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mardi 31 août 2021

Santorin : l'antique Thera

 

 

Fondée au IXe siècle avant notre ère, la citadelle de Thera domine la mer depuis ses nombreux vestiges qui racontent une histoire grecque, romaine et égyptienne !

Bref historique

Strabon et Hérodote rapportent la même légende : cette ville aurait été fondée par des colons venus de Sparte, guidés par le héros Theras qui aurait laissé son nom à la ville.

Les recherches archéologiques ont révélé que la cité avait été habitée depuis le IXe siècle, donc bien après le tremblement de terre qui avait enseveli la cité d'Akrotiri.

On comprend facilement le choix de l'emplacement ; c'est un promontoire élevé qui domine la mer et qui surplombe actuellement Perissa d'un côté, visible sur ma photo, et Kamari de l'autre, sur la côte orientale de Santorin.

Ces murs demeuraient la base du sanctuaire d'Aphodite, décidément très fêtée en Grèce.

D'après Hérodote, elle connut en - 630 une violente sécheresse. Une partie de la population émigra vers la Libye où elle établit la colonie de Cyrène.

Thera redevint rapidement une cité prospère. Au troisième siècle avant notre ère, la flotte ptolémaïque, venue de l'Egypte grecque, en fit sa base navale et la ville se transforma, ajoutant des sanctuaires aux dieux égyptiens comme Isis ou Anubis.

Lorsque la Grèce passa sous l'occupation romaine, Thera demeurait une ville importante. On a retrouvé des pièces locales qui montrent que Thera battait monnaie.

Dès le quatrième siècle de notre ère, elle se positionna dans l'échiquier religieux et devint le siège d'un évêché. La ville conserva une relative importance au début de la période byzantine, avant d'être soudainement abandonnée au VIIIe siècle. Attaques de pirates, assauts des Sarrasins, éruption volcanique ont été avancés pour expliquer cet exil.

Un site gréco-romano-égyptien

Un temenos, c'est un espace sacré réservé à un culte. Son fondateur était le prêtre Artemidoros d'Apollonios, venu de PergéL, une cité d'Asie Mineure (au sud de la Turquie actuelle). Il s'occupa activement du culte et ornementa la ville ; à ce titre, il fut nommé citoyen de Thera.

Artemidoros sculpta lui-même ces rocher.s Ils contiendraient trois inscriptions à Hécate et à Priape, des autels aux Dioscures, à Omonia (la Concorde) et aux dieux de Samothrace, l'aigle de Zeus, le lion d'Apollon Stephanephoros (porteur d'étoile) et le dauphin de Poséidon. Ce dernier est le seul que je sois parvenu à repérer, dans l'ombre du rocher ci-dessus. Ah, en outre, le portrait d'Artemidoros avec une inscription.


Voilà la reconstitution. Vous en savez autant que moi !


Trois constructions en forme de temple datent de la période romaine et on y exposait les statues de membres des grandes familles de Thera.



Les marches conduisaient à un podium où demeurent les bases des statues. Une de celles-ci, décapitée, fut rapportée en France en 1788.


Voici l'autre côté du promontoire, avec au fond une île que j'identifie comme Anafi, sous toutes réserves.

L'agora était le centre de la vie publique, aussi bien politique que commerciale. Ses trois niveaux successifs se développent le long de la voie principale.

Se trouvait en particulier une stoa (une colonnade) et à l'arrière un temple de Dionysos.

A l'époque hellénistique, la partie inférieure servait au culte d'Athéna Polias (protectrice de la cité) et de Zeus Polieus (même mot au masculin, qui vient de polis, la ville). Je ne garantis pas que ce soit ce que je montre sur la photo !

La stoa correspondait à une basilique, un édifice qui accueillait des assemblées publiques et servait à la fois de bâtiment municipal et de tribunal. Elle fut construite au IIIe siècle et largement rénovée au IIe. Dans sa partie septentrionale se tenait le culte des empereurs romains divinisés.

Les visiteurs célébraient la beauté de la Stoa Basilique.

