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samedi 18 août 2018

Nagasaki : Jardin Glover, Pont Megane, temples


Après ma matinée de visites, je reprends le tramway pour traverser une large portion de la ville et descends à Shinchi, le quartier chinois que j'ai visité hier.
Je termine à pied sur une importante avenue parallèle au port dont elle est séparée par un cours d'eau.





Rivière, canal ? Toujours difficile à savoir.



Un des plus énormes paquebots que j'aie vus, une ville flottante, délivre un flux continu de passagers qui montent dans des bus.


Quelques constructions renvoient au passé de l'intense activité portuaire.



Je retrouve certains des bus du paquebot qui semblent avoir parcouru seulement deux cents mètres. Je laisse passer la masse devant moi. Des touristes coréens, apparemment.
Le quartier historique a un peu débordé. Même le conbini Family Mart s'est adapté à la couleur locale.


A gauche s'élance la flèche de la cathédrale d'Oura. Entrée plutôt chère : 1000 ¥, et photos interdites.



Le Flatiron de Nagasaki !

Le Jardin Glover

Je patiente dans la queue devant le guichet pendant que les Coréens suivent docilement leur guide. Le site occupe une colline escarpée et une série d'escalators (eskaleta, un des mots qu'on entend souvent dans les haut-parleurs) transporte les visiteurs jusqu'au sommet.


Même la cabine téléphonique s'est adaptée ! Le jardin est en fait un parc où sont édifiées des maisons de bois de la fin du XIXe siècle  Peut-être le site le plus visité ici, je n'ai pas encore vu autant de touristes à Nagasaki.


L’Écossais Glover débarqua ici en 1859 où il fonda une entreprise industrielle. Plusieurs décennies après les Hollandais, voilà un étranger dont l'installation contribua à la modernisation du Japon.


Il fit installer un réseau d'adduction d'eau, nouveauté absolue.


Il noua rapidement des relations avec de jeunes samouraïs.


C'est lui qui prépara l'expédition des dix-neuf jeunes gens de Satsuma, partis étudier en Grande-Bretagne.


Glover créa la première mine de charbon en fondant la Takashima Colliery, vendue à l'entreprenant Iwasaki Yataro. Ce fut la base du conglomérat industriel Mitsubishi.


Glover continua sa collaboration avec le statut de consultant et fonda une brasserie, la Japan Brewery Co., quand la bière n'était encore qu'un onéreux produit d'importation, presque inconnu des Japonais.


La première maison qu'on visite fut construite en 1898.

Elle servait de dortoir pour les équipages des bateaux qui faisaient de longues escales.

Je présume que l'intérieur avait alors un tout autre aspect !


Outre le bassin peuplé de carpes voraces, la vue se découvre sur le pont harp-style et le vaste chantier naval de l'autre côté du fjord.


Bien plus qu'au Musée de la Bombe, je mesure ici la situation très protégée de ce port, raison sans doute de son succès. Je présume qu'il doit être très profond, puisque le paquebot gigantesque est amarré au bord.





On a transporté ici l'ancienne cabane de gardien de l'université, construite sur l'impulsion de ce groupes d'immigrés.


Également cette demeure de 1883, la seule édifiée hors de la colonie européenne.


Après quelques bâtisses, on commence à repérer les caractéristiques qui devaient sidérer les Japonais : peinture claire, fenêtres nombreuses.


L'olivier fut planté par Maria Callas lors de sa visite à Nagasaki.



Tout le monde file au café, à l'étage.


Sans un regard pour ce panneau, pourtant très étonnant. Une jeune fille vient même me demander dans un anglais approximatif ce que je regarde.


Pourtant, il raconte avec beaucoup de vie et de détails la visite d'étrangers ; je songeais tout d'abord à des Espagnols, mais l'éléphant serait peut-être celui transporté par les Hollandais de Dejima.




Quelle animation dans ce récit !


Robert Walker, un japanophile convaincu, s'était marié à Fukuda Sato et leur fils fit édifier cette villa de plein-pied. Capitaine sur la liaison avec Vladivostok, il fonda aussi la première fabrique japonaise de soda.


Hélas, la maison est en travaux jusqu'à fin septembre.



Je vois passer la masse des touristes du paquebot, pressés par leur guide. Comment ? Déjà fini ?


Cette porte donnait accès à la première loge franc-maçonnique sur l'archipel.


