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lundi 10 août 2020

Rome : entre Capitole et Ghetto



Une promenade entre Capitole et ghetto de Rome, avec le Portique d'Octavie et l'église Santa Maria in Portico.








Aujourd'hui, j'ai prévu de passer un certain temps dans les musées du Capitole. Je descends donc de ma colline vers le Capitole, en passant par le Forum de Trajan.


Je longe le Monument du Risorgimento, Piazza Venezia, par la petite ruelle qui grimpe sur sa gauche. La vue sur le Forum est un bonus gratuit !


A l'arrière de l'Aracoeli, un autre escalier moins célèbre débouche sur ce porche décoré de fresques.




J'entre par la petite porte latérale, décorée d'une mosaïque de la Vierge à l'Enfant. Cette représentation proviendrait des ateliers des Cosmates, qui réalisèrent les ambons et le pavement de l'église.


Je visite donc l'église de l'Aracoeli, riche construction, bourrée d’œuvres d'art.

Je compte ensuite pénétrer dans les palais des musées du Capitole. Mais, bien que nous soyons peu nombreux, la queue à la biglietteria n'avance pas. Fichu Covid qui impose des règles strictes ! Au bout de plus d'une demi-heure, après prise de température et désinfection des mains, j'achète mon billet (15 €) pour 14:50. Apparemment il ne faut pas être trop nombreux dans le musée...

Il me reste du temps pour une balade. Je décide de me promener dans l'ancien ghetto romain, qui commence quasiment au pied du Capitole.


La présence des Juifs à Rome est documentée depuis fort longtemps. Dès la conquête de Jérusalem par Pompée, au Ier siècle avant notre ère, ils constituaient une communauté. La destruction du temple de Jérusalem provoqua une vague d'immigration, qu'on retrouve ensuite lors d'événements successifs : les campagnes de Judée, l'expulsion du royaume d'Espagne, etc.


D'abord localisés dans le Trastevere, ils habitèrent ensuite ce quartier proche du Tibre ; le pape Paul VI commanda, au XVIe siècle, qu'il fût entouré d'une muraille, et il devint un ghetto surpeuplé comme ailleurs, avec des constructions plus élevées. C'est un quartier assez peu touristique, mais où il est très agréable de traîner ses savates.


L'église Santa Maria in Campitelli ou in Portico


Des Santa Maria, il en pousse à tous les coins de Rome à Rome. Celle-ci tire son nom d'une statue du XIe siècle, placée dans un oratoire près du Portique d'Octavie.

En 1656, la Vierge fut portée en procession et, comme au XIVe siècle (voir l'histoire de l'Aracoeli), la ville fut épargnée. Gros succès, décision d'une nouvelle église pour fêter ça.

L'architecte fut Rainaldi, l'auteur de la façade de Sant'Andrea della Valle, qui faillit également travailler à la colonnade du Louvre. On lui doit donc cette façade baroque, d'un style qui ne surprend guère à Rome... Mais ici, il s'agit de travertin qui lui donne une couleur particulière.


L'intérieur est très vaste et, une fois de plus, fait la part belle à la colonne.


L'avantage, c'est que, partant, le blanc domine, et sert d'écrin aux parties richement dorées. La sensation d'excès d'ors, parfois bien perceptible dans les folies du baroque, n'apparaît pas ici.

Sebastiano Conca, Saint Michel foudroyant le dragon

Un Saint Michel foudroyant dans un tourbillonnement de tissus colorés.

Luca Giordano, Sainte Anne, Saint Joachim et la Vierge
 
Un tableau du virtuose Luca Giordano avec une composition finalement assez peu courante de la Vierge avec ses parents. La lumière est traitée avec beaucoup d'effet.
 
Les stucs de la chapelle, dessinée par Carlo Rainaldi, sont dus à une série d'artistes parmi lesquels Michel Maille, artiste également repéré dans l'Aracoeli proche.

Anonyme du XIXe siècle, La Vierge avec Saint Jean-Baptiste et Saint Nicolas

La chapelle Muti ou Saint Nicolas rappelle les origines de l'église ; l'autel dédicataire du pape Grégoire VII est un réemploi d'une antiquité romaine. Le retable un peu raide semble le présenter, comme support à la Vierge à l'Enfant.


Reliquaires nombreux et, plus rare, une icône qui semble orthodoxe. Elle est récente et due à une femme peintre. J'ai oublié de noter son nom !



