Prague : Synagogue Vieille Nouvelle

C'est le premier jour de l'année… Grasse matinée de rigueur ! Mais comme c'est l'heure de déjeuner, voilà une bonne raison pour mettre le nez dehors.

Déjeuner à Staré časy

Beaucoup de restaurants tiennent porte close aujourd'hui, et en trouver un ouvert n'est pas difficile. Celui-ci affiche à l'extérieur un menu convenable et il accueille les affamés !

C'est une salle voutée comme on en trouve beaucoup à Prague, un peu kitsch mais pittoresque. Aujourd'hui c'est le seul atout de l'établissement.

D'abord, bien qu'affiché à l'extérieur, le restaurant ne sert pas le menu aujourd'hui. Il faut se rabattre sur la carte, explique le serveur bougon.

Bonne bière brune, certes. Mais un goulasch chiche, à la sauce impersonnelle, racheté par des knedlik légers. Je préfère ne pas prolonger le repas, malgré l'insistance du serveur acariâtre, et prendre le dessert ailleurs.

Malgré ce, c'est un des repas les plus chers du séjour ; et ma seule déception culinaire !

Trdelnik  sur Staroměstské náměstí !

Sur Havelska, dernier jour pour le marché de Noël !

C'est comme d'habitude ; la foule converge presque automatiquement vers Staroměstské náměstí, et le trafic s'épaissit largement au fur et à mesure qu'on s'approche de la place.

Une large partie du public se rassasie à grands coups de saucisses sur le marché de Noël.

Pour moi, c'est l'occasion rêvée de goûter enfin ce fameux Trdelnik, le gâteau cuit à la broche. On me le sert chaud. C'est un genre de pâte à croissants, très moelleux, qui croustille à l'extérieur avec le sucre qui caramélise. Un peu cher pour ce que c'est (80 couronnes) mais je suis ravi de l'avoir dégusté !

J'aurais bien été tenté aussi par ces rissoles au fromage, mais je reste raisonnable !

Le mémorial de Jan Hus

Aujourd'hui, le ciel azuré me permet de photographier le Monument de Jan Hus. On voit un groupe de fidèles et de guerriers hussites forcés à l'exil, après leur défaite à la Bataille de la Montagne Blanche, pendant la guerre de Trente Ans.

Je rappelle que Jan Hus fut au XIVe siècle, un philosophe dont la réflexion religieuse l'amena à critiquer l'église catholique qu'il considérait comme décadente. Il considérait notamment que la messe devait être servie dans la langue quotidienne et non en latin. Ses pensées débouchèrent plus tard sur les réformes de Luther et de Calvin.

Le hussisme fut, bien sûr, combattu par l'église installée et ses soutiens politiques, et les conflits furent très violents. Les hussites furent massacrés, exilés comme le montre ce mémorial, mais de leur côté ils détruisirent des églises et ne furent pas tendres avec les moines.

Cependant, le combat de Hus est devenu le symbole de la résistance à l'oppresseur, contre les Habsburg puis contre le pouvoir pro-soviétique.

Le groupe statuaire a été érigé dans les premières années de la République Tchèque, en 1915, par Ladislav Saloun (le créateur d'une superbe façade sur Náměstí).

On croit à un palais baroque, mais ce n'est cette fois pas le cas. Il s'agit ici d'une reconstruction de la fin du XIXe siècle. La scène qui figure au fronton n'est pas si éloignée de la mosaïque de la Maison Municipale.

Dans le pâté du palais Kinsky, un fronton triangulaire dont la lucarne s'est métamorphosée en soleil rayonnant surmonte une façade saumonée.

Devant la Synagogue Espagnole, une autre statue célèbre Kafka.  Jaroslav Róna l'a exécutée en 2003 ; il se serait basé sur la nouvelle Description d'un combat, un texte étrange où le combat du titre s'avère un échange de propos qui partent dans tous les sens.

Le numéro à l'horizontale sous le porche… Une surprise pour ceux qui dressent la tête.

Dans une vitrine de maroquinerie, une table au design coloré. Pas facile à glisser dans tous les intérieurs.

Jeunes filles façon Mucha, version trois dimensions.

Un café, enfin. Vingt minutes de queue, tout de même, en ce premier janvier.

