement.
Un Trajan au visage dur, peu sympathique, en lame de couteau. Un empereur expansionniste, mais qui a transformé Rome (les marchés, les thermes) et apporté plusieurs mesures sociales.
Le célèbre sarcophage Amendola narre, avec quelques centimètres d'épaisseur seulement, un combat épique entre Romains et Barbares. Ces derniers, faits prisonniers, garnissent le couvercle.
Le combat féroce nous est narré avec foule de détails ; tombé à terre, un Barbare tente désespérément de ses relever en agrippant le mors.
Tentant également de se redresser, celui-ci se fait piétiner par un sabot de cheval.
Ce sarcophage, provenant du mausolée du Monte del Grano, retrace la vie d'Achille. Le couple défunt est présent sur le couvercle, comme s'il participait à un banquet dans un triclinium.
Il fourmille de détails intéressants, tels ces guerriers qui ont relevé le casque. Le héros a rangé le sien sous le fauteuil ; c'est toujours surprenant de voir combien ce siège a peu évolué en deux mille ans !
Le Galate mourant, encore un chef-d’œuvre d'expressivité. Peu de statues antiques ont réussi si bien à rendre l'épuisement.
Diane tire du carquois une flèche, prête à la décocher. Posture complexe mais restituée avec un exceptionnel souci de réalisme.
Apollon, le dieu des arts, semble rêver en tenant sa cithare. Intéressante représentation de l'instrument de musique avec ses lanières.
La mythologie fait du griffon, cette créature hybride entre aigle et lion, le gardien des trésors d'Apollon.
Amour et Psyché, célèbre couple de latin lovers.
Le faune en marbre rouge s'ébattait dans la Villa Adriana, à Tivoli. Cette incroyable demeure impériale, sans doute une des plus luxueuse jamais construite, fournit longtemps les musées en incomparables chefs-d’œuvre ; ce n'est qu'au XXe siècle qu'on se décida à l'étudier selon des principes d'archéologie.
Ici sont exposés plusieurs sarcophages, dont celui avec le mythe de Séléné et d'Endymion. Ce dernier, descendant de dieu ou de roi selon les versions, est l'amant de Séléné, Luna en latin, et leur union a engendré cinquante filles. Soit il est tombé amoureux d'Héra/Junon, l'épouse de Zeus/Jupiter, et en a été puni par un sommeil éternel, soit Séléné a obtenu qu'il conserve sa beauté en dormant sans fin.
Amour et Psyché, célèbre couple de latin lovers.
Le faune en marbre rouge s'ébattait dans la Villa Adriana, à Tivoli. Cette incroyable demeure impériale, sans doute une des plus luxueuse jamais construite, fournit longtemps les musées en incomparables chefs-d’œuvre ; ce n'est qu'au XXe siècle qu'on se décida à l'étudier selon des principes d'archéologie.
Ici sont exposés plusieurs sarcophages, dont celui avec le mythe de Séléné et d'Endymion. Ce dernier, descendant de dieu ou de roi selon les versions, est l'amant de Séléné, Luna en latin, et leur union a engendré cinquante filles. Soit il est tombé amoureux d'Héra/Junon, l'épouse de Zeus/Jupiter, et en a été puni par un sommeil éternel, soit Séléné a obtenu qu'il conserve sa beauté en dormant sans fin.
Chez les Romains, ce somme infini représentait l'espérance de la vie après la mort et il fut donc souvent représenté sur les sarcophages. Mais son succès ne s'érrêta pas là, et beaucoup d'écrivains exploitèrent sa richesse thématique.
Selon la mode des déguisements (on a vu Commode en Hercule), c'est une dame romaine qui s'est travestie en Hygeia.
Belle copie romaine d'un Apollon de Phidias.
Marc-Aurèle, toujours facile à identifier.
La statue du chasseur est un canular. C'était en fait un Persée brandissant la tête de Méduse, devenue un lièvre !
Une statue pleine de vie !
L'Amazone blessée et Apollon côtoient Hermès, le pied sur un tronc d'arbre.
Le marbre gris pouvait être pris, de loin, pour du bronze. Ici il a servi à d'exceptionnelles statues, dont les remarquables centaures.
La salle des philosophes aligne les grands penseurs et écrivains de l'Antiquité : on y trouve les grands noms grecs mais aussi Cicéron, l'avocat romain.
La statue au centre serait celle de Marcellus, celui du théâtre à deux pas du Capitole.
Repérez-vous Homère et Socrate dans la salle ?
L'utilisation de marbre veiné pour suggérer une étoffe chamarrée ajoute une touche inusitée.
Nerva, Trajan et Plotine surmontent des personnages non identifiés.
Le sarcophage des Amazones : encore un combat, rendu avec beaucoup d'effets. C'est intéressant de voir comment les artistes ont ici varié les positions, l'Amazon de droite qui grimpe sur sa victime est quasiment de face. Le guerrier qui tente de remonter à cheval (prêt à subir un coup de hache de la furie qui s'acharne sur lui) est complètement de dos.
La fameuse Venus du Capitole ! Parangon de beauté romaine, paraît-il. Je préfère, quant à moi, les caryatides de chez Mécène.
Une urne au flûtiste.
La petite fille mordue par un serpent ; la surprise est parfaitement exprimée. Dans l'ensemble, Grecs et Romains réussissaient très bien les statues d'enfants.
Une des stars du musée, la mosaïque aux colombes.
Les minuscules tesselles ne se repèrent qu'en s'approchant beaucoup !
Hercule, en plein travail. Pour le second des douze, il est aidé (ce qui ne lui sera pas pardonné) ; son assistant lui passe des torches pour brûler au fur et à mesure les têtes de l'Hydre de Lerne qu'il vient de trancher.
Héroïque chasse au lion avec de vrais monstres ! Des copains de celui de Némée sans doute.
Et ce n'est pas fini ! Dans la cour, des personnages monumentaux nous regardent, courroucés, comme ce Pan planté sur ses pattes de bouc.
Ce n'est pas ce musée qui expose le plus de fresques antiques (il faut aller à Naples) , mais on trouve quelques fragments significatifs.
Récompense du visiteur un peu fatigué (surtout que j'ai aussi visité l'exposition Caravaggio dans la collection de Longhi, où les photos étaient interdites) : un magnifique panorama adouci par les rayons obliques du soleil.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.