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dimanche 4 novembre 2018

Bratislava : dans la ville ancienne

Péripéties

Comme à mes précédents voyages, j'ai conservé une journée pour me rendre dans la capitale de la Slovaquie, Bratislava, à une heure et demie de Vienne. Le choix de la date s'est fait naturellement, c'était le jour où je n'avais pas de spectacle. Le retour étant tributaire des embouteillages, je ne tenais pas à prendre le risque d'une arrivée en retard. Cette fois, j'ai prévu de visiter la galerie nationale et le château.



Me voici donc, ce vendredi de la Toussaint, bien en avance à la gare routière d'Erdberg. J'ai réservé, comme la dernière fois, avec Flixbus, et je guette l'arrivée de la ligne de 8:45.
Ici, c'est une panique noire. Des gens dans tous les coins, des bus en retard qui occupent la place de ceux qui sont prévus, qui du coup vont se garer ailleurs. Un panneau d'information donne des renseignements visiblement faux, qui ne correspondent pas aux quais de départ. Les passagers en partance pour Linz se retrouvent au même endroit que ceux qui partent pour l'Italie. Je vois un bus avec le panonceau Bratislava, trois minutes avant le départ. Je fonce. C'est raté, ce n'est que le 8:20 en retard.
Le bus pour lequel j'ai réservé n'arrive pas au même endroit. Et il est en retard, mais, le temps de le trouver, il s'en faut de peu que je le rate.
Dodo dans le bus, réveil pile à la gare routière, à l'arrivée. Elle est méconnaissable. Fini le bâtiment post-soviétique, place à une galerie plus moderne, avec des toilettes gratuites et des commerces contemporains. A la place de la cafétéria stalinienne, des cafés agréables. 

D'ailleurs j'en profite, avant de me lancer à l'assaut de la ville.

Vers la vieille ville


Le street art produit d'immenses œuvres, à Bratislava.

Sortir du quartier de la gare routière est un challenge. Tout est en travaux, on construit des immeubles de vingt étages.

Apparemment, c'est le nouveau quartier d'affaires. Les passages piétons sont une plaisanterie. J'attends devant l'un d'eux. Le feu des véhicules passe au vert, puis au rouge, sans autoriser les piétons à avancer. Je ne risque pas ma vie, et je contourne tout le pâté de maisons.


Dommage, car l'itinéraire pour gagner la vieille ville est simple : approximativement tout droit jusqu'au bout, en suivant la Dunajska.

On trouve même une survivance de l'op' art.

Le supermarché où je comptais faire quelques courses avant de partir est fermé. En fait, le jour de Toussaint, tout est fermé à Bratislava. La plupart des commerces, les musées. Mon choix de date est bien malheureux.


L'église est reconvertie en salle d'exposition de photographie.


A la lisière de la vieille ville, un clocher comme on en trouve fréquemment en Europe de l'Est.

Dans le centre ancien de Bratislava

Autour de l'ancien hôtel de ville



Je ne suis pas vraiment dépaysé. Comme à Vienne, et encore plus comme à Prague par l'usage de la couleur, les palais remplissent le centre de la ville. On pourrait aussi se croire à Moscou. La mondialisation, ça ne date pas d'hier.

Ici, il s'agit du palais primatial, construit autour de 1781 pour l'archevêque. A l'époque, sous la domination Habsburg, la ville se nommait Pressburg ; c'est dans ce palais que fut signé la quatrième Paix de Pressburg, mettant fin  la guerre de coalition.


Comme à la Cathédrale de Vienne, et ailleurs en Europe (on trouve des exemples en France également), les tuiles vernissées créent des motifs sur la toiture.


On traverse l'ancien hôtel de ville avec sa cour de palais. L'édifice a vu le jour au XIVe siècle, d'où son aspect médiéval sur une façade. On a cependant apporté de nombreuses modifications au XVe, et évidemment au XVIIIe, grande période de chamboulement dans toute la ville.



La massive porte offre un assemblage géométrique très précis, avec une découpe au millimètre. Un témoignage de travail de maître.


Hlavne namestie, la grande place de la vieille ville, est bordée de palais. Elle ne cessa de changer de nom, depuis le terme latin de Forum civitatis utilisé au Moyen-Age. Markcht, puis Ring sous les Habsburg, elle devint Franz-Joseph Platz (l'empereur), Masarykovo namestie (Masaryk, le premier président tchèque), Hitlerovo namestie en 1939-1945 et enfin Namestie 4. aprila (4 avril, libération de Bratislava par l'Armée Rouge) à l'ère communiste.


La fontaine de Maximilien fut érigée par Maximilien II au XVIe siècle, mais seule la statue est d'époque.


Outre l'ancien hôtel de ville par lequel je viens d'arriver, à droite, voici à gauche la grande église de Jésuites. Un beffroi sépare les deux.

L'église des Jésuites



Pour une église jésuite, la façade frappe par sa grande sévérité. Pas une niche, pas une statue. Seulement une décoration au-dessus de la porte.