La chapelle principale fut également dessinée par Rainaldi. Le maître-autel, dessiné par Melchiore Caffà, rayonnant autant qu'il est possible, est surmonté à la voûte de l'abside par une fresque bien récente. C'est un certain Conti qui réalisa cet Alexandre VII offre la maquette de l'église à la Vierge, en 1925. Sans chercher aucune modernité évidemment.
 
Ludovico Gimignani, La Conversion de Saint Paul

Le peintre du XVIIe siècle a exécuté une Conversion lumineuse mais assez peu dramatique.
 
Les tombeaux du cardinal Capizucchi et de sa mère ont la forme d'une pyramide ; on en voit de temps en temps dans les églises. Après tout, c'est à Rome que se trouve la pyramide de Cestius. Canova réemploiera la forme à plusieurs reprises (et même aux Augustins de Vienne).

 
La chapelle Altieri expose le corps de Giovanni Leonardi, le patron des pharmaciens, sous une structure en verre. Le retable le présenterait en gloire.

 
La chapelle Paluzzi Albertoni date de la fin du XVIIe siècle. Sur l'autel, un bas-relief de marbre montre Ludovica Albertoni avec la Sainte Famille. Le sculpteur, Lorenzo Ottoni, reste loin du Bernin qui a laissé une inoubliable sculpture de la même Ludovica !
 
Giuseppe Mazzuoli a sculpté, à gauche, un Angelo Altieri qui semble contempler la scène. A droite, on aperçoit le buste de Vittoria Altieri.


Je repars dans le ghetto, guettant les ruelles pour chercher un peu d'ombre.




Voici le Porticus Octaviae, le Portique d'Octavie que je citais plus haut.  Il entourait deux temples et fut un des plus fastueux de Rome. Auguste le reconstruisit et le dédia à sa sœur, Octavie. C'était un immense ensemble qui comprenait deux bibliothèques (une pour les livres en latin, une pour ceux en grec) ainsi que des salles de réunion. Un bel ensemble culturel donc, passablement ruiné. Mais, à Rome, les ruines sont toujours saisissantes !



Image méditerranéenne !


Rome, on le sait, est une ville de fontaines. En voici une baroque, celle des Tartarughe, construite à la fin du XVIe siècle. Pleine de légèreté et de mouvement. Pour le dessin d'origine, on parle de Giacomo della Porta, mais je crois que c'est assez controversé.




Celle-là m'a toujours gardé ses portes closes. Impossible d'y entrer ! Je désespère

Déjeuner : Bé Go / Fata Morgana



Une petite tavola calda, du nom de Bé Go, est dotée d'une petite terrasse ombragée. J'accompagne d'un Colli Romani blanc mes penne aux aubergines et un involtino, flanqué de poivrons au four.


 Pour le dessert, je n'ai qu'à traverser la Via dei Chiavari. Fata Morgana garnit sa longue carte de parfums extraordinaires.





Je goûte donc framboise-piment, ananas-gingembre et chocolat-Lapsang Souchong. Que de délices ! Le thé fumé s'harmonise particulièrement bien avec le chocolat (l'idée aurait pu me venir avant !)


Comme j'ai encore un peu de temps, je pars vers Sant'Andrea della Valle, toujours désespérément close. En face, Corso Rinascimento, se trouve une boutique presque centenaire, spécialisée dans les douceurs. Un excellent endroit pour se procurer des fruits confits, surtout ceux qu'on trouve rarement (cédrat, courge). Et, en plus, l'accueil de Mme Onorati est toujours adorable.





Il est temps de repartir à l'assaut du Capitole...

 Vu la taille du musée, j'ai divisé en plusieurs articles :


 Les salons décorés de fresques et la Louve.


La peinture, avec de grands noms et deux magnifiques Caravage.


La sculpture antique, avec ses salles bourrées de chefs-d’œuvre à nouveau. Je sors un peu fourbu.


Je redescends vers la prison Mammertine (image suivante) où Pierre et Paul auraient été incarcérés. Au passage, je me retourne vers les deux grandes arcades d'où j'ai pris les photos du Forum, tout à l'heure.



Et je reprends le chemin inverse, vers le marché de Trajan. C'est la bonne heure, quand les rayons s'inclinent et dorent la pierre.


Au passage, une vue latérale vers le marché, un premier pas vers le marché central, puis couvert ; nos halles, puis nos supermarchés, tirent d'ici leur origine. C'était une sacrée invention.
 

Je me reconstitue à coup de cuisine italienne, spécial touriste : spaghetti al ragu, cotoletta milanese e patatine fritte. J'évite sagement le dessert et me contente d'un espresso !

2 commentaires:

  1. Très agréable et intéressante promenade. Je suis allé à Rome mais je ne connaissais pas ce quartier !
    Marc

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