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mercredi 22 août 2018

Yokohama : colonie occidentale, Chinatown, centre-ville


Comme hier, je prends le train ce matin qui me laisse à Issikawacho. J'hésite un peu pour trouver ma direction, ce qui va souvent se reproduire cette matinée. Mais j'ai de la chance, les passants auprès de qui je m'informe connaissent tous le quartier et vont souvent me dépanner. J'ai bien chargé le plan en Wi-Fi avant de partir, mais beaucoup d'adresses que je recherche n'y sont indiquées qu'en kanjis, c'est le problème habituel.



Yamata et Motomachi 

La zone qui m'intéresse, c'est Yamata et Motomachi, des quartiers construits sur les collines qui dominent le port. Le nom anglais était Bluff, source de nombreuses plaisanteries je présume.
C'est l'exact équivalent des Jardins Glover de Nagasaki, une colonie occidentale sur un point élevé, sauf qu'ici on a commencé à bâtir au début du XXe siècle.

Plumbago impressionnant en prime !

En tout cas, pour escalader la colline, il faut gravir les escaliers. Une bonne partie de ma journée va se passer à grimper et à descendre.



Une des maisons visitées présente  dans son jardin, une petite reconstitution de Yamata. La première de mon programme, c'est celle de gauche.

La maison d'un diplomate




C'est un architecte américain, Gardiner, qui construisit en 1906 cette vaste demeure de bois, à destination d'un diplomate japonais.


Si le style de la bâtisse est plutôt victorien (enfin, du victorien adapté au goût américain), les jardins sont d'inspiration française.


Le vitrail est très à la mode, à ce moment-là. Tiffany s'en fait une spécialité.



Je pensais trouver d'autres éléments d'art nouveau dans ces intérieurs.


A priori, ce n'était pas encore arrivé ici, ou le goût local n'avait que du mépris pour ces tendances modernes.


C'est cossu, parfois un peu lourd.


Mais un trait caractéristique différencie ces habitations-là des japonaises : le nombre de fenêtres !


Ce n'est pas pour rien qu'on a bâti en hauteur.


Je suis vraiment frappé par la luminosité des pièces. Il ne faut pas oublier que le Japon a connu le verre très tardivement et que les fenêtres étaient longtemps mal vues dans les habitations privées.


Un authentique élément de confort !


La salle de bains, pièce nouvelle, montre tout le confort occidental.


Tiens, des documents en français ! Époque où la langue était encore une référence diplomatique.


Les menus, c'est plus courant.

La villa 18 (Bluff 18)



 Beaucoup de ces villas ne sont repérées que par un numéro. Plus loin on verra la 234, et il y en avait peut-être davantage.


 Cette maison de location hébergea de nombreuses familles. Mais elle fut surtout le presbytère de l'église anglicane.


La brochure explique que l'intérieur est aménagé dans le style de 1923, après le grand tremblement de terre du Kanto (la région de Tokyo).


Je veux bien. Je ne vois pas tant de différences que ça.


Mais c'est une habitation spacieuse, encore plus lumineuse que la précédente.


Et j'aime beaucoup ce vert (amande ? vert d'eau ?) employé pour toutes les boiseries.


Les lits sont sagement séparés.


Le ciel est bleu, c'est vrai. Mais le soleil est accablant ! Il faut quitter les chaussures à chaque maison et je constate que même mes chaussettes sont trempées !


Le quartier est visiblement resté cossu. Si les édifices anciens ont souvent disparu, ils ont laissé de la place pour construire des maisons d'architecte.


Je ne sais pas s'il s'agit d'une maison d'époque car elle ne figure pas sur mon plan. Elle ressemble pourtant vraiment beaucoup aux anciennes bâtisses des États-Unis.


Il s'agit bien d'une villa privée, pas d'une institution ! Avec un Napoléon équestre !


Autre signe frappant, ici : les noms des résidents japonais sont écrits en romaji.

L'église 



La voilà donc, la fameuse église. A l'origine, elle fut construite pour la colonie française.


 Je ne pensais pas que les Français s'étaient établis à Yokohama. A creuser.


C'est la troisième version qui est en place, les séismes ont eu raison des précédentes. Belle voûte carénée dans l'actuelle.


