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lundi 13 septembre 2021

Paros : le Musée Archéologique

 

Une petite visite du Musée Archéologique de Paros, qui présente plusieurs œuvres vraiment rares et intéressantes.


Première surprise, ces sarcophages, apparemment les plus beaux du musée, sont exposés non seulement à l'extérieur, mais dans la rue.

 

Ca me semble bien étonnant. Pas de panonceau, un état de conservation bien meilleur que les fragments présentés dans la cour. La nécropole de Paros était assez vaste et s'étendait jusqu'à la basilique actuelle d'Ekatontapyliani.

Dans la cour, voisinent urnes, stèles, mosaïques, guère documentés.

Ces plaques, si je me réfère à ce que j'ai vu dans la rue, seraient donc des faces de sarcophages? C'est assez pertinent avec la thématique (visite à un mausolée, présence d'autels) mais ce découpage en vignettes, un peu comme une bande dessinée, est complètement nouveau pour moi. 

Les trous percés sur les encadrements supportaient des éléments en relief, sans doute métalliques.

Je présume qu'il s'agit d'Artémis qui tire une flèche de son carquois, près d'un autel. Je n'ai guère d'idée à part cela. J'ai lu quelque part qu'elle était une déesse à la fois guérisseuse et en même temps pouvait causer la mort subite et les décès lors des accouchements. Serait-ce lié ?

L'absence d'informations dans les musées, quelle plaie !


Le thème des personnages couchés revient très régulièrement. On retrouvera dans l'art étrusque et romain ces époux en ronde-bosse (dont on peut faire le tour) mais ici, c'est une version en bas-relief qui est proposée.


Monsieur pose son bras sur l'épaule de madame, dans un geste que j'espère affectueux. La présence du petit personnage au sol est pour moi un mystère ; leur enfant, qui présente une tablette ? Un esclave, un serviteur ?

J'avoue mon ignorance. Je ne connais pas suffisamment l'art funéraire grec et son iconographie pour me risquer plus loin. Si un lecteur a des références ou des idées, je suis preneur !


Reprise du thème, étendu au trio. L'homme à gauche me semble aussi barbu qu'Héraklès.

Hypothèses de nouveau. J'écarte le triolisme coquin, et aucun des trois personnages ne me paraît avoir de clairs attributs féminins. Trois frères ? Trois amis ?

Couple sur une stèle, cette fois. Et un mystère de plus avec la forme étrange au-dessous. Un trépied ? Un brasero ? Pourquoi pas un chien ? 


Retour dans un univers plus familier avec un autel orné de bucranes, comme ceux du musée de Rhodes auquel celui-ci ressemble particulièrement. Pas d'information ici mais ceux de Rhodes provenaient d'Aphrodisias, en Asie Mineure.

Première salle avec des fragments sculptés ou architecturaux.


Toujours peu d'informations. Ces coupes aux motifs variés semblent assez clairement dater de la période géométrique.

Paros fait bien partie des Cyclades, et on retrouve quelques - rares - témoignages de l'art cycladique, plus richement  présenté aux musées d'Athènes ou même à celui de Naxos, malgré les travaux.

Je rappelle donc que ces personnages féminins sont presque toujours figurés les bras repliés sur le ventre, et que la fonction de ces statuettes est aussi inexpliquée que celle de l'objet suivant, également courant dans cet art.



Originale création géométrique.

Ce vase du VIIIe siècle nous raconte une bataille avec des personnages stylisés. On se bat, on lance des flèches, on fait des victimes, bref, c'est la guerre.

Le terme d'art géométrique me semble particulièrement approprié ici : triangles pour les bustes, et une vraie passion pour le cercle qui se décline en frise, en roues de cher, en boucliers multiples...

L'amphore funéraire nous offre deux scènes différentes : en haut, la couche funéraire. Le cartel, heureusement présent, informe qu'il s'agit d'une représentation de la prothesis, le rituel funéraire.

Au registre inférieur, on nous raconte comment le personnage est décédé. Sur le champ de bataille, les archers étaient sans pitié...


J'aurais bien proposé une tête d'Héraklès-Hercule, mais le cartel se contente d'un "homme barbu".


La décoration de la poterie n'est pas toujours bien conservée ; on finit par être mal habitué avec beaucoup de musées qui ne présentent que leurs plus belles pièces et on oublie que c'est souvent ainsi qu'on retrouve ces céramiques.

Après quatre semaines d'entraînement, aucun souci pour identifier le skyphos, ci-dessus, le gobelet qui ressemble à un bol à soupe, et l'aryballe, ci-dessous, le vase pour les liquides précieux !


Cette tête ressemble fort à celles du musée de Rhodes : modelé identique qui met en valeur les pommettes, larges boucles d'oreille, yeux légèrement en amande. A se demander si celle-ci ne provient pas du même centre artistique.

