Je retourne au Novaya Opera, tout proche de mon hôtel, où j'avais vu l'an dernier Tsarskaia Nevesta, La Fiancée du Tsar, et Lucia di Lammermoor. Ce n'étaient pas les productions que j'avais trouvées exceptionnelles mais la troupe, remplie d'inconnus talentueux. Le constat sera à peu près identique ce soir.
Comme c'est inscrit sur ce bâtiment, c'est un opéra dans le parc, nommé l'Ermitage comme le fameux musée de Saint Petersbourg.
La production
Voici une production à l'ancienne, qui illustre surtout le récit et laisse les interprètes se planter à l'avant-scène, main sur le cœur ou bras tendu, voire mieux s'ils ont des dons pour le théâtre. On évite le statisme ses chœurs grâce à beaucoup d'animation dans les premières scènes. Il faut dire qu'ils sont largement mis à contribution, assurent le ballet avec une chorégraphie simple mais bien faite.
Pour le reste... Décors de carton-pâte (trois façades au début, des casques chez Kontchak tout aussi incongrus) poivrés d'éclairages colorés, costumes de livres d'images. Cela s'inscrit dans une tradition apparemment bien vivante dans ce théâtre, et cela ravit le public.
La seule idée apparaît avec cet ermite, image rémanente dans l'opéra, qui vient sans doute rappeler le destin d'Igor... Rien de bien passionnante pour autant.
La distribution
C'est bien dommage car la troupe du Novaya Opera est bien valeureuse.
Epatants seconds rôles, même la Polovtsienne de Nestan Meboniya dans un rôle souvent négligé.
Veniamin Egorov fait un impeccable numéro en Erochka avec une voix de ténor de caractère bien timbrée et bien projetée, et son compère Sergey Tarassov assure aussi en Skula (malgré une projection plus irrégulière).
Egalement très bien, l'Ovlur d'Anton Bochkariov, voix percutante, présence scénique efficace malgré le peu de subtilité de la mise en scène.
Kniasz Igor réclame deux grandes basses. Je retrouve avec plaisir Vladimir Kudashev, voix de bronze remarquablement conduite, qui nous gratifie d'un air superbe avec beaucoup d'expressivité et de style.
Remplaçant Alexey Antonov, c'est Evgeny Stavnisky qui interprète Galitsky. Une voix plus claire que son collègue, mais extrêmement homogène, avec des registres bien soudés. Peut-être un peu moins de variété dans la dynamique, mais son phrasé soigné nous vaut de grands moments.
Agunda Kuliaeva interprète Konchakovna avec un timbre chaud de mezzo et Vladimir est chanté par le formidable Alexey Tatatintsev, superbe ténor aux aigus éclatants, valeureux et stylé. Son air est un des grands moments de la soirée.
A la place de Marina Nerabeyeva, c'est Irina Moreva qui se charge de Iaroslavna. Voix très charnue, assez centrale, c'est un soprano riche et plein, et elle est très attentive aux nuances de son rôle.
Andrey Borisenko s'avère également un bien bel artiste, avec une voix dense et bourrée d'harmoniques, puissante, conduite avec soin.
Le vétéran Evgeny Samoilov est tout à son affaire pour conduire des chœurs puissants, qu'il gère avec une gestuelle précise, et un bon orchestre (malgré une clarinette un peu verte et un trombone un peu court). Il phrase avec générosité, veille à tout, c'est un vrai plaisir de bénéficier de sa connaissance approfondie de ce répertoire.
Evgeny Stavnisky |
Veniamin Egorov |
Anton Bochkariov et Nestan Meboniya |
Les mêmes, plus Irina Moreva |
Vladimir Kudashev |
Evgeny Samoilov |
I know the famous polovtsian dances! Excellent review, thanks!
RépondreSupprimerAnnie
Thanks Annie!
SupprimerDes costumes rutilants, une mise en scène inexistante mais des chanteurs aux voix solides comme sont celles des russes, finalement cela compose une bonne soirée.
RépondreSupprimerMerci. Bises. Mam.
Un bon plateau, ça compense toujours certaines faiblesses ! Grand merci. Et gros bisous
SupprimerBien intéressant, cet article. J'ai vu que l'Opéra de Paris programmait cette œuvre l'an prochain. Cela me donne envie.
RépondreSupprimerVos photos semblent avoir souffert lors du téléchargement ! Cela donne un curieux effet de miroir déformant.
Pierre
Effectivement ! Il faudra que je les modifie. Merci beaucoup Pierre !
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