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mercredi 7 mars 2018

New York City : Gracie Mansion, Eastside, Chelsea


Ce matin, je me dirige vers Gracie Mansion, un des manoirs historiques conservés à New York. Et la résidence officielle du maire !


Après avoir longuement hésité entre le métro et la marche, je choisis la seconde option. Il fait franchement frais mais plutôt beau, c'est l'occasion d'en profiter. GoogleMaps me donne une heure et quart de marche ; en fait, ce sera un peu plus. Après chaque traversée de bloc, c'est l'occasion d'un passage piéton, et la main rouge (l'équivalent de notre bonhomme immobile) ralentit sensiblement l'efficacité de ma marche rapide. Je passe du côté West, à l'extrême, au côté East, à l'extrême aussi, et c'est toujours l'occasion de vérifier que Manhattan n'est effilée que sur la carte.



 Je serpente donc entre rues et avenues, traversant Midtown avec ses gratte-ciels un peu asphyxiants.




Dès que j'atteins Eastside, c'est tout de suite plus aéré.



 C'est toujours une surprise de voir combien les références européennes sont nombreuses dans cette ville, plutôt réputée pour son modernisme. Il ne faut pas oublier que c'est fondamentalement une ville d'immigrants, depuis les origines (la nouvelle Amsterdam) jusqu'à nos jours. C'est ce que rappelle très justement Ellis Island, qui me paraît une des visites essentielles à faire ici.

Donc, logiquement, les immigrés ont cherché à rappeler leurs origines. Dans la journée, je verrai du néo-italien, du néo-français, du néo-britannique...



 Ça aussi, c'est du néo-italien.

Gracie Mansion




Ce site n'apparaît bizarrement pas dans la plupart des guides. J'ai commencé à m'intéresser aux mansions, ces édifices historiques de la ville, après avoir visité la Morris Jumel Mansion. J'ai ensuite pu passer quelques heures passionnantes dans la Van Cortlandt House, une visite inoubliable avec un guide bénévole passionné, et le cottage d'Edgar A. Poe. Le Tenement Museum, la Merchand House (très intéressante, vivement recommandée), la Frick Collection, même le Nicholas Roerich Museum d'hier font partie de la même série. J'aimerais bien visiter aussi la Bartow-Pell Mansion et le Mount Vernon Hotel dont je n'avais vu que l'extérieur. Et l'Alice Austen House, mais c'est franchement plus loin.

Pour visiter la Gracie Mansion, il faut un peu s'organiser. Il y a trois visites le lundi seulement, à 10:00, 11:00 et 17:00 et on doit réserver à l'avance sur cette page. C'est gratuit !

Mais, comme il s'agit de la résidence officielle du maire de New York City, c'est plutôt encadré. On passe un contrôle de sécurité, on doit suivre le groupe de près, etc... Impossible de se rendre dans le jardin. Pas de photo d'ensemble donc.


 Le marchand Archibald Gracie, émigré écossais, fit construire à la fin du XVIIIe siècle cette maison de campagne. Il s'agissait de s'éloigner du cloaque de Lower Manhattan, plein de moustiques agressifs en été, et de venir trouver le frais. A cheval, on mettait un certain temps, paraît-il. Aujourd'hui, on demeure au cœur de la ville !


 La seconde aile de la maison fut ajoutée ultérieurement, avec sa grande salle de bal.


Après avoir été courtoisement reçus par le conservateur des lieux, c'est l'érudite Teresa qui se charge de notre enseignement. Elle est très étonnée de voir un Français ; il n'y a quasiment toujours que des New Yorkais qui visitent ce lieu, assure-t-elle.


 La décoration est caractéristique du style fédéral, avec ses pilastres blancs.




 Statue, de provenance inconnue, du bien-aimé maire de la ville La Guardia. Cet homme extrêmement populaire renâcla un peu à s'installer dans ce lieu fastueux, lui qui vivait toujours dans une habitation modeste. En fait, la Gracie Mansion était alors occupée par le New York City Museum ; cependant, trop à l'étroit pour ses collections, ce dernier déménagea dans l'actuel bâtiment. C'est alors qu'on décida d'en faire la résidence officielle du maire.

C'est l'actuel, Bill de Biasio, qui a demandé de placer là cette statue de son jovial prédécesseur. Dans son bureau (la pièce), il travaille sur le bureau (le meuble) de La Guardia. Mais, comme celui-ci était bien plus petit, les jambes de de Biasio ne passaient pas... Le bureau du maire est donc rehaussé sur des supports !



 Ce cartouche dans les dessus-de-porte est aussi emblématique du style fédéral.


