Vienne : 26 octobre au Prater

 

Une journée variée qui me conduit finalement au légendaire Prater.

 

 

Aujourd'hui c'est le 26 octobre, journée de Fête Nationale autrichienne. L'an dernier j'avais pu visiter quelques bâtiments d'ordinaire fermés au public, comme la Cour Constitutionnelle, mais cette année toutes les visites sont annulées pour cause de Covid. En outre le temps est plutôt maussade aujourd'hui. Je passe la matinée à saisir mon article de la veille, mais je ne vais pas passer tout le jour enfermé.

Première opération, aller déjeuner. Je connais un restaurant habituellement ouvert le 26 octobre (ce n'est pas le cas de tous et tant s'en faut), j'y vais de ce pas.

Vienne : Rotenturmstraße

 

La grande Rotenturmstraße qui débouche sur la Schwedenplatz où je passe quotidiennement est très très calme... C'est dans cette rue que s'ouvrit au XVIIe siècle le premier café viennois, tenu par un Grec.

Vienne : Fleischmarkt

Le nom Fleischmarkt désigne l'ancien marché à la viande, très actif au Moyen-Age. Le quartier a conservé sa vocation de commerce.

Vienne : Fleischmarkt

Vienne : église orthodoxe grecque

 

L'église orthodoxe fut établie dans un quartier où s'était installé la communauté grecque. Les parasols, à gauche, signalent le restaurant Griechenbeisel, sis dans un bâtiment du XIVe siècle. L'église date du XVIIIe siècle mais la façade fut refaite un siècle plus tard.

 

Déjeuner : Café Engländer

 

Le Café Engländer est bien ouvert, je vais pouvoir tester le menu du jour. 

Le potage est une délicieuse crème de céleri-rave, douce et parfumée.

 

Grand classique autrichien avec ce jarret de porc au chou rouge et aux graines de cumin.

 

Un dessert enthousiasmant : la Schokobomb au chocolat chaud !

Pendant le repas, j'ai pu vérifier les musées ouverts. L'office de tourisme de la ville me signale plusieurs expositions Beethoven à l'occasion du 250e anniversaire de sa naissance. Celle de la Bibliothèque Nationale me fournira l'opportunité de retourner à la Prunksaal. C'est parti !

Vienne : Papeterie Katzer

 

Dans Wollzeile, la papeterie Katzer résiste à l'usure du temps. On y vend de ces choses totalement introuvables ailleurs, délicieusement surannées, merveilleusement inutiles, comme des motifs à découper.

Vienne : Papeterie Katzer

 

Je descends Kärntner Straße, la grande rue commerçante qui débouche sur l'arrière du Staatsoper. On voit que c'est un jour férié ; la foule d'Autrichiens se promène sereinement.

 

En arrivant à côté du Staatsoper, j'ai la surprise de tomber sur une petite manifestation de suprémacistes cagoulés, qui agitent des drapeaux White Power. Ca fait froid dans le dos.

 

C'est visiblement le jour des manifestations ; une autre se déroule à quelques mètres de la précédente.

Vienne : Burggarten

 

Le Burggarten, sous les balcons de la Hofburg, fait également le bonheur des Viennois.

Vienne : Heldenplatz

 

En général la Heldenplatz devant l'arc majestueux de la Hofburg permet, le 26 octobre, à l'armée de faire son show en sortant ses gros engins, tanks et véhicules blindés.

Vienne : Heldenplatz

 

Aujourd'hui c'est plus confidentiel et l'implantation militaire se limite à quelques soldats qui passent rapidement, bien masqués.

Vienne : Hofburg, Schweizertor

 

La Schweizertor, la Porte Suisse, se découpe dans la partie la plus ancienne de la Hofburg ; elle fut construite au XVIe siècle par Pietro Ferrabosco qui y plaça les emblèmes de Ferdinand Ier et de l'ordre de la Toison d'Or.

Le nom de la porte provient des mercenaires suisses qui assuraient sa garde  à l'époque de Marie-Thérèse.

Vienne : Hofburg, In der Burg

 

L'aile suisse, l'Amalienburg, l'aile de Léopold et celle de la chancellerie du Reich délimitent la cour, nommée In der Burg depuis 1919.

En 1846,  Ferdinand Ier fit ériger la sculpture de Pompeo Marchesi  représente l'empereur François II en César romain.

Vienne : manifestation sur la Michaelerplatz

 

Décidément c'est le jour des manifestations ! Les drapeaux fleurissent partout dans Innere Stadt. A l'arrière de cette Michaelerplatz devant l'entrée de la Hofburg, Adolf Loos créa en 1910 un coup de tonnerre en imposant cette sobre façade de marbre vert à la place des palais baroques. Il décora la partie inférieure et laissa les étages neutres, selon sa théorie où seul le bas de l'édifice participait réellement à la ville alors que la partie supérieure correspondait à la sphère privée.

Vienne : Hofburg, Josefsplatz

 

C'est avec plaisir que je visite de nouveau la magnifique Prunksaal, la plus grande bibliothèque baroque.