Les dépôts votifs comprennent toujours beaucoup de statuettes et de têtes moulées.







Les fibules, l'ancêtre de l'épingle à nourrice, ont également été retrouvées en nombre. En bas à droite, un rare exemplaire en forme de cheval.

Décoration à figure noire, dans un style assez rustique étonnant. La peinture semble posée à larges touches et les incisions se limitent à de grossières entailles. Cela donne un effet rapide déconcertant ; on est habitué à davantage de finition et c'est intéressant de voir que tous les degrés de qualité existaient.


Scène de sacrifice devant l'autel. Le texte grec est plus long mais en anglais, la traduction est plus sommaire. Dommage, j'aurais bien aimé savoir de quoi il s'agissait. Les longues tiges rappellent les torches que brandissait Artémis sur un lécythe du musée d'Athènes.

Deux femmes en conversation. Même érodée, cela demeure une magnifique sculpture ; naturel des gestes, remarquable travail des drapés. Les tissus sont souples, le plissé sur les pieds de la dame debout est une merveille.

Et on trouve tout ça naturel, mais n'est-ce pas extraordinaire de voir une dame accoudée sur un fauteuil, dans une position tout à fait moderne ?

D'accord, c'est très usé, mais il reste quelques traces de couleur... Encore un couple avec de petits personnages en contrebas du lit.

Les yeux semblent sortir d'une bande dessinée mais l'expressivité de la statue est étonnante. Je ne suis pas certain que ce soit l'effet recherché, mais j'ai l'impression que cette dame a vu une apparition ! Une représentation du saisissement.

Il s'agirait en fait d'une déesse et la statue, de style dédalique (l'ancêtre de la sculpture grecque) est datée du VIIe siècle.

Avant le bloc-notes, les tessons de poterie servaient volontiers de page. Avec ce peu de lettres, les archéologues ont réussi à déterminer que l'inscription complète comprenait les noms d'Apollon et Artémis, les divinités les plus vénérées dans les Cyclades. 

Le sanctuaire de Despotiko leur était consacré. Il fut érigé au VIe siècle sur une île voisine et comportait plusieurs bâtiments. Il a été largement fouillé et on y a trouvé un grand nombre d'offrandes votives dont voilà quelques exemples.

Petit personnage avec une jarre, avec des touches de couleur qui suffisent à suggérer des vêtements.

J'aime beaucoup ce coq ! L'artiste s'est bien débrouillé pour suggérer le plumage du cou avec quelques incisions.

Large bijou fait d'une seule tige enroulée.

Une série d'aryballes de formes variées.

Les grandes statues sont malheureusement parvenues incomplètes. Mais cette Gorgone demeure encore impressionnante !



C'est en 1885 que furent découverts les fragments d'une statue au sud-est de Paros. On a pu reconstituer cette déesse assise, vraisemblablement Artémis, avec à nouveau de magnifiques draperies.

Archilochos naquit à Paros au VIIe siècle et vécut une vie mouvementée, où il se distingua fréquemment sur le champ de bataille. Il rédigea des poèmes remarqués pour leur ton satirique et anti-héroïque.Il écrivit également un hymne à Héraklès chanté lors des victoires aux Jeux Olympiques et des pamphlets contre ses contemporains. Et plus encore, il inventa la poésie lyrique.

Il serait mort au combat contre les armées de Naxos et aurait été enterré près de la rivière Elytas où on lui érigea un magnifique monument, l'Archilocheion.

Il en reste un chapiteau et cette plaque sculptée. Le visage est, hélas, un peu effacé, mais c'est émouvant de voir un portrait de ce lointain auteur. Le lit apparaissait sans doute en métal avec les appliques dont on voit les trous.

Cette dame du Ve siècle, vêtue d'un très léger peplos, apportait des offrandes et faisait partie de la décoration d'un temple tout proche de l'actuel musée.

Provenant du temple d'Artemis à Delion, une déesse aux longues tresses et chaussée de sandales aux hautes semelles. Elle date d'environ -360.

Ce disque de marbre pourrait bien figurer dans les collections du Musée des Jeux Olympiques ! Le discobole est prêt à lancer son projectile. 

Ce disque servait de couvercle à l'urne funéraire de l'athlète ; lorsqu'on le découvrit, il restait des traces d'or dans la chevelure et sur le disque. Je suppose, quoique le cartel n'en fasse pas mention, que l'or des cheveux était une couronne de victoire, de feuilles d'olivier ou autre.


Voilà donc un musée inégal, qui mériterait une meilleure muséographie et une modernisation des premières salles, mais qui présente des oeuvres rares et vaut bien la visite.

Et c'est le dernier musée archéologique de mon itinéraire en Grèce !


2 commentaires:

  1. Pièces variées, pas toujours exceptionnelles, mais visite intéressante grâce à la richesse de vos commentaires.
    Olivier

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