 Pour l'essentiel, on retrouve cependant le style greek revival si répandu au sud de Manhattan. On en verra quelques exemples plus loin.


 Le miroir fédéral est tout un symbole. L'aigle américain tient en son bec les chaînes de deux boules, symbolisant qu'il s'est détaché de la couronne britannique.


Petite pièce de réunion officielle, avec un superbe tapis d'Iran.



 Petite exposition consacrée à l'année 1942.


 Le portrait d'un des fils de Gracie surmonte la cheminée.





 Une composition expressive (mais qui ne lui ressemble guère !) de Norman Rockwell.




 Une salle de travail s'organise autour des meubles de Gracie : une imposante table en acajou et une astucieuse bibliothèque dont les rayonnages se tirent vers l'avant.



 Ces peintures font partie de l'exposition et rendent hommage aux femmes pendant la seconde guerre mondiale.



 Le voilà, le fameux Gracie.


Nous sommes à présent dans la partie la plus ancienne. Le sol semble carrelé mais il s'agit de plancher peint en faux marbre.

Teresa rappelle que cette partie fut construite par des esclaves. Il fallut attendre 1827 pour que l'esclavage soit totalement disparu à New York. Jusque là ils assuraient l'essentiel de la main d’œuvre de construction. C'est certain, pourquoi payer le personnel alors qu'on peut faire trimer gratuitement ? Les Nazis avaient bien saisi l'intérêt de tout ça. Mais j'aimerais savoir combien de monuments célèbres dans le monde ont été construits par des ouvriers non rétribués.

La visite se poursuit avec beaucoup d'informations dans un magnifique salon jaune mais, à partir de là, les photos sont interdites. Je limiterai donc cette partie.

Un surprenant renseignement cependant : en 1948, il existait en tout et pour tout 1700 téléviseurs dans tous les États-Unis. Et 70 % d'entre eux se trouvaient à New York !





 Je me fais morigéner en faisant quelques pas pour prendre cette photo. Je ne pense pas risquer la prison en la publiant, c'est tout de même la vue qu'on a depuis l'entrée publique.


 Je fais le tour mais un mur opaque cerne la propriété. C'est là tout ce qu'on voit de l'extérieur. On dirait les couleurs d'une maison provençale.

Comme elle est construite avec vue sur l'East River, je m'approche de la rambarde.


Balade dans Eastside


Tout en cherchant vaguement à manger, je reprends ma descente vers le sud. Je zigzague comme à l'aller en évitant de répéter l'itinéraire, mais j'en profite car c'est un quartier que je connais peu.





 Ça, c'est le néo-anglais dont je parlais précédemment.


Tiens, la seconde enseigne de barbier que je vois dans le quartier.


 Il faut avouer que c'est plutôt vintage !


 Recyclage décoratif.

Déjeuner au China Jade



Finalement je m'arrête dans ce restaurant de cuisine sichuanaise.




 Je choisis dans le lunch menu un rouleau de printemps, des légumes croquants dans une crêpe de blé, et du bœuf sauté aux aubergines avec du riz brun.



Je choisis un dessert en prime. Inconnu pour moi. Des boules de riz gluant fourrées d'une pâte au sésame dans une soupe chaude aux arômes de citron et de quelque plante non identifiée.

C'est vraiment excellent, et je me suis régalé avec le bœuf aux aubergines ! 15 $ environ pour tout ça, et le restaurant est fort agréable. Dommage que les touristes ne mettent pas le pied dans le quartier. On ne trouve pas ça autour de Times Square !

1643 2nd Ave pour ceux qui le chercheraient cependant.



 Pause café dans un Starbucks aux luminaires originaux.


Dans le quartier, on en voit de toutes les couleurs !


 Par hasard, je passe juste au moment où arrive le téléphérique qui rejoint Roosevelt Island. J'hésite, mais non. Ce sera pour une prochaine fois.


 Je poursuis donc ma descente, toujours en zigzag.




 Curieux gratte-ciel où des sculptures soignées décorent le sommet. Je pense qu'elles ne doivent pas être admirées très souvent !



Prêts à partir.
La brigade de New York City est la plus nombreuse des États-Unis, avec plus de dix mille pompiers. Fondée en 1640, à l'époque où la ville se nommait New Amsterdam, c'est aussi une des plus anciennes.



 Pour une fois, me voici au pied du Chrysler Building.



Fantaisie colorée pour ces bouches de tuyaux.


 J'arrive enfin au Gramercy Park,  actuellement animé par une installation d'Erwin Redl. L'Autrichien a suspendu de petites sphères de verre qui rythment l'espace différemment. En outre, qui ont fait fuir les oiseaux du parc.


