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samedi 28 janvier 2017

Paris : Lohengrin à Bastille (Jonas Kaufmann, enfin !)


Lohengrin, c'est pour ce soir. Je croise les doigts...


Installation : Hôtel Campanile

Départ matinal, ma précédente expérience m'ayant échaudé. Et c'est tant mieux : non seulement, je mets une bonne heure pour parcourir les 36 km jusqu'à la gare d'Aix TGV, mais quand je l'atteins, le code du parking que j'ai réservé ne fonctionne pas. Joint à l'interphone, le préposé ne retrouve pas trace de ma commande. Il me propose de le rejoindre au guichet, mais j'y fais la queue en vain ; je dois abandonner pour ne pas manquer mon départ. 
Je travaille durant le trajet, et jette de temps à autre un coup d'œil sur le paysage. Je m'attendais à traverser des régions enneigées mais je dois me contenter de quelques traces blanches. 
Arrivé à Paris, il faut patienter à la queue leu leu pour que les portes daignent s'ouvrir, le système semblant souffrir de quelque faiblesse...
Je récupère mon habituel bus 65, arrêt Chemin Vert où j'ai réservé à l'hôtel Campanile. On m'y octroie généreusement une chambre quadruple ! 

Paris, hôtel Campanile

Paris, hôtel Campanile

Déjeuner : Thaï Imperial

Dans ce quartier extrêmement fourni en restaurants, ce n'est pas très difficile de trouver à déjeuner. 
Je connais depuis longtemps le Thaï Imperial, boulevard Beaumarchais, dont le menu de midi a toujours été d'excellent rapport qualité prix. Pour 9,90€, nems, bœuf aux oignons, beignet de pomme. Imbattable !

Paris, Thaï Imperial

Paris, Thaï Imperial : nems

Paris, Thaï Imperial : bœuf aux oignons

Paris, Thaï Imperial : beignet de pomme

Du Marais au Faubourg Saint-Honoré

Je me lance dans une balade à bon pas pour gagner l'office de tourisme, rue des pyramides, pas loin de l'Opéra Garnier. Itinéraire familier que j'essaie de varier un peu, via le Marais,  Beaubourg... 
Paris, Place des Vosges

Paris, cour classique d'un hôtel dans le Marais

Paris, corniche avec effet de drapé et pilastres réguliers
Je continue vers les Halles pour voir où en sont les travaux. Il se peut qu'ils aient bien avancé depuis mon dernier passage, mais cela ne se voit guère. La principale nouveauté consiste en  de grandes statues en résine colorée sous la toiture ondulée. 
Paris, les Halles avec la toiture ondulée

Paris, les Halles avec la toiture et l'exposition de statues

Paris, les Halles : statues en résine sous la toiture
Je poursuis par le Faubourg Saint-Honoré, ses constructions historiques presque incongrues, et rejoins l'office de tourisme où je récupère mes billets pour l'expo Chtchoukine  sans difficulté. 
Paris : un souvenir de bâtiment avec ses moellons

Retour vers Bastille

Suite de la promenade, via le passage Choiseul et sa belle horloge (on gagne toujours à lever les yeux), et pause café chez Bagelstein, une enseigne à l'allure new yorkaise. 
Paris, passage Choiseul

Paris, passage Choiseul : l'horloge

Paris, rue Saint Augustin : Bagelstein

Paris, rue Saint Augustin : Bagelstein
 Sur la rue Réaumur se dressent plusieurs immeubles qui rappellent nettement leurs cousins américains, ceux en cast-iron à New York.
Paris, rue Réaumur, immeuble en cast-iron

Paris, rue Réaumur

Paris, la version locale du fameux flatiron new-yorkais
 Face à Saint Jean de Malte, un édifice est décoré au sommet d'un bas-relief monumental.
Paris, Saint Jean de Malte

Paris, Saint Jean de Malte

Paris, un immeuble avec bas-relief
Paris, détail du précédent

 Je termine ma déambulation par la place de la République, le boulevard des Filles du Calvaire, ce qui me permet de longer le Cirque d'Hiver.
Paris, le Cirque d'Hiver
Je passe à l'hôtel récupérer mes affaires pour la soirée, et me dirige vers l'Opéra Bastille via la délicieuse Cour d'Amoye, une sorte de rue privée ignorée des touristes, un havre de paix dans le quartier. 
Paris, Cour d'Amoye

Paris, Cour d'Amoye

Lohengrin à l'Opéra Bastille

J'ai eu de la chance d'obtenir dans mon abonnement une place pour ce Lohengrin, devenu l'événement du moment sur la planète lyrique. C'est le retour sur scène de la méga star, Jonas Kaufmann, après plusieurs mois d'arrêt forcé. J'ai eu beaucoup de remplaçants dans des spectacles où je devais le voir (Werther, deux Carmen, Manon Lescaut, Les Contes d'Hoffmann) et je suis enchanté de le retrouver, en plus dans Lohengrin, un de mes opéras favoris. Jusqu'au dernier moment je redoutais son annulation. En fait, annulation il y a, mais pas de sa part. Elsa et Telramund sont remplacés par les chanteurs de la seconde distribution. 

