Le Leopold Museum consacre une rétrospective à un des artistes viennois les plus réputés, Gustav Klimt.
Me voici donc arrivé au Museumsquartier, et je néglige les autres musées pour me rendre au Leopold Museum. Ce bloc peu avenant dissimule un passionnant musée, basé sur la collection privée de M. Leopold, où on peut découvrir l'école de Vienne (avec des gens peu connus chez nous, comme Egger-Liebe ou Corinth), parmi lesquels de nombreux Klimt et la plus importante collection au monde d'œuvres d'Egon Schiele. Ce musée va fermer à partir du 5 novembre pour de longs mois. Derniers feux avant la fermeture : deux grosses rétrospectives consacrées aux célébrités du lieu, décédées toutes les deux en 1918. Des expositions anniversaires donc.
Et je vais commencer par celle consacrée à Gustav Klimt...
Klimt : premiers portraits
Gustav Klimt, Dame de profil, 1897 - Homme de face, 1879 |
Deux dessins bien différents. Le portrait d'homme est encore conventionnel, alors qu'un style personnel apparaît dans les hachures noires de celui de femme.
Gustav Klimt, Portrait de Maria Ucicka, 1898 - Portrait féminin, 1900 |
Deux techniques différentes, un don pour le dessin évident. Maria Ucicka fut la maîtresse de Klimt et ils eurent un fils ensemble.
Gustav Klimt, Homme assis, 1883 |
La plus ancienne peinture de Klimt, une Académie réalisée par un étudiant des Beaux-Arts. La datation inscrite par son auteur a permis de dater les autres œuvres.
Gustav Klimt, Emilie Flöge en costume rococo, 1892 |
Un charmant portrait de celle qui fut sa muse, tout au long de sa vie.
Gustav Klimt, Jeune fille de Hana, 1883 |
Une autre peinture d'étudiant, déjà une grande maîtrise. Le visage se détache sur un fond quasi monochrome où se fondent la robe, la coiffe et l'arrière-plan.
Gustav Klimt, deux Portraits, 1896 |
Gustav Klimt, L'Aveugle, 1896 |
Klimt présenta ce tableau à la première exposition Secession et il fut reproduit dans le journal Ver Sacrum, l'organe officiel de ce mouvement novateur. L'effet de clair-obscur, la matière un peu épaisse me rappellent certains Tintoretto.
Gustav Klimt, Jeune fille, 1894 |
Une miniature d'une dizaine de centimètres de haut.
Gustav Klimt, Portrait de femme, 1893 |
Et, au contraire, le premier grand portrait de femme presque en pied. Visiblement une commande officielle d'une bourgeoise établie qui l'a contraint à modifier ses effets de lumière, obtenant de délicats tons crème. Le rendu de la chair est admirable.
Des raretés, copies de tableaux célèbres.
Quelques photos. Ici dans l'appartement de Julius Zimpel, un ami peintre.
Gustav Klimt, Schubert au piano, 1893 |
Changement radical de manière avec ce tableau presque flou, aux contours imprécis et aux coloris resserrés.
Au dos d'une lettre, Klimt a gribouillé ce projet pour le bâtiment Secession portant l'inscription Ver Sacrum, pas très éloigné de sa réalisation finale.
C'est en 1897 qu'eut lieu la déterminante première exposition Secession. L'affiche lithographiée, très très célèbre, présentait Thésée et le Minotaure. Le choix typographique était vu comme un élément distinctif de l'affiche, élément annonciateur de ce qu'on appelle aujourd'hui une identité graphique. Précurseur à tous les niveaux.
Gustav Klimt, Portrait de femme dans le feuillage, 1896-99 |
Un portrait très délicat d'une femme au visage ovale bien dessiné ; on pense aujourd'hui qu'il s'agirait de sa maîtresse, Maria Ucicka.
Gustav Klimt, Portrait de femme au chapeau sur fond rouge, 1897-98 |
Un portrait sophistiqué où les nouveaux éléments de la mode sont mis en valeur.