C'est le festival de Torre del Lago qui a offert cette statue de Puccini, un papillon sur l'épaule.


Celle de la cantatrice Miura Tamaki en Cio-Cio-San avec son fils, au troisième acte de l'opéra, ne semble pas plus évidente aux visiteurs du jour.


La maison de Frederick Ringer rend hommage à une grande cantatrice japonaise, Teiko Kiwa, une des premières japonaises lancées dans une carrière mondiale.


Autographe de Puccini : quelques notes et sa signature.


Outre ses kimonos pour Butterfly, des vitrines exposent ses coiffures pour Iris et Turandot.





Ringer était venu en Chine pour superviser la production de thé d'une compagnie britannique et y rencontra Glover qui le fit venir au Japon.


Entrepreneur plein de fougue, ce compatriote établit une compagnie très diversifiée.


Une vue panoramique de la pièce, au son de la boîte à musique à disques perforés, présentée au premier plan.


Parmi ses activités, le thé bien sûr, les produits de la pêche et de la chasse, la minoterie, le premier journal en anglais…



Et même la fondation du premier hôtel international. Il fit venir un ingénieur britannique pour aménager le réseau hydraulique, afin que chaque chambre disposât de l'eau courante.


Un chef français prit la direction des cuisines.


L'Alt House ressemble énormément à la précédente. On peut chercher les sept erreurs entre les deux photos, que j'ai volontairement prises selon le même angle.


Mais ce porche n'existait pas dans la précédente !


Koyama Hide, l'architecte de la cathédrale précédente, se chargea de la conception de cette villa "in Tuscan style".


Comme les autres de la colonie, elle s'inspire entièrement de l'Occident.


Plus question de tatami comme chez les Hollandais de Dejima.
Cela prouve combien les architectes locaux avaient totalement assimilé cet esprit de l'étranger.


La cuisine est séparée du corps d'habitation comme des communs.

C'est assez rustique. Mais cela reste un principe occidental, loin du foyer au sol traditionnel.


William John Alt, arrivé au Japon en 1863, rechercha les différents jardins de thé de Kyushu pour en assurer l'exportation.


C'est lui qui fit connaître le thé nippon à l'étranger et rendit le sencha populaire.

Une maison de poupée japonaise pour une des fillettes de la maison

Il s'associa au samouraï Iwasaki Yataro, un des fondateurs de Mitsubishi.


Lorsque deux marins du vaisseau britannique Icarus furent assassinés, il prit la défense des samouraïs suspectés.


Sa maison accueillit ultérieurement le consulat américain.



La Steele Academy fut construite pour héberger une école américaine protestante. La tour au-dessus du porche s'avérait un clocher qui sonnait la fin des cours.



On y retrouve Glover au moment de son arrivée.


Et plus tard, businessman prospère.



Son fils Tomisaburo, né de son mariage avec Kuraba, une femme divorcée d'un samouraï.



Glover, en bon Écossais,  était fin pêcheur. Il avait aussi un sacré coup de crayon.




Sa propre demeure fut la première construite, en 1863, à l'origine de la colonie.


Il s'agissait d'une spacieuse villa de plein-pied.

Selfie du jour! J'y pense. 


Elle comprenait même un jardin d'hiver. Je me demande si les hivers étaient vraiment si rigoureux !



Deux salles à manger : les réceptions dans la plus grande éblouissaient les invités qui n'avaient jamais vu de semblables tablées.



La famille prenait ses repas quotidiens dans la plus petite.



La moquette protège aujourd'hui le sol, en briques car le carrelage n'était pas disponible alors.


La cuisine reste basique, à l'instar de la précédente.


Une étable à l'extérieur recevait vaches et chevaux. Les seconds existaient au Japon, on en voit sur des rouleaux peints. Sur les plaques d'égout de Takamatsu aussi, si je me rappelle bien.



La dernière construction, plus récente  expose des chars très colorés de sortie pour les matsuri.



Tous représentent des navires. Logique, à Nagasaki.






Ces dragons me semblent davantage provenir de Shinchi, le quartier chinois. Je ne fais que présumer en l'absence d'informations.




En sortant, le point de vue donne directement sur le paquebot. Diantre ! D'ici sa taille m'impressionne encore davantage !



Une petite glace pour se remettre. Au bushukan, un agrume local. Encore une première !