 

Elle expose notamment une superbe collection de manuscrits rares.

Et voilà l'exposition Beethoven qui m'a amené ici.

Vienne : Palais Fries-Pallavicini

 

Mozart joua plusieurs fois pour Marie-Thérèse dans ce palais Fries-Pallavicini du XVIIIe siècle. Pour les cinéphiles, c'est là que vit Harry Lime, incarné par Orson Welles dans l'inoubliable Third Man, Le Troisième homme.

Vienne : Graben, Pest-Säule (la Colonne de la Peste)

 

Grande œuvre du second baroque, la Colonne de la Peste fut érigée à la fin de l'épidémie de peste de 1679. Paul Strudel termina le travail auquel avait notamment participé Johann Fischer von Erlach, l'architecte de la Prunksaal, la bibliothèque baroque.

Comme je l'avais déjà indiqué, le mot Graben désigne les fossés en allemand car c'était l'emplacement de la fosse qui délimitait la ville. Il fut comblé grâce à la rançon exigée à l'Angleterre pour libérer leur souverain retenu en captivité : une somme colossale, deux années du budget de la couronne anglaise !

 

 

Près de la cathédrale, une étrange construction du XIXe évoque le Moyen-Âge comme un livre d'images.

 

Au Prater

 

Il me reste encore du temps, le ciel s'est coloré d'azur. Pourquoi ne pas me rendre au Prater, célèbre destination où je n'ai encore jamais mis le pied en plus de vingt voyages à Vienne ?

 

Ancienne réserve de chasse des Habsburg, cette zone marécageuse fut asséchée pour accueillir l'Exposition Universelle de 1873. C'était aussi une zone où on organisait des courses hippiques et un lieu de divertissements réputé dans toute l'Europe à la fin du XIXe siècle.

 

Bizarrement, le souvenir le plus ancien que j'en ai est lié à une recette de Kipferl, de délicieux biscuits en forme de croissants, précédée de la mention "La bourgeoisie allait déguster les Kipferl au Prater". Je m'attendais vaguement à un parc typique qui avait gardé ses bâtiments historiques, et j'espérais bien y faire emplette de ces gourmandises.

 

L'aspect historique se limite à bien peu de choses et m'évoque plutôt la reconstitution frelatée, façon Disneyland, que le témoignage du passé.

 

Vienne, Prater : Riesenrad, la Grande roue

Le principal élément historique est la grande roue, historiquement la troisième réalisée dans le monde. La première était celle conçue par Ferris à Chicago et la seconde la Gigantic Wheel d'Earl Court, près de Londres. Celle-ci fut élaborée par un Britannique, Hubert Cecil Booth, en 1897. Elle fit sensation à l'époque et demeura longtemps le symbole de la ville, façon Tour Eiffel. A ma connaissance, c'est la plus ancienne encore en activité (après sans doute de nombreuses restaurations).

Pendant la première guerre mondiale, elle servit de poste d'observation.

 

 Au lieu de Kipferl, je trouve les gaufrettes Männer au praliné. Fierté autrichienne, certes, mais je ne suis pas venu ici pour me repaître de biscuits industriels.

 Encore ces montagnes russes semblent-elles quelque peu anciennes.

 Mais pour le reste, le Prater est un parc d'attraction moderne, avec ses manèges et ses installations à sensations fortes. J'ai tenté de prendre en photo ce qui me semblait le plus typique, mais je ne suis pas vraiment spécialiste de ce type de divertissement.

 Attraction horrifique remplie de dinosaures monstrueux...

 Je dois avouer que les "trains fantômes" et autres "maisons hantées" ne manquent pas d'imagination.

 Oui, oui, ça grimpe jusqu'en haut.

 La maison suisse voisine avec l'inévitable chalet.

 Un chamboule-tout ! C’était quand, la dernière fois que j'en ai vu ?

 Très peu pour moi.

 La grande roue historique a une concurrente moderne !

Vienne : monument à Tegetthoff

 Cette colonne rostrale m'évoque immédiatement celles de Saint Petersbourg ! Celle-ci est dédiée au vice-amiral Tegetthoff de l'armée austro-hongroise, vainqueur de la bataille de Lissa. 

Vienne : église St. Johann Nepomuk

 Je rentre par la Praterstrasse qui traverse Leopoldstadt, le deuxième arrondissement coincé entre le Danube et son canal. Saint Jean Nepomucène (St. Johann Nepomuk), le saint célébré pendant la Contre-Réforme, y a droit à son église.

Vienne : Nestroy-Hof

 Ce célèbre bâtiment Art Nouveau fut édifié en 1898. Ce fut le grand centre de culture juive à Vienne et son théâtre vit les premières nationales de pièces de Strindberg ou de Gorki.

 Style... euh, inclassable. Viennois, sans aucun doute.

 Je repasse le canal du Danube en me dépêchant un peu. Je ne tiens pas à arriver en retard à l'Opéra.

 Ce soir, j'assiste à l'Enlèvement au sérail dans la nouvelle production !