La porte en elle-même révèle un travail aussi soigné que celle de l'hôtel de ville, mais c'est la sculpture minutieuse qui en fait le prix.


Hélas, aujourd'hui non seulement les musées sont fermés, mais les messes se succèdent dans les églises. Je ne veux pas déranger l'office, je risque quelques photos depuis l'entrée.


C'est un peu le principe de l'église des Augustins de Vienne : un intérieur très blanc, orné uniquement d'autels dans des structures architectoniques à colonnes.



La galerie municipale, bien évidemment, tient porte close aujourd'hui. Décidément ! Je dois me contenter de cette belle façade et d'un balcon avec de gracieuses volutes.

L'église des Franciscains



L'église des Franciscains fut érigée en seulement dix-sept ans, à la fin du XIIIe siècle. Evidemment, beaucoup de transformations ensuite, notamment cette façade baroque que je n'ai encore jamais vue repeinte. C'est ici que les chevaliers recevaient l'ordre de l'éperon d'or pour services rendus à la couronne.


Je pensais que la messe de l'église voisine suffisait pour le quartier, mais non. Chacune tient office aujourd'hui.
Encore une fois, je me contente de la nef, unique dans cette église.


Un coup d'œil sur la chaire. Autre témoignage baroque.

Les palais de la Laurinska



Sans doute la rue la plus prestigieuse du centre ancien, qui aligne palais et façades ornées.





Atlantes et caryatides étaient à la pointe de la mode à cette époque. J'y fais plus attention qu'à d'autres voyages et j'en vois partout !


C'est une des singularités de Bratislava : au centre de la capitale, on ouvre une porte et on a le sentiment de se retrouver au fin fond de la campagne.




La variété des styles plutôt que l'uniformité. Si on cherche ce qui assure l'unité, c'est la hauteur régulière qui s'en charge.


Jaune paille, blanc immaculé. Je donnerai à celui-là un prix d'élégance.



La cathédrale Saint-Martin, le plus large édifice religieux de la vieille ville, s'identifie de loin à la forme très singulière de son clocher.


Une façade bien plus récente, complètement tarabiscotée.


Les dessins semblent très naïfs sur ce mur. Des émules de Pirosmani ?


Devant la cathédrale, on a dû percer la muraille pour élargir la place. Cela permet de constater la présence de la double fortification.


De l'autre côté, le pont sur le Danube.


Le quartier de Kapitulska m'avait frappé par son délabrement à ma dernière visite. Il me semble que l'état n'est pas pire, et même qu'on a procédé à quelques travaux de peinture.


En tout cas, les fresques médiévales demeurent visibles.

Michalska



La rue Saint-Michel est aujourd'hui remplie de terrasses de cafés et restaurants, ouverts, eux.



Un groupe de Français sympathiques assure l'animation avec sa fanfare dynamique.




En haut de la rue,  Michalska Brana, la Porte Saint Michel, est la seule survivante des quatre percées dans les remparts de la ville. La construction gothique du XIVe siècle subit évidemment les modifications coutumières du XVIIIe siècle, qui l'ont transformée en cette tour baroque.




Sitôt la porte passée, un Saint Michel permet de vérifier qu'on ne s'est pas trompé.


Et toujours ces étonnants pans de nature sauvage !

L'église Saints Jean et Mathieu


Kostol sv. Jána z Mathy, l'église Saints Jean et Mathieu, est construite au bout d'un pâté de maison, sur une place ronde, et il s'agit d'une église également ronde. L'étrange façade concave est le résultat de ces contraintes.


L'église Saint Michel qui donnait son nom à la porte fut détruite, et au XVIIIe on reconstruisit une nouvelle, en s'aidant largement du modèle de Saint Pierre de Vienne. On repère plus d'une parenté entre les deux !


Abondance de marbres et d'agitation baroque, mais avec plus de sagesse (et peut-être moins de moyens) que dans la version viennoise.


Les fresques de Bibiena créent le trompe-l'œil attendu.


Chaire avec des angelots assis, les pieds ballants, comme des enfants. Le retable au-dessus du maître autel raconte le rachat des esclaves aux Ottomans, sujet rare dans une église.




On fit venir de Bavière le sculpteur Johann Baptist Straubov qui se chargea des statues. Rien à redire sur son travail.

L'église des Capucins



Encore une église très proche de sa cousine viennoise pour ce sous-ordre des Franciscains. Façade sobre, intérieur blanchi avec des éléments de bois.



Une installation, dirait-on de nos jours. La toile et la sculpture ne font qu'un. Si on regarde bien, le crucifix sculpté sur le retable est intégré à la peinture, puisque c'est l'objet des regards et de la vénération.


Les reliquaires très ornementés assurent la décoration.


Dans la conception comme dans le style, un ensemble très similaire à l'église viennoise.


Ca, ce n'est pas courant : je me demande qui est caché dans la chaire et qui tend le bras. Pas du tout, il s'agit d'une sculpture de main brandissant un crucifix. Vraiment trompeur !


Représentation plutôt documentée des canons et des lances.