Promenade : temples à découvrir ! 



Je pensais à une autre rivière. Mais les coquillages au bas des piliers indiqueraient une marée. La mer entrerait-elle dans la ville ?


Ah, un shotengai. Ca me manquait !


Plutôt chic, celui-là.



La pâtisserie ne vend qu'un gâteau (avec ses diverses déclinaisons), le castella. LA spécialité de Nagasaki, vendue partout, d'origine portugaise paraît-il.
C'est très agréable de se promener dans Nagasaki. On passe beaucoup de temps à grimper et à descendre, mais la ville est striée de petites rues vivantes. J'apprécie vraiment cette ville, j'y serais bien resté deux ou trois jours de plus.


Au hasard de mes déambulations, je tombe sur une série de temples. Pas les célébrités mentionnées dans le guide, non, de petites constructions de quartier.


Cadre verdoyant, belle construction aussi sobre que soignée. J'ai beaucoup plus de satisfaction avec cette épure qu'avec le bric-à-brac coloré qui caractérise souvent les homologues chinois. Je ne parle pas du merveilleux Temple du Ciel de Pékin, mais j'ai des souvenirs d'édifices clinquants comme des baraques foraines.




Quelle surprise ! Des jeux pour les petits. En regardant de plus près, une aile du temple sert d'école.


Par conséquent, les salles de classe ont vue directe sur le cimetière !


Second temple avec son mon, la porte qui marque la clôture.



J'ai appris, et souvent répété ici, que la porte signalait le temple et le torii, le sanctuaire.
En discutant l'autre jour avec Yoshio, celui-ci m'a informé que ce n'était pas aussi tranché. Et effectivement : ce temple-ci est garni des deux.



On distingue clairement Dejima sur ce bas-relief qui orne le gymnase d'un collège. Les élèves en jaillissent sur le carillon de Big Ben.






Meganebashi


Je ne pouvais pas quitter Nagasaki sans m'être rendu à ce pont emblématique. Megane, en japonais, ce sont les lunettes. Lorsque le soleil est au zénith et que les arches se reflètent parfaitement, l'effet serait saisissant avec les deux cercles, comme des verres de bésicles. C'est un peu tard, je n'ai droit qu'à une esquisse.


Les statues dans les villes, ce n'est pas toujours une grande réussite. Martiales, hagiographiques, mièvres... Mais je trouve à celle-là une vraie poésie.

Dîner 


Un troquet providentiel va permettre de me restaurer avant que je trouve porte close partout. J'ai moins de chance qu'à midi pour le menu tout en japonais, plein de kanjis inconnus.


Pour 800 ¥, la soupe au sésame est accompagnée d'une salade avec sa boule de purée froide, du riz sauté avec omelette et morceaux de poulpe. Quant à la viande sautée aux poivrons, le langage des signes va me permettre de comprendre qu'il s'agit de langue de bœuf ! La gentille fille de la maison a fait le maximum en matière de communication ! 

10 commentaires:

  1. Lovely period houses with pleasure gardens and amazing view. Paradise!
    Thanks for your great post with beautiful pics.
    Annie

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  2. Les appartements de Nagasaki paraissent inhabités, figés, vides, et les bâtiments, dans leur ensemble, sont très différents de ceux des autres villes. On comprend que cette ville meurtrie fut convoitée par de nombreux pays en quête des meilleures situations, en particulier la hollande, grâce à son commerce et à ses emprunts.
    Pour les chinois, une possibilité d’aller s’installer ailleurs, une chance.
    Une fois encore des photos très intéressantes ainsi qu’un texte riche. Que de choses apprises !
    Merci Bises. Mam

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire aussi précis qu'élogieux
      Gros bisous

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  3. Great tour of a very nice area! Nagasaki is only known for the bomb!
    Anita (Berlin)

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    1. Thanks for your kind message, Anita. Nagasaki deserves a visit for sure.

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  4. En retard,encore et toujours ! Article , varié, vivant, bien dosé. Du beau travail.
    Bises
    Michèle

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    1. Tout le monde devrait tenir un blog, rien que pour le plaisir de recevoir de si agréables compliments ! Merci Michèle.
      Bisous

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  5. Great! Magnificent villas, beautiful gardens, and the special fredailleurs touch. A pleasure to read.
    Torje

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