New York : Au MoMA (5)

 

Incroyable, mais voici déjà le 1000e article du blog ! Nous en sommes à un peu plus de 50 000 photos, plus de 700 000 visites... Je n'en reviens toujours pas.

Voici donc la suite des merveilles du MoMA, un article associant des courants très différents de l'art du XXe siècle : Monet, Picasso, Modigliani, l'abstraction, les peintres de Weimar...

Claude Monet

Claude Monet, Agapanthes, 1914-26

Même si le fond tend à absorber les fleurs, ces agapanthes demeurent bien identifiables, dans les tonalités vert-bleu-violet que Monet reprend si souvent dans cette période.

Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, reflets de nuages, 1914-26

On sait la fascination de Claude Monet pour ses bassins de nymphéas, thème sans cesse retravaillé dans les dernières années de sa vie, dernier parcours expérimental qui le conduit au bord de l'abstraction.

Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, reflets de nuages, 1914-26

En France, on vénère particulièrement les vingt-deux panneaux que l'artiste offrit à la nation, exposés au Musée de l'Orangerie. Il faudra que je fasse l'article un jour, j'y suis retourné il n'y a pas si longtemps !

Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, reflets de nuages, 1914-26

Ceux-ci demeurèrent dans l'atelier de l'artiste jusqu'à sa mort, un gigantesque et saisissant triptyque. On reconnaît bien les nuages, on identifie les nymphéas : cela demeure de la peinture figurative.

Claude Monet, Le bassin aux nymphéas, reflets de nuages, 1914-26

 Mais le traitement fusionnel, la beauté de la palette qui fond les tons, tout nous mène dans une splendeur presqu'abstraite.

C'est magnifique.

Les pionniers de l'abstraction

Theo van Doesburg, Composition simultanée, 1929-30

Van Doesburg fonda la revue De Stijl dans laquelle il exposait ses théories sur l'abstraction, élément fondamental dans le développement de l'art au XXe siècle. Il vécut une partie de sa vie en France, il s'était fait construire à Meudon une maison-atelier d'un modernisme saisissant.

Anni Albers, Dessin pour une tenture, 1926

Anni et Josef Albers furent de brefs compagnons de route de Van Doesburg.

Jean Arp, Feuilles et nombrils, 1929

Né en Allemagne, Hans devenu Jean gravita aussi autour de van Doesburg, menant ses propres recherches avec beaucoup d'originalité. Il développe ici le collage, né avec les papiers appliqués sur la toile de Picasso et Braque, en utilisant de la corde pour travailler les formes.

Marlow Moss, Composition in black & white number 4, 1949

L'abstraction aux Etats-Unis, avec un peintre dont j'ignore tout.

Piet Mondrian, Composition n°2 avec du bleu et du rouge, 1929

Le grand maître de l'abstraction, c'est bien Mondrian. Tour à tour influencé par l'impressionnisme de Van Gogh, puis par le cubisme de Braque, il poursuit la voie ouverte de la manière la plus radicale, jusqu'à renier le sujet pour ne s'intéresser qu'à ce qui se passe sur la toile. C'est une rupture majeure avec la représentation, base artistique depuis des millénaires.

Piet Mondrian, Tableau I : Losange avec quatre lignes et du gris, 1926

Piet Mondrian, Composition en blanc, bleu et rouge, 1936

On ne sait pas toujours que Mondrian fut aussi citoyen parisien, à plusieurs reprises. C'est d'ailleurs durant son séjour parisien que Pieter Cornelius Mondriaan choisit son pseudonyme !

Alfredo Hlito, Série de courbes et de lignes, 1948

L'artiste argentin étudia le constructivisme et développa dans l'après-guerre une théorie selon laquelle l'art pouvait changer le monde.

Piet Mondrian, Broadway Boogie Woogie, 1942-1943

 

Mondrian fuit Paris en guerre, se réfugia d'abord à Londres avant d'émigrer aux Etats-Unis. Il fut accueilli avec enthousiasme par Peggy Guggenheim qui l'introduisit dans la communauté artistique. C'est d'ailleurs lui qui fut le premier à remarquer le talent de Jackson Pollock, avant de décéder à New York en 1944.

