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vendredi 20 août 2021

Olympie : le Musée Archéologique (1)

 


Un splendide musée rempli d’œuvres aussi remarquables qu'exceptionnelles, un des plus beaux de toute la Grèce !

Offrandes venues de tout le monde méditerranéen et d'au-delà, objets d'art qui paraient les édifices, splendides objets de culte pour un sanctuaire prestigieux... La célébrité dont jouissait déjà Olympie dans l'Antiquité lui valut un faste incroyable. Le musée témoigne de ce luxe.

Ces feuilles de métal repoussées proviennent du monde assyrien et furent réalisées en Syrie vers le huitième siècle avant notre ère. Elles furent réutilisées par les Grecs un siècle pour tard pour décorer le vêtement d'une statue en bois.


Je retrouve des souvenirs de Persépolis dans ces scènes où les animaux sont conduits au sacrifice...

Les fouilles ont dégagé des objets très anciens, prouvant une occupation du lieu bien antérieure au sanctuaire, - 4300 pour les plus antiques.


On a aussi retrouvé des tombes mycéniennes (la tombe, le paradis des archéologues !) avec ces statuettes stylisées, comme j'en ai précédemment publié aux musées d'Athènes ou de Mycènes, entre autres. Les tombes ressemblaient, en plus modeste, au Trésor des Atrides avec le long dromos.


L'autel de Zeus, proche du temple d'Héra, a entièrement disparu. C'est là qu'avait lieu l'hécatombe, le sacrifice de cent bœufs. Les archéologues y ont découvert une véritable ménagerie, majoritairement de bronze, avec cependant quelques pièces en argile.


Les figurines attendrissantes par leur gaucherie associent des sculptures anthropomorphiques, dieux ou cochers.

Le chaudron sur trépied, élément magique, était également suggéré dans ces miniatures.



Le plus grand nombre de ces statuettes représente le cheval, animal-roi de l'Antiquité (et pour longtemps !), symbole de prestige et de noblesse. On voit qu'au VIIIe siècle, le corps de l'animal est travaillé avec minutie pour détailler la musculature.



Le chaudron, de grande taille à présent, est de plus en plus orné. Celui-ci, du VIIIe siècle, était enrichi de cinq têtes de taureau. 


Autre animal récurrent dans la représentation antique, le lion, convoqué pour représenter le monde sauvage à lui tout seul. Je répète encore une fois que le modèle n'était pas le lion d'Afrique, inconnu des Grecs, mais celui d'Asie, à crinière courte. L'espèce est presque complètement éteinte. 
Je suis soudain frappé par la paire présentée en haut ; je trouve la pose identique aux lions médiévaux tels qu'ils apparaîtront dans la décoration, sur les drapeaux et les blasons. 


Peu d'époques ont été aussi fécondes dans la création de monstres, dont une des caractéristiques est la fusion entre diverses espèces. La sirène de l'Antiquité n'était pas celle d'Andersen, qu'on aurait rencontrée du côté des Tritons, mais un oiseau à tête humaine. 


Trois Silènes dans des poses lascives au VIe siècle. 


Ces statuettes très soignées du VIe siècle décoraient des ustensiles : une Korè, deux jeunes filles, un guerrier face à un homme sage. 


J'aime beaucoup ces sourcils creusés, bien expressifs ! Tête du VIIe siècle. 


Le design varie... Trépied complet plus de grands pieds striés, un ensemble du VIIIe siècle. 


La partie supérieure de deux chaudrons du VIIIe siècle. Quel raffinement ! 


L'anse d'un vase représentait une bizarre créature avec des cornes de chèvre et des plumes sur le corps. Ce monstre-là ne fait pas partie de mon répertoire ! 


Les figures ailées étaient nombreuses, et on connaît bien les exemples de Sphinx (au moins avec la scène canonique de l'énigme). Pour être certain de d'identifier les Sphinx, il faut cependant veiller à bien avoir un corps de lion. 


Autre statue de figure ailée, intéressante car il s'agit encore, en ce VIe siècle, de bronze martelé et non coulé. 


Le Griffon est resté particulièrement célèbre dans la Galerie de monstres. Les statues exposées ici sont presque jumelles de celles au musée de Delphes. 






Une tête de lion rugissant qui, selon le panonceau, est caractéristique de l'art hittite. VIIIe siècle. 


Deux feuilles de bronze martelé. La première montre, au milieu, Oreste tuant Clytemnestre pendant qu'Egisthe tente de fuir. Je suis en terrain connu avec cette histoire des Atrides (je renvoie à mon article sur le site de Mycènes). 


La seconde présente une bataille constamment reprise, notamment dans les frises et les métopes des temples, celle des Centaures et des Lapithes. 


Trois énormes boucliers votifs. 


Le Musée évoque le prestigieux Temple d'Héra avec des pièces spectaculaires : ce qui reste du disque d'Iphition, où était inscrit (je présume au dos, car ici je ne vois rien) le texte de la trêve des Jeux. 


La reconstitution le montre bien visible au sommet du temple.


Ah ! Elle manquait, celle-là, au catalogue de monstres ! Voici la Gorgone et sa chevelure de serpents, qui pétrifiait d'un seul regard. La tête obéit au modèle courant, sans cesse repris et diffusé dans l'Antiquité. 




La quantité d'offrandes me laisse tout de même pantois. Voilà maintenant celles des guerriers, avec une série de casques à la fois semblables et différents. 


Formidables, ces sourcils ! 

Ce bassin du VIIe siècle provenait d'Orient. Deux lions encadrent une fleur stylisée.


Dessus de large bassine, décoré de fleurs de lotus. 

Magnifique travail ; le corps aussi bien que la tête de la lionne sont sculptés avec un réalisme saisissant.


Impeccable statuette de Sphinx du VIe siècle, venue de Laconie


Poignée de chaudron en forme de bélier. Cet animal issu du monde pastoral a nettement moins la faveur des donateurs. 


Les éléments de terre cuite ne sont plus en place sur les édifices, et c'est même incroyable qu'on ait pu en retrouver des fragments. Ceux-ci proviennent des trésors, ces édifices à la fois votifs et publicitaires, comme Delphes en était pleine.


Ce lion faisait partie d'un autel, ce qui serait très rare. Il fut réalisé dans un atelier de Corinthe.


La tête faisait partie d'un groupe sculpté, un satyre poursuivant des ménades. 

Je trouve cette tête extraordinaire car elle me rappelle plus que fortement les démons asiatiques, d'Angkor aux temples bouddhiques japonais. Mais je ne suis pas plus que cela étonné, les routes de la soie, qui existaient déjà dans l'Antiquité, faisaient circuler les idées, les techniques et les modèles. 
 
Alexandre le Grand se maria en Inde. Les sculptures du Gandhara ressemblent à celles du monde hellénistique. Cendrillon, légende chinoise venu de la nuit des temps, est devenu une référence du conte européen... 


J'espère que personne n'aura l'idée, au nom de la censure imposée par les "bonnes mœurs", de faire retirer les statues de Zeus et Ganymède. Cette histoire de dieu qui s'éprend d'un enfant ou adolescent et l'enlève, pas pour lui raconter des contes, sent le soufre aujourd'hui. Et pourtant, hormis chez Rembrandt qui traite le sujet avec dérision, cela a souvent été l'occasion de magnifiques représentations.
 
Je suis toujours d'avis que la morale n'a rien à faire avec l'art !


Bien rare Athéna en terre cuite, avec un regard un peu rêveur. On est bien loin du modèle courant. Je l'aime beaucoup ! 



Deux lions à l'attaque d'une gazelle. Férocité et souplesse.

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