Une promenade vers un des quartiers les plus réputés de la ville, en passant par l'Île Tibérine.
Comme d'habitude, je descends du Viminal, cette haute colline, vers l'incontournable Piazza Venezia, véritable nœud de voies principales. Le Palazzo Venezia a encore belle allure. Je contourne le Capitole par la Via del Teatro Marcello.
Premier arrêt pour cet église insolite avec son clocher double, San Nicola in Carcere.
Je remonte vers une église à laquelle j'ai fini par renoncer, Sant'Omobono, avec sa loggia sur le flanc.
Le panonceau évoque une ouverture lors de la messe chaque premier dimanche de chaque mois. C'est certain que c'est très limité.
La zone au-dessous de la loggia est fouillée depuis assez longtemps, et a révélé de belles pièces en terre cuite exposées au Musée du Capitole.
Santa Maria della Consolazione (Sainte Marie de la Consolation)
Le nom de cet église remonte au Moyen-Age. Juste à gauche s'élève la Roche Tarpéienne, lieu fameux d'anciennes exécutions expéditives, et un noble condamné à mort versa deux florins pour qu'on place ici une image de la Vierge, consolation pour ceux qui subissaient le même sort.
Contrairement à la quasi-totalité des églises romaines, elle était dirigée par des laïcs, représentants de la noblesse romaine, et non par un ordre religieux.
J'ai mal calculé mon coup ; je pensais que la messe était prévue pour 10:00 (mes infos sur les églises sont vraiment périmées) et la voilà qui débute déjà.
Par conséquent, la visite est réduite au minimum. Je me contente d'un coup d'oeil photographique, en zoomant au maximum.
C'est plus difficile de voir avec le projecteur un peu éblouissant. La composition me rappelle un Ecce Homo ou un Christ devant Pilate. En tout cas, des fresques bien conservées, avec la lumineuse palette de la Renaissance, et un peintre qui sait donner de la plasticité à ses réalisations.
L'église conserve une icône mariale du XIIIe siècle. Sans pouvoir m'approcher, je parierai bien pour cet autel-ci.
Un peu de promenade encore. J'aime beaucoup les rues de ce microscopique quartier, coincé entre la circulation de la Via del Teatro Marcello et la zone clôturée du Vicus Tuscus, contre le Palatin ; elles sont un peu secrètes et les touristes y demeurent peu nombreux.
L'église orthodoxe de San Teodoro al Palatino, Saint Théodore au Palatin, reste un objectif souvent tenté mais jamais atteint.
Heureusement, voici une merveilleuse église admirablement épurée, une de celles qui rendent le mieux l'idée des anciennes basiliques avant les ajouts décoratifs, et tout le temps ouverte : San Giorgio in Velabro, à ne pas manquer !
Je redescends vers le Forum Boarium ; ce quartier sur les rives du Tibre vibrait autrefois des agitations du commerce et du transport des marchandises. Ici se tenait un énorme marché aux bestiaux, aux bovins surtout, d'où son nom.
On ne voit plus grand chose de la zone des docks, alors que de vastes entrepôts demeurent visibles, les Horrea Agrippiana.
Le Forum Boarium
Et deux petits temples ont été extrêmement bien préservés.
Celui d'Hercule vainqueur est circulaire, avec d'étroites et élégantes colonnes corinthiennes. Les premier et troisième dimanche de chaque mois, une visite guidée est proposée des deux temples sur réservation. Je l'ai fait une fois et c'est vraiment très intéressant.
Le temple de Portunus est également une version réduite, mais c'est une occasion rare de voir un temple avec ses murs et son toit.
Tout le quartier a conservé la mémoire de l'Antiquité. Juste en face de l'entrée du temple de Portunus, il est aisé de reconstituer l'alignement des colonnes.
Il suffit de se retourner pour voir le lieu où affluent les touristes, Piazza della Bocca della Verità.
Bien plus que la prétendue Bouche de la Vérité, l'église de Santa Maria in Cosmedin (ouverte le week-end seulement) est un magnifique témoignage médiéval.