18 commentaires:

  1. A lovely town of ancient times ! A real pleasure to walk in with you.
    Amazing pictures, again and again.
    Annie

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  2. Un fort intéressant tour d'une ville vraiment très méconnue. Je n'en connaissais que le nom, et je ne connais personne qui l'ait visitée... sauf vous, évidemment. Donc j'en suis très curieux et votre riche tour prouve combien la capitale slovaque mérite une visite.
    Pierre

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    1. Effectivement une ville à visiter, beaucoup moins touristique que d'autres en Europe de l'Est. Merci Pierre !

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  3. Personne ne connait Bratislava ! Une ville dont on ne parle jamais, ni sur son rôle, ni en tant que destination de voyage. Ca a l'air pourtant d'une très belle cité ancienne.
    Peut-être que ton article donnera envie d'y aller. Pour moi, c'est le cas !
    Bises
    Michèle

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    1. J'espère bien que mon blog suscite des envies de voyage ! En tout cas, s'il ouvre l'esprit et crée des portes vers l'ailleurs, c'est déjà mission accomplie.
      Merci beaucoup Michèle ! Si tu as besoin de bons plans sur cette ville, n'hésite pas. Je sais que pour le transport, le plus économique et sans doute le plus commode, c'est avion sur Vienne et bus ensuite, depuis l'aéroport. J'avais farfouillé…
      Gros bisous.

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  4. Not far from Prague and very similar! Great post, lovely photos.
    Merci.
    Neal

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  5. Peu d’animation dans la ville, normal car ils sont tous dans les églises. Cependant on profite de la beauté de la ville, de ses nombreux palais, elle vaut vraiment le déplacement. L’intérieur des églises est proche de ceux de Vienne, ils sont élégants, avec sculptures et peintures mises en relief par la lumière des murs d’un blanc éclatant. La promenade dans la ville est un vrai moment de plaisir qui me rappelle notre visite d’il y a deux ans.
    Bisous. Mam.

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    1. Le centre ancien a effectivement un réel caractère et du cachet, mais le 1er novembre, c'est le jour à éviter !
      Grand merci pour ce commentaire développé. Gros bisous.

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  6. A superb baroque town to be discovered! A pretty nice post.

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  7. Comme je l’ai dit, je vais continuer de lire votre blogue. J’ai interrompu l’écriture sur le mien pour lire votre récit sur Bratislava, une ville que j’aime revoir un jour : j’y ai travaillé en 1986-1987 et 1990, (un laboratoire international) . J’ai adoré cette ville, où c’était vraiment très plaisant à vivre : en fait la montagne est carrément dans la ville. Les week-ends nous faisions des superbes randonnés, le Château de Devin avec ses ruines au-dessus du Danube était une de mes préférée ! J’ai noué là-bas de belles amitiés, malheureusement beaucoup de mes anciens amis sont morts : vous savez, la chute du communisme a été très éprouvante, mais ça c’est une autre histoire ! Merci de partager vos expériences et bonne continuation !

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    1. Merci Mirona pour ce chaleureux commentaire !
      Mon article sur Bratislava est tout de même un peu décevant, une suite de ratages... Le précédent (https://fredailleurs.blogspot.com/2016/12/journee-bratislava.html) était un peu plus complet!
      J'ai perdu aussi des amis à l'est pendant les conflits, et mon professeur de serbo-croate a été tué pendant les conflits des Balkans.
      Bratislava me plaît bien, j'y suis allé à trois reprises et je compte bien y retourner.

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    2. Maintenant j'ai vu les autres messages aussi. Belles photos! Mes quelques photos sont comme à l'époque, en noir et blanc… Mes les souvenirs sont très colorés et… inoubliables! :)

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    3. J'imagine que la vie dans cette ville si singulière était assez atypique et a dû laisser des souvenirs hauts en... Couleurs!

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  8. Je ne sais pas si c'était haut en couleurs ou pas, nous essayons de tenir le pas avec ce qui se faisait dans le reste du monde, d’où nous parvenaient des rares échos.
    Mais parfois, oui, c’était très drôle : par exemple, quand un ingénieur originaire du Kiev m’a posé la question si on doit bouillir les légumes pour éviter l’effet Tchernobyl. Ou quand un type de Corée du Nord a répondu à ma question « quelles sont les religions dans votre pays » , « Le Parti communiste » ! Etc…
    On était des gens de tous les pays communistes, beaucoup d'entre nous ont été après la chute du mur de Berlin professeurs dans des Universités américains, ou se sont fait des firmes, les Slovaques sont généralement restés chez eux, preuve que c'était bon à y vivre...
    Finalement, ce n’était pas du tout ou presque ce qu’on croit dans les pays de l’ouest !

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    1. Je veux bien le croire. On simplifie toujours quand on voit les choses de l'étranger. J'ai voyagé à Prague pendant la séparation avec la Slovaquie et je me rappelle combien les différences avec le panorama tracé à l'ouest étaient nombreuses.
      Merci pour ce vivant témoignage!

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