Il était depuis longtemps passionné par le jazz et intéressé par les relations entre le son et l'image, qu'il traduit dans cette toile vibrante et pleine d'énergie.

Judith Lauand, Concrete 61, 1957

 La Brésilienne Judigh Lauand (toujours en vie lorsque j'écris, à 99 ans !) lança le modernisme dans sa patrie. Cette oeuvre me semble très proche de l'Op-Art, version Vasarely ou Le Parc.

Détour par Picasso et Modigliani...

Pablo Picasso, Trois Femmes au printemps, 1921

Picasso s'écarte momentanément des recherches cubistes qu'il mène dans les années 1920 pour rendre hommage à l'Antiquité avec ces robes plissées et un profil classique. Le trio féminin était aussi un thème antique : les Grâces, les Parques...

Amedeo Modigliani, Caryatide, 1914

Voilà très clairement une caryatide, thème majeur de Modigliani dans les années 1910. Je renvoie à l'exposition de l'Albertina qui le détaillait très clairement.

Amedeo Modigliani, Anna Zborowska, 1919

Très beau portrait par Modigliani de son amie, la Polonaise Anna Zborowska, soutien financier et moral, nounou à l'occasion.

La république de Weimar

L'éphémère république créée après la première guerre mondiale vit une ébullition artistique où les artistes exprimaient leurs critiques envers la guerre, leurs désillusions et leurs doutes.  On y retrouve Dix, Grosz et Beckmann. Ces deux derniers émigreront aux Etats-Unis, ce qui explique peut-être leur présence dans ces collections.

George Grosz, Le poète Max Herrmann-Neisse, 1927

Max Herrmann-Neisse était le critique le plus réputé de Berlin. Son ami Grosz le représente perdu dans ses pensées, sans chercher à diminuer (plutôt à souligner, me semble-t-il) sa bosse caractéristique.

George Grosz, Autoportrait avec un modèle, 1928

Si l'autoportrait au travail est un classique de la peinture, la proposition de Grosz s'en éloigne, avec une composition qui accentue l'érotisme. En outre, le portrait fait partie du descriptif, et Grosz semble ancrer sa toile dans le narratif. Vraiment étonnant.

Max Beckmann, Autoportrait à la cigarette, 1929

L'Allemand Beckmann fut classé dans la catégorie "artistes dégénérérés" par le régime nazi et il dut se réfugier à Amsterdam. Ce n'est qu'à la fin de la guerre qu'il put rejoindre New York où il  mourut.

Max Beckmann, Portrait de famille, 1920

Beckmann adore dynamiter les "valeurs" exaltées par la nation. Sa vision de la famille semble satirique mais n'était peut-être pas si éloignée d'une certaine réalité !

Gabriele Münter, Femme pensive II, 1928

Gabriele Münter fut membre du Blaue Reiter, élève et maîtresse de Kandinsky. Elle offrit à sa ville de Munich l'intégralité de sa collection, avec notamment quatre-vingts toiles de son ancien amant.

Elle était elle-même excellente artiste ; j'aime beaucoup ce portrait mélancolique. 

Otto Dix, Dr Mayer-Hermann, 1926

Otto Dix était patient du docteur Mayer-Hermann, un spécialiste de renom des affections de la gorge, qui soignait les grands chanteurs de son époque. Dix s'éloigne ici des représentations caustiques de la guerre qu'on connaît bien, mais conserve un brin de satire dans ce portrait plutôt réaliste.

Je pense immédiatement au docteur de Wozzeck !

Max Beckmann, Enfer, 1919

"Si chacun comprend toute la guerre seulement comme une scène d'une pièce de théâtre, les choses deviennent bien plus faciles à supporter" écrit Beckmann.

Tentative de conjurer le cauchemar de la guerre...

Lovis Corinth, Autoportrait à la palette, 1924

Ce remarquable artiste est encore trop méconnu. Il faut aller au Leopold Museum, à Vienne, pour voir une belle série de ses oeuvres. Je n'avais aucun souvenir que le MoMA en exposait également !

Otto Dix, Vieille Dame, 1932

Quel grand dessinateur !