A cause de sa proximité avec l'agora, la maison de Tyché fut prise pour un bâtiment public, mais on penche aujourd'hui pour une demeure privée. Dans une des niches, on découvrit une statue de Tyché, la déesse de la Fortune.

Les dalles qui forment un carré dessinent un petit impluvium, un espace ouvert où on récupérait les eaux de pluie. Au fond à droite on avait installé des latrines.

Le théâtre est très ruiné petit, mais quel mur de scène il a aujourd'hui ! A l'époque, il devait tout de même être doté d'un mur véritable, comme l'odéon d'Hérode Atticus à Athènes. Il pouvait accueillir mille cinq cents spectateurs (incroyable !!!) répartis en cinq sections, comme on peut encore le voir au théâtre d'Epidaure.



A l'époque hellénistique se développa le culte d'Apollon Pythios, le vainqueur du serpent Python (partie gauche, avec le demi-cercle), identifié grâce à une inscription. 

Lorsque la garnison ptolémaïque s'installa, on y adjoignit un péristyle pour le culte des rois de la dynastie ptolémaïque, apparemment à l'avant.

A l'époque byzantine, le sanctuaire évolua en une basilique chrétienne (partie droite, avec le mur aux larges moellons).


La situation géographique du promontoire était vraiment avantageuse. Ce qui m'intéresse déjà, c'est de repérer le chemin pour descendre. Etait-il déjà utilisé dans l'Antiquité ?



La dynastie lagide descendait de Ptolémée, un général macédonien, et elle régna sur l'Egypte les trois premiers siècles avant Jésus-Christ. Son ère s'arrêta lorsque Octave vainquit Marc-Antoine et Cléopâtre à la bataille d'Actium. 

Les navires ptolémaïques, les plus gros jamais vus à cette époque, constituaient le fer de lance d'une ambitieuse politique de conquête méditerranéenne. Il leur fallait des bases navales et c'est ainsi que Thera accueillit les troupes égyptiennes.

L'arrivée massive d'étrangers entraînait toujours la mise en place de lieux de culte, et c'est ainsi que fut édifié ce temple dédié à Sérapis, Isis et Anubis. On déposait des offrandes dans les niches ci-dessus.

Me voilà à la pointe du promontoire. Vue dégagée !

Autour des voies pavées s'alignaient, comme aujourd'hui, les habitations, majoritairement construites en calcaire. On n'utilisait la pierre volcanique colorée que pour quelques éléments décoratifs et encore plus rarement le marbre.

La ville étant établie sur un étroit plateau, le manque d'espace était un problème majeur et les demeures n'étaient jamais très vastes.

Elles disposaient généralement d'un étage, indique le panneau. J'aimerais bien savoir comment on arrive à le déduire. Je n'ai vu aucune trace d'escalier.

L'élément essentiel à la survie était la citerne, adjointe à chaque maison, qui permettait de recueillir l'eau de pluie. Selon moi, cette année toute la population aurait péri de déshydratation si c'était l'unique moyen d'approvisionnement !

Un réseau de drainage parcourait les rues, au-dessous de la chaussée. Un système qu'on voyait déjà à Akrotiri.




Lorsque la garnison ptolémaïque s'installa, on construisit un gymnase pour l'exercice des marins. On le décora de statues honorifiques. On découvrit ici une stèle qui liste les donations de plus de deux cents officiers et soldats de la garnison pour la réparation du gymnase.


Le siège du commandement ptolémaïque comprenait un portique avec deux colonnes et comprenait des bureaux, des dortoirs et des pièces de réception. Là encore on voit des traces de canalisation pour l'évacuation des eaux.


Bref, une visite complexe car ce n'est pas toujours facile de repérer ce qu'évoquent les panneaux, mais une histoire intéressante et assez rare. J'avoue bien volontiers que j'ignorais complètement cette histoire de flotte ptolémaïque à Santorin !

Et le site est magnifique, avec une vue très séduisante, qui mérite bien les efforts pour le visiter.

2 commentaires:

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