J'avais vu et apprécié à la télé (en direct de la Scala)  la production de Claus Guth, comme toujours chez lui finement analytique ; elle est basée sur l'idée d'un Lohengrin anti-héros, enfant sauvage étranger, plongé dans un monde où il ne parvient pas à s'intégrer, artisan d'une quête vaine et privé de salut (et tout à coup dans la représentation me vient l'idée que c'est une inversion de la situation du Holländer). La présence du piano et le déplacement au XIXe siècle laissent penser que le personnage éponyme pourrait être une projection de Wagner. 

Philippe Jordan, très applaudi, dirige un somptueux orchestre. J'aurais peut-être aimé un début plus lent et parfois une vision plus globale, mais c'est de la belle ouvrage. Les chœurs, justement applaudis, sont remarquables de timbre et de cohésion.

Jonas Kaufmann, Lohengrin

Le plateau est proche de l'idéal. J'ai l'impression d'avoir le meilleur des deux distributions : Édith Haller, fine musicienne, a un timbre plus adéquat que le soprano opulent de Martina Serafin, initialement prévue. Tomasz Konieczny s'avère un remarquable Telramund, sonore, veule et bravache, dont on sent bien que le procès contre Elsa est un dépit amoureux.
Mon sagace voisin, un jeune spectateur de dix ans, me confie qu'Egils Silins est bien plus à sa place en Héraut qu'en Grand Prêtre dans Samson et Dalila, et je suis entièrement d'accord avec lui.
Le roi Heinrich est le rôle wagnérien où je n'avais pas encore entendu René Pape, et c'est un plaisir d'entendre un legato d'une telle qualité avec une voix aussi riche. Cependant il semble en légère méforme, et la projection est plus limitée  qu'à son habitude  (et notamment par rapport à son superbe roi Marke du Met).


René Pape et Martina Serafin (que je n'ai donc pas entendue)
Evelyn Herlitzius, immense actrice et chanteuse, renouvelle la performance de sa récente Elektra de Barcelone. Son Ortrud vipérine, tellurique, et enfin torche incandescente, est d'une incroyable intensité. Il n'y aurait qu'elle, elle justifierait déjà le déplacement.
Mais en plus il y a Jonas, certes à peine remis de ses problèmes de santé, et contraint de traiter le rôle avec prudence (limiter les forte dans les ensembles, doser avec mesure les coups d'éclat, se préparer au marathon du troisième acte). Mais le ténor vedette a d'autres atouts dans son sac, une exceptionnelle maîtrise des pianissimi, et une ligne de chant à se damner. Et une intelligence de chanteur et d'acteur hors du commun. Ce Lohengrin aux pieds nus, fragile et poignant, lui va comme un gant. Le début de Nun sei bedankt, avec une voix qui semble naître des limbes (et pourtant couverte au maximum) , est bouleversant, et son In fernem Land, somptueusement phrasé, restera gravé dans ma mémoire. Je crois que jamais je n'ai été autant ému par cet opéra, alors que je garde d'ordinaire la tête froide.
Je sors de cette représentation d'anthologie dans un état second.

Cependant l'attente à la sortie des artistes, sous la pluie fraîche (à cause de Vigipirate, l'accès au hall demeure interdit) remet les idées en place. Hormis René Pape, toujours aussi peu chaleureux, tous sont adorables et Jonas Kaufmann se prête au jeu des signatures et des photos avec une grande bienveillance. Evelyn Herlitzius fait jeu égal, gentillesse vraie, disponibilité, sourires !
Edith Haller, Elsa

Edith Haller

avec Evelyn Herlitzius

Jonas Kaufmann

Jonas Kaufmann

Tomasz Konieczny

2 commentaires:

  1. I attended the same performance, and I completely agree with you! Excellent blog.
    Steve (Auckland)

    RépondreSupprimer
  2. Thanks Steve for your nice review. Best,
    Frederic

    RépondreSupprimer

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