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mercredi 22 janvier 2020

Prague : la guerre, et après (Národní galerie)


Après la première partie du XXe siècle, un panorama de l'art tchèque qui permet de découvrir de grands artistes méconnus...

En temps de guerre


Pendant la guerre, la nation tchèque passe sous la coupe du féroce Heydrich, le représentant du IIIe Reich. Je n'ose imaginer dans quelles conditions les artistes parviennent à peindre, mais évidemment la peinture de cette période reflète la souffrance et la mort du peuple. Palette sombre, thématiques mortifères, chagrin et désespoir apparaissent régulièrement. Parfois le contraste est vif entre des tonalités bucoliques et un sujet dramatique révélé par le titre de l'oeuvre.

Alén Diviš, Sous les Toits de Paris

Comme plusieurs de ses collègues tchèques, Diviš se réfugia à Paris pendant la guerre. Beaucoup de ces artistes étaient francophiles et furent extrêmement déçus par les Accords de Munich.

Alén Diviš, Mur de la cellule de la prison (Mémoire de la prison)

Alén Diviš, Guillotine - Le mur de la prison

Alén Diviš, L'Arche de Noé

Le sujet de l'arche, ultime refuge dans un univers désolé, est réinterprété avec des visages humains.

Josef Šíma, Le Désespoir d'Orphée

Josef Šíma fit partie de la Résistance en France. Il assurait la liaison entre plusieurs groupes dans le Sud de la France.

Josef Šíma, Le Retour d'Ulysse

Le fameux épisode du voyageur de retour au pays, reconnu par son chien.

Václav Chad, Crucifixion au soleil rouge

František Muzika, Depuis le Paradis de Bohème

František Muzika, Femmes parmi les tombes

Muzika utilise des paysages vides, à la Dali ou à la Tanguy, pour exprimer la douleur d'un peuple. Un peu démonstratif mais efficace.

František Muzika, In Memoriam II

František Muzika, Le Grand Requiem

Toyen, Théâtre de pommes de terre

Je retrouve l'excellente Toyen dans une toile assez énigmatique ; je pense que le sous-entendu est clair pour qui connaît mieux que moi la culture tchèque.
František Janoušek, L'Homme du sous-sol

Une référence aux fugitifs cachés dans les caves ? Une toile horrifiante aux accents de science-fiction.

Václav Tikal, Les Dernières Choses

C'est le titre qui rend la toile si dramatique.

Václav Tikal, Peur

Václav Tikal, Le Pays pollué

La thématique est étonnante dans une peinture de cette époque, et sans doute a une valeur métaphorique. Mais Tikal, en surprenant prophète, nous parle encore.

Václav Tikal, Frottage


Josef Istler, Sans titre

Istler traverse tout le XXe siècle en se renouvelant sans cesse. Le travail précédent me fait fortement penser à des artistes américains de la même époque.

Josef Istler, Orchidée

Josef Istler, Paysage imaginaire

Josef Istler, Composition au sofa



Zdeněk Sklenář, Nénuphar

Zdeněk Sklenář, Le Pays de Macha

 Sklenář, artiste fascinant aux toiles touffues, rappelle beaucoup Ernst dans ce paysage fantasmagorique.

Zdeněk Sklenář, Nature morte verte

Zdeněk Macek, trois Sans Titre


Václav Zykmund, Colère II

Le musée, décidément très riche, n'oublie pas les différentes disciplines artistiques, et présente de nombreuses photographies. Celle-ci date de 1945 et me paraît très novatrice ; j'ai l'impression de tracés de Miro dessinés sur les visages.

Un immeuble collectif



Les architectes Václav Hilský et Evžen Linhart conçurent, à partir de 1946, un immeuble collectif (collectiviste, en fait) avec des espaces communs surprenants.







František Gross, Figure
František Gross, Le Jardin d'Eden

 Le titre me semble bien déconcertant, et la technique m'évoquerait la bande dessinée.

František Hudeček, Gare avec un moulin à vent

Karel Souček, Devant la vitrine


Scène urbaine de 1956, vivante et documentaire.

Jan Smetana, Maisons des faubourgs

Kamil Lhoták, Jindrich Chalupecký

 Kamil Lhoták fit partie du Groupe 42, qui réunissait artistes et écrivains sur des thématiques urbaines. Encore très populaire en République Tchèque, il illustra notamment Jules Verne. Il représenta souvent Paris, qui ne semble pas visible dans les toiles exposées ici.

Kamil Lhoták & Vladimír Fuka, La Gare

Kamil Lhoták, Joueur de baseball

Stanislav Podhrázský, Manteau / Pieds

Un peu d'humour ne nuit pas !

Andrej Bělocvětov, La Grosse Miche de pain

Pavel Brázda, Portrait du père

Un réalisme que le triptyque détrompe. N'hésitez pas à grossir pour voir les pupilles du père !

Eduard Stavinoha, A l'écoute du discours de Gottwald

Thématique prolétarienne, assez peu représentée dans ces salles.

Karel Černý, Le Bouquet noir

Peintre que je ne connais pas plus que la grande majorité exposée ici, représenté par trois toiles très différentes.

