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lundi 10 août 2020

Rome : le baptistère de Saint Jean de Latran (San Giovanni in Laterano)


Le baptistère de San Giovanni in Laterano  (Saint Jean de Latran) est un des plus anciens de Rome, fondé par l'empereur Constantin, et on y voit parmi les plus anciennes mosaïques chrétiennes de la cité.



Baptistère de Saint Jean de Latran

A l'époque, les non-baptisés n'étaient pas autorisés à pénétrer dans l'église, donc les baptistères étaient extérieurs. Il s'agissait d'abord d'un bassin octogonal donc le bâtiment conserva cette forme, ensuite reprise dans tous les baptistères médiévaux. L'aspect actuel de l'extérieur, avec une frise, nous transmet la rénovation opérée en 1657 par Francesco Borromini, le grand architecte de San Carlino. L'entrée, un peu plus ancienne, fut ménagée par le pape Grégoire XIII pour le jubilé de 1575.

Baptistère de Saint Jean de Latran
L'intérieur  avec les colonnes de porphyre

Fondé par Constantin, comme je l'écrivais ci-dessus, au IVe siècle, il fut cependant rebâti au Ve et modifié plus tard. La construction interne, avec les huit colonnes de porphyre, date bien du Ve siècle, c'est une commande de Sixte III.

Baptistère de Saint Jean de Latran
La cuve de basalte avec les bas-reliefs de Ciro Ferri
 
La vaste cuve de basalte vert fut agrémentée par Ciro Ferri de deux bas-reliefs de bronze ; les thèmes, dans les baptistères, sont toujours les mêmes. C'est sans surprise qu'on voit ici un Baptême du Christ et un Baptême de Constantin.

Baptistère de Saint Jean de Latran
Giacinto Gimignani, L'Apparition de la Croix

Mais les fresques sont un ajout tardif du XVIIe, à la demande du pape Urbain VIII. Elles racontent des scènes de la vie de Constantin, que la propagande chrétienne loua pour son soutien au catholicisme. Sa mère, Hélène, aurait même redécouvert la Croix du Christ. La représentation de Giacinto Gimignani, un élève de Sacchi, nous fait assister à une apparition de la Croix, qui vole miraculeusement dans les airs.

Baptistère de Saint Jean de Latran
Andrea Camassei, L'Entrée triomphale de Constantin dans Rome
 
Andrea Camassei était également un élève de Sacchi, qui a essaimé  des peintures dans toute Rome : une Assomption à Santa Maria in via lata, une superbe Déposition à Santa Maria della Consolazione (l'église des Capucins). Le thème de l'entrée triomphale était déjà un classique de l'Antiquité, thème de bas-relief ; on en voit un superbe exemplaire avec L'Entrée triomphale de Marc-Aurèle, au Musée du Capitole.

Baptistère de Saint Jean de Latran
La lanterne avec les scènes de la vie de Saint Jean Baptiste

Quant à la coupole, elle fut décorée au XVIe siècle, avec la colombe en son centre. Le dôme d'origine fut remplacé par une lanterne qui permettait d'éclairer l'intérieur. Sur les côtés du tambour, Andrea Sacchi peignit des scènes de la vie de Saint Jean Baptiste. On repère la Décollation avec le bourreau qui lève son épée.

Baptistère de Saint Jean de Latran
Copies des scènes de la vie de Saint Jean Baptiste d'Andrea Sacchi
 
Des copies remplacent aujourd'hui les originaux aujourd'hui conservés dans le palais du Latran. Au centre, c'est la classique scène du Baptême du Christ.


Au Ve siècle, sous le pontificat d'Hilaire, on ajouta trois chapelles qui furent transformées ultérieurement ; seule celle de Saint Jean l'Evangéliste a conservé son plan en croix grecque.



Une émouvante Déploration sur le Christ Mort propose une composition originale ; la sculpture est un chef-d’œuvre, avec ce corps émacié et le visage douloureux et creusé de la Vierge.

 

Le narthex de la construction de Sixte III, vers 440 fut transformé en chapelle dédiée à Sainte Rufine, une chrétienne sévillane du IIe siècle, patronne des potiers. Malgré les transformations, cette belle mosaïques à rinceaux témoigne encore de la première construction. Il s'agit d'une des plus anciennes mosaïques d'abside de la ville ; la toute première est celle de Santa Pudenziana, une vraie merveille !


La chapelle de Saint Venantius


Baptistère de Saint Jean de Latran

En 640, le pape Jean IV fit élever cette chapelle pour accueillir les reliques de plusieurs saints de Dalmatie, sa région d'origine : Venantius (Venant ou Venance), Anastase, Maure...
Au XVIIe, Carla Rainaldi reçut la commande d'un ensemble architectonique imposant mais, hélas,  placé devant la mosaïque, qui empêchent de la voir complètement. C'est d'autant plus dommage que les mosaïques du VIIe siècle ne sont pas si fréquentes.

Baptistère de Saint Jean de Latran

Le mur de gauche remonte directement à l'Antiquité.

Baptistère de Saint Jean de Latran

Baptistère de Saint Jean de Latran

Baptistère de Saint Jean de Latran

Les saints en toge se tiennent côte à côte ; certains sont chaussés de sandales mais d'autres ont droit à des chausses plus élaborées.

Baptistère de Saint Jean de Latran

 La Vierge, dans un geste d'oraison, est également bien entourée ; au sommet, un Christ bénit parmi les nuées. Je suis ébahi par ce magnifique visage que j'avais complètement oublié !

Baptistère de Saint Jean de Latran

L'ajout du plafond de bois a été fatal au sommet de la mosaïque ; on identifie néanmoins la ville dans ses murailles gemmées, sans doute Bethléem, souvent placée à droite.

Baptistère de Saint Jean de Latran

Deux des évangélistes, Mathieu et Luc, dans une frise vivement colorée.

Baptistère de Saint Jean de Latran

C'est étrange de voir combien ces anges très colorés sont nettement adultes, alors que la tradition les représentera ensuite de plus en plus jeune, jusqu'aux putti, des bouts de chou !

Baptistère de Saint Jean de Latran

Suite des saints dans la partie droite. Les vêtements sont garnis de multiples détails ; à gauche, je pense qu'il s'agit de dalmatiques, avec ces amples manches.

Baptistère de Saint Jean de Latran

Baptistère de Saint Jean de Latran

Je fais ce que je peux pour tout voir, mais la tâche est ardue !

Baptistère de Saint Jean de Latran

Baptistère de Saint Jean de Latran
Giuliano Finelli,  cénotaphe du cardinal Francesco Adriano Ceva
 
Sur les côtés se répondent deux cénotaphes de deux cardinaux, l'oncle Adriano Ceva et son neveu Francesco Adriano Ceva. Giuliano Finelli, un des nombreux élèves du Bernin, sculpta ces bons portraits.
 
Baptistère de Saint Jean de Latran

La réserve d'huile sainte ("oleum sanctum") pour l'onction est protégée dans un bel entablement de marbre. J'ignore l'époque mais c'est réussi.

Baptistère de Saint Jean de Latran

Généralement, au Japon, je photographie les plaques d'égout. Voilà mon lot de consolation !

4 commentaires:

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