Le baptistère de San Giovanni in Laterano (Saint Jean de Latran) est un des plus anciens de Rome, fondé par l'empereur Constantin, et on y voit parmi les plus anciennes mosaïques chrétiennes de la cité.
A l'époque, les non-baptisés n'étaient pas autorisés à pénétrer dans l'église, donc les baptistères étaient extérieurs. Il s'agissait d'abord d'un bassin octogonal donc le bâtiment conserva cette forme, ensuite reprise dans tous les baptistères médiévaux. L'aspect actuel de l'extérieur, avec une frise, nous transmet la rénovation opérée en 1657 par Francesco Borromini, le grand architecte de San Carlino. L'entrée, un peu plus ancienne, fut ménagée par le pape Grégoire XIII pour le jubilé de 1575.
L'intérieur avec les colonnes de porphyre |
Fondé par Constantin, comme je l'écrivais ci-dessus, au IVe siècle, il fut cependant rebâti au Ve et modifié plus tard. La construction interne, avec les huit colonnes de porphyre, date bien du Ve siècle, c'est une commande de Sixte III.
La cuve de basalte avec les bas-reliefs de Ciro Ferri |
Giacinto Gimignani, L'Apparition de la Croix |
Mais les fresques sont un ajout tardif du XVIIe, à la demande du pape Urbain VIII. Elles racontent des scènes de la vie de Constantin, que la propagande chrétienne loua pour son soutien au catholicisme. Sa mère, Hélène, aurait même redécouvert la Croix du Christ. La représentation de Giacinto Gimignani, un élève de Sacchi, nous fait assister à une apparition de la Croix, qui vole miraculeusement dans les airs.
Andrea Camassei, L'Entrée triomphale de Constantin dans Rome |
La lanterne avec les scènes de la vie de Saint Jean Baptiste |
Quant à la coupole, elle fut décorée au XVIe siècle, avec la colombe en son centre. Le dôme d'origine fut remplacé par une lanterne qui permettait d'éclairer l'intérieur. Sur les côtés du tambour, Andrea Sacchi peignit des scènes de la vie de Saint Jean Baptiste. On repère la Décollation avec le bourreau qui lève son épée.
Copies des scènes de la vie de Saint Jean Baptiste d'Andrea Sacchi |
Au Ve siècle, sous le pontificat d'Hilaire, on ajouta trois chapelles qui furent transformées ultérieurement ; seule celle de Saint Jean l'Evangéliste a conservé son plan en croix grecque.
Une émouvante Déploration sur le Christ Mort propose une composition originale ; la sculpture est un chef-d’œuvre, avec ce corps émacié et le visage douloureux et creusé de la Vierge.
Le narthex de la construction de Sixte III, vers 440 fut transformé en chapelle dédiée à Sainte Rufine, une chrétienne sévillane du IIe siècle, patronne des potiers. Malgré les transformations, cette belle mosaïques à rinceaux témoigne encore de la première construction. Il s'agit d'une des plus anciennes mosaïques d'abside de la ville ; la toute première est celle de Santa Pudenziana, une vraie merveille !
La chapelle de Saint Venantius
En 640, le pape Jean IV fit élever cette chapelle pour accueillir les reliques de plusieurs saints de Dalmatie, sa région d'origine : Venantius (Venant ou Venance), Anastase, Maure...
Le mur de gauche remonte directement à l'Antiquité.
Les saints en toge se tiennent côte à côte ; certains sont chaussés de sandales mais d'autres ont droit à des chausses plus élaborées.
L'ajout du plafond de bois a été fatal au sommet de la mosaïque ; on identifie néanmoins la ville dans ses murailles gemmées, sans doute Bethléem, souvent placée à droite.
Deux des évangélistes, Mathieu et Luc, dans une frise vivement colorée.
C'est étrange de voir combien ces anges très colorés sont nettement adultes, alors que la tradition les représentera ensuite de plus en plus jeune, jusqu'aux putti, des bouts de chou !
Suite des saints dans la partie droite. Les vêtements sont garnis de multiples détails ; à gauche, je pense qu'il s'agit de dalmatiques, avec ces amples manches.
Je fais ce que je peux pour tout voir, mais la tâche est ardue !
Giuliano Finelli, cénotaphe du cardinal Francesco Adriano Ceva |
Riche et captivant article très détaillé. Remarquable.
RépondreSupprimerMichèle
Merci beaucoup, Michèle, pour ce très aimable commentaire !
SupprimerPassionnant!
RépondreSupprimerMerci beaucoup, cher Anonyme !
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