Rome : Santa Maria Domnica

 Voilà une église que je visite pour la première fois, une petite merveille du haut Moyen-Age. Avec une mosaïque juste comme j'aime  !

 

Le Celio ne manque pas de trésors : Santo Stefano Rotondo, Santi Giovanni et Paolo. Je n'étais jamais parvenu à visiter cette Santa Maria Domnica, et je n'ai pu le faire que grâce à la gentillesse d'un vieux monsieur qui restaurait du mobilier liturgique et a bien voulu m'en ouvrir les portes.

Elle se dresse sur une petite place où on a placé une fausse antiquité, une barque sculptée à la Renaissance comme si elle était un original antique.

Cette navicella est très connue à Rome.

Quant au porche, c'est une réalisation de Jacopo Sansovino, le grand architecte qui travailla dans toute l'Italie, dressa des églises à Florence et transforma la place Saint-Marc de Venise.

Il faut passer dans le parc de la Villa Celimontana pour découvrir l'arrière et retrouver l'idée de l'église du IXe siècle. J'ai l'impression soudaine d'avoir voyagé dans un petit village de montagne !

L'intérieur nous offre le plan basilical hérité de l'Antiquité, si simple et fonctionnel, tellement répandu à Rome (comme à San Giorgio in Velabro) : une nef centrale, deux petites latérales définies par l'alignement de colonnes antiques ; ici c’est la version corinthienne qui fut retenue.

La Renaissance s'avère une grande période de réfection des plafonds ; celui-ci, en bois et à caissons, date de 1566, et débute par une surprenante arche de Noé. Je repère bien la colombe mais je ne suis pas certain qu'elle apporte le rameau d'olivier !

Je ne crois pas en connaître de semblable ; l'artiste y a représenté des portes de palais ! Cela produit un effet presque surréaliste.

C'est sans doute à la même époque qu'on garnit de fresques la nef ; la frise en trompe-l’œil  est devenue un alignement de lions, hommage clair au pape Léon X qui avait fait rénover l'église.

 La fresque de la partie inférieure incorpore habilement des colonnes en trompe-l’œil qui s'harmonisent avec les deux à chapiteau ionique de chaque côté.

La mosaïque aux tons très frais rappelle beaucoup celles de Santa Prassede ; et c'est normal car elle date également du pontificat du pape Pascal Ier, au IXe siècle.

Deux saints en symétrie tiennent un rouleau de lin (les livres de l'époque) d'une main et lèvent l'autre en signe de bénédiction. Le sol est un pré fleuri, et le fond vert et bleu ressort merveilleusement en contraste avec la vive frise.

La Vierge est inhabituellement sévère ; elle exprime une certitude inébranlable !

A ses pieds, Pascal Ier porte son nimbe carré, indice qu'il était vivant au moment de la réalisation. D'ailleurs, si on compare avec la mosaïque de Santa Prassede, on peut vérifier qu'il s'agit réellement d'un portrait ; les deux versions dépeignent bien le même personnage !

Le Christ en croix trône dans une mandorle, entouré d'anges et puis de saints.

Les gaucheries dans les visages me ravissent !

C'est une époque où on n'insiste pas encore sur les attributs des saints ; leur nom n'apparaît pas davantage, et pourtant je sens une volonté d'individualiser chaque personnage. Les visages, en tout cas, ne sont pas identiques.

Les anges se sont massés pour assister à la scène ; l'artiste s'est bien débrouillé pour exprimer l'idée de foule en ne montrant qu'un amas de nimbes, avec quelques chefs qui dépassent.