C'est un vrai plaisir de se promener ici : rues paisibles alternent avec des parcs verdoyants qui apportent un peu d'ombre.

Yokohama Yamate



A l'ombre d'un majestueux cèdre de l'Himalaya, cette maison de 1898 abrite le musée du tennis. Ce sport fut introduit ici par les Occidentaux, et c'est encore le cocon du tennis japonais.

La villa 68 (Bluff 68)



 Celle-ci, voisine de la précédente, héberge aujourd'hui le club de tennis de la ville. Une foule de jeunes tennismen attend son tour pour jouer sur les nombreux courts alentour. Je n'ai pas osé prendre de photos d'eux, visiblement les touristes sont rares dans le coin et on me dévisage avec surprise.


 Je poursuis mon itinéraire avec beaucoup d'erreurs, grâce auxquelles je découvre des réalisations plus modernes.


 

Berrick Hall



 Cette opulente construction affecte le style espagnol.


 La plus vaste de toute la série, elle fut conçue en 1930 par Morgan pour le marchand anglais Berrick.



 Arrivé au Japon à l'âge de vingt ans, il fit rapidement fortune en montant une prospère affaire d'import-export.


On retrouve les mêmes personnages qu'à Nagasaki, en somme.


 Ce sont les très larges volumes qui m'impressionnent le plus.


 La cuisine, étroite mais fonctionnelle, montre une considérable évolution par rapport à celles de Nagasaki, qui restaient de conception locale.


Au rez-de-chaussée, ces poutres apparentes sombres alourdissent des pièces pourtant immenses.


 Cependant l'étage est beaucoup plus agréable. Les chambres me paraissent extraordinairement spacieuses.



 J'aime beaucoup cette deuxième salle de bains avec son intense outremer.


 Peu de lumière, mais des fenêtres gracieuses. Cela dit, pas très pratiques pour nettoyer les carreaux !





 Villa non repérée sur le plan. Très prétentieuse avec ses colonnes.

La Résidence Ehrismann



Cette villa de 1926 aurait été l'objet de l'admiration générale et aurait influencé l'architecture japonaise moderne. Ce n'est pas ma préférée mais elle jouit d'un parc extrêmement plaisant.
Ehrismann était un négociant en soie. J'avais vu des ballots sur le Hikawa Maru, l'an dernier. Tout se tient.


Villa non identifiée, très mignonne, avec un petit air italien.

La villa 234 (Bluff 234)



J'aurais dû la visiter mais elle est fermée pour des raisons qui me sont restées mystérieuses. C'est une villa de location divisée en quatre appartements, qui accueillait les étrangers à leur arrivée. Construction de 1927, due, cette fois, à un architecte japonais.


Ce petit cimetière fut d'abord créé pour la tombe d'un marin de Perry, le fameux commodore américain. Il devint ensuite l'exclusivité de la colonie.



Un musée occupe cet ancien Gaiety Theatre de 1868, le premier théâtre japonais où furent jouées des pièces de Shakespeare.
Je me rapproche du port. La colline la plus proche hébergeait les Anglais.

British House



Logiquement, c'est là que réside aujourd'hui le consul du Royaume-Uni. La construction de 1937 bénéficie d'un vaste jardin, gardé par de pittoresques guérites.


 Effectivement, on voit les mêmes à Londres à l'entrée des parcs.




La villa 111 (Bluff 111)



La dernière de l'itinéraire est aussi une création de Morgan, de 1926. De style espagnol bien visible, elle fut réalisée pour un marchand américain.



La vue sur le port depuis la colline. Waouh !


 D'ailleurs l'endroit est très prisé pour les photos de mariage. La séance n'est pas donnée.


Un dernier parc, forêt dans la ville, redescend vers la modernité.



 Une passerelle enjambe canal et avenue. Tiens, la tour de Yokohama ! Pour une fois, sans les deux couleurs habituelles, rouge et blanc.


Chinatown 



Une vraie déception que ce quartier clinquant, hyper-touristique, uniquement rempli de boutiques.


Au moins j'y fais un bon repas. Je ne perds pas de temps à comparer les menus car il est tard, mais le hasard me sert.