Gustav Klimt, Deux sœurs, 1907 |
On passe à autre chose. Ici apparaissent les éléments graphiques répétés qui sont sans doute l'élément distinctif le plus célèbre chez Klimt aujourd'hui. Tableau mis en vente dans une galerie et aussitôt acquis, pour la somme coquette de dix mille couronnes.
Gustav Klimt, quatre colotypes, 1899 |
Joseph Maria Olbrich, Affiche pour la deuxième exposition Secession |
Gustav Klimt, Couple debout s'embrassant, 1901 |
Un premier dessin de baiser, anticipant celui exposé au Belvedere, peut-être sa toile la plus célèbre.
Gustav Klimt, Portrait de femme, 1901 |
Gustav Klimt, Portrait de femme enceinte, 1904 |
Klimt : paysages
Gustav Klimt, Verger, 1898 |
Même dans les toiles anciennes, les paysages de Klimt ne ressemblent pas à ceux de ses confrères. Une audace dans la palette, un choix du sujet et du cadrage, une matière très personnelles se manifestent déjà.
Gustav Klimt, Verger le soir, 1898 |
Présenté à la septième exposition Secession, cette toile fut décrite comme un "délicieux paysage atmosphérique" par un critique.
Gustav Klimt, Paysage de Schönbrunn, 1916 |
Toile très évocatrice de son traitement de la surface par de petites touches graphiques.
Gustav Klimt, La mare au matin, 1899 |
J'ai dû ruser pour éviter le reflet sur la vitre. Celui sur la mare, en revanche, quelle merveille !
Gustav Klimt, Bois de pins, 1901 |
Toujours un choix de sujet assez singulier. La répétition de lignes verticales dans les arbres est fréquente à cette époque (Monet, Maurice Denis, par exemple), mais Klimt est encore plus radical dans sa sélection des seuls troncs pour évoquer la forêt.
Gustav Klimt, Attersee, 1900 |
J'adore ce tableau dans les collections permanentes du Leopold. Les couleurs me ravissent particulièrement. A la fois très réaliste et à un cheveu de l'abstraction. Le Lac Attersee était le lieu favori de Klimt pour ses vacances estivales.
Gustav Klimt, Litzlbergkeller, 1915 |
Représentation de l'auberge au bord du lac dont le peintre était un fidèle client.
Gustav Klimt, Le grand peuplier, 1902 |
Les peupliers aussi, un thème de Monet. Mais quelle différence dans le traitement !
Gustav Klimt, Le Taureau noir, 1902 |
L'animal est presque invisible dans la pénombre. Un citadin comme Klimt ne pouvait qu'être impressionné par un bestiau semblable. Son idée de l'obscurité lui donne une force maléfique.
Le carton percé qui servait pour cadrer les sujets, en vue de tableaux carrés.
Une carte de vœux. Ce qui m'a intéressé c'est la calligraphie soignée, exactement le style développé pour Secession.
La collection orientaliste de Klimt
Je n'ai jamais vu encore ces objets lui appartenant, montrant plus qu'un intérêt pour la Chine et le Japon. En connexion directe avec l'exposition récente du Kunstforum.
Pour l'exposition, on a reconstitué une salle de son appartement-atelier, dans Josefstäder Strasse. Très en avance sur son temps ! Les amis des Wiener Werkstätte avaient dû œuvrer.
La maturité
Gustav Klimt, La Vie et la Mort, 1916 |
Une très grande peinture avec les thèmes graphiques colorés qui tiennent lieu de vêtements. A gauche la Mort, à droite le cycle de la vie qui mêle un couple, une mère et son enfant et une vieille femme.
Gustav Klimt, La Vierge, 1913
|
Travail plus ancien, où Klimt abandonne déjà la perspective pour une composition circulaire évoquant une rotation.
Gustav Klimt, La Fiancée, 1918 |
Une dense composition colorée qui emplit le cadre. La richesse de ces coloris vifs, avec d'audacieuses associations de couleurs complémentaires, fait partie du style développé dans les dernières années.
