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lundi 1 mai 2017

Paris : La Règle du Jeu à la Comédie Française

Un dimanche matin à Paris 


Comme je me suis levé assez tard, pas de marché ce matin. Je n'ai eu que le temps d'acheter une tranche d'un excellent jambon blanc à la maison Bodin (pas un parent même si nous portons le même nom) et une également délicieuse baguette aux céréales chez Lendemaine : me voici paré pour ce soir.



Passage obligé place des Vosges, comme d'habitude !

Je retrouve à 11.00 mon amie Françoise dans un café à côté de la place des Vosges. Elle a nombre d'informations à me demander sur New York et nous poursuivons la conversation en progressant vers le Louvre. Elle m'avait proposé de déjeuner vers Belleville mais, comme ma représentation à la Comédie Française débute à 14.00, je préfère m'en rapprocher. Nous passons par Beaubourg, où la queue pour l'expo Walker Evans (à faire au prochain voyage !) m'impressionne, et traversons l'élégante galerie Vivienne.


Paris Galerie Vivienne


Pas de problème pour manger un repas exotique, les rues derrière le théâtre sont une annexe de Tokyo.

Déjeuner au Yi Ping 


Il est à peine midi et déjà les adresses les plus courues sont bondées. Si nous voulons manger des ramens faites maison, il faut patienter. Vu nos obligations respectives, nous nous replions vers le Yi Ping, rue Sainte-Anne, qui à mon avis n'est pas un "vrai" restaurant japonais, mais son menu est plus qu'abordable et il est encore vide.

Paris Yi Ping

Je choisis la formule à 10,50 € : gyozas (j'adore tous les ravioli, et la version japonaise, grillée, m'enchante à chaque fois) et le bol de ramens avec légumes, porc et crevettes.

Je trouve les gyozas très goûteux. Le bol s'avère très copieux, le bouillon est assez parfumé, la garniture plutôt abondante. Effectivement on peut manger des pâtes plus savoureuses, celles-ci me semblent un peu farineuses. L'ensemble demeure tout à fait acceptable et cela cale son bonhomme. Même un gourmand comme moi ne saurait envisager de dessert ensuite.

Paris Yi Ping

Paris Yi Ping

 Nous allons boire un café au Palais Royal tout proche. Touristes et Parisiens y profitent d'un dimanche ensoleillé, et la roseraie éblouit déjà les regards.

Paris Palais Royal

Paris Palais Royal

Comme hier, les tulipes rayonnent.

Paris Palais Royal

Paris Palais Royal

Un pigeon peu farouche...

Paris Palais Royal

Paris Palais Royal

Paris Palais Royal

 Nous nous séparons là car Françoise part à son atelier de méditation bouddhique et j'entre au théâtre.

La Règle du Jeu à la Comédie Française


 En ce week-end prolongé, beaucoup de spectateurs semblent partis et un tiers de la salle est vide. On me déplace deux fois, et je me retrouve au premier rang de face.

Paris Comédie Française
Le foyer
Paris Comédie Française
La galerie des bustes
Paris Comédie Française
Voltaire veille...
Paris Comédie Française
En haut du grand escalier
Paris Comédie Française
La salle
Paris Comédie Française
Le plafond

C'est un très singulier spectacle que voilà.

Une production inusitée  


Paris Comédie Française

J'ai vu à plusieurs reprises des adaptations de films en pièces de théâtre, opération presque toujours réussie. Certaines sont même devenues des classiques comme Douze hommes en colère. Et Misery, que j'ai vu l'an dernier à New York avec Bruce Willis, restait un excellent spectacle.

En France, Daniel Benoin en a monté plusieurs de ce genre ; outre sa version de Misery, avec une prodigieuse Myriam Boyer, je  me rappelle une très virtuose adaptation de Faces, le film de Cassavetes, avec François Marthouret.

Le travail de Christiane Jatahy est tout autre et, me semble-t-il, totalement inclassable. Elle a transposé le film de Renoir à notre époque, tout en conservant l'intrigue, les personnages et leur nom, mais en modifiant parfois leurs caractéristiques. Robert ne collectionne plus des automates mais des objets reliés à  des technologies de l'image, comme ce drone qu'il fera voler dans la salle.

Ce qui brouille particulièrement les pistes est que le film montré par Robert au début, nommé La Règle du Jeu, va soudain fusionner avec le réel du spectacle.

On nous projette en effet un film, sorte de reportage sur la réception de Robert censée se tenir au même moment. Son château est représenté par les espaces de la Comédie Française. Le cocktail a lieu dans la salle de la location, les chambres sont les loges, on peut identifier les escaliers, etc. Et, lorsque l'action du reportage se déplace dans la salle, on constate, tout ébahi, qu'une vraie caméra est justement en train la filmer, et que les acteurs sont au milieu du public. On a l'impression d'un tour de magie remarquable, l'illusion est parfaite. Et cela continue : les invités, maintenant, ce sont les spectateurs, conviés à vivre (et non à assister à) la réception de Robert. Le sentiment d'improvisation est totalement entretenu, avec des acteurs qui ne donnent jamais l'impression de jouer ; et jusqu'à la voix, plus utilisée comme au quotidien et non projetée comme au théâtre.