L'île Tibérine
Sur le Tibre, l'île Tibérine est peut-être la raison principale de l'installation humaine ici ; pas par sa taille (270 m de long, 67 m de large), même si elle est aujourd'hui plus petite qu'autrefois, mais parce qu'elle permettait l'installation de deux ponts qui facilitaient le transit sur le fleuve, tout près de ce qui devint le Forum Boarium.
Une légende liée à l'apparition du serpent d'Esculape est liée à l'édification d'un temple à ce dieu de la médecine, suivi ensuite par un établissement d'accueil des malades. Tout cela à l'emplacement de la basilique San Bartolommeo, Saint Barthélémy, dont on repère le clocher.
Le pont Fabricius est le plus ancien conservé à Rome et date du Ier siècle avant notre ère.
Je n'ai jamais pu pénétrer dans l'église de San Giovanni Calibita, et toujours pas aujourd'hui.
J'ai cependant visité une fois San Bartolommeo, la principale église de l'île.
Non seulement elle est fermée, mais sous le portique, les chaises sont disposées pour suivre une retransmission de la messe. J'imagine que les fidèles ne peuvent pas davantage entrer.
Le Trastevere
Voici un quartier fort célèbre pour son pittoresque, ses rues délicieuses, ses spécialités (la stracciatella, non, pas la glace mais une soupe à l’œuf battu et au fromage) et, paraît-il, un quartier de jeunesse vibrante, même si je n'ai jamais pu vérifier ce dernier point de mes yeux. Très touristique aussi, mais cela reste mesuré cette année.
Son nom signifie au-delà du Tibre, et ça a toujours été une Rome un peu différente. A l'époque antique des rois de Rome, la frontière avec le territoire étrusque était constituée par le Tibre, une zone étrangère quoique densément construite (il paraît que chaque cave a ses vestiges antiques, comme sans doute le reste du centre-ville). Jules César y possédait sa villa aux luxueux jardins, mais ce fut l'empereur Auguste qui rattacha le quartier à la ville.
J'y retrouve ce que j'aime dans les vieux quartiers romains : rues tortueuses pavées, des traces du passé à tous les coins de rue, et surtout une végétation qui apporte ses touches vertes en ponctuant la promenade.
Déjeuner : Al Drago
Je me rappelle avoir mangé il y a nombre d'années dans ce restaurant, sur la Piazza del Drago, du Dragon ; sa réputation, entretenue par le Guide du Routard, n'a pas faibli et c'est l'occasion de goûter autre chose que l'amatriciana et la saltimbocca.
Sur une crema di patate, en fait une purée assez longue, voilà des petits poulpes avec une réduction de tomates et de fenouil.
L'intitulé du plat est complet : saumon gratiné aux amandes et au pain au paprika, panzanella de tomates et de poivrons doux, straciatella de mozzarella de bufflonne. Avec l'eau gazeuse et le café, 33 € tout rond. Prix romain.
Aucun succès avec Sant'Agata, consacrée à la Sainte sicilienne, qui demeure obstinément sur ma liste "à voir".
Pas plus que Sant'Egidio, sur une adorable placette. Les voisins semblent avoir ocré leurs murs tout exprès pour mettre en valeur la façade blanche.
Œuvre d'un sculpteur canadien, Homeless Jesus, Jésus sans abri.
Sur mes tablettes, j'aurais déjà visité Santa Maria della Scala, mais j'y serais retourné volontiers car je n'en conserve aucun souvenir.
Pas davantage de sa pharmacie historique, qui jouxte une autre, moderne, dissimulée derrière l'entrée.
L'empereur Septime Sévère étendit les murailles de la ville et fit construire cette porte au IIIe siècle. Je crois que c'est elle qui divise le Trastevere et le Gianicolo, le Janicule.
La Galerie Corsini est installée dans le palais du même nom et offre un bel aperçu de la peinture romaine, surtout de sa période baroque.
Plusieurs chefs-d’œuvre dans cette seconde partie de la Galerie Corsini, dont un magnifique Honthorst. J'ai inclus une photo du Caravage prêté à Amsterdam, remplacé par une petite exposition Rembrandt.
Le plumbago, sans doute l'arbuste à fleur le plus cultivé dans la ville.
C'est l'heure où beaucoup d'églises sont ouvertes ! Je peux reprendre mon programme avec la star du quartier, Santa Maria in Trastevere.