Josef Hofmann, bijoux |
Ces bijoux de 1905-0910 appartenaient à Emilie Flöge. Tous des créations de Josef Hofmann, le grand maître des arts décoratifs, incroyable créateur dont les œuvres à la géométrie stricte ont conservé leur modernité.
Factures, papier à lettre. C'est le logo de la maison qui m'a interpellé !
Salon de la maison où on voit la patte d'Hoffmann.
Emilie Flöge toujours. Encore une belle création graphique avec les initiales de Klimt, en bas !
Gustav Klimt, Femme en paletot, 1915 |
Toute la maestria d'un trait de crayon.
Gustav Klimt, La danseuse de flamenco, 1908 |
La première fois que je vois un dessin de Klimt rehaussé à l'aquarelle. Un usage très libre et expérimental de ce médium.
La mort
Schiele, Tête de Klimt mort |
Schiele réalise ce dessin sur le lit de mort de son collègue.
On pourra compléter cet article avec la frise Stoclet du MAK et sa dernière version du Baiser, ainsi qu'avec les peintures de Klimt au Belvedere, dont la version du Baiser la plus connue.
J'ai bien dû manger une quinzaine de fois ici, mais comme je n'y suis plus venu depuis un moment, j'ai une surprise. Le restaurant a été refait de fond en comble. Autrefois, les pâtes étaient la spécialité maison, maintenant on fait dans l'exotisme. Sushi et curries sont à l'honneur.
J'opte pour un curry au lait de coco (j'adore ça !), avec quantité de légumes frais et de fines tranches de poulet, accompagné de riz et de salade. En dessert, un flan mangue-coco. Tout compris, dix-neuf euros. Ce n'est pas exagéré pour un restaurant de musée.
Déjeuner au Café Leopold
J'ai bien dû manger une quinzaine de fois ici, mais comme je n'y suis plus venu depuis un moment, j'ai une surprise. Le restaurant a été refait de fond en comble. Autrefois, les pâtes étaient la spécialité maison, maintenant on fait dans l'exotisme. Sushi et curries sont à l'honneur.
J'opte pour un curry au lait de coco (j'adore ça !), avec quantité de légumes frais et de fines tranches de poulet, accompagné de riz et de salade. En dessert, un flan mangue-coco. Tout compris, dix-neuf euros. Ce n'est pas exagéré pour un restaurant de musée.
I love Klimt and I discover many highlights in this exhibition.
RépondreSupprimerGreat post !
Annie
I am very happy about this discovery. Thanks Annie
SupprimerL'exposition est remarquable, non par les œuvres fameuses présentées (assez peu nombreuses, en fait, et il manque les plus reproduites) mais par la quantité de dessins et d'œuvres de jeunesse, jamais montrées. C'est un plaisir de parcourir cet article copieux.
RépondreSupprimerPierre
Merci infiniment. Vous avez bien résumé la limite et la spécificité de cette exposition.
SupprimerMagnifiques tableaux, rares dessins. Une expo superbe.
RépondreSupprimerBisous
Michèle
Je crois que mes remerciements ont été oubliés !
SupprimerQuelle honte… Un grand merci donc.
Ton article montre un Klimt très novateur, en perpétuelle recherche tout au long de sa vie. Le charme de son œuvre enchante par ses flous, sa palette, ses dessins admirables, la maîtrise des techniques employées. Le choix des œuvres que tu as sélectionnées confirme sa recherche et son évolution constantes. Un très grand artiste qui n’est connu du grand public qu’à travers quelques toiles comme « Le baiser ».
RépondreSupprimerBises. Mam.
Effectivement l'atout majeur de cette exposition est de trtracer complètement le cheminement artistique d'un artiste célèbre mais finalement assez méconnu. Et, comme tu le dis, en recherche permanente.
SupprimerGrand merci !
Bises
Passionnant article, avec beaucoup de photos d'excellente qualité,qui montrent l'évolution constante d'un artiste très mal connu.
RépondreSupprimerMerci pour votre travail.
Anne
Merci à vous, Anne, pour ce chaleureux commentaire.
SupprimerSuperbe article ! Merci et bravo
RépondreSupprimerMerci beaucoup, cher Anonyme !
Supprimer