 Je ne peux manquer la vue traditionnelle sur le Flatiron, l'immanquable fer à repasser. Sa ligne effilée lui donne toujours l'air d'être prêt à s'écrouler.



 Une nouvelle boutique Lego s'est installée là. Qu'est-ce qu'on ne fait pas avec les briquettes danoises !



Humour artistique pour ce restaurant coréen.

Chelsea



 Déjà, à mon dernier voyage, j'espérais pouvoir faire cette promenade, une de mes favorites dans cette ville.

J'ai suivi scrupuleusement l'itinéraire du Routard la première fois. Comme je l'ai souvent réitérée, je n'en ai plus besoin mais j'ai toujours autant de plaisir à y revenir.

Le Chelsea new-yorkais, c'est pour moi, avec le Greenwich Village voisin, le quartier de charme. Rues à taille humaine, maisons anciennes, large présence de la brique (j'adore les constructions en briques).


 La Frederick Fleming House, toute simple, seulement ornée par une porte travaillée.


Le James Wells Row, avec ses lanternes, offre des variantes dans le rythme des façades. Toute cette rangée date des années 1850.


The General Theological Seminary contient la plus grande bibliothèque de livres religieux du pays.


C'est un coin évoquant particulièrement Londres. Des petits jardins, quel luxe à New York !


 Ce bâtiment du séminaire m'a toujours fait penser à Oxford.


 C'est dans cette maison que Jack Kerouac écrivit le fameux On the Road. Si vous ne l'avez pas lu, c'est une lecture fabuleuse !



 Ces fameuses maisons de l'architecte  Cushman ont la réputation d'être les plus beaux spécimens de Greek Revival des États-Unis. Elles ont la particularité d'avoir des corniches, avec œil-de-bœuf, en bois et non en métal.


Les ananas qui ornent la ferronnerie étaient à l'époque un signe de grand luxe. Fruit exotique, rare et fort onéreux.


 La plus vieille maison du district. Je n'arrive toujours pas à savoir si c'est la plus vieille de Manhattan. Lecteurs éclairés, faites-moi signe si vous avez des informations !


Grande baraque qui appartenait à James Wells. Très simple sauf l'entrée, Greek Revival à nouveau.




 Sur la 6th Avenue



 Me voici sur le Ladies' Mile, Avenue of the Americas. J'ignore la raison de la seconde appellation mais, pour la première, c'était là qu'étaient situés tous les grands magasins, tous battant des records (hauteur, surface, capacité...). Tout pour le shopping féminin.

Celui-ci, le Simpson, Crawford & Simpson, fut le plus haut bâtiment de granit.


Et celui-ci, le Cammeyer's, la plus grande boutique de chaussures.


 The Church of the Holy Communion. Plus de sainte communion depuis longtemps. Pendant des années s'y tenait une sulfureuse boîte de nuit, le Limelight, réputée pour ses extravagances parfumées aux substances diverses. Pas de l'encens en tout cas !


 Le Hugh O'Neil Store était la boutique d'un entreprenant vendeur de machines à coudre. C'est un exemple typique d'immeuble en cast-iron.


 Autre cast-iron caractéristique.


 Le cimetière de la congrégation juive espagnole est conservé, mais je n'y ai jamais vu personne. Les seuls qui s'y intéressent ont le Routard en main !



 Je me hâte un peu pour terminer la balade. Il se fait tard, la nuit tombe, il fait froid. Et puis, j'ai spectacle, ce soir.


 Je remonte donc la familière 7th Avenue, une de celles que j'ai le plus arpentées. J'ai presque toujours logé de ce côté-ci, à une exception près.




Me voici dans le secteur des théâtres. Dans la 45th street, ils sont les uns à côté des autres.

Suite... Dans l'article qui suit

6 commentaires:

  1. You are so lucky! Gracie Mansion is an unreachable place. Thanks for your wonderful tour of beautiful mansions in NYC.
    Annie

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Merci pour votre article. Votre blog est très utile pour préparer notre voyage à New York. Nous testerons votre visite de Chelsea !
      Ethan

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    3. Merci à vous, Ethan, pour ce commentaire !

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  2. Quel privilège de visiter un endroit aussi confidentiel !
    J'ai beaucoup aimé ta visite de Chelsea.
    Isabelle

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire !
      Comme je l'ai écrit, il ne s'agit pas vraiment de privilège : n'importe qui peut faire la visite, en réservant à l'avance. Quant à la promenade dans Chelsea, c'est une de mes favorites à New York. Je ne sais plus combien de fois je l'ai faite.

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