Santa Margherita in Trastevere s'enorgueillit d'une façade bicolore très équilibrée. Je ne m'attendais pas à la trouver fermée alors qu'on la visite assez facilement ; j'avais discuté avec son curé fort affable.
Je traverse le Viale di Trastevere, la large artère du quartier, pour me rendre à San Francesco a Ripa, une intéressante église avec une extraordinaire statue du Bernin.
La suivante ne me permet pas la visite. Je le regrette, Santa Maria dell'Orto (Saint Marie dans le Jardin) reste sur ma liste "à voir". Elle a la réputation d'une belle église baroque très décorée, avec un riche programme de fresques... Pas pour aujourd'hui donc.
Mais je peux pénétrer dans la suivante, également riche et passionnante, Santa Cecilia. Et effectivement, elle vaut le déplacement ! Je pense que les visiteurs qui viennent dans le Trastevere pour la seule Santa Maria, la grande et célèbre, peuvent aisément en profiter pour visiter San Francesco et Santa Cecilia.
Et il m'en reste encore une à voir dans le quartier...
La Basilique de San Crisogono
Témoignage à nouveau du passé romain, la basilique remonte au IVe siècle, ce qui en fait une des plus anciennes de la ville. C'est la seule église au monde dédiée à Saint Chrysogonus, un martyr romain d'Aquileia.
Evidemment elle fut reconstruite selon l'historique coutumier ; on peut cependant visiter la partie paléo-chrétienne, du moins habituellement. Elle est une nouvelle victime de cette période de Covid.
Première étape de la reconstruction au XIIe siècle, et, toujours selon l'habitude, on a conservé de cet état le campanile de style familier.
Le très actif cardinal Scipione Borghese, celui de la collection d'art dans la Galerie Borghese, la fit rénover au XVIIe siècle.
La nef témoigne de ses modifications successives : colonnes et chapiteaux de la basilique initiale, sol cosmatesque médiéval, plafond à caissons du XVIIe siècle. Les colonnes de granit, déjà récupérées d'une construction antique précédente, sont rares à Rome. Quant au pavement cosmatesque, c'est le mieux préservé de la ville.
Première étape de la reconstruction au XIIe siècle, et, toujours selon l'habitude, on a conservé de cet état le campanile de style familier.
Le très actif cardinal Scipione Borghese, celui de la collection d'art dans la Galerie Borghese, la fit rénover au XVIIe siècle.
La nef témoigne de ses modifications successives : colonnes et chapiteaux de la basilique initiale, sol cosmatesque médiéval, plafond à caissons du XVIIe siècle. Les colonnes de granit, déjà récupérées d'une construction antique précédente, sont rares à Rome. Quant au pavement cosmatesque, c'est le mieux préservé de la ville.
Le blason du cardinal, avec l'aigle et le dragon, ne peut être manqué ! Mais la peinture du Guerchin, au centre, n'est plus qu'une copie, l'original ayant été vendu à un Britannique au XIXe siècle. Selon les principes habituels d'y présenter le Saint de l'église, elle illustre le Triomphe de Saint Chrysogonus.
Le cardinal Borghese, excellent client du Bernin qui lui livra des splendeurs, n'eut sans doute pas trop de mal à lui commander ce baldaquin. La mosaïque, La Vierge à l'enfant avec les Saints Jean et Chrysogonus, serait attribuée à Pietro Cavallini.
Peinture mouvementée où se lamente Sainte Catherine avec sa roue brisée.
Le monument funèbre au cardinal Giovanni Jacopo Millo change des formules habituelles. Il fut conçu par Carlo Marchionne, mais c'est Pietro Bracci qui sculpta les statues.
Dîner : Carlo Menta
C'est ma seconde bonne adresse du quartier. Al Drago, la version gastro, Carlo Menta, la version eco.
Pizza diavola (avec de la saucisse pimentée), tartufo nero (pas celui des Tre Scalini évidemment, la version industrielle), bière fraîche et café, moins de quinze euros. Je suis suffisamment reconstitué pour remonter à pied !
Wonderful tour in an exquisite roman area ! What a pleasure.
RépondreSupprimerI love your to-do list full of magnificent churches !
Congrats for this excellent post.
Annie
Thank you very much dear Annie !
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