Encore une créature qui domine une façade. J'hésite entre un ange (des ailes ?) et une star de music-hall (coiffure de plumes ?).

La Synagogue Vieille Nouvelle (Staronová synagoga)  

L'extérieur

J'avais bien l'an dernier exploré une série de synagogues dans ce quartier de Josefov (articles ici et là), mais pas celle-ci.

En fait, je l'avais visitée à mon premier voyage à Prague, un 31 décembre où il régnait un froid polaire. J'ai encore le souvenir du contact paralysant avec les dalles gelées. Il était tout de même temps de rafraîchir les souvenirs, je n'y étais pas retourné depuis.

Cette synagogue est le plus ancien monument de la communauté juive de Prague, et un des plus vieux d'Europe. Elle fut édifiée par des ouvriers du chantier du couvent Sainte Agnès, au XIIIe siècle donc. Étonnant exemple d'un atelier qui construit des sanctuaires pour deux religions différentes !

Elle est entourée de nombreuses légendes ; on raconte que le grenier conserverait les restes du Golem, cette statue animée créée par le rabbi Loew pour protéger les Juifs de Prague.

La première salle

L'édifice se divise en deux parties ; on pénètre dans une sorte de corridor étroit, bordé d'un banc de pierre.

Dans la plupart des synagogues, les femmes, séparées des hommes, se réunissent dans une galerie, mais ici c'est ce couloir qui servait de nef pour les fidèles (au féminin), d'où les bancs.

Deux coffres conservaient les taxes juives collectées dans le royaume, une sorte de dîme, je présume.

Une étoile de David a été sculptée sur ce plot de pierre, mais je suis moins sûr des autres représentations ; des poissons, peut-être.

Sur ce tableau portant les noms de rabbins, on peut lire celui de rabbi Loew, en haut au centre.

Un cep de vigne, symbole abondamment utilisé dans la Bible, se déploie dans le fronton.

La deuxième salle

La salle principale est étonnamment vaste par rapport à la première. Les femmes étaient vraiment reléguées dans un couloir !

A regarder attentivement, la voûte gothique est originale : des ogives à cinq branches ! Un symbole inconnu ?

Le mât de procession supporte la bannière de la communauté juive de Prague (depuis le XVe siècle). Elle présente un chapeau juif au centre de l'étoile à six branches.

Les principaux éléments décoratifs demeurent les chapiteaux, très finement travaillés.

Il s'agit presque uniquement de motifs végétaux, ciselés avec soin et un grand souci de réalisme.

Les inscriptions en hébreu, des versets bibliques, rappellent la dimension spirituelle du lieu : "Car le Seigneur a choisi Sion et l'a voulue pour résidence" et "Evite le mal, agis en bien". J'espère avoir bien noté les traductions de la notice, je ne lis pas l'hébreu ! Si je me suis trompé, merci de me le faire savoir, je rectifierai pour n'offenser personne.

Au Moyen-Age, les fidèles s'asseyaient sur ces bancs contre les murs. Les autres synagogues de la ville présentent des allées de bancs qui nous sont plus familières.

Les bougies se reflétaient sur des sortes de boucliers de laiton,  polis, convexes, pour augmenter la luminosité.

Au centre, c'est l'espace pour la lecture de la Torah, avec une table couverte de velours brodé, complètement séparé par une grille.

Au fond, l'arche conserve les rouleaux de la Torah. Elle est tournée vers l'est, en direction de Jérusalem, ce que les églises chrétiennes conserveront dans leur orientation.

Les rouleaux sont masqués par un rideau, le parokhet dont les autres synagogues présentaient de beaux exemplaires anciens.  Au-dessus la lampe représente la lumière éternelle.

Comme dans les églises, tout est une affaire de symbole. Chaque élément a une signification religieuse.

Prochaine étape : la Synagogue de Jérusalem ! Mais elle est située à côté de la gare : il faut retraverser le centre ville.

Suite de la promenade

Chaussures Christian Lauboutin, comme des bijoux.

Et un nouveau passage sur Staroměstské náměstí… La foule est toujours aussi nombreuse.

Jindřišská Věž, la Tour d'Henri, est le plus haut clocher de la ville : cette tour gothique s'élève à 66 mètres de hauteur.