La maison japonaise d'un écrivain irlandais : une visite pleine de charme en perspective...
Patrick Lafcadio tirait son second prénom des îles grecques (Leucade) où il était né, et qu'il adopterait ensuite comme prénom de plume. Son père, chirurgien dans l'armée, lui avait transmis sa nationalité irlandaise.
Très tôt attiré par l'étranger, il voyagea à Londres et à Paris avant de se fixer temporairement à New York où il devint journaliste. Il y rencontra l'ambassadeur du Japon et commença à s'intéresser à cette culture lointaine. Mais ce n'était pas encore l'heure d'y partir ! Il fit scandale en épousant une métisse, devint l'auteur d'un livre de cuisine en Louisiane, et fut envoyé en Martinique où il séjourna deux ans. Il y recueillit des contes populaires qu'il rassembla dans plusieurs précieux ouvrages, toujours édités aujourd'hui.
En 1890, il débarqua au Japon et s'y remaria, avec la fille d'un samouraï cette fois. Il changea de nom et devint Koizumi Yakumo.
Il voyagea abondamment dans l'archipel, escalada le Mont Fuji, et continua à recueillir des récits traditionnels, en particulier les histoires de fantômes.
Matsue fut une de ses villes d'adoption ; il devint professeur à l'Université de Tokyo, où il mourut ensuite. C'est Natsume Soseki qui lui succéda à la chaire de littérature anglaise.
A Matsue, il habita avec sa femme dans une de ces maisons de samouraï du XVIIIe siècle, en enfilade au long de la même rue (Shiomi Kohei), comme Buke Yashiki.
Malgré la taille minuscule de son logement, il y vécut avec grand plaisir et le décrivit méticuleusement dans Glimpses of unfamiliar Japan.
Le jardin y était présenté comme un "spectacle de la nature dans ses différents aspects qui nous apportait des sensations de joie ou de solennité, de rigueur ou de douceur, de force ou de paix, si bien que le reflet dans le travail du jardinier créait non seulement une impression de beauté, mais aussi changeait l'humeur de l'âme."
Le jardin semble pénétrer dans la maison, très modeste comme je l'ai signalé. Quatre pièces en tout et pour tout, un rectangle simplement divisé en quatre.
En dépit de cette taille réduite, les détails sont ceux attendus dans une maison de samouraï, avec toute la décoration recherchée : paravent, kakemono (rouleau suspendu), calligraphies...
Le paravent présente de délicates peintures, justement dosées pour éviter toute surcharge.
Le volet de gauche est le plus chargé dans cette composition en diagonale.
Je n'ai jamais vu de kakemono semblable, avec cette représentation des rayons lumineux.
Luxe du détail.
La seule concession à ses origines était un bureau ; je pense que les habitudes d'écriture étaient trop fortes pour que Hearn adoptât la calligraphie, assis sur ses genoux !
De profil également, on ne voit qu'un œil...
Polyglotte émérite, il n'eut aucune difficulté à parler et à écrire le japonais. Je l'admire.
Je ne manque pas l'occasion du "sutampu" pour mon carnet, surtout que celui-ci est tout à fait charmant ! Un voyageur, toute sa vie.
J'ai vraiment traîné ici, pris le temps de chercher des renseignements sur cet écrivain dont je ne connaissais que des éléments basiques, regardé chaque objet en détail. Mais on peut faire le tour en cinq minutes !
Splendide maisonnette. Petite, mais tellement agréable !
RépondreSupprimerMerci pour cet excellent article sur un auteur dont j'ignorais tout.
Merci, cher Anonyme, pour ces compliments !
SupprimerUn très agréable article, une nouvelle découverte sur ce blog passionnant. Bravo.
RépondreSupprimerGeorgia
Merci beaucoup Georgia pour ce chaleureux message !
SupprimerMerci beaucoup. Si cela vous intéresse, je mets en ligne sur YouTube des contes écrits par Lafcadio Hearn, qui est un de mes auteurs favoris. Marion Maret
RépondreSupprimerMerci Marion. Je vais aller voir. Lafcadio Hearn est très peu connu en France !
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