Le public est encouragé à bouger les bras pour suivre la chorégraphie, à se servir de petits fours, voire à chanter. Ce procédé qui m'horripile d'ordinaire est tellement bien intégré qu'on ne sait plus très bien où on est. Tellement que lorsque, lors d'une des projections, le mécanisme tombe en panne et qu'on nous annonce qu'il va falloir patienter pour la réparation, je crois que c'est un des personnages qui parle et non un acteur, et donc que cette panne fait partie du spectacle. Et les malheurs sentimentaux touchent avec une vérité rare. C'est vraiment un spectacle qui travaille très étrangement, et très subtilement, l'illusion théâtrale.

Brillante distribution 


La troupe du Français s'y entend comme peu pour vivre tout cela avec un naturel confondant, tout en donnant l'impression que le texte est improvisé au fur et à mesure. Eric Génovèse est un Marceau (le braconnier brièvement engagé, devenu ici un délinquant resquilleur) plus vrai que nature.

Elsa Lepoivre,  Geneviève, est comme toujours magnifique, avec classe et beaucoup de "chien" ; Julie Sicard, une Lisette piquante et mutine.

J'ai toujours du mal à reconnaître Serge Bagdassarian, jadis un acteur corpulent et bientôt franchement maigre. Il fait un incroyable numéro en Dick, chante Non hò l'età avec un talent fou et bouleverse en une inflexion de voix. Un super acteur.

Bakary Sangaré, toujours juste, n'a pas de mal à faire croire à la douloureuse jalousie d'Édouard Schumacher. Suliane Brahim campe une très émouvante  Christine, tandis que Jérémy Lopez montre un Robert "gosse de riche" qui dévoile tardivement ses fêlures.

C'est Laurent Lafitte qui hérite d'André Jurieux, l'invité de marque qui sème la confusion des sentiments. Parfait et tout à fait crédible.

Pauline Clément est une Jacqueline assez fidèle au personnage du film, et souvent très drôle.

Enfin Jérôme Pouly, immense acteur pas assez connu, incarne un Octave poignant, qui dévoile peu à peu ses blessures sous le masque de clown (ou plutôt sous la  peau d'ours). Très grande performance de théâtre.

Je ne sais pas très bien ce à quoi j'ai assisté, mais j'ai été "attrapé" comme rarement. C'est une représentation qui me marquera durablement.

Paris Comédie Française

Paris Comédie Française

Paris Comédie Française

Eric Genovese
Paris Comédie Française

Julie Sicard
Paris Comédie Française
Laurent Laffitte
Paris Comédie Française
Suliane Brahim
Paris Comédie Française
Pauline Clément
Paris Comédie Française

Serge Bagdassarian et Elsa Lepoivre

Fin de week-end 



Je retourne à l'Opéra Bastille, qui redonne Snegourotchka, pour tenter de voir les artistes ratés vendredi soir. Hélas, le déluge choisit ce moment crucial pour s'abattre sur Paris. La pluie fait très mauvais ménage avec le papier des programmes et des photos ! Heureusement le gardien me reconnaît et accède à la demande d'un des artistes de me faire entrer dans la cabane qui sert de nouveau sas.

J'ai finalement tout juste le temps de retourner à l'hôtel récupérer mon sac et filer à la gare ! 

14 commentaires:

  1. Never heard of your french movie, but the show seems very original. Your French Comedy is a very nice theater. Wonderful pictures of flowers, thanks. In Champaign it is still winter.
    Annie

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  2. Super blog ! On a l impression de voyagé avec vous.
    Ethan

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  3. Ton article donne drôlement envie d'y aller. Je vais voir s'il y a encore des représentations et des places libres.
    Bises
    Martine

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  4. J'aime bien votre blog et ça me donne des idées pour en tenir un quand je voyage. Puisque vous parlez beaucoup du côté pratique de vos expériences, est-ce que vous pourriez faire un article sur la fabrication de votre blog ? Comment vous vous organisez, combien de temps ça prend, avec quel matériel (appareil photo, ordinateur, ...), comment vous publiez , les connaissances à avoir en programmation, etc...
    Merci de votre réponse
    Océane

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    1. C'est une idée, je le ferai peut-être à l'occasion des 20000. Merci pour votre suggestion.

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    2. Je trouve aussi que ce serait une très bonne idée. Après tout, puisque vous ne publiez qu'en voyage, ça fait aussi partie du récit de voyage.
      Nadia

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    3. Je suis d'accord, c'est une très bonne idée. De nos jours tout le monde adore les statistiques !
      Nadia

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    4. C'est une super bonne idée !
      Alexis

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  5. I am a regular reader of your blog. May ou post any stats ? How many US readers ? How many readers a day ?
    Cheers
    Palmer

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    1. Why not? In a special post for the 20 000,as in my last answer.
      Thanks Palmer!

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    2. Je trouve que c'est une très bonne idée aussi.
      Alexis

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