Karel Černý, La Fête aux lampions

J'ai l'impression d'une version moderne des toiles de fête nocturne signées Tony Minartz.

Karel Černý, Les Amants

Libor Fára, Nature morte

Un inconnu au style graphique affirmé.

Libor Fára, Nature morte aux fleurs

Václav Bartovský, Vieil atelier - Par la fenêtre

Un héritier de Vuillard, me semble-t-il.

Václav Bartovský, Café

Ivan Sobotka, Joachim / Demande

La surprise, c'est que trente ans séparent ces deux toiles.

Richard Fremund, Portrait d'une Japonaise

Je vois ici un écho de la Joaquina de Matisse, exposée également dans ce musée.

Alois Vitík, La Croissance

Jan Špála, Vue du train la nuit

Et pourtant réaliste...

Jan Kotík, Tête de roi

Un émule possible du groupe Cobra !

La magie du verre


Stanislav Libenský & Jaroslava Brychtová, Feu et verre

 Le couple de verriers connut une célébrité mondiale. Ces vitraux furent conçus pour Bruxelles.

Stanislav Libenský & Jaroslava Brychtová, Feu et verre

Stanislav Libenský & Jaroslava Brychtová, Études préparatoires

Jaroslav Ježek, Ligne de porcelaine Elka

Zdeněk Šputa, Femme avec une maquette de fruits




Vers la modernité


On progresse vers l'abstraction, même si certaines oeuvres s'avèrent parfois, finalement, figuratives.

Jiří Valenta, Fantôme d'un homme assassiné

Robert Piesen, Gehinom II

Aleš Veselý, Chaise - Usurpateur

Antonín Tomalík, Objet IV

Jan Hendrych, A la table

Milan Knížák, Blessures, cicatrices comme des bijoux

Bedřich Dlouhý, Objet avec un grillage

Je pense à Paul Rebeyrolle, créateur d'oeuvres puissantes, qui utilisa le grillage à plusieurs reprises.

Karel Nepraš, Le Grand Dialogue

Jaroslav Vožniak, Geraldine

Eva Kmentová, Paysage

Le paysage évoqué par les couleurs et non par la forme.


Je cherche les toilettes et je trouve cet objet incongru, à l'usage peu familier. Pas déplacé dans ce musée, même s'il a de toute évidence une fonction précise.

Zorka Ságlová, Nappes étendues près de Sudoměr

 Zorka Ságlová proposa des installations où les nappes symbolisaient les morts d'un champ de bataille, qu'elle photographiait ensuite.

Zdeněk Sykorá, Structure

Cette Structure est très proche des sculptures exposées au musée Kampa.

Zdeněk Sykorá, Ligne n°50


Zdeněk Sykorá, Ligne n°168





 Les collages originaux de Jiří Kolář et de Běla Kolářová


Jiří Kolář, Famille de livres

Jiří Kolář créait dans les années 1970 des collages à partir de pages de livres, très séduisantes.

Jiří Kolář, Tribut à František Kupka

Jiří Kolář, Tribut à František Kupka (détail)

Jiří Kolář, Et plus loin

Jiří Kolář, Et plus loin (détail)

Jiří Kolář, Cercles

Jiří Kolář, Cercles (détail)

 
Běla Kolářová, Échantillon d'épingles à cheveux

De son côté, ce sont des objets du quotidien que Běla Kolářová assemble dans ses tableaux, en utilisant avant tout leur forme. J'aime beaucoup son travail.

Běla Kolářová, Lames de rasoir

Běla Kolářová, Lame sur lame

Běla Kolářová, Boutons-pression


Op'Art, Pop Art...

 L'Op'Art ou l'art de l'illusion d'optique. Popularisé en France par Vasarely, il fut diffusé aussi par différents artistes tchèques.

Zdeněk Sykorá, Aluminium - rouge

Les réalisations sur aluminium sont caractéristiques des années 1960-1970.

Vladislav Mirvald, Cylindre ondulant

Si ondulant qu'il en devient difficile à fixer !

Zorka Ságlová, 2384 Lapins

Vladimír Kopecký, Rue

Stanislav Libenský & Jaroslava Brychtová, Espace V

On retrouve le couple de verriers pour une sculpture massive qui découpe l'espace.

Milan Grygar, Sans titre

Jitka Válová, Projet de nouvelle ville

Viktor Pivovarov, Journal d'un adolescent

Je pense que ce découpage en carrés commentés reprend un modèle ici familier. Le principe du journal est détourné sans concession ni recherche d'amabilité, avec un surréalisme acide.

Michael Rittstein, Le Petit Chaperon rouge

Très drôle, grâce au titre qui éclaire la représentation.

Karel Saudek, Boîte d'allumettes

Le Pop Art tchèque. La boîte d'allumettes, équivalent de celle de soupe Campbell chère à Andy Warhol.
Bohumil Štěpán, Cuillère avec des oreilles
 / Téléphone rouge d'urgence

Barbora Klímová, Sans titre

Dorota Sadovská, Portrait d'Aminata T.

L'hyper-réalisme pour terminer, toujours fascinant.

2 commentaires:

  1. Powerful, impressive paintings from unknown painters. Another great discovery with accurate texts.
    Thank you, Fredailleurs !
    Annie

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