Pour 1818 ¥ (14 €), une dégustation de spécialités vraiment variée. Je n'avais pas goûté à Uji la brioche au thé vert, c'est fait. Tout est très goûteux et pas trop gras.


Excellent dessert, au goût de panna cotta, parfumé au citron.






Même le parking a pris la couleur locale !


Cartomancienne au travail.


Cette galerie est recommandée par le guide. Quelle différence entre ces magasins-là et tous les autres ?



On ne le croirait pas : voilà une des spécialités de Chinatown, les marrons chauds. Par cette canicule ! Je pleins le marchand avec son fourneau.



Je découvre une chaîne, Moriva, qui sert un des expressos les moins chers du Japon. Il m'y faut faire une longue pause car je n'ai pas terminé mes cartes postales ! Le blog occupe tout mon temps. 

Dans le centre-ville 



Il me faut chercher la poste maintenant. Heureusement, à Yokohama, on en trouve dans chaque quartier.


Je n'ai plus le temps de visiter un musée à présent. Je me contente d'une promenade dans le centre, très satisfaisante car je ne connaissais que la zone portuaire.


 Certains bâtiments ont été préservés, mais la balade tire surtout son agrément des trottoirs pavés et ombragés de gingkos.








Non, je ne cherche pas un restaurant. J'ai photographié le menu extérieur de ce restaurant très central pour montrer ses prix : le plat le plus cher (qui peut suffire pour un repas) est à 850 ¥, 6,50 € ! Qui connaît l'équivalent à Paris ? Et je ne parle pas de Londres ou de New York !


Ce centre de Yokohama me séduit bien davantage que beaucoup de ses concurrents japonais. Finalement c'est une ville (pas une bourgade, hein, presque 4 000 000 d'habitants) qui me ravit de plus en plus.


 Retour vers le port et Aka Renga Soko, la zone des entrepôts en briques. De jeunes gens rassemblés sur les pelouses portent tous un tee-shirt d'un congrès de pharmacie.


Hier, j'ai repéré une pâtisserie dans l'entrepôt de gauche d'Aka Renga Soko qui prépare une ancienne spécialité de Yokohama, arrivée avec les immigrants.


C'est une apple pie, pommes, rhum et raisins, servie avec une boule de glace et une divine sauce à l'orange et au miel.
Un vrai délice pour 650 ¥. Vu mon déjeuner, ça me suffira amplement pour aujourd'hui.

Crépuscule sur Minato Mirai 21



Je repars vers la gare, la même qu'hier soir, Sakuragicho. Je change de points de passage.


Les gratte-ciel ne sont pas mon type de construction préféré, mais cette vue est tout de même éblouissante. Un miroir d'eau et ça change tout.






Dernier soir au Japon, dernier yukata. Et le selfie du jour.

Bagages !

Une vraie gageure, comme toujours. Tout faire tenir sans dépasser les 23 kg. Je suis obligé de déborder sur le sac de secours.

12 commentaires:

  1. Very interesting again. The blue of the sky is so intense!
    Thanks for this nice tour of Yokohama, and for the informations, of course!
    Have a safe travel back.
    Annie

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    1. Thanks to you for this kind review and tour wishes!
      All the best.

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  2. Quels quartiers agréables que ceux que tu visites le matin ! Très plaisante promenade en ta compagnie.
    Un bel article, très varié.
    Bises
    Michèle

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    1. Comme je l'ai écrit, malgré la chaleur vraiment éprouvante, ce fut une très intéressante promenade,à recommander. D'autant plus que les touristes y sont très peu nombreux !
      Bisous.

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  3. Chinatown semble présenter peu d'attrait effectivement, mais la promenade parmi ces belles villas occidentales, sous le ciel bleu, nous fait partager votre plaisir.
    Mathilde

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    1. Le plaisir est pour moi, qui lis d'aussi chaleureux commentaires !

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  4. Outstanding post, with amazing pics and awesome texts. Your blog is a great one, better than everything else.
    👏👏👏
    Congrats
    Sean

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  5. Excellent post for a guided tour of old Yokohama! Love it.

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    1. Thank you very much, dear Anonymous ! I really appreciate.

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  6. Très bel article, merci.

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